
dans fort coeur , fe répandirent au - dehors. La
cruauté fe manifefta en lui avant l’avariée : il fit
mourir un difciple du pantomime Pâris, à qui il reprochoit
une parfaite reffemblance avec fon maître.
Des pères de famille furent égorgés fur les prétextes
les plus frivoles. Plufieurs fénateurs & per-
fonnages conciliaires furent envoyés à la mort
fur de fimples foupçons. Métins Pompofianus, à
qui les devins avoient promis l’empire, fut traité
comme un criminel. Coccianus fut déclaré coupable
de le^p-majefté , pdur avoir célébré le jour
de la naiffance de fon oncle Otfron. Tout fon
régné ne fat qu’une continuité d’affaflinats : c’é-
toient ceux qu’il voulôit perdre * qu’il accabloit
le plus de carèffes ; Ja plus grande grâce qu’il
fit à ceux qu’il avoit condamnés , fut de leur laif-
fer le choix du fupplice. Quand il eut épuifé fes
tréfors par les dépenfes des fpe&acles & des jeux
publics, il fongea à les remplir par des confifça-
tions. Il fuffifoit d’être accufé pour perdre tous
fes biens. Les juifs furent les plus expofés à fes
exactions. Il faifoit vifiter tous les étrangers pour
vérifier s’ils étoient circoncisi Cette nation fou-
mife à des tributs particuliers, efluya encore les
plus grandes perfécutions. Un jour qu’il diâoit
un règlement, il commença par ces mots: notre
feigneur & notre dieu commande l’exécution de
telle chofe. C’étoientces titres qu’on lui donnoit
dans tous les édits. Enivré de l’idée de fa divinit
é , il défendit de mettre au capitole fes fiâmes ,
à moins qu’elles ne- fufient d’or ou d’argent, dont
il fixa le poids. Tous les quartiers de Rome étoient
ornés d’arcs de triomphe, ou il étoit repréfenté
dans un char tiré par quatre chevaux. Ses excès
le rendirent l’horreur des Romains : il fe forma
différentes confpiratioîis contre fa vie : des libelles
répandus dans le public, ne lui laifîoient point
ignorer combien il étoit abhorré. Tous ceux qui
lui devinrent fufpeéls , furent immolés à fes foupçons.
Son coufin germain FlaViiis Clémens , qu’il
âevoit plutôt méprifer que craindre, à caufe de
fon imbécillité, fut condamné à la mort, parce
que fes enfans étant deftinés à fuccéder à l’empire
, il avoit fait prendre à l’un le nom de Vefpa-
Jien, & à l’autre celui de Domiden. Il connoifloit
trop combien il étoit détefté pour fe difîimuler
les périls dont il étoit menacé. Il s’élançoh quelquefois
hors de fon l i t , comme s’il eût été environné
d’aflaflins. Un arufpice qu’il confulta, lui
prédit une révolution prochaine , & cette pré-
diâion téméraire lui coûta la vie: tous les officiers
de fa raaifon furent les premiers à confpirer.
Stephanus, fon intendant, fe mit à la tête des
conjurés; il lui promit de lui révéler une con-
fpiration, & fous ce prétexte, introduit dans fa
chambre, il le perça de fept coups de poignard
dans la quarante-cinquième année de fon âge, &
dans la quinzième de fon règne. Son corps fut
privé de la fépulture ; ma*s- fe nourrice Phelis le
fcrûla, & fit transporter fes cendres dans le temple
de Ja famille des Flaviens. Il étoit d’une taille
haute & régulière ; la modeftie & la pudeur étoient
peintes fur fon vifage. Quoiqu’il eût les yeux
grands, il avoit la vue tendre & débile. Sa figure
gracieufe ,8c intérefîanre fut altérée par les outrages
du temps : il devint aufii difforme qu’il
avoit ete beau ; il ne 'pouvoit Aipporter l’idée
d’être chauve. Il étoit fi foible fur fes jambes ;
que jamais on ne le v i t . marcher à pied dans
' les rues de Rome ; 8c lorsqu’il étoit dans le camp,
il fe faifoit porter en litière. Quoique fes penchans
ne fufient point tournés vers la guerre, il fe dif-
tinguoit par fon adreffe à tirer de l’arc. Il'diri-
geoit fes flèches avec tant d’art, qu’il les faifoit
paffer entre lés doigts d’un mercenaire quäl payoit
pour lui tendre de loin la main. Quoiqu’il n’eût
aucun goût pour les fciences & les arts, il prit
foin d’enrichir les bibliothèques publiques, 8c il fit
venir à grands frais d’Alexandrie les plus riches
manuferits. Le plus grand malheur des princes *
difoit il , étoit ae ne pouvoir découvrir les conf-
pirations que lorfqu’il n’étoit plus temps d’y apporter
de remède. Le jeu des dés étoit fe paffion
favorite : fon fouper étoit fort frugal ; c’étoit en
dînant qu’il fe livroit à fon intempérance naturelle.
