
Chapelle avoit de rinftruâion & de la philofo-
phie, il étoit élève de Gaffendi, un jour Molière
& lui", revenant d’Auteuil à Paris par la rivière,
difputoient fur une queftion philofophique ; un religieux,
afiis à côté d’eux, paroifToit prendre beau-
! coup d’intérêt à leur difpute ; tantôt il les encou-
ragçoit par un air d’applaudiffement, tantôt il les
enflammoit par un air de doute & d ’objedion. Arrivé
devant Chaillot, il prend congé ,d’eux 8c reprend
fa beface; c’ètoit le frère quêteur des Minimes de
Chaillot. Son filence, dit en riant; Molière, à Chapelle
y avait plus d’efprit que ton éloquence & que ma phi-
lofophie ; il nous a pris pour dupes
Grimareft, dans la vie de Molière, rapporte une
multitude de traits pareils de Chapelle. Nous nous
bornons aux principaux.
Chapelle, dit-on, étoit trèi-utile à Molière pour
le théâtre, parce qu’étant plus désoeuvré, il alloit
plus dans le monde. Molière y obfervoit plus &
peignoit plus fidèlement ce qu’il avoit v u ; mais
Chapelle voyoit plus Si peignoit plus vivement ce
qui l’avoit frappé : «Je ne regarde pas tout, difoit
Duclos ; mais ce que je regarde, je le vois ; il en étoit
de même.de Chapelle, il a , dit-on, fourni à Molière
plufieurs originaux.
/O-n dit qu’il a aufli fourni à Racine plufieurs bons
traits pour les Plaideurs.
On connoît fon fameux voyage fait en fociété
avec Bachaumont; mais on ne fait pas ce qui en
.appartient en particulier à l’un ou à l’autre ; on
croit affez communément que les faillies, les traits
plaifans, tels que celui du gouverneur de Notre-,
Dame de la Garde, qui a emporté dans fa poche
la clef de fon gouvernement en retournant à Paris
par le coche; l’épifode de d’A floucy, 8c fur-tout
je mot : -
Mais enfin me voilà fauvé ,
Car je fuis en tétre papale.
On croit que ces traits font de Chapelle , & que
les morceaux plus touchans & qui approchent plus !
de la paftorale, comme la Tirade :
Sous ee herceau qu’amour exprès, &c.
font de Bachaumont.
Mais ce ne font que des conjeâures fans aucune ;
certitude ( Voye^ l’article Bachaum o nt).
On a de plus des oeuvres fugitives de Chapelle. .
M. le Fevrede Saint-Marc a donné en 1755 une
édition en deux volumes in-12 defes oeuvres jointes
au v oy ag e , avec des notes Si des mémoires fur
la vie des deux auteurs de ce voyage.
M. de Voltaire a placé Chapelle dans le'temple
du Goût; v -
Le dieu du Goût, comme de raifon, lui donne
quelques petites leçons fur fon incorrection, la négligence
8c fes rimes redoublées.
Jléglez-mieux votre paiïioR^.
Pour ces fyllabes enfilées ,
Qui chez Richelet étalées ♦ 1
Quelquefois fans invention ,
Difent avec profufion
Des- riens en riiries‘red6u1>léeï.
Chapelle mourut en 1686;
C h a p e l l e (Jean de la) {Hijl. Ht. mod. ) , nè à
Bourges en 1655, d’une famille noble, d’abord fecre- -
taire de M. le prince de Conti, avoit quelque talent
pour là politique Si quetlque connoiflance de ce qu’on
| appelle les intérêts des puiflances,lefquels dèvroient
I fe réduire & fe réduifent véritablement à vivre en
I paix, & à être jnfte ; il fut employé dans quelques
négociations auprès des Suifles, qui font juftes Si
qui vivent en paix, au moins chez eux. Il fut reçu
en 1688 à l’académie françoife, lorfque Furetière
e» fut exclu. Il fit fur la guerre de 1701 un ouvrage
politique, intitulé : Lettre d’un Su f f i à un François ;
il y peignit l’état où fe trouvoient alors les puif-
-fances belligérentes ; leur état le plus certain eft
qu’elles étoient toutes alors malheureufes & imprudentes
de n’avoir pas fu prévenir cette fatale guerre
qui les a toutes ruinées. La Chapelle eft plus connu
encore dans la littérature que dans la politique ; il
eft l’auteur des Amours de Catulle & de Tibülle. Il parle
à la fin dti Tibulle d’employer le refte de fa vie
à écrire l’hiftoire de Louis XIV ; c’eft-a*dire, qu 11
defiroit d’être hiftoriographe de France, quoiqu’au-
cun de fes ouvrages ne dût l ’y conduire. On joue
encore de lui la comédie des Carroffis d’Orléans ,
’farce qui fait rire. On a de lui plufieurs tragédies,
Z aide ,'Telephonte ^'Cléopâtre , qu’on ne jouéplùs,
mais qui eurent quelque fuccès dans le temps. On
prétendoit qu’il étoit de l’école de Racine, c’eft-a-
dire qu’il mettoit l’amour fur la fcène, & qu’il
tâchoit de faire des pièces tendres. Il mourut en
1723. C ’eft lui que Boileau afîbcie à Boyer dans
cette épigramme :
J’approuve que. chez voùs , meilleurs, on examine .
