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parfai les fyftêmes divers qui ont change la forme
de Y Ecole militaire. Ainfi , i° . elle n’ eft accordée
qu’aux gentilshommes qui ont rempli le tems de-
leur éducation dans les Ecoles, & que le roi juge
à propos, quand ils font en état d’en fortir ,
d’employer dans fes troupes, ou dans les autres
parties de la guerre qui conviennent à leur aptitude
& à leur talent j 2°. elle leur eft accordée du
jour qu’ils fortent de # l’Hôtel, & ils en jouiffent
jufqu’à ce qu’ils foient parvenus à des emplois,
dont le traitement foit à raifon de douze cens liv.
& au-deffus. Us ne font même rayés de l’état des
penfions qu’ à l’expiration de l’année,où ils ont
commencé à jouir d’un pareil traitement} 3°. les
officiers-élèves ne font payés de cette penfîon
qu’en rapportant au tréforier des Ecoles un certificat
de fervice & de bonne conduite , ligné par
les chefs de leurs régimens. C e certificat, de même
que la quittance fournie au tréforier, doivent
énoncer le grade du penfîonnaire, pour qu’on
puifle vérifier le traitement qui. y eft attaché} 40.
ceux qui quittent le fervice fans des caufes légitimes
3 lefquelles font vérifiées avec la plus grande
exaélitude 3 font rayés de l ’état des penfions.
Le roi 3 dans fon premier édit ,' avoit daigné
joindre à toutes ces marques de fa prote&ion , à
l ’égard des élèves de Y Ecole militaire 3 une décoration
qui fervît à leur rappeller la reconnoilfance
qu’ils doivent à l’état. Il fut réglé que tous ceux
qui en fortiroient pour entrer au fervice, feroient
reçus chevaliers novices de l’ordre de S. Lazare ,
& en porteroient la petite croix. L ’expérience
prouva que cette diftinétion devenue très-multipliée
, avoit perdu de fon éclat. Alors on a imaginé
très-fagement d’ en faire une récompenfe offerte
à l’émulation des jeunes élèves, qui enfans
de l’état, par leur éducation, auroient donné les
efpérances les plus fondées de devenir des fujets
diftingués. D ’ ailleurs l’avantage d’être reçus novices
dans cet ordre , ne leur donnoit aucun état
précis, & la décoration, prefque femblable à celle
des officiers de l’ordre qui ne peuvent leur être
affimilés., les confondoit avec eux. Ces confidéra-
tions ont déterminé le réglement donné par le roi ,
le 21 janvier 1779, & celui de monfieur, frère
du ro i, grand-maître des ordres du M on t-C armel
& de Saint-Lazare, en date du même jour
de la même année.
En conféquence, l’ordre de Notre | Dame du
Mont-Carmel eft déformais confacré aux élèves
de Y Ecole royale militaire. Le miniftre de la guerre
préfente tous les ans au grand-maître un état de
nx élèves qui, par leurs moeurs, leurs progrès
& leurs heureufes difpofitions, font jugés par l’inf-
pe&eur-général les plus dignes d’être admis dans
cet ordre 5 & trois d’entr’ eiix , aux choix du
grandrmaître 3 font reçus chevaliers. Les preuves
fournies pour leur admiffion à Y Ecole militaire 3
doivent être, dans cette occafion , repréfentées au I
généfllogifte de l’ordre de Saint-Lazare. La mar* I
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que de cet ordre confifte dans la petite croix ,
Pa;rejfie pour la forme & la grandeur à celle qui
a été d ufage jufqu’à préfènt. Sur un côté fe trouve 1 effigie de la fainte Vierge, & un trophée orné
de trois fleurs de lys de l’autre côté. Un rub^n crai-
moifî fufpend cette croix à la boutonnière de l’habit.
Chacun de ces trois chevaliers reçoit > à dater
du premier janvier qui fuit fa réception, une pen-
fion annuelle de cent livres , qui lui eft payée fur
le trefor de 1 ordre, & qu’il conferve tout le tems
qu’il refte au fervice, à moins que des bleflures
reçues à h guerre & duement conftatées ne l’aient
force de s’en retirer.
