
Avec les fonds-provenants des tributs, du dô-
imaine, des péages , des fubfides du dehors , l'éta
t entretient Tes efcadres & fes armées, dont on
•parlera plus bas, Auxdépenfes militaires, le gouvernement
en a joint d'autres depuis quelques ann
é e s , pour Tencouragement des manufapures &
des arts. Qu'on ajoute quatre paillions : de livres
•pour, les befoins de■ ta; cou r, une .fomme à-îpeu-
près femblabkj pour les intérêtscqu'ent;rake une
defie publique dé foixante-fdix millions a on aur&
l’emploi de vingt-trois millions dè livres, qui forment
le revenu de la couronne.
- Si c'eft pour en aflurer lés reeouVremens que le
gouvernement profcrivit en 1736 l'ufage des- bijoux,
les étoffes d'or & d'argent, on fe permettra
de dite qiriLavoît fous-fa main des moyens plus
Simples, il falloit peut-être abolir les entraves qüj
gênent les opérations des citoyens; entr eux, -qui
empêchent la libre communication des djfféréntès
parties de la monarchie: Il falloit ouvrir à ’tous les
■ navigateurs de la nation, l'Iflande,, le Groenland ,
les états barbarefques, la pêche de -la baleine. 11
falloit rendre aux peuples le commerce des ides
de Feroé , concentre dans les mains du fouyerain.
Il falloit affranchir tous, les membres de, l'état de
l'obligation qui leur fut impofée en 1726, deifè
pourvoir de v in , de fe l, deau-de-vie, de tabac,
■ à Copenhague même. . : -i
Il ne fera pas hors de propos d'entrer I c i dans
quelques détails fur le péage du Sund, 1 un des
olus beaux revenus du roi. Le Sund eft un détroit
fameux, entré Tille ? de Sétande & ta Terre-
ferme de Schouen , qui appartient à 1a Suède. Du
côté Jdu Danemark,y. eft- ta Vville. d'Elfeheuravëc
ta Forteréffe de, Cronehbourg , ^rès : de' laquelle
il y a une,allez bonne rade. Du cote de ta Suède ,
èft ta' Ville de Hèlfînbourg avec un château ruiné.
C ’eft entre ces deux villes que paffent &repaffent
tous les vaiffeaux qui font le commerce de 1a
Baltique,-& c'eft le feul paffage qui donne entrée
à cette mer. C a r , quoique le grand & le petit
‘Belt foiènt aüffi des pafïages qui conduifent dans
ta Baltique, on ne les fréquente point* parce que
le petit Bék n'eft pas allez profond , & que le
grand eft plein de rochers & d'écueils cachés
fous l'eau ; le Sund au contraire eft très-profond,
quoiqu’il n'ait guères-qu'un mille d'Allemagne de
largeur près de Cronenbourg , & qu'on dîftingue
parfaitement les objets d'un rivage à l'autre. On
a eu grand foin de garnir de. fanaux tous les endroits
de la côte qui pourroiënt être dangereux,}
d'autres fanaux , où 1 OU allume des feux ,■ fervent
de guides aux vaiffeaux»dans les nuits ôbfcurès;&
orageufes ; enfin on a pris toutes.les précautions
imaginables pour rendre ce paffage le moins périlleux
poffïble. C ’eft à ces précautions qiie l'on
doit attribuer l'origine du droit de péage que 1a
cour de Danemark fait lever fur-tous les vaiffeaux
qui paffent par le détroit du Sund. D abord les
négocians confentirentà payer volontairement pour
chaque vaiffeaü une petite fomme qui pût-fubve-
Dira l’entretien de ces fanaux 3 mais le Danemarck
l'a exigé enfuite comme un droit formel. L'empereur
Charles t V ligna a, Spire fur le, Rhin un traité
avec le roi de Danemarck 3 qui fixoit le droit de
péage que-les navires appartenans aux fujets des
dix-fept provinces, dévoient payer. Depuis cette
époque ,, le Danemarck a établi différentes conven-
üqjnç-pour La quotité :de ce droit avec chacune
des-Jngtiqns commerçantes , en ipaft-kiufier; & cette
taxe-a été. hauffée ■ ou baiffée, . félon les circonf-
tances où cette couronne s'eft trouvée, ou félon
que ta bonne ou mauvaife fortune des puiffànces
avec lefquelles elle contraétoit. , lui a permis de
ftipuler des .conditions ..plus ou moins favorables.