Qui-,, du'pompeux Corneille;,; ou du tendre Racine, .
Excita dans Paris plus d’applaudilTemens :
Mais je vôudrois qu’on cherchât tout d’un temps,
( I,a queftion n’eft pas moins belle)
Qui du faile Boyer, pu du iec la Chapelle
Excita plus de fifflemens.
t A CHAPELLE- MILQN. ( Voÿej B esset).
CHAPPÀRS, r. m. ( Hifi. moi. ) couriers Per-
fans chargés des dépêches de la cour pour les provinces.
S’ils rencontrent un cavalier mieux monte
qu’eux , ils ont.le droit de s’emparer de fon cheval
; le refus expoferoit à perdre-la vie : le plus
fur eft de céder fa monture , & de courir..apres
comme on peut. Tavernier., qui parle des Chap-
pars dans fon voyage de Perfe, ajoute qn il y avott
anffi de ces couriers, incommodes en Turquie ,
! mais que le fultan Amurat les fupprima , V
■ * ■ • établit
établit des poftes à fon ttfage , afin que les malé-
diftions dont fes Chappdrs étoient chargés' par Ceux
qu’ils démontoient, ne retombaffenf point fut la
^CHAPPE ITAUTEROCHF.( Je a n ) ( H iß .lin.
mod.). L-abbé Chappe, de l’académie des fctettfes
de Paris, aftronome célèbre, mort viCrimé de Ion
•gèle pour la fcience qu’il profeft'oit. Né à Mauriac
en Auvergne, en 1722, d’une famille noble; nom- ■
mé en 1760 par l’académie des fciences pour aller
en Sibérie obferver le paflage de Venus fur le
foleil, fixé au 6 juin 1761 , il R fendu compte
de fes obfervarions Si de tous les. dangers qu il
a courus ; la relation de fon voyage de Sibérie
contient fur ces divers objets les détails les plus
intéreflans; elle a paru en 176$ en deux volumes
i/z-40. Un nouveau paflage de Vénus étant annonce
pour le 3 juin 1769, l’abbé Chappe partit en ^1760
pour l’aller obfervéf à faint-Lucarc eft la cote la .
plus occidentale de l’Amérique. Une maladie épidémique
qui ravageoit cette, contrée, l’enleva aux
fciences qu’il cultivoit avec tant d’ardeur, mais il
avoit rempli fon objet. Ses obfervations ont ete
données par M. Caflini en 1 y ? 2" r v ■ ,
CHAPPUZEAU ( S am u e l ) ( Hiß:lilt. mod. ) ,
genevois, précepteur de Guillaume III, roi d Angleterre.
C’eft à lui qu’on doit les voyages de Ta-ver-
nier) il les publia en 1675. Il avoit au fli donné le
projet d'un nouveau diélionnalre hißoriqiie' ., géographique
Paris , fut de l’académie dés fciences, Si mourut
en 1698 âgé de 80 ans.
, philofophique. Il s’en étoit tenu au projet ; ;
mais il prétendoit que Moréri avoit profité de fon
manufcrit. On a .encore de lui un traité du théâtre
françois Si quelques mauvaifes comédies. Mort en
1701.
CHAPT. Voyé{ R a s t ig n a C.
