
tat, au cardinal-dataire qui a l’emploi le plus utile,
au cardinal - chancelier ou fecrètaire des mémoriaux,
au cardinal-auditeur, au cardinal-fecrétaire
des brefs & au cardinal-vicaire.
Nous parlerons de l'étendue de pouvoir du cardinal
camerlingue , en traitant de la chambre
apoftolique ; fon autorité eft fur-tout remarquable
lorfque le faint-fiège eft vacant ; il prend pofleffion
du palais, comme repréfentant de la chambre
apoftolique ; on bat monnoie en fon nom & à fes
armes : c'eft lui qui eft dépofitaire de l'anneau
du pêcheur, & la garde-fuiffe l'accompagne partout
, jufqu'à fon entrée au conclave.
Le cardinal-fecrétaire d'état eft chargé de la cor-
refpondance des nonces apoftoliques & des légats
à qui il adreffe les ordres au pape j il rend compte
à fa fainteté des affaires eccléfiaftiques & politiques
, & il dirige l’adminiftration des provinces.
Le cardinal-dataire préfide à la nomination & à
l'expédition des bénéfices, & aux difcuffions qui
en font la fuite ; les difpenfes de mariages & ce
qui concerne les annates, font aufli de fon département.
Le cardinal-vicaire exerce les fon&ions épifco-
pales dans Rome j il donne les permiflions d'imprimer,
& il ëft juge de quelques affaires relatives
aux moeurs. Il a la juftfdi&ion & l'infpe&ion
immédiates fur les corps eccléfiaftiques, feculiers
ou réguliers , & fur les hôpitaux.
Le cardinal - chancelier étoit autrefois regardé
comme le premier miniftre : on s'adreflbit à lui
de tous les pays de la chrétienté , pour confulter
le pape fur les matières de difcipline & de foi.
Les lettres, provifions & expéditions de la cour
de Rome, qui ont befoin du fceau, lui font renvoyées
, & il eft à la' tête de tous les officiers de
la chancellerie.
Le cardinal-auditeur eft le chef de la juftice j il
'reprélénte le fouverain pontife dans les affaires
contentieufes ; il reçoit les appellations des jugés
fubalternes, & renvoie les caufes à d'autres juges
j il affifte avec le pape au tribunal de la figna-
ture, & il examine le* mérite des perfonnes qu’on
propofe pour l'épifcopat.
Le cardinal-fecrétaire des brefs eft chargé des
affaires qui n'exigent pas le fceau en plomb de la
chancellerie & de la daterié î mais qui s'expédient
par des brefs, .telles que les difpenfes d'âge, de
temps & de capacité j il drefle & il ligne tous
les brefs que le pape adreffe à différentes perfonnes.
La chambre apoftolique, préfidée par le cardinal
camerlingue, & , en fon abfence, par le gouverneur
de Rome , adminiftre les finances & perçoit
les revenus du faint-fiège : on lui envoie le
produit des biens patrimoniaux, des douanes, des
falines, des gabelles, des monnoies & des autres
impôts. Elle difpofedes terres abandonnées & des
ruines d'édifices antiques, dont elle n’a pas fait la
conceflion ou l'aliénation. Ses officiers font l'auditeur
général, qui en eft proprement le premier
magiftrat, & le tréforier général. Les différentes
charges de ce département font exercées par les
prélats clercs de la chambre, c'eft-à-dire, par i l
prefetto dell annone, ilprefidente dell* atjue & delle
k commifiaire général des armes, le com-
miffaire general de la mer, qui eft en même-tems
gouverneur du château Saint - Ange, il -prefidente
délia grafcia , le préfet des archives, le préfident
des monnoies, i l prefidente delle firadé ( ou l’ édile)’,
les prefidens-gouverneurs des douanes. Ces officiers
ont tous Jeurs tribunaux particuliers, où ils
règlent ce qui eft de leur reflort. Les dépenfes
regardent aufli la chambre apoftolique, & c'eft:
en fon nom que fe fait l'emploi de la plus grande
partie dqs revenus du faint-fiège, d'après les ordres
du fouverain, pontife, ou de fes miniftres.
