
2J<Ï E L B
qui fournit à Henri, margrave de Mifnie, une
occalion de s'approprier non-feulement le comté
palatin mais encore le landgraviat de- Thuringë,
en vertu de l'expeélative qu'il en avoit obtenu.
Après U more de Henri , l'empereur Rodolphe I
invertit Albert II d'Afcanie , fon gendre , de ce
même Palatinat ; Albert II le tranfmit à fa poftéri-
té, qui le garda pendant un temps aflez confidérable.
Cependant les margraves de Mifnie en confervè-
rent une partie : ils en confervèrent auffi & le titre
& les armes j ce qui fit croire qu'il y a^oit
ciiydeux Palatinats : favoir , cel.ui de Thuringë &
celui de Saxe j mais le premier n'a jamais exifté.
Il faut remarquer que , du temps même des ducs
de Saxe de la famille afeanienne, quelques ducs
de Brunfvick fe font qualifiés de comtes palatins
de Saxe. On ignore encore de nos.jours la raifon
pour laquelle le duc Henri 3 furnommé le capricieux
3 a» p'ris ce titre. Le duc Magnus, dit le
pieux 3 fut invefti folemnellement de ce Palatinat
par l’empereur.Louis IV ; mais, à l'extinélion des
ducs de Saxe de la famille afeanienne 3 l'empereur
Sigifmond donna en 1422 à Frédéric, margrave
de Mifnie & landgrave de Thuringë , la dignité
électorale & le comté palatin de Saxe , à charge
par eux de pofleder l'une & l'autre fur le pied de
fief 5 & quoique les*éleéteuts de Saxe n'ajoutent
point à leurs titres celui de comte palatin , ils ont
foin de s’en faioe|invertir expreflement par les empereurs.
V o y e^ l'article Sa x e .
E L B E , ifle de la Méditerranée près de. la côte
de Tofcane : elle renferme une petite principauté
qui appartient au prince de Piombino. La ville de
Piombino & le refte de Fille étoient,dans le treizième
fiècle , foumifes aux pifans. Les génois s'en
emparèrent en 1290 3 & les vendirent aux lucquois
pour la fomme de 8, jqo livres (1 ) j mais ils s'ea
réfervèrent la fuzéraineté. Peu de temps après, les
ifans, commandés par le comté Gui de Monte-
eltro , recouvrèrent çette polfeflion. Jacques
d'Appiano ayant ufurpé la fouveraineté de Pife,
fe trouva maître de celle de Piombino & de l'ifle
entière j Gérard, fon fils & fon fuccefleur, vendit
en 1399 l'état dç Pife à Jean Galéas Vifconti, duc
de Milan ; mais il fe réferva le domaine de l'ifle d‘Elbe
& de Piombino. En 1439 Jacques II d'Appiano,
étant mort fans héritiers mâles, il eut pour fuccefleur,
dans Piombino l’ifle d‘Elbe, Rinald
Orfino , mari de Catherine fa fille, qui, aidé des
fiennois & des florentins, réfiftf en 1448 à Al-
fonfe, roi d'Arragon, dont les troupes attaquoiënt
fes états par mer & par terre. A la mort de Ri-
nald, en 1450, la feigneurie de Piombino & de
l'ifle à*Elbe fut gouvernée par fa femme, foils
la proteélion de la république de Sienne & l'inf-
pe&ion d'un confeil de quinze citoyens fiennois,
choifis par le fénat de cette république. Catheri-
E L B
; n e , pour obtenir la paix dm roi Alfohfe, (d'autres
difent du roi Ferdinand ) , s'engageai lui donner
toutes les années une tafle d'or de la valeur
de yoo ducats. Elle mourut fîx mois après, & les
fiennois , qui avoient cet état fous leur protection,
envoyèrent Chriftophe Gabrielli à Piombino. Il
contint le peuple j mais les fénateurs de Sienne
ayant fait venir de Naples Emmanuel d'Appiano ,
qui y portoit les armes depuis plufieurs années 5
ce guerrier, d'après le voeu des fujets, s'empara
du gouvernement de Piombino & de l'ifle d'Elbe.
En 1 yoi Céfar Borgia, fils naturel du p_ape Alexandre
V I , enleva à Jacques IV d'Appiano, avec
le Recours des fiennois, Sughereto, Scarlino ,
Piombino , l'ifle d'Elbe & Pianofa. Mais après
la mort d Alexandre V I , Jacques IV rentra en
polfeflion de la feigneurie de Piombino. En 1505,
il mit fon petit état fous la protection du roi d'Ef-
pagne, qui établit une garnifon dans la capitale.
