
rapports avec tous les états de l'empereur, nous
croyons devoir les inférer ici. • v
pour payer les dettes de l'état, on établit a
Vienne , en 170? , une banque à laquelle l'empereur
Léopold afligna quatre millions de fes revenus
annuels. On voulut d'abord que tous les
paiemens des lettres de change paffaffent par cette
banque , fous peine d'une amende de dix pour
cent ; mais ce réglement fut trouvé rtrop dangereux
, & il fut aboli en 1704. La même année
l'empereur afligna pour cinq millions & demi annuellement
de fes revenus; il fe trouvoitcependant,
dans ce fonds prétendu, plufieurs objets
prefqu'imaginaires. On croyoit mettre , au moyen
de cette banque, quarante millions en giro, qui
dévoient ferembourfer en douze ans. En 1705 ,
on fixa les intérêts de la banque à cinq pour
c en t, & la ville de Vienne fut délarée garante
du crédit de l’état : la banque devint aufli banque
de la ville ; mais, au fond, c ’étoit toujours une
caille de crédit pour l'état. En 1714 Charles VI
fit encore quelques changemens à cette banque,
& lui afligna de nouveaux revenus. E n r i jn ,
on y fit des changemens confidérables. Voici l’extrait
d'une lettre, écrite à ce fujet en 175 J : » La
*> banque de Vienne fut établie par le magiftrat
„ delà v ille, il y a environ cinquante ans. La
„ villey p êteencore fon nom. — Les aflignations
» très-valables ne (ont (ignées que par les rece-
», veurs~ 8e les contrôleurs de la banque, tous
», deux fubordonnés au magiftrat. — La cour de
=» Vienne étoit bien-aife de trouver, par le cré-
» dit de cette banque, les fournies dont elle avoit
,» befoin : mais il fallut naturellement afligner aufli
», à la banque autant de fonds qu'il en falloit
„ pour payer les intérêts des fommes levées par
», cette voie. De là vint qu'une grande partie des
„ revenus du fouverain fut engagée à la banque,
», 8c qu'ils le font encore. La cour trouva cjue
», l'importance de l'affairé exigeoit qtt’elle-même
», eût l'oejl fur la régie de tous ces revenus, le.
„ maniement de la banque devenant un objet tou-
» jours plus digne d'attention. A cet e ffet, la
„ cour établit une commiflion fous le nom de
» minifietial bancohof députation. Cette commif-
„ (ion s’ eft peu-à peu emparée de toute la direc-
», tion de la banque , 8c le magiftrat de la ville de
„ Vienne ne fait plus qu’y prêter fon nom. Le préfi-
» dent de cette commiflion eft en même- tems chef
„ du département de tous les importans revenus afli-
„ gnés à la banque , dont je vais vous faire bien-
=» tôt le dénombrement. Il a quatre confeillers
„ dans fon confeil, une infinité de fubalternes à
» Vienne 8c dans les provinces, pour la régie de
„ ces revenus. Il eft entièrement indépendant avec
» tous fes fubalternes , en tout ce qui a rapport
,3 au département de la banque , foit du di-
» reétoire à Vienne, foit de tous les autres di-
», caftcres dans les provinces. Comme il eft en
» même-temps prélxdent du dite&oiie de cotn-
» merce , fon pouvoir s'étend fort l o i n . . . • On
»» m'a affuré qu'à la fin de l’année 1748 1. état
»> paflif montoit à quarante-neuf millions de no-
», rins, outre beaucoup d’arrérages d interets »
», qu'à la fin de l’ année 1 7 5 1 , non-feulement tous
»» les arrérages d’intérêts étoient acquittés, mais
» qu'on avoit aufli payé cinq millions de florins
»» de capital dans ces trois ans. C'eft donc la-
»» deflus que j'ai fondé le calcul de 44 millions
>» de dettes à la fin de 1751. Ces dettes
,» 8c' les billets de banque délivrés là-defîus font
,, de différentes fortes : i° . il. jr a des-emprunts
», que la banque a faits elle-même, & fur lé f ’
„ quels elle a donné des obligations en. for-
», me-, toujours payables à la réquifition du crean»
», c ie r , avec les intérêts à cinq pour cent, pajra-
,» blés par an : i° . il y a des fommes placées
„ dans la banque, conformément aux loix , 8c qui
„ y doivent relier ou un certain tems, ou à perpe-
», tuité, contre un intérêt de quatre à cinq pour
