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Le comte de Bofiùt - Longueval fut l’inhument
«le ces perfidies, & il ne tient pas à Brantôme *
à Mézeray, à B a y le , qu’on né croye qu’il avoit
acquis tous les droits poflibles à la confiance de
la duchefie d’Eftampes. La paix fe fit en 15.44 >
mais Je duc d’Orléans mourut en 1545 , Si tous
les projets de la duchefie s’évanouirent; on la
faupçonna aufli de quelque foiblefle pour l’amiral
de Chabot & pour fon propre beau-frère, Ja-rrrac, de
la meme mai fou de Chabot.La Chateigneraye publia
crue Jarnac s’étoit vanté des bontés de la duchefie,
Ci les démentis qu’entraînèrent ces propos furent
la caufe de leur combat. ( Voyez l’article Chabot. )
En 154 7, la duchefie d’Eftampes, ayant perdu
lë roi & le duc d’Orléans , reftoit en proie aux
violences ou aux rigueurs du nouveau gouvernement
; oa eût pu lai faire fon procès fur les intelligences
qu’elle avoit eues avec l’empereur ; on
eût pu la dépouiller de fes biens; mais Diane,
devenue toute-puiffante , ne fut point aflez aveuglée
par une haine que la çhûte de fa rivale
«ffoibliflfoit déjà, pour ofer donner un tel exemple
qu’ont eût pu fuivre un jour contre elle. On voulut
pourtant faire le procès au comte de Boffut, mais
le cardinal de Lorraine, auquel il céda fa terre de .
Marchez en Laonnois , fit entendre au roi qu’on
ne pouvoit rechercher la conduite du comte de
Boffut, parce que ce feroit infulter à la mémoire
de François I , dont la mattreffe feroit néceffaire-
ment inculpée au procès.
La duchf fie d’Eftampes vécut encore plus longtemps
dans fes terres qu’elle n’avoit vécu à la
îour.. On ignore la date de fa mort; on fait feulement
qu’elle vivoit en 157? , fous le règne de
Henri III : fon mari étoit mort en 15-64, elle
n’en eut point d’enfans , & il ne paroîtpas qu’elle
en ait eu de François I.
Elle avoit nfé aflez modeftement de fa faveur;
la comteffe de Châteaubriant mettoit fes frères à
la tête des. armées ; la duchefie d’Eftampes ne fit
guères donner à fes parens que des bénéfices.
Antoine Sanguin , fon oncle maternel, fut abbé
de F leury, évêque d’Orléans , archevêque de
Touloiife, cardinal, grand-aumônier ; Charles de
Fifftleu, frère de la duchefie, fut abbé de Bour-
gueil, évêque de Condom ; François, un autre de
fes frères , fut-abbé de'Saint-Corneille de Compïègne
, éyêqiie d’Amiens ; un autre frère encore,
nommé Guillaume, eut l’évêché de Pa-miers ;.u.ne
de fes feeurs eut l’abbaye de Maubuiflbn, une
autre eut celle de- Saint-Paul en Beauvoifis, les-
autres furent avantageufement, mais convenablement
mariées.
ESTHER. (Hifli facrÿ 'Voyez^AmanSi AJJuénts..
Son hiftoireeft rapportée dans 1e livre de l’écriture
fàinte qui porte fon nom*.
Une autre Eflher, juive & Belîe aufli-bien que
la première prit fur Çafitnir III x dit le grand
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de Pologne >îe même afeendant que la premiers
avoit eu fur Afluérus , & obtint de Cafimir de-
grands privilèges pour la nation juive , en Pologne
& en Lithuanie. Elle vivoit au quatorzième fièclc,
ESTIUS, ( G u il l a u m e . } ( Hifl.. litt, mod... J
théologien de Louvain, né à Goreumen Hollande,
vivoit & mourut à Douay. On a de lui des oeuvres
rhéologiques eftim é e s ea plufieurs volumes in-foL
Mort en 1613 à 7 1 ans. On dit qu’il éroitd;une
ancienne famille. d’Efth, différente de la maifon
d’Eft d’Italie.
■ ESTOILE. ( Pier r e Si C l a u d e . £ Hiß. litt,
mod.) Pierre, grand-audiencier de la chancellerie
de Paris, eft auteur du journal de Henri III &
du journal de Henri IV. Il mourut en 16*1.
