
i n y , à 1Jextinction de leur race, entre les comtes
de Barcelonne, qui héritèrent de la Provence
proprement d ite , & ceux de Touloufe qui obtinrent
le Comtat Venaiflin, & tout ce qui fe
trouve entre la Durance & l’Ifère. Les comtes de
Forcalquier paroiflent y avoir exercé une forte de
jurifdiétion que Guillaume V , l'un d'entre eux ,
abandonna aux magiftràts en 1 1 3 6 , 8c que fon
fils recouvra fous les aufpices de l'empereur Frédéric
I. Les troubles des albigeois fournirent,
vers l’an 1226, une occafion aux avignonois ,
attachés au parti du comte de Touloufe, d’ établir
un gouvernement démocratique 3 mais, en
I 2 f i , ils furent obligés de rentrer fous la domination
de leurs anciens maîtres. A l’extinétion de
la maifon de Touloufe, tous les domaines qui lui
avoient appartenu , & par conféquent la moitié
d’Avignon, échurent au roi de France Philippe le
H ard i, qui s’en empara 3 mais Philippe le B e l,
fon fils 8c fon fuccefîeur, céda en 1291 cette
moitié d’Avignon à Charles I I , roi de Naples ,
comte de Provence , qui fe trouva maître de la
ville entière. On fait que le pape Clément V y
transféra le S. fiègeen 1309, & depuis cette époque
les pontifes de Rome épièrent le moment favorable
de s’en emparer. Clément V I le rencontra en 1348.
La reine Jeanne de Naples, comtefle de Provence
, accufée à Rome d’ avoir aflaflîné fon mari,
voulut s’afîurer de la faveur de fon juge, & elle
lui vendit Avignon, 80,000 florins d’or. Mais
comme elle n’avoit alors que vingt-deux ans, 8c
que toute aliénation du domaine de Provence lui
ctoit interdite par une Pragmatique - fanétion de
13 3 7 , & par fa propre capitulation avec les états
du pays, le roi de France, fubrogé aux droits
des anciens comtes de Provence, s’ eft prévalu de
ces infractions, pour-réunir en ,1662 , 1668 &
1768 , cet état à fa couronne, comme un domaine
injuftement tranfmis à des étrangers. Si la cour de
Rome veut conferver l’état d’Avignon, elle ne
doit plus mettre le cabinet de Verfailles dans le
cas de réclamer ces droits : fa foiblelfe, jointe à
la pofition de cette partie de fes domaines, lui font
line loi de ménager beaucoup la France, quifiniroit
par garder Avignon 8c le Comtat Venaiflin.
Le Comtat Venaiflin portoit autrefois le nom
de marquifat de Provence, & il échut , dans le partage
de 1 12 f , au comte de Touloufe, dont les
fuccefleurs le pofledèrent jufqu’en 1228 5 les croi-
fés s’en emparèrent à cette qpoque, à l’occafîon
de la guerre des albigeois , & il fut cédé au faint-
fiège par le traité de Paris. Les comtes de Provence
, à qui il étoit fubftitüé par ce même aéfce
de partage de 112ƒ , réclamèrent fortement, mais
en vain, contre cette ceflîon 5 & le jeune comte
' de Touloufe Raymond VII ne fut pas plus heureux
, en redemandant au pape ce domaine de fa
famille. L’empereur Frédéric II , feigneur fuzé-
rain du Comtat, auquel il s’adrefla , le réhabilita
pn caftant le traité de 1228 , & ordonna aux états
de ne reconnoître d’autre feigneur que ce comté
q u i, en conféquence , reprit pofleffion du Comtat
, & obtint en 1243 la renonciation du fouve-
rain pontife. Il ne laina en mourant qu’une fille
qui epoufa Alphonfe, comte de Poitiers, frère
de S. Louis. Alphonfe régna fur le Comtat pendant
fa vie : mais fa femme qui lui furvécut ,
n ayant point d’enfans, légua en 1271 toutes fes
polfeflions fituées en - deçà du Rhône , dans la
vieille France, au roi Philippe le Hardi fon neveu
5 & le Comtat, avec tout ce qui lui apparte-
noit en-delà du fleuve, à Charles I I , roi de Naples
& comte de Provence. Philippe s’empara in-
diftin&ement de toute cette riche fucceflion, 8c
ce ne fut qu’en 1273 qu il fit une nouvelle donation
au pape Grégoire IX du Comtat Venaiflin ,
qui ne lui appartenoit pas. Le Comtat a fubi en
1662, 1688 & 1768 les mêmes révolutions que
l’état d’Avignon , dont il eft indépendant.