», cent ; tels font les fidéicommis en argent compr
»» tant , les fonds des fondations pieufes,^des
», églifes, des hôpitaux 8c autres, les depots,
», l’ argent des pupilles , fur lefquels la banque
», donne des certificats : il y a des dettes con-
», traitées, 8c aflignées pour le fouverain, 8c ae-
»» ceptées par la banque, fur lefquelles elle a
,» donné des billets payables à un certain terme,
», avec les intérêts à cinq pour cent , payables
», par an : 4“ . il y a d'autres fortes de dettes ,
» fur lefquelles la banque de Giro , combinée à
»» préfent avec la grande banque deVienne, a de-
»» livré des billets, 8c qui ne font jamais payables ;
» mais dont on tire annuellement 1 interet a cinq
» pour cen t, 8c dont on.peut fe fervir en forme
,» de paiement par la ceflion. Quant aux dettes
,» de la première claffe, on a mis les interets a
»» quatre pour cent, 8c l'on a offert^de payer le
» capital à qui n'a pas voulu laifler 1 argent pour
» cet intérêt bailfé. La plupart ont mieux aime
»» ne point reprendre leur argent, 8c la banque a
»» fait non - feulement.par-là ,un^ gain très - con-
», fidérable, mais elle a augmenté fon crédit. Pour
>> mieux rétablir , on a commence a s acquitter
» des plus anciennes dettes , & on en eft -déjà
» venu jufqu’ à celles de l’an 1731 & 1732. On
» a publié dans les gazettes de Vienne , tout' le
*> courant de Tannée 175 $ > — que les nettes de
« ces deux années de cette première clafle de-
m voient être payées jufqu’ à la fin du mois d août
» 1755 , & que qui ne reprendlroit pas fon argent
59 dans ce terme , perdroit les interets pour 1 a--
» venir'. On a gagné par-là pareillement, que la
» plupart ont laiffé leur argent fur de nouvellés
» obligations à quatre pour cent. Quant a la fe-
» conde claffe, les dépôts & Targent des pupil-
» les ne reftent, à la vérité , a la banque qu au-
» tant que le procès ou la minorité dure ; mais
» au moins il n’eft pas permis de Ten tirer pen-
a» dant es temps. L ’argent , an contraire * qui
# appartient aux fidéicommis, églifes, hôpitaux *
» & autres fondations pieufes 3 ne fort jamais
9» de là banque, & le s intéreffés n’en tirent que
» les intérêts , avec cette différence que plufieurs
» de ces fondations tirent encore , par privilège
s» ou convention expreffe , cinq pour cent >
99 & ceux qui n’ont pas eu la même prévo-
» yance, font obligés de fe contenter de quatre
»9 pour cent. Quant à la troifième claffe, onVeft
99 fervi prefque du même moyen qu’ à l'égard des
99 dettes de la première, & on a offert, par Té-
»» dit du 30 novembre 1 7 5 2 , le paiement de
»» toutes ces dettes jufqu’au 15 mars 1755 3 quoi-
99 que leur terme ne fût pas encore échu, fous
99 peine de perdre les intérêts ultérieurs. Beau-
99 coup ont retiré mais beaucoup y ont aufli »9 laifïe leur argent à quatre pour cent. Quant à
99 la quatrième claffe, il n’y a aucun moyen de
9» mettre plus bas l’intérêt de cinq pour cent , 9> puifque déjà ces billets de Giro portent le dé-
99 favantage, que comme je n’en puis jamais de-
>» mander le paiement à la banque, leur valeur
99 monte & baiffe plus que celle des autres billets ,
99 félon les circonftances, & que fouvent il y a
99 de la perte en les voulant réalifer par des cef-
»9 fions. Je crois pouvoir tirer de-là la conclu-
99 fion que les deux tiers des dettes de la banque
99 ne font plus à préfent qu’à quatre pour cent ».
L ’auteur de cette lettre évalue les revenus af-
fignés à la banque, dans le temps qu’ il écrivoit,
à 170,930,000 flor. Les obligations de la banque
de Vienne peuvent être comparées aux rentes fur
Thôtel-de-viîle de Paris. La cour adminiftre la
banque par fes miniftres & confeillers, & la ville
de Vienne en eft garante. Comme le capital de
ces obligations n’eft fujet à aucun impôt, on recherche
ces obligations. Dans Tannée 1778 , on
mit une taxe extraordinaire, fous le titre deJubJi-
diurnpr&fentaneûm 3 fur- tous les revenus quelconques
, mais les obligations de banque furent épargnées.