Si un de ces nouveaux chevaliers de l’ordre de
Notre-Dame du Mont - Carmel a le bonheur de
faire à la guerre un aétion de courage & d’intelligence
, qui ait un grand éclat & de grands
avantages , le ^rand-maître, fur l’atteftation du général
de l’armée & du fecrètaire d’état de la guerre
, en fe pfervant toutefois le droit de juger du
mérite de l’aétion, Je recevra furie champ & fans
autre preuve chevalier de l’ordre de S. Lazare ;
& la réunion des croix des deux ordres, qui né
pourra avoir lieu que dans ce feul cas , offrira la
preuve honorable du fervice qu’il aura rendu à
l’ état.
Le 6 juin 1753 , le roi établit à l’Hôtel de l’IT-
cole militaire trois confeils} le premier fous le titre
de confeil d'adminifiration ; le fécond fous celui
à!économie, & le troifieme fous la dénomination
de confeil de police.
Le confeil d’adminiftration étoit compofé du
fecrètaire d’état avant le département dé la guerre,
& , en cette qualité, furintendant de l’Hôtel, du
gouverneur & de l’intendant : on y ajouta depuis
le lieutenant de roi & le major. On devoit le tenir
tous les mois. C ’étoit à ce confeil que reffortif-
féient toutes les affaires générales de la maifon ,
& que fe rapportaient les opérations des deux autres
confeils.
C e confeil a été rétabli le 4 janvier 1777 > B S
toujours pour chef le miniftre de la guerre, fur-
intendant de la fondation, & il eft compofé de
l’ infpe&eur généralg du fous-infpe&eur & du directeur
général des affaires. Le fecrètaire de l’ad-
miniftration, garde des Archives, y a voix con-
fultative feulement, ainfi que le tréforier, qui n’y
affifte toutefois que lorfqu’il y eft appellé , mais
qui eft tenu de fe trouver à THotel tous lès jours
d’aflemblée. Il a été fubrogé aux fonctions des
autres confeils, & embraffe feul tous les détails
temporels & fpirituels qui concernent la fondation
de Y Ecole militaire.
Le mouvement de difcipline de la maifon fe fait
fous les yeux du miniftre de la guerre, du gouverneur
& infpeâeur général, du fous-infpeâeur
commandant , du capitaine - commandant *, d’un
aide-major & de quatre fous-aides-major.
Le roi, par fon édit de février 1778, a créé
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un office de commiflaire des guerres, près & à la
fuite de l’Hôtel.
Le premier revenu dont YEcole militaire ait
joui, c’ eft le produit des droits fur les cartes à
jouer que le roi lui avoit céd é , par fa déclaration
du 13 janvier 1 7 3 1 3 & par forme de dotation. Il
eft rentré en pofieffion de ce droit, par l’arrêt du
confeil d’état du 26 novembre 1778. Un autre arrêt
du .même jour fixe à quinze millions de livres
l ’indemnité accordée à YEcole , pouf raifon de la
privation de cette branche importante de fon revenu.
Cette fomme a été fournie par le tréfor
royal en quittances de finance, produifant rentes
à quatre pour cent fur les aid'es & gabelles, fai-
fant partie de celles créées par l’édit de février
£77° 3 pour en commencer la jouifiance des arrérages,
à compter du premier janvier 17 79 , & être
fur lefdites quittances conftituç m ou plufieurs
contrats de rentes au profit dbY Ecole.
Les dépenfes qu’exigeoit néceffairement l’éta-
bliffement de YEcole militaire, la fatisfa&ion que
donnoient les fuccès des premiers élèves déterminèrent
un nouveau bienfait de la part du roi. Il lui accorda
, par fon arrêt du confeil d’état du 1 y octobre
.17 37, & pour le terme de trente années confécutives,
la loterie fi connue fous le nom de YEcole royale
militaire, compofée dans les mêmes principes que
celles établies a Rome, Gênes, Venife, Milan,
Naples & Vienne en Autriche. Cette loterie a
été fupprimée le 30 juin 1776 , & l’indemnité de
deux millions par année, eftimée comme le prix
moyen que YEcole en retiroit, lui a été accordée
jufqu’au ptemier novembre 178 7 , terme de l’expiration
des trente années de la conceffion.
