
pares de manière que chaque page n’en contient
que huit, afin qu’on puiffe faire mention des
changemens de nourrices à la fuite de l’article de
chaque enfant.
Les pages du fécond regiftre, qui eft intitulé
regifire des bordereaux 3 font aufii partagées en cinq
colonnes, dont la première indique les pages du
premier regiftre 3 auxquelles chaque article de ce-
Jutci correlpond } la fécondé 3 ■ les paroilfes ; fa
troifîeme, les noms des nourrices} la quatrième,
les noms des enfans } la cinquième, les fommes
reglees. Quant au nombre des articles contenus
en chaque page du regiftre, il n’eft pas réglé.
1 our s’affurer de la forme de ces regiftres, ils
font dreffes & tenus par les commis du bureau.
A cet effet, les meneurs rapportent le premier,
toutes les fois qu’ils viennent, ou qu’ils envoient
leurs voitures avec des nourrices 3 & le fécond,
lorfqu’ils viennent en recette.
Les nourrices & autres perfonnes chargées faen-
fans-trouvés ne font employées dans les bordereaux,
qu’après qu'il a apparu au bureau de l’exiftence
des' enfans ^ par les certificats des curés.
' Les meneurs répondent de toutes les fommes
réglées fur les bordereaux. Ils doivent avoir foin
de décharger chaque article, ainfi que les paie-
mens portés fur les bulles, en indiquant à qui ils
ont p ay é } & un mois au plus tard, après la
confection des bordereaux , ils les certifient au bas
en ces termes : j e certifie avoir payé pour les enfans
dénommés au préfent bordereau ce q u il y a de marqué
pour chacun dieux, & ce certificat ferviroit de
titre contre eu x , eri cas d’infidélité.
S’ il fe- trouve fur les bordereaux quelques articles
non réclamés, ils en remettent le montant à.
la foeur fupérieure de la maifon de la couche ,
qui les en décharge, en rend compte au bureau ,
$c çaye les perfonnes qui en font la réclamation,
apres toutefois que, par l’examen fait fur les re-
giftres de l’hôpital, /if paroît que les fommes leur
font légitimément dues.
Les meneurs ne peuvent payer les nourrices en
b le d , orge ou autres denrées & marchandifes ,
de quelque nature qu’elles foient, à peine de révocation
5 excepté quand il s’agit de l’habillement
de la première communion des enfans placés à la.
penfîon, lequel ils peuvent fournir & faire fournir,
fi les perfonnes chargées de ces enfans négli-
geoient de le faire. Ils doivent cependant tirer un
mémoire exaft & fidèle des marchandifes fournies
pour cet objet, lequel mémoire ils font certifier
véritable par le marchand & par le curé de
la paroiffe.
Voici le traitement que l’adminiftration fait à
ces agens importans. Elle leur donne quarante fous
par. chaque enfant qu’ ils conduifent avec les nour- •
rices , fept francs pour chaque enfant qui leur eft
confié pour la nourrice qui n’a pu venir elle-
même. Cette fomme eft le premier mois de nourriture
dont pn prive celle-ci. Ils retiennent le fou
pour livre fur les mois de nourriture, & le déduisent
fur les fommes dues aux nourrices. Us fe font
aulfi payer par elles le port des robes qu’ils leur
remettent > a raifon de cinq fous pour chacune ,
comme aulfi trois livres pour les fiais de retour
des enfans qu’ils ramènent à Paris, en fe chargeant
de leur nourriture.
C ’eft avec peine que nous voyons toutes ces
charges impofées fur les nourrices , & diminuer
ainfi confiderabl.ement le falairedéja trop modique
de leurs peines. Il ifie femble que cette nature de
perception des revenus des meneurs les jette dans
un état de guerre avec ce.s femmes, qu’ils ont tant
d’intérêt de gagner pour les mettre au fervice de
l’hôpital. N e pôurroit-on pas faire ici un facrifice,
( quoique les moindres foient confidérables pour
un établiflement aulfi chargé,. ) celui de faire aux
meneurs un traitement en rapport des peines qu’ils
prendront, & toujours des récompenfes quand
les peines auront eu des fuccès. Ainfi déjà l'hôpital
, pour engager les meneurs à chercher les
occafions de placer les enfans dans les campagnes,
leur a accordé de fes propres fonds le fou poiir
livre du montant des penfîons, trois liv. une fois
payées iorfqu’ils placent ainfi un enfant, lors même
qu’à cette intention ils le cèdent à un meneur
plus fâvorifé qu’eux par les^circonftances. Au
refte, les moindres vexations^ de leur part font
punies par la révocation de leurs commiflions. Et
cette févérité eft très-jufte ; car autant leurs fonctions
font utiles, autant il leur eft facile d’ei>
abufer.