La légation de Bologne, ou le Bolonois. Nous
avons déjà dit quelques mots de cette province à
l’article Bologne : à. l’époque de fa réunion au
faint-fiège fous Jules I I , elle obtint différens privilèges
dont elle jouit encore : tels font le droit
d’avoir un ambaffadeur à la coiir de Rome 8c un
aflefleur au tribunal de la Rote 3 l’afîîtrance que
l’on ne bâtira jamais de citadelle dans fon enceinte
, & que l’on ne confifquera les biens de
fes citoyens, fous aucun prétexte. Le Gonfalo-
nier & les Anziani ont confervé beaucoup de part
dans l’adminiftration, & l’on verra tout-à-l’heure
que le légat doit avoir une grande fermeté, s’il veut
maintenir fes droits contre les prétentions du fénat.
Les finances de la province de Bologne n’é-
toient point à la merci des papes 5 le fénat admi-
niftroit les revenus : la cour de Rome avoit rarement
établi des impôts, ou ordonné des dépen-
fes , fans y être invitée par les fénateurs : 8c
cependant les défordres s’étoient accumulés 5 l’ignorance
des vrais principes de l ’économie politique
avoit, aflis les impôts de la manière la plus
contraire aux intérêts de l’agriculture & du commerce
: une dette énorme relativement aux revenus
accabloit la province 5 des abus de toute efpèce
s’étoient introduits : le. fénat les voyoit, il prôpo-
foit de vains remèdes 5 mais fes foibles moyens &
fes vues bornées n’aboutifloient à rien 3 lorfqu’en-
fin le pape aCtuel nomme à la légation de Bologne
, un homme bien inftruit de tous les fyftêmes
de l’économie politique, dont l’ efprit fupérieur
découvre la fource du mai 8c les moyens de le
guérir , dont la bienfaifance publique brave tous
les obftacles, M. le cardinal Bon Compagni enfin ,
qui eft aujourd’hui fecrètaire d’état. Cet habile, mi-
niftre forme la généreufe réfolution de faire cefler la
détrefle où fe trouve la province de Bologne 5 il
combine fes projets en lilence 5 il fe livre au tra?
vail avec une ardeur infatigable 3 & après quelques
années d’une adminiftration très - laborieufe
d’ailleurs, il envoyé fon pla» à Rome en 1780,
II repréfente au pape que les dettes montent à cinq
millionsd’écus romains, ( environ 28 millions tournois
) , & les revenus de la province à 300 mille
écus 3 qu’on tire cette fomme de divers impôts
mal aflis 3 qu’elle eft abforbée par les arrérages
des dettes 8c les dépenfes ordinaires, & qu’ on
ne peut jamais avoir a la fin de l’année des fonds
de furplus , applicables à l’amortiflement : que fi
l’ état éprouvé quelque befoin, ou s’ il arrive une
de ces calamités, auxquelles le Bolonois eft très-
expofé, il faut accabler le pays de nouvelles contributions.
‘ • -
' Il indique les diverfes taxes, les gênes qu’entraîne
leur perception , les fuites funeftes de
ces impôts, 8c l’embarras du fénat qui cherchait
depuis long-temps les moyens de guérir tant
de maux : il dit que les grains payent vingt-cinq
pour cent 3 que la viande paye à-peu-près autant 3
que les autres articles de première néceflité ne fe
trouvent guères moins chargés ; que les foies du
Bolonois manufacturées dans la province, payent
plus de trente pour cent 3 & qu’il en doit réful-
ter une langueur extrême dans une branche d’in-
duftrie, la plus utile de toutes celles que peut
offrir la province. Il démontre q ue , pour encourager
l’induftrie & augmenter le commerce des
manufactures, il eft abfolument néceflaire d’établir
un nouveau fyftême qui réforme le vice des
impofitions publiques, tour-à-tour injuftes par leur
fépartition difproportionnée ; dangereufes par les
objets fur lefquels on les a aflifes 3 çapricieufes dans
leurs taux , & d’ une adminiftration très-compliquée
& très-difpendieufe.