Claude, fon fils, étoit un des cinq poètes employés
par le cardinal de Richelieu à les drames ;
il fut de l’académie françoife, dans le temps de
j la fondation. Péliffon dit qu’il avoit plus de génie
que d’étude & de favoir. Il ne refte rien de ce
génie - là ; on ne lit rien de cet auteur ; il eft
. beaucoup moins connu que fon père. Il mourut;
en 1652t.
ESTOURMEL, ou ESTURMEL. ( Hiß. de Fr. )
Fn 1^3,6 , année mémorable par l’expédition dé
Charles-Quint en Provence, tandis que cet empereur
menaçoit le midi de la France, le comte
i de Naffau, un de fes généraux, attaquoit ce royaume
du côté du nord , & mettoit lé fiége devant;
Péronne ; cette place étoit dépourvue de tout, 8c
les habitans vouloient l’abandonner. Ce fut d E f-
tourmel, gentilhomme voifin de Péronne , qui
les détermina par fon exemple & fes fecours à
la réfiftance; il vint s’enfermer dans la place avec
fa femme & fes enfans ; il y fit tranfporter tout
ce qu’il avoit de grains & de vivres ;. il engagea
tous les gentilshommes du voifînage à en faire»,
autant; ils employèrent comme lui-tout ce qu’ils
avoient d’argent à défendre cette place importante*.
le fiége fut levé. Une charge de maître—
d’hôtel & d’autres avantages çonfidérables 'ne
furent pas une trop forte récômpenfe des fervices
de dEflourmd.
ESTOUTEVïLLE, ( G u il l a um e d ’ ) ( Hiß,
de Fr. ) cardinal archevêque de Rouen , célèbre
fous les règnes de Charles "VII Si de Louis X I, par
la réforme de l’univerfité, qui fut principalement
fon ouvrage , pas le zèle qu’il montra pour Téta*
bliffement Si le maintien de la pragmatique-fànc—
tibn ; ce q.ui n’empêchoit pas qu’il ne poffédât
outre ràrchevèchév de Rouen, fix autres évêchés
tant en France qu’en Italie, quatre abbayes, trois
prieurés. Ce fut lui qui commerça de bâtir k château
de Gaillon. Il mourut à Rome, doyen des
cardinaux, le 22 décembre 1483. Il étoit de la.
maifon dEflquteyiUe- ) l’yne des plus anciennes Sù
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des plus confidérables de la Normandie. Les d'Êf-
touteville , au onzième fièçle , accompagnèrent
Guillaume le bâtard à la conquête de l’Angleterre,
& au quinzième concoururent à remettre la Normandie
fous l’obéiffance de Charles VIL., Cette
maifon’ s’eft éteinte le 18 août 1568.
ESTRADES , ( G o d e f r o i com t e t>’ ) ( Hifl.
'de Fr.f) maréchal de France, homme de guerre,
homme d’état. Son hiftoire commence avec le
règne de Louis XIV* On le voit paroître d’abord
dans un duel ; c’étoit ordinairement par-là que
eommençoient alors les héros. En 1643 , il fervit
de fécond à Coligny dans fon combat contre le
duc de Guife, qui avoit Bridieu pour fécond.
Plus utile à l’érat en 1652, on le voit défendre
vaillamment Dunkerque contre les Efpagnols pendant
trente-neuf jours de fiége. Il fut forcé de le
rendre le 16 feptembre, il le rendit avec gloire,
Si. le recouvra dix ans après avec plus de gloire
encore. Il fut dans fa deftinée d’être illuftré deux
fois par la Ville de Dunkerque, comme guerrier
& comme négociateur; ce fut lui q u i, en 1662,
négocia heureufement .auprès de Charles II, roi
d’Angleterre, la reftitution de cette place importante,,
que les François, qui l’avoient reprife en 1658 ,
avoient été obligés de remettre à Çromwel. C ’étoit
le comte d'Efirade qui étoiç ambafiadeur de
France en Angleterre, en 1661-, lorfquele baron
de Batteville, ambafiadeur d’Efpagne, foit qu’il
eût ou non des ordres de fa cour, prétendit à
la préféance & fit une infulte publique dans
Londres à l’ambaffadeur françois , à l ’entrée du
comte de Brahé, ambafiadeur extraordinaire de
Suède. On fait la réparation que Louis X IV tira
de cette injure Si la renonciation folemnelle que
I’Efpagne fit alors à la préféance. En 1667, le
comte dEflrades eut grande part à la paix de
Rréda, fignée le 31 juillet. En 1675 > pendant
le cours de la guerre contre la Hollande, devenue
guerre générale, le, comte dEflrades mit, le 27
mars, garnifon françoife dans la citadelle de Liège, '
dont les Impériaux, qu’il prévint, vouloient s’emparer
pour faciliter auxHollandois, leurs alliés, le
fiége de Maëftricht. La même année, il fut fait
maréchal de France, le 30 juillet, après la mort
de M. de Turenne ; la même année il fut nommé
plénipotentiaire au congrès de Nimégue.