Si. l'on examine, l'origine de ce péage, il paroît
que les titres-(fur lefquels le Danemarck te fonde.,
-font t-rès-foibles', & qu’on ne pouvoit convertir
une redevance' volontaire; en un impôt confidérable
& onéreux pour tout le commerce du Nord. Mais
fi on fonge enfuite que les autres .puiffànces de
l’Europe ont confenti à en d ro it, & qu’il a ete
confirmé .par plufieurs. traités, on verra peut-etre
que l.e Danemarck n’exerce aujourd'hui ce même
droit qu'à julle titre, & qu'on ne fauroit s'y fouf-
traire de bonne grâce, puifque les traités.font les
vrais titres qui conftatent les droits des peuples.
-On peut trouver les tarifs du péage du Sund ,
(tels que chaque nation les paye , dans les Recueils
diplomatiques. Nous .y renvoyons le le&eur curieux
; car l'extrait feul de ces pièces pafferoit les
bornes fde cet ouvragé,' & feroit contraire à fon
plan. Il faut remarquer; qu'autrefois. la nation fué-
doife ne payoit aucun droit de paffage,. ni pour
fes propres:vaiffeaux, ni pour les marchandifes
(appartenantes à des fuédois, &-chargéès fur des
navires étrangers. Le Danemarck fe croyoit trop
heureux que 1a Suède luL abandonnât ce revenu
en entier, & qu'elle ne f ît pas valoir le droit que
lui donne fon rivage la ville de Helfinbaurg.
Mais, par l'article D£ du traité de Friedrichfi-
bourg conclu en .1720', la. Suède a renoncé à cette
franchife du paffage; elle s'eft obligée à payer le péage
comme les hollandois & les autres nations ; ce
qui paroît extraordinairement dur pour ta nation
fuédoife.
S e c t i o n V I Ie.
Détails fur l'armée & fur la marine.
D'après^ta nouvelle ordonnance pour la com-
pofition de L'armée de Danemarck, publiée cette
année ( 1 7 8 5 ) , 1a cavalerie fera compofée de
6073 hommes , y compris, les officiers , il y
aura 47 51 chevaux. L'entretien pour ces deux objets
fera de 395,433 rixdallers, 49 fchellings.
Elle confiftera dans les régimens fuivans ; favoir,
la. garde à cheval de 177 hommes ; elle coûtera ,
y compris les'- 'chevaux , 29,654; rixdallers & 4
fchellings & demi 5 quatre régimens de cavalerie
de 1,610 hommes, qui coûteront, y compris les
chevaux, 157,747 rixdalers & 76 fchel. ; quatre
régimens de dragons de la meme force, leur entretien
& celui des chevaux coûteront 1 56,747 rIxd-
& 76 fchellings; un corps de huffards de 33.0
hommes, & un autre corps de 326 ; ces deux
corps, y compris les chevaux , coûteront f 1,203
rixdalers, & 47 fchellings & demi:
L'infanterie fera compofée de 3 3,475 hommes,
& fon entretien reviendra à 890,396' rixdallers &
y i fchellings; elle confiftera dans les regimens
fuivans ; favoir, la garde à pied de 483 hommes ;
fon entretien fera de 31,153 rixdalers & 61 fch. >
un corps de chaffeurs de 132 hommes ; il coûtera
9,813 rixdalers & 46 fchellings & demi ; un autre
corps de chaffeurs de la ihême force , & qui coûtera
ta même fomme;. 16 régimens dé 27,962 hommes,
qui coûteront 658,209 rixdalers & 53 fch.
quelques compagnies détachées de 1,999 hommes;
elles coûteront 60,096 rixdalers & 56 fchel.;
quelques compagnies de garnifon de 358 hommes,
qui coûteront 13,724rixdalers, 4 fchellings j
& demi.
Toute l'armée en Danemarck fera donc; forte de J
39,548 hommes:, & fon;entretien annuel reviendra
à .1,285,8,30 rixdalers & 4 fchellings.
D'après ta même ordonnance , l’armée en Nor- ,
wège fera portée én 1786 à 35,715 hommes , &
fon entretien coûtera 378,092 rixdalers & 70 fch.
Il y aura 4 régimens *de dragons de 4,349 hommes
8e: de 2,725 chevaux ; un. corps d'artillerie
de 436 hommes ; 2 régimens d'infanterie enrôlée
de 2,294 hommes; 8 régimens'd’infanterie nationale
de 27,5 24 hommes, 960 chaffeurs , & une
compagnie.de garnifon de 156 hommes. ;
Total de l’armée en Danemarck & dans 1a Nor-
w è g e , 75,263 hommes, dont l’entretien .annuel
reviendra à 1,663,922 rixdal. & 70 fchel.