CHARAS (M o y s e ) {Hiß. litt, mod. ) , chymifte
habile pour le temps où il a vécu. Sa Pharmacopée,
traduite à fa naiflance dans toutes les langues ,
même en chinois , ’n'eft pas encore tout-à-fait hors
d’ufage. Son traité de la thériaque, Si plus encore
fon traité dé. la vipère fönt célèbres. La perfecutioït
allumée contre les. catholiques l’ayant obligé de
quitter la France en 1680 ; il voyagea en Angle^
terre, en Hollande 8c,en Efpagne', où le Roi Charles
II qui avoit tant.de proteftans pour alliés , con-
fentit , à leur prière, d’être guéri, s’il fe pôuvoit,
par un médecin proteftant. Onétoitalors convaincu
en Efpagne que les vipères , à douze lieues à la
ronde de Tolède, étoient abfolument fans venin,
parce qu’il avoir plu à un faint archevêque de -le
leur ôter; Charas avertit les gens du pays de ne
pas s’y fier ; mais c’étoit lui-même qu’il falloir
avertir de ne pas fe fier à un pays d’inquifition ;
les dévots efpagnols trouvèrent mauvais qu’il fût
venu les troubler dans une croyance fi utile ; les
vipères du faint-office le mordirent, 8c il ne put
échapper à leur venin à foixante-douze ans, comme
Galilée , que par une abjuration bien fincère,
comme toutes celles qui font arrachées par la violence.
Sur la foi de cette abjuration il revint à
Hißoire. Tome II. Première Partie.
CHARDIN ( Je an ) ( Hiß. litt. mod. ) , voyageur
célèbre & véridique , ce qui füffit pour le
diftinguer. Il voyagea en Perfe 8c dans les Indes
orientales. Il commèrçoit en pierreries Si étoit
fils d’un joaillier de Paris. Charles I I , roi d’A ngleterre
, le fit chevalier. Il mourut à Londres en
17 13;. Il étoit né à Paris en 1643. Le recueil de
fes voyages eft traduit dans toutes les langues.
CHARENTON ( J o se ph -N ic o l a s ( Hiß. litt,
mod.) y jéfuite ; c’eft le traduâeur de l’hiftoire
d’Efpagne de Mariana. Il fit cette traduâion à la
prière de Philippe V , roi d’Efpagne. Né à Blois
en 1649: mort à Paris en 1735.
CHARIBERT, Voye{ C a r ib e r t .
CHARILAUS ( Hifl. anc. ) , neveu de Lycurgue,
8c roi de Lacédémone près de neuf fiècles avant
J. Ç . , renommé pour fa bonté.
On demandoit à ce Charïlaiis, ou à lin autre dit
même nom,auflïLacédémoriien,pourquoiLycurgue
avoit fait fi peu de loix. I l en faut peu, dit-il , à
ceux qui parlent peil. .
CHARITON D’APHRODISE. C ’eft fous ce
nom qu’a paruTé roman grec des amours Ae Chtz-
reas & de Cdllïrhqé , dont nous avons deux traduirions
frariçôifes, l’une de M. Larcher, de l’académie
des i'nfcriptions 8c belles-lettres, l’autre de
M. Fallet; la première de 1763, la féconde de
I 775*
CHARIVARI ou C h a r b a r is , ( Hiß. mod. ) cô
mot paroît formé d’un autre de là baue latinité,
chalybarium , bruit fait avéc des chauderons Si des
poêles:, &c. de chalybs', qui lignifié du fer Si de
l’acier.
« La canaille 8c les gens dé peu d’importance,
» dit M. Thiers, dans fon Traité dis jeux & d.iver-
« tffimens, page 288 , fe font quelquefois un grand
» divertifîement de ce qu’ils appellent Charivari,
3) afin de tirer quelque argent des nouveaux mariés
« ou dé les charger de confufion. Il y a des lieux
» où cela ne fe fait guère qu’à de fécondés noces,
w difproportionnées en effet ou en- apparence ;
» mais il y en a d’autres où il fe fait prefqu’à toutes
j> les noces. J’apprends de M. Neuré , qu’à AiX
. » en Provence, le prince des amoureux ou tabbé des
n marchands Se artifans, ces deux ridicules perfon-
» nages, qui tiennent un grand rang à la procef-
» fion de la Fête-Dieu, tirent un tribut des nou-
v veaux mariés', ou, qu’autrement ils aflemblent
v tous leurs officiers 8c toute leur fequel-le, le len-
)> demain des noces, vers le foir , 8c/ont le Cha-
» rivari pendant la nuit par toutes les rues de la
j> v ille, ce qu’ils continuent enfuite avec tant de
j? violence , Si un fi épouvantablej tintamarre,
» que fi on ne leur donne ce qu’ils demandent ,
» ils menacent de mettre le feu à la maifon, 8c
» ils murent la porte , fans que perfonne puifïe
fortir, jufqu’à ce qu’ils foient payés».
Ce n’eft pas feulement la canaille 8c les gens
n