Quatre ans après, il fe fournit à l'empereur Maximilien
I en qualité de feudataire impérial il voulut
s afliirer un defenfeur au milieu des troubles qui dé-
thiroienf alors toute l'Italie. En 1 ^34 Barberoufle,
corfaire turc , débarqua dans l'ifle d'Elbe | facca-
gea R io , & réduifîttous les habitans a l’efclavage ;
& c'eit probablement à cette époque que fut démantelée
Grofîera, bourgade de l’ifle , fituée autrefois
dans le territoire de R io , à l'endroit où
elt à préfent l'églife de fainte Catherine, auprès
de la tour del Ghiaccio. En 1537 Corne I de Mé-
dicis , alors duc de Florence , obtint des feigneurs
de Piombino la ville de Portoferrajo , pour la
fortifier contre les attaques des eorfaires turcs : il
y conftruifit une .belle place „ qu'il appella Cof-
mopoli. L'ifle fut de nouveau ravagée par Barbe-
rouffe en 15^44. Quatre ans après, CharlëS’-Quint
enleva cet état^ à Jacques V I d’Appiano , fous
prétexte qu'il étoit mineur, & que fa mère & lui
avoient beaucoup de dettes & fe trouvoient hors
d’état de faire face aux dangers, dont la guerre
les menaçoit. C e princè en prit donc pofleflîon ,
& recommanda enfuite l'état & fon feigneur en
y bas - âge à la protection de Corne I , duc de Florence.
En i$ $ 1 , Portoferrajo fut vainement a P
fiégé par le corfaire Barberoufle j Corne I y envoya
des troupes, qui le forcèrent à la retraite.
En 15y4 les turcs, fous le commandement de
Tragut Raïs, faccagèrentl'ifle & en emmenèrent
*900 perfonnes 5 ils s'emparèrent de tous les ports ,
excepté de Portoferrajo , que gardoient Luc-Antoine
Cuppano, gouverneur de Piombino & ‘Colonel
au fervice du duc Corne,* & Jacques V I , '
capitaine des galères du même duc. En 1 les
turcs firent de nouvelles tentatives fur l'ifle, mais
inutilement. En 1558 , l’empereur Charles-Quint
reftitua à Jacques V l l'état de Piombino^ &
Côme I , duc de Florence, fut confirmé dans U
(1) Une livre valoir aJor$ pe que vaut à préfent un duçat d’or.
pofleffiorç
e l c
pofleflîon de Portoferrajo, à caûfe des dépenfes 1
qu'il avoit faites pour le fortifier. On lui accorda
en même temps un terrain de deux milles de diamètre
, en vertu d'un accord pâlie entre Jacques
& Philippe I I , roi d'Efpagne. En 1590 Alexandre
, fils de Jacqués V I , ayant été aflafliné, l'ifle
obéit à Félix, fils naturel du roi d'Efpagne, alors
gouverneur & commandant de la garnifon efpa-
gnole de Piombino. Cet état fut reftitué à Jacques
V I I , fils d'Alexandre, qui en fut invefti par
l'empereur, & qui reçut en même-temps le titre
de prince. Jacques VII étant mort en 1603 fans
enfans mâles, les habitàns de Piombino appellè-
rent à fa fucceflion Charles d'Appiano , fils de
Sforza, defeendant de Jacques III ; mais l'état
de Piombino lui fut enlevé par ordre de Philippe
I I I , roi d'Efpagne, qui prit pofleflîon de la
principauté au nom de fa majefté impériale. Le
même monarque , excité par la jaloufie qu'infpi-
roit Portoferrajo, qui devenoit plus fort chaque
jou r , commença en 160 f les édifices de Porto-
Longone. En 1711 Ifabelie, comtefle deBinafco,
époufe de don George Mendoza , fut mife en
pofleflîon de l'état de Piombino, par ordre du ro.i
d'Efpagne. En 1624 ce prince s'empara du fief de
Piombino, qui lui avoit été accordé par l'empereur
, fous la condition qu'il le donneroit en arrière
fief à quelqu'autre prince. Il ôta la principauté
à la comtefle Ifabelie, parce qu'elle avoit
époufé Paul Jourdan des Urfîns , duc de Braccia-
n o , qui étoit peu affe&ionné aux intérêts de l'Ef-
pagne. II en réfulta un procès, & le décret de
l'empereur fut en faveur des fils des Sforza ou
des Appiani : il les obligea de p?ayer à la chambre
des finances d’Autriche la fomme de huit cens
mille florins d'or j & cette claufe n'ayant point été
obfervée , la fous inféodation de Piombino fut accordée
en 163 ƒ à Nicolas Ludovifi. La principauté
eft à préfent dans la maifon de Bon Com-
pagni, qui defeend des ducs de Sora, famille
napolitaine, dont Grégoire X II étoit membre.