On donne le nom de confiftoire à une aflemblée
de cardinaux, qui a lieu en préfence du pape :
on diftingue le confiftoire ordinaire ou fe cret, où
le pape propofe des affaires importantes & délicates,
& où il appelle un petit nombre de cardinaux:
on y traite de la création des cardinaux, de la
nomination des nonces ou des légats, des évêques,
des unions ou ére&ions d’ églife , &c. &c..
Le confiftoire publiq ou extraordinaire eft une
aflemblée publique & générale de cardinaux qui
fe tient communément tous les mois, pour donner
le pallium à un archevêque, ou le chapeau à un
nouveau cardinal j pour déclarer la béatification
d'un faint, ou enfin pour une grâce ou un privilège
qu’accorde le pape.
Quant aux congrégations , il eft inutile d'en
parler ici > ce font des commiflions ou des bureaux
, dont le nombre varie, ainfî' que l'étendue
de jurifdi&ion qui leur eft attribuée.
Nous ne dirons rien du faint-office , des congrégations
de l'index, des rites, du concile, des
évêques & réguliers, des indulgences & des reliques
, de la propagation de la fo i , du cérémonial
, de la difcipline eccléfiaftique, de l'éle&ion
& de l’examen des évêques?, de l'état des églifes ,
des confins , des cours, des barons, des impôts,
des comptes que rendent les fermiers ou receveurs
publics, du commerce des allions ou di monti 3
de la fabrique de S. Pierre, de la vifite apoftolique
des églifes , de la revifion des méfiés pour
faire obferver les fondations, de la vifite des pri-
fonniers : le pape en établit de nouvelles encore
, s'il croit en avoir befoin : telle eft celle du
defféchement des marais Pontins.
Mais nous croyons devoir dire tin mot de la
confulte , de la propagande & de la congrégation
del buon govemo.
La confulte fut établie en 1587 par Sixte-Quint,
& chargée de recevoir les plaintes des peuples
contre les officiers & les gouverneurs des villes ,
& celles des vaflaux contre les barons. On y
examine les différends qui s’élèvent entre les
gouverneurs,
gouverneurs , les élevions des officiers municipaux
, les qualités de ceux qui demandent la- no-
blefle, les procès criminels de toutes les provinces:
on y drefle les réglemens néceffaires pour le bien
des peuples, & pour la tranquillité publique. Le
cardinal-fecrétaire d'état eft ordinairement préfet
de cette congrégation, où fe trouvent plufieurs
autres'"èardinaux.
Le collège de la propagande fut fondé en 162.2.
par le pape Grégoire X V , & augmenté & dote
par Urbain VIII en 1627. Ourse la congrégation
des cardinaux, qui y eft établie & y tient fes
féances pour toutes les affaires qui ont rapport a
la propagation de la fo i, plufieurs profeffeurs y
font des leçons publiques fur la Théologie, la Phi-
lofophie, les Belles-Lettres & les Langues orientales
, & on y inftruit un affez grand nombre de
jeunes eccléfiaftiques qu'on deftine aux millions
étrangères. Les Indes , l'AbylTmie, la Syrie ,
l'Arménie & la Grèce fourniffent plufieurs fu-
jets 'que les évêques catholiques répandus dans
les pays infidèles , envoient au collège de la
propagande. Un miflionnaire n’eft pas toujours un
bon obfervateur ; mais il eft à fouhaiter qu'après
les grands intérêts de la fo i, la cour de Rome
tire de l'inftitution de la propagande, des lumières
fur les langues & les moeurs de l'Afrique &
de l'Afîe > & qu’elle communique enfuite fes découvertes
aux favans.
La congrégation des cardinaux, appellée 'del
buon guoverno 3 prononce fur ce qui a rapport à
l'embelliffement de la v ille, à la conftru&ion &
réparation des chemins & édifices publics $ mais
elle ne fè mêle pas de l'emploi des deniers. Elle
examine les projets d'amélioration , de culture &
de defléchemens , les revenus, les dettes & les
dépenfes des communautés , les odtrois des villes,
les difficultés qui furviennent dans la perception,
& toutes lès caufes civiles & criminelles qui y
font relatives, la ville de Rome exceptée.