Sa majefté avoit, dès le 20 avril 17 y y , réuni
à la chapelle de YEcole militaire , à l’entretien des
prêtres qui la deffervôient & des foeurs employées
au fervice des élèves malades , la manfe abbatiale
de l’abbaye de S. Jean-de-Laon-, ordre de S. Benoît
, vacante par le décès de M. de Caylus ,
évêque d’Auxerre. L’union a été confommée le 1 ƒ
juillet 1762, mais fous la réferve des droits que
prétendoient les religieux de cette abbaye. C e fut
pour arrêter le cours des conteftations que cette
réclamation des religieux alloit entraîner, que le
roi leur abandonna tous les biens de la manfe abbatiale
, ,à la charge par eux de payer, entre les
mains du tréforier de YEcole & tous les ans a
perpétuité , la fomme de 12,000 liv. (1 ).
Enfin , l’intérêt. que le roi prenoit à cet éta-
bliffement , l’un des plus utiles de fon règne ,
l’engagea à lui attribuer deux deniers pour liv. (2)
fur le montant des dépenfes des marchés , concernant!
la fubfiftance , l ’entretien & le fervice,
tant de fes troupes que de fes places. La folde
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même des foldats & des invalides fut enveloppée
dans cette impofition.
Le maréchal de Belle-ifle voulut contribuer auffi
à la dotation de YEcole militaire. Il avoit acheté
fept cent-vingt mille livres les fix offices d’af-
fineurs & dèparteurs d’or & d’argent, que le
roi avoit recréés par fon édit du mois d’août 1737,
dont quatre à la monnoie de Lyon, & deux à celle
de Paris. Le 31 décembre 1759, par aéle pardevant
notaires, il en fit donation au roi, à la charge de
payer à différens particuliers la fomme de 26,4301.
de rentes viagères 5 & à mefure que ces rentes
s’éteindroient, d’en appliquer le montant à Y Ecole
militaire q u i, lors de î’extinétion de toutes les rentes
, pourroit jouir de la totalité du produit de ces
fix offices, fi le roi n’aimoit mieux lui donner quef-
qu’autre objet d’un égal revenu. Cette conceffion
fut/ confirmée par iettres-patentes de février 1760;
mais les quatre charges d’affineurs de la ville de
Lyon ont été fupprimées, & Texercice réuni aux
maîtres & marchands tireurs d’or de la mêm<s"
ville , à condition qu’ils feroient aux propriétaires
de ces charges ( YEcole militaire ) une rente de
quarante mille livres (3) , franche, exempte de
toutes impofîtions, préifentes & à venir, & rem-
bourfable de la fomme de huit cens mille livres ;
à la garantie & paiement de laquelle rente , les
droits réfultans de ces affineries feront fpéciale-
ment & par privilège affe&és, & en outre, tous
les biens préfen’s & à venir de ladite communauté
demeureront obligés & hypothéqués. Un autre
édit du mois de février 1781 a fupprime’ les deux
offices d’affineurs & dèparteurs d’or , établis à
Paris, & a révoqué la réunion faite à la communauté
des tireurs d’or de îa ville de Lyon , des
fonctions & des droits des quatre places d’affineurs
qui y avoient été affe&ées. Par l’ article 3 de cet
édit , il eft enjoint à I’adminiftration de YEcole
royale militaire , propriétaire defdits deux offices
& de la rente de quarante mille liv., de remettre
inceffamment au confeil les quittances de finances
& autres titres de propriété, pour être procédé
à la liquidation des indemnités à elle dues , &
pourvu à leur rembourfement.
Voilà le tableau des revenus, de l’adminiftra-
tion & des élèves de cette intérelfante fondation.
Nous ne pouvons nous défendre de regretter que fes
traits primitifs aient été altérés. L a bienfaifance
qui préfida à fon berceau, les vues profondes des
trois minières qui l’ont d’abord gouvernée, le zèle
vraiment patriotique des premiers intendans qui
en ont régi les biens, avoient porté YEcole militaire
au plus haut point de gloire. On nous pardonnera
le voeu que nous formons de la voir reprendre
fa première forme, fa même compofition,
fi) Lettres-patentes du 24 juillet 1766.
(1) Arrêt du confeil d’état du 25 août 176c
(3) Edit du mois de mars 1760.