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échanfons , & douze appellés écuyers ttancfians.
Voy t£ G e n t i l s h o m m e s - s e r y a n s .
Les provifions du premier écuyer-tranchant , font
de porte-cornette blanche 8c premier tranchant.
O n voit dans une ordonnance de Philippe-le-
B e l, de 1309, que le premier valet-tranchant,
que nous appelions aujourd’hui premier écuyer-
tranchant , avoit la, garde de l’étendard royal r &
qu’il devoit dans cette fonftion marcher à l’armée
» le plus prochain derrière le roi, portant fon
» panon qui doit aller çà & là par-tout où le Roi
V v a , afin que chacun connoifFe ou le Roi eft. »
Ces deux charges étoient poffédées par la même
perfonne , fous Charles VII & fous Charles VIII,
& l’ont prefque toujours été depuis. C ’étoit fous
cet étendard royal, nommé depuis cornette-blanche,
que combattoient les officiers commenfaux du roi,
les feigneurs 8c gentilshommes de fa maifon, 8c
les gentilshommes volontaires»
Les charges de premier écuyer-tranckant 8c de
porte-cornette blanche, étoient poffédées en 1660
8c le furent jufqu’en 1678, par le marquis de
.Vandeuvre, du furnom de Mefgrigny. En 1680 le
comte de Hombourg avoit la charge de premier
écuyer-tranchant, fans avoir celle de porte-Cornette
blanche, comme il paroît par Y état de la France de
cette année ; ce qui dénote que le marquis de
Vandeuvre pourrait lui avoir vendu lHme 8c s’être
ïéfervé l’autre.
Après fa mort, en 1 68y, ces deux charges
furent réunies en la perfonne deM. de la Chefnaye,
en faveur de qui M. le comte de Hombourg fe
démit de celle de premier-tranchant c’eft ce que
portent les provifions de M. de la Chefnaye, qui
marquent en même temps que la charge dé cornette-
blanche étoit vacante par lë décès dirmarquis de
.Vandeuvre. Edit, de Vctat de la France, de 1749.
Ecuyer-Bouche r la fonction de cet officier eft,
lorfque le roi mange à fon grand couvert en grande
cérémonie, de pofer en arrivant fur une table
dreffée à un des coins de la falle , du . côté de la
porte, les plats, pour les préfénter proprement
aux gentilshommes-fer vans qui font près de la
table du roi. Ceux-ci font faire l’effai de chaque
plat à chacun de ces officiers de la bouche en
préfence de fa majeffé , à mefure qu’ils les leur
remettent pour être présentés fur la table du roi.
(A . R.)
EDGAR. d'Angleterre. ) Bien des rois ont
préféré les douceurs de la paix au tumulte des
armes ; & l’adulation , toujours prête à proflituer
l ’éloge, s’en hâtée de leur donner le beau furnom
de pacifique. Dans le nombre des princes honorés
de ce titre, fi cher aux nations lorfqu’il eft mérité,
la plupart ne l’ont acquis qu’à force d’indolence
§c par leur incapacité. Ce ne fut point -à fes
iblbleffes ? à une lâche oifiveié, ce fi« au extraire
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à fes rares talens, & fur-fouf à fon habileté dan*
l’art de gouverner, qu'Edgar fut redevable de ce
furnom dont il fe montra digne par fon a&iviré
autant que par la crainte qu il eut l’art d’infpirer
aux puiffances étrangères. Il eft vrai qu’il fe fervit
d'une voie odieufe pour s’élever au trône, fur
lequel fa naiffance l’eût également placé,. quand
même il n’auroit point ufurpé fur Edwy fon
frère, la Mercie & le Northumberland. E dw y ,
dévoré de chagrin, mourut fans poftérité, &
l'Angleterre'entière fut foumife 2. Edgar, qui, à
peine âgé de feize années,’ étoit avec 'raifon regardé
comme l’un des hommes les plus éclairés de fon
fiècle. Depuis l’inftitution de la monarchie dans
les contrées britanniques-, on n’a vu qu’un feul
règne qui n’ait jamais été troublé par fe feu de
la guerre, & ce fut le règne d*Edgar. Ce ne fut
pourtant point par des invafions ni des conquêtes
qu’il infpira de là terreur aux nations étrangères,,
ce fut par les préparatifs qu’il fit continuellement