Il repréfente que la perception 8c la diftribution
des fonds ne font pas moins vicieufes que leur
multiplicité 8c leur nature : que ^ du revenu des
fermes font aflignés au Monte Conferva^ione 3 —s au
I er Monte Clemente , y aux Monti Julio Cr fécond clémente
& à la chambre apoftolique, & enfin
à la régence : & que cet ordre de diftribution fert
de règle pour l’emploi du produit de beaucoup
d’autres impôts.
Il porte fes regards en homme d’ état , fur tout
ce qui peut contribuer au foulagement 8c au bonheur
de la province 3 il propofe la fuppreflion d’une
multitude d’impôts 5 une diminution confidérable
fur la plupart des autres, la réforme du tarif de
la douane : félon les véritables principes de l’adminiftration
, il fupplée à ces pertes du fifc par un
impôt fur les terres , ou fur les productions réglé
d’après un cadaftre , 8c il indique les moyens
de trouver un fonds annuel d’ au moins 60 mille
écus , qu’on pourra employer à l’extinCrion des
dettes. Il propofe enfuite de donner à un feul
fermier les droits affermés jufqu’alors à plufieurs 5
en. réfervant au fifc une portion des bénéfices qui
excéderont une telle fomme, ainfi qu’on T a établi
en France ces années dernières. Il étend fes
vues plus loin encore 3 il offre des plans fur tout
ce qui a rapport aux travaux publics & aux
deflechemens entrepris depuis fi^ long - temps
dans le Bolonois & le Ferrarois 3 8c avec ce vertueux
courage, fans lequel les adminiftrateurs ne
firent jamais rien de grand, il engage le pape à
abolir impitoyablement & indiftinétement tous les
privilèges & toutes les exemptions dont jouiflent
quelques individus & quelques familles. On fent
quelles réclamations devoit exciter, ce dernier
point, dans un pays où il y a des familles papales,
8c où la noblefle ancienne & nouvelle ob-/
tient toujours, fous quelques règnes, des franchifes
ou des immunités qui accablent les autres contribuables,
&qui perpétuent les défordres. Dans une
opération fi compliquée, il falloir fuivre les abus
jufques dans les plus petits détails, & trouver des
remèdes efficaces, dont la fimplicité 8c la juftefle
fuflent aflez frappantes, pour ne laifler aux mécon-
tens que de mauvaifes objections 3 8c tel eft le plan
qu’a donné M . le cardinal Bon Compagni. Il eft calculé,
dans chacun des détails, avec une fagefle
8c un efprit infini. Il s’ agifloit de tout changer 5
la nature, la forme 8c la quantité des impôts 3 la
-diftribution des deniers, les tarifs , les réglemens
des douanes & des fermes, les fermes elles-mêmes,
j& le régime de toutes les parties des finances 3 de:
fupprimer une multitude d’employés 8c d’officiers »
de régler leurs récompenfes, & le plan dont nous
parlons ~3 réformoft tout.
Le pape, éclairé fur l’adminiftra'tion des finances
, 8c plein d’un defir ardent de rétablir celles
du Bolonois , dont il s’étoit occupé ayec foin ,
lorfqu’ il rempliflbit la place de tréforier de la
chambre apoftolique ( 1 ) , admire la juftefle, l’exactitude
8c les heureux effets du plan que lui propofe
fon légat 3 il l’ établit par une loi du 2 £ octobre
1780, & pour le faire exécuter, il accorde
les pouvoirs les plus étendus à celui qui l’ a formé.
, ^
Cette loi n’eft autre chofe qu’une longue lettre
adreflee à M. le cardinal Bon Compagni (2).
Le fouverain pontife expofe d’abord, dans le
plus grand détail, le rapport de fon légat. Il dit
qu’ il l’ a reconnu jufte, néceflaire, 8c propre à
réformer chacun des abus j que les modifications, les
réferves 8c les vues qu’il renferme, lui ont paru
convenables 5 8c il l ’approuve, & il le confirme
dans toutes fes parties.
4 (0 C’eft cette place qui le conduilit à la pourpre.
(i) Elle eft imprimée fous le titre de Chirografo di noftto Jignore papa Pio V I , col quale Jt ordine e fta~
bilifce il regolamento della publica ecohomia di Bologna. Elle contient trente pages in -folio , & eft fuivie
d’une auçre.ordonnance^ fur quelques points de détail,,qui en renferme lix.
(Econ. polit, & diplomatique, Tom. l l , ' F f