
ouvrages de M. l’abbé Fraguier, eft un poème
d environ fept cents vers , où il exporte toute la
doctrine de Platon fur la perfection de l’homme.
D ’ailleurs il eft vrai que les gens de lettres, attirés
par fes qualités fociales , aimoient à s’affembler
chez lui pour y difcourir fur des matières de
philofophie, de goût & de littérature ; leurs con-
verfations é; oient la confolation de fa vieilleffe
que les infirmités eulTent rendue bien trifte fans
cette reffource. Une paralyfie fubite & doulou*
r-eufe lui avoir tellement affoibli les nerfs du cou,
que fa tête romboit comme privée d’appui , &
reftoit penchée fur l’épaule d’une manière aufîi
défagréable qu’incommode; il falloit, dit l’hiftô-
rien de l’académie des belles-lettres, que pour les
opérations les plus néceffaires , on la lui remît
pour un in liant, avec de grands efforts, dans fon
état naturel.
Au milieu d’une fituation fi pénible , il avoit
encore le courage de travailler , « tenant d’une
” main fa plume, fa tête de l’autre , & obligé
” de fe repofer quelquefois à chaque mot, prefque
» toujours à chaque ligne. »
11 etoit ne le 28 août 1666 , étoit entré chez
les jefuites Je 18 août 1683 » en étoit forti en
1694 , avoit été reçu à l’académie des belles-lettres
en 1705, à l’académie françoife en 1708. Il
mourut le 3 mai 1728.
FR AN C , FRANKIS, ou FRANQUIS , (Hijl.
moi?') eft le nom que les Turcs , les Arabes &
les Grecs donnent à tous les Européens occidentaux.
On croit que ce nom a commencé dans I’A fie
au temps des croifades, les François ayant eu
une part difiinguée dans ces entreprises ; &
depuis, les Turc s , les Sarrafins, les Grecs & les
Abyfiins , l’ont donné à tous les chrétiens européens
, & à l’Europe celui de Frankiftan.
Les Arabes & les Mahométans, dit M. d’Her-
belot, appellent Francs , les François , les Européens
, les Latins en général. ( A . R% )
FRANCHI, ( N ic o l a s , plus connu fous le
nom de Nicolo Franco) ( Hift. litt.mod. ) poète
fatyrique , natif de Bénévent, contemporain ,
ami, imitateur & rival de l’Arétin. Son fort fut
bien different : le pape Pie V le fit pendre en
1^69; fi ce fut pour fes fatyres, il y a bien des
réflexions à faire fur cela. La fatyre eft fans
doute très - condamnable , mais la cruauté l’eft
encore plus ; la fatyre ne fauroit être trop punie
par le mépris & la flétriffure : mais quelque chofe
qu’il faille penfer de l’opinion de ceux qui vou-
droient abolir entièrement la peine de mort, il
eft confiant du moins que cette peine, qui ne
laiflè aucun lieu à la réparation & à la réhabilitation
perfonnelle, en cas d’erreur & d’injuftice,
ne doit pas être infligée légèrement ; qu’elle ne
doit jamais l ’être que pour un crime certain,
dont l’idée foit fixe, invariable, à la portée de
tout le monde , & fans aucune équivoque. Prenons
pour exemple l’affaflinat ou meurtre volontaire
& avec préméditation , l’idée en eft la meme
pour tous les hommes; tout le monde eft en état
d’eftimer le tort qu’il fait à la fociété, il n’y a
point là d’évaluation fine ou arbitraire à faire ; &
s’il faut des lumières pour acquérir & pour évaluer
les preuves du fait, il n’en faut pas pour
faire 1 application de la loi au fait une fois prouvé.
Tout le monde fait ce qüe c’eft que l’affaffinat,
mais tout le monde ne fait pas ce que c’eft que
la fatyre. Rien de plus arbitraire & de plus équivoque.
Qu’on s’élève avec force contre uiv vice
funefte a la fociété, dont un homme puiffantfoit
accufé , convaincu ou feulement foupçonné, on
aura fait une fatyre au jugement de cet homme
puiffant, & de les flatteurs ou de fes complices.
