alors fon alliée, qui prétendoit que cette poflef-
fion lui fût reftituée, comme lui ayant appartenu
avant la guerre. Lorfque la fignature du traité de
paix eut anéanti cette prétention, le monarque
françois crut qu’il n’étoit pas de fa dignité de
profiter du malheur de fes amis. Il remit, de fon
propre mouvement, aux hpllandois leur, ifle, quoiqu’il
n’ignorât pas que c’étoit une fottereife naturelle,
qui pourroit l’aider à la confervation de la
partie de Saint-Chriftophe qui lui appartenoit.
Avant’ leur défaftre, ces républicains ne de-
mandoient que du tabac à leur, territoire. Après
leur rétabliffement, ils plantèrent dans les lieux
fufceptibles de culture,, quelques cannes qui ne
leur ont annuellement donné que huit ou neuf
cens milliers de fucre brut. Ce n'eft pas par fes
produirions qu’elle eft utile aux hollandois, mais
par l’entrepôt de commerce qu’ils y ont formé.
Pour donner une idée des reffources qu elle leur
procure, nous nous nous contenterons de dire
qu’on évalue à trois millions fterling les prifes
qu’y fit l’amiral Rodney en 1781.
■ EXACTION : abus que commet un officier
public , en exigeant des contribuables ou des né-
gocians plus qu’ils ne doivent.
Tes exactions diminuent les revenus publics,
quoique d'abord elles femblent les augmenter. Si
les exactions portent fur le commerce, elles le dé-
truifent en peu de temps, & elles deffèchentla fource
du fifc : on fe dégoûte bientôt d'un commerce
qui eft opprimé au lieu d'être protégé : on nuit
à la culture & à l’induftrie, fi les exactions portent
furies contribuables : ces injyftices découragent les
fujets 5 ils difent hautement qu'ils feroient desinfen-
fés, s'ils fe tourmentaient pour fatisfaire l'avidité des
exaéteurs. Si je vois que le produit de mon travail,
de mes peines m'appartient, que je puis en dif-
pofer pour l'avantage de ma famille, je n'épargnerai
m ma fanté, ni ma vie pour l'augmenter,
& je chérirai cette patrie qui m'ep garantit les
avantages. Mais fi un exa&eur impitoyable vient
m'enlever le fruit de mes travaux, je perdrai courage
, je bornerai mes vues, je quitterai même
ce corps politique, dont le chef autorife des abus
fi crians. Ainfi raifonnent les fujets vexés par l'in-
juftice j & fi des circonftances particulières ne leur
permettent pas d'exécuter leurs réfolutions , ils
tombent dans la langueur & le défefpoir, & l'état
reffent cette diminution de l'induftrie.
EXEMPTION. Voye^ le Di&ionnaire de Ju-
rifprudence.
EXIL. Voy ei le même Dictionnaire.
F
F a b iu s & CA TO N , ou du gouvernement ré- I
publicain & des prérogatives de l3arifiocratie, *roman
politique de M. le baron de Haller.
« Les troubles de Geneve , dit M. de Haller ,
» & les occupations qu'ils me donnèrent, me fi-
« rent prendre la réfolution d'oppofer d'autres
>» principes à ceux vers lefquels je voyois qu'on
»? commençoit à pencher, & de montrer les con-
» féquences que ne pouvoit manquer d'aVoir cette
»dodrine de l'égalité des hommes, dont on fe
» faifoit de fauffes idées. Plufieurs années fe font
» écoulées avant que j'aie pii fonger a remplir
» mon deffein ; aujourd'hui que les années & les
infirmités de .la vieillelfe me laififent plus à moi-
» même, j'ai repris mon ancien plan. J'ai peint
» dans Ufong un dèfpbte oriental, .qui met lui-
»? même des bornes à une puiffance exceffive &
s? dangereufe j ( voye% U s o n g ). Dan9 Alfred
»3 j’ai tracé le plan d'une monarchie modérée }
P ( voye% Alfred). Dans le préfent ouvrage je
v parle du gouvernement républicain, &'des pré-
*> rogatives de l'ariftocratiç. Peut-être fuis - je
» féduit par des préjugés de naiflance j mais^ il
» me femble que j'ai vu la confirmation des prin-
» cipes que j'établis dans les comparaifons que
•j> j’ai été. fouvent. à portée de faire de la fituation |
» de ma patrie avec celle de quelques démocra-
» ties voifines , & 'dansles effets funeftes qui font
» réfultés pour les républiques de la Grèce &
» pour Rome même, du pouvoir exceffif du
»> peuple. Mon livre pourroit être mieux1 écrit j
» mais j'écris au bord du tombeau, déchiré par
» des douleurs .prefque-continuelles : avec une
*> fanté délabrée, l'imagination ne peut que per-
»5 dre fon feu & fes agrémens. Mes intentions
» font droites î je crois dire la vérité : fi je me
» trompe , • ce n'eft point l'intérêt propre ni d'au-
» très vues qui m'égarent. Puiffent les bonnes
» intentions qui m'animent, fe trouver chez un
»» écrivain richement doué de tous les talens qui-
» nous manquent ! »
M. de Haller lie les .leçons de politique qu'il
donne, à cette époque intérefîante où Rome &
Carthage combattaient pour l'empire du monde,
& pour leur exiftence. Nous nous arrêterons peu
i l'hiftorique qui eft connu , & dont nous avons
.tracé le tableau.' V o y e^ C a r t h a g e , R ome.