, Le grand-duc de Tofcane elt'refté en pofleflîon
de Portoferrajo, & le roi de Naples de Porto-
Longone.
Ces deux pofleflîons, loin de rapporter quelque
chofe au grand-duc de Tofcane & au roi de
Naples, leur coûtent de l’argent : on ne connoît
pas précifément quels font les revenus de l'état
de Piombino : ils confiftent fur-tout dans la vente
d’un minerai de fer , qui eft fort recherché , &
qui eft prefque la feule production de l'ifle qui entre
dans le commerce de l'Europe.
E L CH IN G E N , abbaye princière d'Allemagne
au cercle de Suabe. Cette abbaye, qui eft de l'ordre
de S. Benoît , fut fondée en 1128 : elle
portoit autrefois le nom & Aichlingen j elle eft fituée
fur une montagne près du Danube, & environnée
du territoire de la ville impériale d'Ulm,
qui s'arroge le droit de proteétion contre l'aveu
de l'empereur & de l'abbaye j elle fut réduite
(Econ. polit. 0* diplomatique. Tom% I I .
I L E an,
en cendres peu de temps après , Sc rebâtie en
1142. L'abbé prend le titre de révérendijfime Jet- s
gneifr, prélat du faint-Empire , feigneur régnant de
l 'abbaye impériale , libre & immédiate d Elchingen.
Il fiège à la diète de l'Empire fur le banc des
prélats de Suabe, entre ceux de Marchtal & bal-
manfweyler, & , aux aflemblées du cercle, il fe
place entre Ochfenhaufen & Yrfée. Sa taxe ma-
triculaire a été réduite à 50 florins; mais^on lui
fait payer d'ailleurs 162 rixdales 29 kr. pour 1 entretien
de la chambre impériale ; il dit en vain
que, depuis 15 2 1 , il a perdu jufqu'à deux ce^ s
domaines , nommément les bourgs de Wald-
ftetten, Ochfenbrunn, W allenhaufen & Holzheim,
ainfi que les hameaux de Weiflingen & de Bal-
pertshofen.
Ses pofleflîons fe réduifent à quatre petits bailliages.
É LE C TEURS D 'A L L EM A G N E , ou princes
électeurs du faint-Empire. Nous en avons déjà parle
à la feétion 8e de l’article A llemagne , & nous
y renvoyons les lecteurs : mais nous nous pro-
pofons_ de difeuter ici une queftion importante.
On fait que les princes d'Allemagne, en général,
jouiflent dans leurs états du droit de fouveraineté ,
& que les plus confidérables d'entre ces princes
ont feuls le privilège de choifir un empereur ,
dont la dignité n'eft nullement héréditaire. Il s'agit
de favoir f i ce droit eft légitime ou ufurpé. Les
partifans de l'autorité impériale prétendent qu’il
eft ufurpé, & par conféquent illégitime. Us fou-
tiennent que, fans remonter à des temps plus reculés
, la dignité impériale étoit héréditaire dans
la famille des carlovingiens ; que les ancêtres des
princes d'Allemagne d'aujourd’hui n'étoient que
des officiers & des domeftiques de ces empereurs;
que les noms de margraves , landgraves, pfaltr*
graves défignoient Amplement les charges qu'ils
occupoient \ que ces officiers acquirent de grands
biens, & devinrent formidables dans leurs gou-
vernemens ; qu'enfin ils fe foulevèrent contre leur
légitime fouverain, fe rendirent indépendans, &
s'arrogèrent le droit d'élire un chef commun.
D'autres auteurs font d'une opinion bien différente
} ils difent que, dès le temps de Tacite ,
les principaux d’entre les différens peuples de la
Germanië, s’aflembloient pour choifir un chef qui
gouvernoit toute la nation; ils trouvent de plus>
dans les hiftoriens allemands du moyen âge, qu’il
y avoit alors fept peuples principaux , dont
chacun avoit fon chef ou fon duc particulier, qui
jouifloit d’une entière indépendance ; qu'à la vé-
. r ité , Charlemagne fe rendit maître de l’Allemagne
par la force des armes, mais que la dignité
impériale n'étoit point héréditaire j que les def-
cendans eux - mêmes de ce conquérant laifloient
toujours l’image de la liberté aux germains, en fc
faifant élire empereurs, & ils en citent plufieurs
exemples. Mais , ajoutent-ils, en fuppofant que
l'Empire fût héréditaire fous les carlovingiens, il