• Le nombre,.des habitans du Danemarck ne paroît
pas affez grand pour fournir de recrues l’armée.
La cavalériè/ cependant eft pfefque toute
compofée de nationaux* furitôùt pour ce qui regarde
les régimens qui font en:garnifon dans le
centre du royaümé/ Mais l'infanterie eft prefque
toute recrutee par des recrues qu'on fait a. Hambourg,
à Breme, à Lubeck, & dans les villes libres
de l'Empiré où le Danemarck a le droit d'engager des
gens de bonne volonté. C'eft la bonté dès chevaux J
danois 3 qui fait la force de leur cavalerie. Leur
infanterie n'eft ni àuffl renomméeni âufli - bien
difciplinée que celle dè$'grands princes allemands.
La aéfertion y eft corifiaérable : il paroît qu'on
recrute chez l'étranger ', i° . parce que la marine,
là pêche 8c, 1a navigation occupent beaucoup de
monde ; 2°. .parce que la culture des terres & le
foin des beftiaux ..emp'lb’ié.fit'ia plupart des' .gens
de la càifipàgrie ; & , 3°.>parcè que les payfans font
fprfs dans, ta plupart:dés provinces. Ils appartiennent
au gentilhomme-fur la terre duquel ils font
nés j & ils font partie de ce domaine. L e roi,
dont l'autorité en? fi abfolue, n a pas encore
ofé prendre aux propriétaires des hommes qui
font partie de leur bien , pour les employer dans
fes troupes ; & quand , par hafard, un ferf a ete
engagé par les enrôleurs , fon feigneur le réclamé.
1
Le roi a plufieürs fortereffès qui font bien entretenues
, comme la ville de Copenhague meme,
Gluckftadt dans le Hoiftein , Ren'dsbourg , Fn-
dërîciâ, Drontheim, Bergen, le Wardhuys a 1 extrémité
de ta N o rw è g e , 8è plufieurs forts & citadelles
difperfés dans le p'ays.
Indépendamment des .troupes régulières , les milices
>ou troupfes provinciale^, font compofées
d’hommes irobuftes & grands 3 qu'on réforme à ta
moindre' infirmité,; & le pays;pu le bailliage eft
alors- .obligé d'en (fournir d autres ; ils ferveiit les
uns pendant fix années 3 -les autres pendant douze
ans ; ils ne fe trouvent annuellement aux régimens
auxquels .ils font attachés^ que pendant trois fe-
maines, & ils paffent le refte de l'année dans leurs
familles.
Llefcadre danoife confifte en temps de paix en
vingt-huit vaiffeaux de guerre du premier, fécond
& 'troifième rang, en fêize frégates & cinq brûlots.
On entretient 1800- charpentiers, 400' cano-
niers & plus de jo co matelots pour le fervice de
cette eicadre.' Le ï)nïi£iTi(irc\i peut en temps de
guerre doubler ces forces, navales; la Norwège
fournit eh abondance des bois & des matériaux
pour cet ùfage. Mais , comme il faudrait au moins
dix à douze mille hommes de troupes pour bien
garnir une pareille efeadre, & que fon entretien
excédèroit les reflources pécuniaires de cette couronne
, elle auroit befoin de fecours étrangers ,
fi elle vouloit garder long-temps un auffi grand
nombre de vaiffeaux. Si on compare les troupes
de terre & l'établiffement ordinaire de marine avec
réténdueJ& la richeffe- du royaume, on ne trouvera
point de proportion entre ces deux objets .
& lés forces paraîtront plus grandes qu'elles ne
devraient l'être relativement aux revenus & aux
reffource's de cet état. Voilà pourquoi le Danemarck
cherche toujours à fe procurer des fubfides
en France ou en Angleterre. Il y^ a Copenhague
une maifon de cadets, où l’on élève les jeunes
'gens qui veulent fervir dans la marine. Toutes les
ifles de Ddnemarck & la côte de Norwège four-
•niffent des matelots „ & on n'en manque jamais.
Au refté le Danemarck fait bien d'entretenir
cbnftammeht une bonne armée navale, qui puilfe
protéger fon commerce 3 fa navigation 3 les pof-
feflions dans les Indes, fon droit de péage du
Sund , & même fes propres foyers. Il excite la
•j.aloufie des autres nations commerçantes, & les
efcadres de la Suède & de la Rulfie lui impo-
fent la néceffité de veiller à l’entretien de fa
mâtiné.
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