. Maïs le prote&eur fpécial de Venfant-trouvé fans
les campagnes , le furVeillant des nourrices & des
meneurs , l’homme de l’état & du bureau d’ad-,
miniftration , c’eft le curé. Pour peu qu’il écoute
la voix de l’humanité & de la charité, il n’y a
point de doute, qu’il ne prenne le plus tendre intérêt
à la c»fle doublement infortunée des enfans-
trouvés. Ici il n’a d’autre importunité à eftiiyer
que les follicitudés de la patrie & de la religion ,
qui remplirent à leur égard les fondions de la
maternité. Ici il n’a d’autre impulfion à recevoir
que celle de fon miniftère, lié u étroitement avec
le bonheur des hommes. Que l’homme de Dieii
parcoure donc avec une tendrefîe inquiète les
chaumières où fe cache l’âge foible & fi malheu-.
reux des enfans de l’état : qu’ il examine s’il y reçoit
les fecours néceflaires , fi la nourrice eft attentive
à fes befoins, fi elle eft en état de l’allaiter
3 fi elle a un berceau & un garde-feu : que
fes yeux fe repofent toujours avec complaifance
fur cet infortuné : qu’ il s’emprefle à former fon
coeur à la vertu : qu’ il prefife avec encore plus de
Ifoin fon inftru&compagnies,ion : qu’ il veille confeilsperfides,à écarter de lui les mauvaifes les
l’oifiveté, le blafphême, les moeurs corrompues.
Si la religion eft deftinée à faire des hommes heureux
par la vertu, fon chef-d’oeuvre doit être
Y enfant-trouvé,
Ainfi
Ainfi le curé doit entretenir la correfpondancè
la plus exa&e avec l’adminiftration, & l’inftruire
de tous les détails qu’elle ne peut recevoir que
par fon miniftère.
Seroit-ce ici le cas de recommander le défîntéref-
fement lé plus abfolu , foit pour les certificats des
nourrices & de l ’ enfant 3 foit pour les frais de fé-
pulture. J ’ai v u , dans le réglement de 17443 que
ces derniers étoient fixés à la fomme de \ livres 5
mais je croirois faire injure à l’état que j’ai l’honneur
de remplir, fi j’ofois engager mes refpe&a-
bles confrères à refufer ces légères fommes prifes
fur le patrimoine des pauvres publics.
On -a reproché aux curés la répugnance qu’ ils
témoignent d’avoir dans leurs paroilfes, des en-
Jans-trouvés à la mammelle. Cette répugnance pa-
îoît prendre fa fource dans les dangers d’une pareille
nourriture , &dans lé peu d’avantage qu’en
retirent les nourrices : mais je penfe que ces rai-
fons doivent céder à l’utilité commune dans le
coeur d’un véritable pafteur'. Si elles prévaloient
jamais, quel feroit le fort de tant de malheureux
enfans ? Ceux que leurs mères envoient dans les
campagnes, ont droit au lait dont la nature avoit
enrichi leur fein } mais ceux que leurs mères ont
abandonnés & méconnus, à qui s’adrefferont-ils ?
& quelle eft la mammelle qui s’ouvrira pour eux-?
I l me femble donc que le devoir d’un curé feroit
d’affoiblir, dans les nourrices ; cet intérêt qui les
porte plus aux enfans des bourgeois qu’aux enfans
proprement dits de l’état 5 de leur perfuader qu’en
prodiguant à ceux-ci leurs foins, elles acquittent
îa dette de la fociété & font une aétion vertueufe,
& que, fous quelques rapports, il y a peut-être
plus d’avantage à lés foigner qu’ à donner plus
chèrement fon fein aux bourgeois. Quant aux dangers
des. nourrices , je conviens qu’ils font plus'
âpparens dans forças de la nourriture des enfans-
trouvés. Le curé dok aulfi les examiner avec plus
d’attention, s’alfurer avec plus d’exa&itude de leur
état, & appeïler avec la plus grande célérité les
fecours que^ l’hôpital offre dans le cas ou la contagion
fe décéleroit. Quoi qu’il en foit, un curé
peut fe regarder plutôt comme l’ un des chefs d’une
immenfe famille que comme le pafteur d’un troupeau
ifolé. Il réfulteroit de l’abandon général des
enfans-îrouvés une plaie beaucoup plus grave que
de l’infe&ion de quelques nourrices. Et fi l’amour
d’un curé pour fa paroiffe pouvoit juftifier la peine
avec laquelle il y voit allaiter un enfant - trouvé ,
cette difpofîtion prétendue louable, en s’étendant
dans le corps des pafteurs, devieridrôit le fi-
■ gnal de la mort d’un nombre prefque infini'd’hommes.