Il ne faut pas croire que ces départemens & ces
congrégations diverfes tiennent à la conftitution de
Rome, ainfî que quelques auteurs l'ont dit. Les
cardinaux limitoient autrefois la puiffance du pap
e , & ils formoient un confeil qu'il étoit obligé
d'aflembler fur les matières importantes j mais peu
â peu leur doctrine de l'infaillibilité fpirituelle du
foüveràin pontife a rendufon autorité abfolue dans
les affaires temporelles 5 il décide feul, & il ne confulte
les cardinaux que quand il le juge à propos.
Le Dictionnaire de Jurifprudence contient de
grands détails fur les cardinaux, & nous indiquerons
feulement ici les places qu'on appelle cardinalices
, c'eft-à-dire, les places qui ont le chapeau
pour recompenfe , après quelque temps de fer-
vice. Telles font les places de gouverneur ou préfet
de Rome, de vice-gérent ou de promoteur de
Rome, de fecrètaire de la confulte, de tréforier
de la chambre apoftolique, de majordome & de
maître de chambre du pape : il faut y ajouter les
(Econ. polit, & diplomatique. Tome IL
nonciatures à Vienne, à Paris, à Madrid & à
Lisbonne : lè fecrètaire de la congrégation di Vef-
covi t regolan, celui de la confulte, de la propagande,
le doyen de la rote, l'affefleur du faint-
office , l'auditeur du pape & le fecrètaire du concile
, ou de la congrégation établie, pour l'interprétation
des canons du concile de Trente, obtiennent
affez foüvent la pourpre.
Outre les officiers & les départemens que nous
venons d'indiquer, il en eft beaucoup d'autres ,
plus ou moins femblables à ceux qu'on voit en
d’autres pays. Voici les principaux.
Le vice-gérent ou promoteur général a la police
des moeurs du clergé, & il eft chargé de l'examen
de ceux qui fe préfentent pour les ordinations ;
c'eft lui qui approuve les confeffeurs, & qui donne
aux prêtres étrangers la permiflion de dire lameffe.
Il a chez lui un tribunal & des bureaux , où fe
portent en première inftance toutes les plaintes .
contre les eccléfiaftiques.
Le majordome, le maître de chambre & l’auditeur
du confeil particulier du pape occupent les
trois premières places de la cour. Le facriftain ou
. maitre de chapelle vient enfuite : ces prélats font
évêques ou archevêques in partihus.
. Le maître du facré palais a la cenfure des livres
& le droit de les approuver : fa place paroît
réfervée à l'ordre de S'. Dominique, & elle conduit
quelquefois au cardinalat.
Les cameriers fecrets ou premiers gentilshomms
de la chambre du pape font au nombre de 165
mais les cameriers fecrets furnuméraires font en bien
plus grand nombre.
Il y a beaucoup d’autres prélats domeftiques,
tels que les cameriers d'honneur ou gentilshommes
ordinaires qui portent, dans le temps de leur fer-
vice , l'habit long violet > les chapelains ou aumôniers
ordinaires, au nombre de fix j toutes ces
claffes ont une foule de furnuméraires qui remplacent
les malades & les abfens : on compte environ
200 prélats.
Les tribunaux ordinaires de Rome font ceux de
la rote, de la fignature, de Monte Citorio , de l'auditeur
, du gouverneur & du fénateur.
La rote connoît de toutes les caufes civiles ,
où il s’agit de plus de y00 écus romains, foit
entre les fûjets des états eccléfiaftiques, foit entre
ceux des autres états qui recourent au jugement
du faint-fiège. Des douze auditeurs de rote ,
chargés du rapport des caufes, il n'y en a que
trois de romains.
Le nom de rote, commun à ce tribunal & à plufieurs
autres de l’Italie, vient de ce que la forme
de la falle eft' celle d’une roue.
La rote eft bien loin d’avoir la compé-
lence quelle avoit autrefois ; il n y vient pref*
qu'aucune des caufes de France : \ appel comme
d’abus y met bon ordre 5 mais outre les caufes de
l'état du pape, en dernier reffort, ainfi que celles
de Malthe, elle juge plufieurs caufes ecclé-
Gg