pour foutenir la guerre q,u’on auroit pu lui fufeiter f
ce fut encore par les fages précautions qu’il prit
contre les irruptions des Danois, en défendant
fes côtes par la plus formidable marine» Quelques
auteurs affurent qu’il fit conftruiçe jufqu’à 4300
vaiffeaux, & que cette flotte énorme diftribuée
dans tous les ports de l’Angleterre, 8c croifant
fans ceffe autour de l’île , effraya les pirates, qui
n’osèrent plus naviguer à la vue de ces côtes
qu’ils avoient tant de fois infultées. Par ces
préparatifs également propres à garantir l’Angleterre
des incurfions des ennemis du dehors, &
à contenir les Danois établis dans le .royaumeT
Edgar, fans recourir à la force des armes , obligea
les rois de Galles,.cPIflande & de l’île de Man,
à fe déclarer tributaires. On dit à ce fujet qu'Edgdr
allant par eau de Chefter au monàftère de S. Jean-,
Baptifte, & defeendant la rivière de Die , il tint
le gouvernail du bateau, fur lequel huit rois enchaînés
fervoient de rameurs. Si ce fait rapporté par
plufieurs annaliftes n’eft point fuppofé, il prouve
dans Edgar un excès bien révoltant ou d’orgueil
ou de barbarie ; mais ce qui me paroît déeréditer
ce récit, c’eft le foin habituel qu’il prit de rendre
fes fujets heureux, & d’écarter tout ce qu’il pré r
voyoit pouvoir troubler la fureté publique. Ce
fut encore à lui que l’Angleterre fut redevable de
l’extindion totale des loups qui défoloient les-
champs 8c les villages. Ces animaux dévaftateurs »
defeendant par troupes des montagnes de Galles »
ravageoient les troupeaux 8c portoient la défolation
de province en province. Edgar imagina un moyen
qui bientôt délivra l’île entière de leur voracité :
il changea, le tribut que les Gallois lui payoient,’
en trois cents têtes de loups ; il fit en même temps
publier une amniftie pour les crimes de tous les
genres, comfnis jufqu’alors, à condition que le$
coupables lui apporteroient, dans un temps limité,
un certain nombre de langues de loups, fuivant
la nature des crimes* Le zèle des Gallois 8c 1$
, E D G
fcbhcfîtîon de l’amniftie, produifirent un tel eftef,
qu’en moins de trois années tous les loups furent
exterminés : on affure que depuis il n’en a plus
paru en Angleterre. Mais ce royaume étoit défolé
par un autre fléau bien plus pernicieux, puifque
la voracité ne fe bornant pas aux troupeaux,
dévoroit la fubftance de tous les citoyens : c’étoit
l’énormité des concuffions des magiftrats q u i,
établis pour rendre la juftice, abufant atrocement
de l’autorité qui leur avoit été confiée, vendoient
avec impunité leurs arrêts , affermoient les
domaines de la couronne , 8c juges 8c parties,
comdamnoient fans caufe, 8c fouvent fans prétexte,
les fujets à des amendes pécuniaires,
qu’ils, ordonnoient comme juges 8c recevoient
comme fermiers. Edgar, afin de réprimer l’excès
de ces abus, fit les plus fages réglemens, veilla
lui-même à leur exécution, alla de province en
province recevoir les plaintes qu’on formoit
contre les juges oppreffeurs, 8c fit punir févèrement
les plus coupables.
Ces importans fervices rendroient fans doute
la mémoire d'Edgar très-refpeélable, fi lès historiens
qui nous ont tranfmis ces récits, montroient
moins de partialité dans les portraits qu’ils font
des fouverains qu’ils louent ou qu’ils blâment,
Suivant le bien ou le mal qu’ils croient en avoir
reçus. En effet, ce font les moines qui ont prodigué
à Edgar des éloges outrés, par la même raifon
qu’après fa mort ils ont entrepris def l’élever au
rang des faims ; 8c il eft vrai qu’il mérita leur zèle
8c leur reconnoiffance par la trop imprudente
protedion qu’il leur accorda, par les libéralités
ruineufes pour le royaume qu’il leur fît, par les
Æréfors qu’il employa à la conftrudion de plus de
quarante monaftères, 8c par les richeffes qu’il verfa
fur ceux qu’il répara, qu’il embellit ou qu’il dota.