Son impudicité fut pouffée à l’excès: il
raffembîoit les femmes les plus lafeives de Rome
& de l’Italie, & vivoit au milieu d’elles. Il aima
éperdument fe femme Domina; mais dans fes
! fureurs il la maltraita fi fort, qu’il lui caufe un avortement
dont elle mourut après lui. Le peuple fut
fort indifférent à fe mort ; mais les foldats , dont il
favorifoit la licence, l’auroient vengée, s’ils euffent
eu des chefs pour appuyer leur iédition. Le fé-
nat ne diffimula point fe joie : il fit brifer fes
images & fes ffatues, fe mémoire fut abolie.
Quoique fes inclinations fufient pacifiques, il fut
obligé de faire la guerre aux Sarmates qpi paf-
fèferit au fil de l’épée une légion entière. Il envoya
encore une armée contre les Daces qui lui
firent effuyer deux fenglantes défaites; maisl’iflue
de cette guerre lui devint glorieufe. Les Daces, affaiblis
par leurs propres vi&oires , furent vaincus
à leur tour. Antonius, gouverneur de la haute
Germanie, y fauleva les peuples & les légions;
fon début fut brillant : mais le débordement du
Nil ayant empêché la jon&ion de fes alliés, il perdit
une bataille & la vie. La guerre civile fut
ainfi terminée. (T—n .)
DOMITIUS ■ ( hiß. rom.) (C neius D omitiüs
Ænobarbus. ) , conful l’an de Rome 658 ,
célèbre par la viâoire qu’il remporta dans les
Gaules au confluant de la Sorgue & du Rhône,
o u , félon quelques - uns , à Carpentras , fur les
Auvergnats. Les élephans dont il fe ferVit dans,
cette occafion, fpeétacle nouveau pour les Gaulois
8c qui les remp'it d’épouvante , contribua
beaucoup à leur défaite. Depuis ce temps, Do
mitius fe faifoit porter par-tout fur un„élephajit.
Çe fut Domitiüs qui fournit à la république romaine
l’Occitanié ou le Languedoc.
D o m it iü s efi aufii le nom d’un Grammairien
ou philofophe qui vivoit du temps d’A drien
, & qui defiroit, dit-on , que les hommes
perdirent le don de la parole, afin que Leurs vices
ne puffent pas fe communiquer f i facilement• •
D O N A T ( Ht fi., eccléfi & Hifi. lin, ) , efi le
nom de différens: chefs des hérétiques donatiftes
au commencement du quatrième fiècle; l’un étoit
évêque de Cafenoire en Numidie, l’autre évêque
fclïifmatique de Carthage.
C ’eft aufii le nom d’un célébré grammairien
de Rqme , dans le même fiècle ; il fut un des
maîtres ou précepteurs de Saint Jérôme ; il avoit
fait des commentaires fur Térence & fur Virgile,
& une vie de Virgile, mais ce» ouvrages font
perdus , & ceux qui portent fon, nom font fup-
pofés. Mais il refie de lui un traité de Barbarijmo
0B0 pardbus or adonis.
D O N A TO ( Hifi. litLmod.). Quelques Italiens
ont rendu ce nom célèbre, fur - tout dans les
lettres. Le Jéfuite Alexandre Donato efi l’auteur
d’une bonne defeription de Rome, Roma vêtus &
recens, qu’on trouve dans le troifième volume des
antiquités romaines de Groevius. Mort à Rome
en 1Ô40. Il étoit de Sienne.