En 1683 , il fut nommé gouverneur du duc de
Chartres, qui fut dans la fuite M. le régent. Le
maréchal de Navailles, qui avoit eu cet emploi
avant lui, étoit mort l’année même de fa nomination
, c’eft-à-dire, cette même année 1683 ; le maréchal
dEflrades mourut trois ans après, en 1686 ;
ce qui fit dire à Benferade qu’on ne pouvoit pas
élever de gouverneur à M. le duc de Chartres.
L e maréchal d'Eflrades avoit le talent de fe
connoître en hommes ; il avoit prévu de bonne
heure ce que lèroit le prince d’Qrange, Guil-
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ïaume III : on verra, difoit-il , revivre en lui
Guillaume le taciturne , Maurice & Frédéric-Henri*
ËSTRÉES ; ( Hifl. de Fr* ) c ’eft le nom d’une
ancienne maifon , originaire de Picardie, féconde
en grands hommes. De cette maifon étoient :
i ° . Jean dEflrées „ feigneur de Valieu Si de
Coeuvres., maître de l’artillerie fous Henri II. « Il
». alloit dans fes tranchées & batteries la tête le-
» v é e , dit Brantôme , comme fi c’eût été dans les
» champs à la chaffe , & la plupart du temps il y
» alloit à cheval, monté fur une grande haquenée
» allemande qui avoit plus de vingt ans, & qui
» étoit aufli aflurée que le maître ; car pour les
i » canonades Si arquebufades qui fe tiraflent dans
» la tranchée , ni l’un ni l’autre ne baifloient
» jamais la tête, & fi fe montroit par-defliis la
» tranchée la moitié du corps, car il étoit grand
» & elle aufli. C ’étoit l’homme du monde qwi
| » connoifîoit le mieux les endroits pour faire une
» batterie de place, & qui i’ordonnoit le mieux;
» aufli étoit-ce un des confidens que M. de Guife
». fouhaitoit auprès de lui, pour faire conquêtes
» & prendre villes, comme il fit à Calais* C ’a
» été lui qui le premier nous a donné cés belles
» fontes d’artillerie dont nous nous fervons aujour-
» d’hui ; & même de nos canons, qui ne craindronc
» de tirer cent coups l’un après l’autre, par ma-
» nière de dire , fans rompre, ni fans s’éclater
» ni caffer , comme il en donna la preuve d’uit
» au roi;, quand le premier eflai s’en fit.... Avant
» cette fonte, nos canons n’étoient de tout fi
» bons, mais cent fois plus fragiles & fujets à
» être fort fouvent rafraîchis de vinaigre où" il
» y avoit plus de peine, Si qui les débouchoit de
» la batterie......... M. d'Eflrées étoit un fort grand
» homme, beau Si vérférable, avec une barbe
» qui lui defeendoit très-bas Si fentoit bien fon
» vieux aventurier de guerre du temps paffé, dont
» il avpit fait profeflion, où il avoit appris d’être
» un peu cruel.
20. Antoine d'Eflrées, fils du précédent , &
comme lui grand-maître de l’artillerie. On ne
peut rien voir de plus contradiéloire que lesjùge-
mens portés for cet homme par .Brantôme & par
le duc de Sully.
Brantôme dit: « Etant mort, François d’Efpinaiy
» fieur de Saint-Luc, M. d’Eflrées a fuecédé à fa
» place , commele méritant Bien , & comme l’ayant
» bien appris de fon brave père : ainfi , qu’il tarde,
» le droit & la vérité rencontrent leur, tour; car 00
» lui avoit fait tort, qu’il n’eût cette charge après
» la mort de fon père. Enfin , 1a vérité & le droit
» ont vaincu là.pour lui.» >
M. de Sully d it , au contraire, que Gabrielle
d Eflrées obtint la grande maîtrife de l’artillerie
pour Antoine d Eflrées ' fon père, en menaçant
Henri IV de fe jeter dans un couvent ; H allure
que_ Henri lui avoit donné, à lui S u lly , parole