On pourra n’avoir fait cependant qu’un aéle de
courage & de vertu. Les flatteurs de Domirien,
& peut-être même d’autres que des flatteurs, pouvoient
regarder comme un crime d’état dans
Juvenal, d avoir appelléce prince, Néron le chauve y
cependantcette injure violente, dite àun tyran,
eft un bien moindre tort envers la fociété que
la baffe flatterie de Lucain, lorfqu’il dit que les
crimes même des guerres civiles doivent plaire
aux Romains, fi INéron ne poïivoit être obtenu
ÏW Prix* Mais fuppofons la fatyre la plus
caraâérifée & les perfonnages non-feulement
defignés , mais nommés ; combien de différens
degres d atrocité dans cette fatyre ! combien de
circonftances à évaluer ! fi c’eft une première
hoftilite, une agreflion , ou fi ce n’eft que vengeance
& repréfailles ; fi ce n’eft que médifance, ou
fi c’eft calomnie ; & dans ce dernier cas, fi l’auteur
a calomnié par erreur ou à fon efcient.
» Miferable, difoit M. le Régent à l’auteur
des Philippiques , « avez-vous cru toutes les hor*
» reurs que vous m’imputez ? ---- O u i, Monfei-
» gneur. En ce cas vous êtes moins coupable,,
»' & .je vous fais grâce du fupplice. » Il faut de
plus juger de la fatyre par les objets fur lefquels
elle porte. Il y a même des évaluations plhs
fines à faire pour démêler dans le trait qui a
blelîé, ce qui appartient au talent, & ce qui appartient
a la méchanceté qui l’a mis en oeuvre»
Enfin, il faut tout interpréter & tout calculer ; &
une'‘ loi q u i, ne pouvant entrer dans tous ces
details, condamneroit indiftihélement à mort pour
le crime de fatyre, feroit une loi téméraire, dan-
gereufe & fujette aux plus grands inconvéniens.
Quand une pareille loi exiftereit, il faudroit
encore examiner jufqu’à quel point elle feroit
exécutée dans l’ufage ; car , tout citoyen a le droit
fie ne point perdre la vie pour un.crime réel ou
chimérique, fur lequel, foit par politique, foit
par juftice, on eft'‘convenu de fermer les yeux
& d’ufer d’indulgence, & les exceptions qu’on
fe permet de temps en temps pour faire ce
qu’on appelle un exemple, font bien moins un
hommage qu’on rend à la juftice & à la loi,
qu’un outrage qu’on fait à la foibleffe & à la
pauvreté, qu’on choifit ordinairement pour de
tels facrifices. Il eft évident que, puifqu’on avoit
épargné, puifqu’on avoit ménagé l’Arétin, bien
plus connu, bien plus redouté pour fes fatyres,
on ne devoit pas Ufer d’une telle rigueur envers
Nicolo Franco; enfin, fi la loi que nous fuppofons
n’exifloit pas, le fupplice de cet homme
n’eft plus de la part du gouvernement qu’une
violence barbare & criminelle. L’art néceffaire
de proportionner les peines aux crimes , eft un
art ignoré jufqu’à préfent & dans la légillation
& dans l’adminiftration, & qui n’eft encore qu’au
berceau.
FRANCKE , ( A u g u s t e -H e rm an ) ( H iß .
mo d. ) théologien allemand , auteur de quelques
ouvrages allemands , mais dont nous n’aurions
point parlé fanS' la fondation qu’il fit à Halle de
la rnaifon des o rp h e lin s , & fans les pleurs que les
malheureux versèrent à fe mort arrivée en 1727.
Il étoit né à Lubeck, eîPi66}..
FRANÇOIS I, ( H iß . de F ra n c e ') comte d’An-
goulême & duc de Valois , étoit arrière-petit-fils
de Louis , duc d’Orléans , & de Valentine de
Milan. Il naquit loin du trône , où il monta en
1 ; Au moment de fa naiffance, Charles VIII,
qui régnoit, avoit un fils, & l’on comptoit des-
Pf!nc.es ^ont branche d’Orléans - Angoulême
n’étoit que la cadette. F ran ço is vint au monde
à Cognac en 1494; fa mère, Louife de Savoie,
prit foin: de fon enfance , qui fut affligée de
differens périls. Louis XII, fon coufin, parvenu
à la couronne, fe fit un devoir de fe charger
de fon éducation : il lui donna pour inftituteur
Artur de Goüffier-Boifi,' gentilhomme d’une des
plus anciennes maifons de Poitou , & quin’avoit
point befoin du privilège d’une iihiftre naiffance
pour être refpeéïable. Le goût national étoit alors
fixé fur la fcience militaire : ainfi Gouffier, affu-
jetti aux' préjugés de fon fiècle, lui donna une
éducation toute guerrière. Les exercices du corps
fortifièrent fa vigueur naturelle , & perfectionnèrent
fon adreffe à dompter les chevaux les
plus fougueux. Il fediftinguoit à la courfe, dans les I
tournois & dans le maniement des armes, autant j
par fa légèreté que par l’élégance de fa taille &
la majefté de fa phyfionomie. C’étoit la coutume
de ce temps de donner aux princes des compagnons
d enfance , & l’on avoit foin de choifir
ceux qui pouvoient leur infpirer le plus d’émulation.