f Le roman'politique de Fabius & Caton ren-;
ferme cinq livres : nous allons en extrairé un morceau,
qui donnera une idée de l’ouvrage & des.
principes de l’auteur, M. de Haller l’a eompofé
dans’-un gouvernement ariftocratique, & il eft
trop, favorable à ,1'ariftocratie. .....
QEcon. polit, & diplomatique, Tom, I I ,
« Des peuples vicieux &r adonnés â la volupté
55 ne peuvent fupporter la liberté j les loix font
35 les feuls liens-d'un état libre, & ce lien eft
trop foible pour de tels peuples : voilà pour-
n quoi on ne voit aucune ombre de liberté dans
» les pays chauds, & que, hors de l'Europe ,
55, on ne trouve prefque que des efclaves. Il faut
» que, dans'ces pays, le pouvoir illimité d'un
55 fouverain s'oppofe aux attentats de la cupidité
5ï & de la volupté. La nature même y femble
55 jetter les fondemens de ce pouvoir. La chaleur
3» & la fertilité .du climat rendent les hommes
55 pareffeux , & leur infpirent l'amour du plaifir.
35 Qu’il s'élève un homme plus aétif que fes con-
’5j citoyens, un homme chez qui l’ambition étouffe
33 le goût du plaifir & du repo^, aifément il fera
53 le maître. Mais ce pouvoir ne fera pas dura-
53 ble ; le fils du héros ne fera qu’un voluptueux:
»j efféminé : un féditieux entreprenant & coura-
55 geux le dépouillera bientôt de fa puiffance,
53 Dans des climats froids, les habitans ne fe
»? procurent les néceffités de la vie que par des
33 travaux pénible^ ils font par confequent durs ,
33 vigoureux1, enclins à l’indépendance j il feroit
93 difficile de les foumettre à l’efclavage. De telsf
35 peuples font demeurés libres, & ils ont eux-
J3 mêmes choifi leurs conducteurs. Si un empire
33 eft vafte, il lui faut un monarque. Dans un
33 état libre , les délibérations font'longues , &
33 les affaires trop nombreufes en fouffriroient. II
33 faudrait, pour défendre les frontières, avoir
m fur pied des armées confidérables, & accor-
33 dèr un trop grand pouvoir aux gouverneurs j
33 de tels commandemens feroient l'objet de l’am-
33 bition & de la cupidité. Celui qui aurait com-
,.33 mandé en maître dans les provinces , fie fe
j 33 remontrerait qu'avec peine dans la claffë des
«■ 33 citoyens ordinaires. II faut donc , dans un Em-
33 pire très-étendu, un monarque dont l’autorité
33 foit infiniment élevée au - de {fus de celle des
» grands, de manière que la moindre défobéif-
- 33 fance de leur part foit punie comme une ré-
33 volte.. Les réfolutions d’un feul homme font
33 rapides, fecrètes i & leur exécution eft plus
. 33 accélérée. Cependant jê fuis fort éloigné de
33 fouhaiter de . voir s'établir jamais une monar-
3? chie illimitée.: Le monarque vertueux pourra-
33 être .trompé ; le monarque vicieux fera un ty-
33. tan.' Le bonheur des peuples demanderait donc
33 qu’aucun Empire ne fût trop grand. Dans l'âge
» d'or .tous les royaumes étoient petits , & un
33 : génie même médiocre fuffifoit pour les gou-
3? verner. Dans des Empires, tel qu’était celui
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