Le zèle monacal $ Edgar, fomenté par les confeils
de Dunftan , , abbé de Glafton, qu’il venoit de
nommer à l’archevêché de Cantorbery, alla plus
loin encore. Il entreprit de mettre les moines en
poffeffion des bénéfices eccléfiaftiques, dont il fe
îiâtâ de dépouiller les prêtres féculiers. Ceux-ci,
qui n’avoient peut-être donné que trop lieu aux
plaintes qu’on faifoit contre eux, fe plaignirent
amèrement d’une telle ufurpation ; pour étouffer
leurs clameurs, les moines fécondés par Dunftan,
décrièrent le clergé féculier, 8c parvinrent à prévenir
le peuple contre les malheureux qu’on
opprimoit. Lorfqu’üWgtfr fe fut affuré de la difpofi-
tion du peuple, il fit affembler un concile auquel
il affifia, 8c où il prononça un difeours ou plutôt
une déclamation outrageante contre les prêtres
féculiers, 8c en faveur des moines, dont il approuva
la conduite, la violence 8c les ufurpations. Cette
harangue, plus déshonorante pour l’orateur qu’elle
n’étoit injurieufe au clergé féculier, eut tout le
fuccès que Dunftan en avoit attendu, 8c le concile, .
pu trompé par l’abbé de Glafton, ou corrompu
par les bieofaits ^Edgart mit les moinësén poffef; l
E D G g.ey
! fion des bénéfices. C ’eft à ret afte d’injuftice
qu’il faut rapporter les éloges que les apologiftes
i’ntéreffés d'Edgar ont fait de fes vertus : car il
faut avouer que rien ne reffemble moins, non
feulement à la fainteté, mais même à la décence
la plus commune, que la conduite d’Edgar, 8c
fur-tout fon penchant effréné pour les plaifirs. Il
ne refpeda rien dans mille circonftances, 8c pour
fatisfüire fes goûts, il n’y avoit ni bienféance ni
devoir qu’il ne facrifiât. Quelques foins que les
mornes aient pris pour dérober à la poftérité fes
injuftices 8c fes crimes, on fait qu’épris des charmes
d’une religieufe, il en ufa précifément avec elle
comme Tarquin à .l’égard de Lucrèce, 8c qu’il en
eut une fille -nommée Edilhe qui a été honorée de
la fainteté, à laquelle peut-être elle eut autant de
.droits que fon père. Sa fécondé maîtreffe fut
Elflede, à laquelle quelques - uns donnent la
qualité jd’époufe légitime', 8c dont il eut un fils
( Edouard ) qui lui fuccéda. Entraîné par fon
penchant à l’infidélité, il devint éperdument
amoureux de ia fille de l’un des principaux
feigneurs de fa cour : il alla loger chez le père
de fa nouvelle amante ; & réfolu de fe fatisfaire
dès la nuit même, il ordonna qu’on amenât de
gré ou de force cette jeune perfonne dans le lit
qu’il devoit occuper. L’époufe de fon hôte ne
voulant point que fa fille fût déshonorée, mais
craignant d’irriter le tyran, prit un moyen fur
lequel elle ne comptoitquefoiblement, & qui pourtant
lui réufiit : elle gagna une de fes fervantes,
& l’envoya coucher dans le lit où la fille devoit
être déshonorée. Edgar, plus brutal dans fes pallions
que délicat dans fes goûts, affouvit fes défirs, &
ne vit que le lendemain qu’on l’avoit trompé :
il fut d’abord tranfporté de colère ; mais l ’amour
qu’il avoir conçu pour cette fervante, éteignit
fon courroux ; il pardonna la fupercherie° &
garda cette fille jufqu’à fon mariage avec la fille
du comte de Devonshire, qu’il n’époufa que par
un crime atroce, après avoir fait périr, ou,'
comme quelques-uns l’alfurent, après avoir lui
même poignardé le comte Ethelwold, mari de
cette jeune femme.
De ces aflions & des éloges qu’on a donnés à'
Edgar, ainfi que des grandes qualités qu’on ne pour-
roit fansinjuuice lui refufer, il réfulte qu’à des talens
heureux, Edgar unit les défauts les plus révol-
tans, & que s’il eut quelques vertus, elles furent
éclipfées par l’énormité de fes vices. Il régna feize
années, & mourut âgé de 32 ans.Il tailla deux fils Se
une fille : après fa mort, les moines le placèrent
au nombre des faints ; io n corps fut enterré dans
l’églife de Glaflonbury, où, fuivant l’intention de
fes panégyriftes, il ne manqua point d’opérer
une foule de miracles : mais fes aflions parlent
plus haut que fes apologifies. Si à quelques égards
il fe montra bon roi, il ne fu t, à beaucoup
d’autres, qu’un très-méchant & très-vicienm
prince, I I , C .)