F ra n ço is ,-élevé avec l’élire de la nobleffe ,
témoigna beaucoup de prédilection pour Mont-
morenci, Brion & Montchenw , qui, dans la
fuite, parvinrent aux premières dignités de l’êtat,
tjuils remplirent avec gloire.
La barbarie où co fiècle étoit plongé n’attackoit'
point encore de l’aviliffement à l’ignorance ; ]a
rudeffe etoit dans les manières & les moeurs:-un
certain héroïfme de chevalerie tenoit lieu de tous
les talens; il^ etoit plus glorieux de favoirfe battre
que^ de favoir penfer. Boifi, captivé par le préjugé
national, s’apperçut enfin que ces François
fi belliqueux tenoient encore un peu de la barbarie.
L’ignorance lui parut un opprobre ; & ne pouvant
faire un favant de fon élève, il tourna fes difpo-
fitions du côté de la gloire; il lui infpira le goût
des fciences qui pouvoient perfectionner la raifbn,
& infpirer de 1 affabilité. Ce fut en lui faifant aimer
les arts, qu’il le difpofa à en être un jour le pro-
teâeur. Sa mère, princeffe inquiète & altière,
parut avec lui a la cour, qu’elle troubla par fes
prétentions & fes intrigues. Ses brouilleries avec
la reine, qui avoit toutes fes vertus, fans avoir
aucun de fes defauts, allumèrent des querelles
domeftiques ; le roi, fans certfe occupé à les réconcilier
, crut devoir étouffer le germe de fes dif—
rtentions, en faifant époufer fa fille aînée au comte
d’Angoulême, qu’il fit duc de Valois; mais la
reine avoit trop d’averfion contre la mère, pour
faire un gendre de fon fils. La mort d’Anne de
Bretagne leva cet obftacle ; le mariage de Claude
avec le duc s’accomplit à Saint-Germain-en-Laye,
le 13 mai 1 5 j 4.
F r a n ç o is , devenu plus cher à Louis XII par cette
alliance, vit toute la France empreffée à lui
plaire; fon affabilité faifoit difparoître l’inégalité
du rang; & lorfqu’il fut chargé du commandement
de l’armée , pour rétablir Jean d’Albret dans
le royaume de Navarre, la nobleffe fe rangea à
i’envi fous fes drapeaux. Ce fut dans cette guerre
qu’il fit éclore ce germe d’héroïfme trop long-temps
renfermé dans^ fon coeur : fon début fut brillant,
mais il fut arrêté dans fes conquêtes , par la nouvelle
que l’empereur & le roi d’Angleterre a voient
fait une irruption en Picardie : il fu t obligé de
ramener 1 armée en France. Les François ayant
effuyé une fanglante défaite à la journée dés
Eperons, Louis XII, plein d’une jafte confiance
dans la valeur & la capacité du duc de Valois
le mit à la tête de l’armée , pour-effacer la honte’
de fes armes. Le fort de la France ne dépendoit
que d une bataille, dont la perte eût livré nos plus
riches provinces à l’ennemi. On enchaîna la valeur
impétueufe du prince,'à qui l’on défendit de
halarder un combatavec des forces trop inégales pour
fe promettre des fuccès : fon courage bouiiW fut
réduit à une guerre défenfive. Les vieux capitaines
qu on lui avoit donnés pour guides , reconnurent
a fa circonfpeélion qu’il étoit véritablement né
pour la guerre ; il choifit des portes fi avantageux
que 1 ennemi défefpérant de le forcer, infuitâ
plufieurs portes pour l’en tirer ; mais inébranlable
dans la réfolution de fauver la Picardie, il les
laiffa s’épuifer par plufieurs fiéges inutiles. Cette
guerre fut terminée par le mariage de Louis XII
avec marie , foeur du roi d’Angleterre. Cette priri-
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