Jérôme D o n a t o , auteur de lettres imprimées
avec celle de Politien & de Pic de la Mirande, &
fort efiimées ; d’une traduâion latine ; d’un traité
grée d’Alexandre d’Aphrodifée ; d’une apologie
pour la primauté de l’églife romaine, qui parut
dans le temps du Juthérànifme naiffant, fervit
d’ailleurs les papes & comme homme de guerre &
comme homme d’état. Mort à Rome en 1 çr 3 ;
DONDUS ou d e DONDUS ( Ja c q u e s ) { Hifi.
litt. mod. ) , médecin & mathématicien célèbre de
Pado-ue; comme médecin, il fat furnommé B i p
gateur, à caufe de-la quantité de remèdes qu’il'
avoit compofes, 8c ce furnom ne fut que. pour lui ;
comme mathématicien, il fut furnommé Jacques
de l1 Horloge, à caufe d’une horloge d’un genre particulier
, dont il fut l’inventeur, 8c ce nom de lHorloge
s’eft confervé dans fa famille ; ce fut lui encore
qui trouva le premier le moyen de faire dufel avec
l ’eau de la fontaine d’Albano dans le Padôuan. On
a de lui un ouvrage intitulé: Promptudrïum medï-
çina; il a compofé aufii en fociété ,aveç Jean , fon
fils, un traité De fondbus calidis Patavini agri.
Mort en 1350.
DONEAU ( H u g u e s ) {Hifi litt. mod ) , Cai-
vinifte échappé à la Saint-Barthelémi , jurifeon-
fuite célèbre , rival & ennemi de Cujas , jurifeon-
luhe plus célèbre que lui , & dont il avoit la
ïnauvaife politique de parler toujours avec mépris.
On a ■ recueilli les oeuvres de Doneau fous
ie titre às-CommentarU de jure ùvilï. On trouve
<pul a traité avec difiinûion la madère des te fiamens
& dernières volontés. Mort à Altorffen i ?q i*
Il étoit françois , né à Châlons-lur-Saône , &
avoit profeffé le droit avec éclat à Bourges & à
Orléans.
DONI D’A TTICH I ( Louis ) Hifi. litt. mod. )
Minime, puis évêque de Riez & enfuite d’A u-
tun , auteur d une Hifioire de l'ordre des minimes ;■
d’une Vie de la reine Jeanne, fondatrice des annon-
Ciades ; de celle du cardinal de Bérulle, fondateur
de l’oratoire, d’une hifioire des cardinaux; ces
deux derniers ouvrages en latin. Mort en 1664.
Un autre Dont ( Antoine-François ) Florentin
( l’évêque étoit aufii originaire de Florence )
prenoit dans l’académie des Peregrini lé nom de
bigarre qui» convenoit, dit-on ? à fon caraâère &
à- celui de fes écrits.
DONNE (J e a n ) ( Hiß. litt, mod. ) , efi le nom
d’un poète Anglois , controverfifie 1, & en cette
derniere qualité , auteur du pfeudo-martyr. Mort
en 16 3 1 , né en 15 74.
Un autre Donne plus moderne, efi'auteur du
livre Anglois qui a pour titre Blotanothos, efpèce
d’Apologie,du Suicide.
DOOM’S - D A Y - BO O K ( Hiß. mod, ) , c’efi-à-
dire, livre du jour du jugement. Ces termes, confa-
crés dans l’liifioire d’Angleterre, défignent le dénombrement
fait par ordre de Guillaume I , de tous
les biens de fes fujefs : l’on nomma ce dénombrementJivre
du jour du jugement, apparemment pour
lignifier que les biens des Anglois étoient épluchés
dans ce livré , comme les aélioiis des hommes le
feront dans cette grande journée.En effet, le roi
ii oublia rien pour avoir le cens le plus exaâ de
tous les biens de chaqùe habitant de fon royaume;,
léS ordres feveres qu’il donna pout y parvenir 9
furent, èxecutes avec une fidelité, d’autant plus
grande , que les prépofés, aufli-bien que les particuliers
, eurent raifon de craindre un châtiment
exemplaire, s’ils ufqient de fraude ou de connivence
en cette OCcafiori.
s .', , — * ^ ^ mwijdrque. 11 envoya
S en qualité de commiflaircs, dans toutes les provinces,
quelques-uns des premiers comtes & évêques
lefquels après avoir pris ie rapport des jurés, &
autres perfonnes qui ^voient prêté ferment dans
chaque comté 8c centaine mirent au net ïa deferip-
uon de tous les biens meubles & immeubles dé
chaque particulier, félon la valeur du temps eu
roi Edouard. Ce fait efi exprimé dans, Le regïftre par
les trois lettres T. R. E. qui veulenr dire tempore
régis Eduardi.-,-,-
, Comme cette defeription étoit principalement
defiinée à fournir [au prince un détail précis de fes
domaines ,,& • des terres tenues par les tenanciers
de la couronne,, ,pn voit qu’à l’article de chaque
comté , le nom du roi efi à la tête enfuite celui
des grands tenanciers en chef, félon leur rang»