D ’ ailleurs on ne donne point des obligations
nouvelles à la banque, ce qui fait encore
rechercher davantage ces fonds-là. Après la guerrç '
de 17ƒ 6 , on fit encore , fur le crédit de la banque,
pour ro,qoo,ood florins de billets de banque
3 depuis y jufqu’à cinq mille florins. Ces
billets étoient acceptés dans toutes les caiffes
impériales comme de Targent comptant. On avoit
meme exigé , pour leur donner plus de cours ,
que le paiement de certains revenus fe fît
moitié en argent, & moitié en billets de banque.
.11 y avoit d’ailleurs, dans les provinces ,
des caiffes particulières où on donnoit de Targent
fur le champ à ceux qui préfentoient des billets.
— Indépendamment de la banque , la maifoii
d’Autriche a encore des dettes fur le crédit des
états 3 8c d’autres fur le crédit de la chambre
des finances. Par le crédit des obligations de
banque qui eft fermé , c’eft-à-dire , qui ne reçoit
plus d’argent, on fourient adroitement le
crédit des autres papiers. La cou r , pour foutenir
ces crédits, retire même de temps en temps une
partie des obligations. On évalua, en 1783, les
dettes de l’état à deux cents millions. Cette fom-
mene feroit pas trop fo r te , s’il étoit vrai, comme
on Ta imprimé dans le journal de Schloezer ,
que la cour de Vienne paye annuellement quinze
millions de flor. pour les intérêts, & pour éteindre
une partie du capital. Le comte de Haukwitz a
fait beaucoup de réformes utiles dans les finances
de l ’Autriche fous le règne de Marie-Thèrefe. —
Il y a une défenfe en Autriche de donner des capitaux
à intérêts dans les pays étrangers , & une
ordonnance du 27 mars 1783 , d ’après laquelle
tout Targent appartenant à des églifes ou à des
fondations, doit être placé in fundis publicis 3
avec défenfe de le prêter à des particuliers.
Troupes. Le royaume de Hongrie peut mettre
aifément une armée de ioô,oco hommes fur pied,
non compris le contingent des royaumes incorporés.
Les heyduckes forment l’infanterie, & les
houfards la cavalerie. Pour veiller à Tordre & à
la fûreté des grands chemins, les comtés entretiennent
des heyduckes qui font une efpèce de
maréchauffée à pied. En 17 4 1 , le baron de
Trenk parut à la tête d’une troupe de pandoures,
qui fe rendit redoutable en Allemagne, & qui
étoient ainfi appellés, non du village de Pan-
dour dans le comté de Batfch, mais du mot ef-
clavon pandur, qui fignifie voleur de grand chemin y
ce qu’étoit effectivement cette troupe de brigands
j ils s’étoient retranchés en 1740 dans une
forêt de TEfclavonie, d’où ils mettoient prefque
tout le pays à contribution : le baron de Trenk
leur perfuada de fervir la reine : il augmenta
leur nombre de tous les malfaiteurs qu’il put tirer
des prifons où ils fe trouvoient renfermés.
Voye£ les articles Il l y r ie hongroise ,
T r a n s y l v a n i e , & en général les articles particuliers
des divers états de la maifon d’Aur
triche.
H O N N E U R : nous ne parlerons ici que des
idées & des principes d'honneur, qui produifent
tant d’effet dans quelques contrées.
C e n’ eft point dans les maifons publiques où
Ton inftruit l ’enfance, dit Montefquieu, que
Ton reçoit dans les monarchies la principale éducation
} c’eft lorfque Ton entre dans le monde
que l’ éducation en quelque façon commence. Là
eft l’ école de ce que Ton appelle Yhonneur , ce
maître univerfçl qui doit par - tout nous conduire.
C ’eft là que Ton voit & que Ton entend toujours
dire trois chofes : qui! faut mettre dans les
vertus une certaine noblejje, dans les moeurs une
certaine franchife , dans les maniérés une certaine
politejfe.
Les vertus qu’ on nous y montre, font toujours
moinsce que Ton doit aux autres , que ce
î que Ton fedoit à foi-même : elles ne font pas
X x x x 2