A tous ces foins que le bureau prend des enfans3
il ajoute celui de les faire vifiter de tems en tems
par les foeurs de,la charité. La néceffité de ces
vifîtes a été fentie dès,le commencement de l’ éta-
bliffement. Elle fut dès-lors la fonction des filles
avives de S. Vificent.
CEcon, polit, & diplomatique, Tom. I I .
Les configurions de l’hôpital portent que tous
les ans il fera fait une vifite de l’une des provinces
dans lefquelles il y a des enfans-trouvés , & qu’ a
cet effet il fera dreffé chaque année, des rôles ou
états diftribués par paroi fies des enfans exiftans,
tant en nourrice Sc en fevrage qu’à la penfion ,
dans les provinces où le bureau fe propofera de
faire faire les tournées. Cependant, au moment où
j’écris, voilà plufieurs années que ces vifites n’ont
pas lieu.
Lorsqu’elles fe font, la foeur de charité prend
un regiftre, dont chaque page eft partagée en cinq
colonnes. La première indique les pages du regiftre
des envois 5 la fécondé, les noms des no-urrices
& de leurs maris } la troifième, les noms des enfans
| leur â g e , le dernier paiement fait & la dernière
robe délivrée 5 la quatrième, les numéros
fous Iefquels les enfans font enrégiftrés à l’hôpital,
avec le quantième du regiftre } & la cinquième j
les obfervations à faire lors de la .vifite.
Le meneur qui accompagne la foeur pendant la
vifite, eft rembourfé de tous fes frais. Ceux d’ infi-
peétion font alloués en dépenfe à la foeur fupérieure
de la maifon de la couche.
Voilà quel eft l’enfemble des foins que l’admi-
niftration prend des enfans pendant leur féjour à
la campagne. Il eft bien agréable de pouvoir payer
un jufte tribut de louanges à la fageffe, à la pré-
cifion avec lefquelles elle fait mouvoir cette ïm-f
menfe machine. Il paroît que depuis vingt ans.elle
laiffe, le plus qu’il lui eftpoffible, fes enfans à ans
les campagnes. Le grand obftacle qu’elle rencontre
, vient de la pauvreté des pays où elle trouve
le plus de nourrices•: car c’ eft dans ces pays- là
même que la pauvreté empêche les habitans de
prendre les enfans en penfion. Au contraire ces
placés font très-faciles à trouver dans.lès pays
dont il vient peu de nourrices. L ’adminiftration ,
que l’expérience a convaincue de la juftelfe de
cette obfervatïon, engage les meneurs de ces derniers
départemens à (e charger des enfans élevés
dans les provinces moins riches, dont les meneurs
reçoivent d’ailleurs les mêmes gratifications que
fi c’étoit eux qui euffent réuifi a trouver ces débouchés.
Cependant il n’ eft pas polfible de trouver ainfi
„ à mettre tous les enfans en penfion. Ceux qui n’ont
pas cet avantage , font ramenés à Paris quand ils
ont atteint leur feptième année. On évite de leur
faire faire le voyage pendant la plus rigoureufe
faifon de l’année. La maifon de Bel-air- s’ouvre
pour les recevoir 5 car on n’ envoie plus guères à
la Pitié qu’une partie des enfans qui font expofés
1 après l’âge de trois ans.
La tnaifon de Bel-air eft ordinairement compo-
feé de cinq cents enfans, tant filles que garçons ,
de deux prêtres, vingt foeurs, trois maîtres &
quelques domeftiques. Les garçons occupent un
corps-dç-logis ieparé-.de- celui des filles, &.il$-
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