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côtes d’Afrique, 8c à fix cens de celtes d’Amérique.
C ’eft un amas informe de rochers & de
montagnes, ou K on trouve à chaque pas les traces
évidentes d’ un volcan éteints Elle fut découverte
en 1602 par les portugais, qui la dédaignèrent
Les hollandois y formèrent, dans la fuite,
un petit établiffement : mais ils en lurent chaffés
par les anglois qui y font fixés depuis 1673.
Sur ce fol ftérile & fauvage, s’elt formée fuc-
ceffivement une population de vingt mille hommes
libres ou efclaves. Il y naît, ainfi qu’au Cap
de Bonne - Efpérance, un beaucoup plus grand
nombre de filles que de mâles. S'il étoit prouvé ,
par des calculs exaéts, que la nature fuit la même
marche dans tous les pays chauds, cette connoiffan-
ce donneroit la raifon des moeurs publiques & des
nfa ges domeitiques des peuples qui les habitent.
A l’ exception du pêcher , aucun des arbres
fruitiers , porté de nos contrées à Sainte-Helene ,
n’ a profpéré. La vigne n’a pas eu une deftinée
plus heureufe. Les légumes ont été conftamment
la proie des infeétes. Peu de grains échappent aux
fouris. Il a fallu fe borner à l'éducation des bêtes
ù cornes 5 & ce n’ eft même qu’après en avoir vu
périr un grand nombre, qu*on eft parvenu à les
multiplier.
L e climat devoroit les diverfes efpèces de gra-
men que temoit le cultivateur. On imagina de
planter des arbuftes , qui ne craignoient ni la chaleur
ni la féchereffe , 8c bientôt naquit â leur ombre
un gazon frais 8c fain. Cette herbe cependant
n’a jamais pu nourrir à Ja fois plus de trois
mille boeu fs , nombre infuffifant pour les befoins
de l’habitant & des navigateurs. Pour obtenir ce
qui manque , il fuffiroit peut-être de recourir aux
prairies artificielles , que des voyageurs intelligens
trouvent praticables dans l’état aéluel des cho-
fes : mais ce moyen fera difficilement employé,
à moins que le monopole ne fe détache des meilleurs
terreins qu’on a- réfervés en apparence pour
fon fervice , 8c réellement pour l’utilité ou les
fantaifies de fes employés.
Les maifons qui entourent le p o r t, jettées
comme au hafard, donnent plutôt l’idée d’un
camp que dîme ville. Les fortifications qui les entourent
, font peu confidérables} & la garnifon,
chargée de le défendre , n’eft que de cinq cents
foldats tous inécontens de leur fituation. La colonie
n’ a que peu de rafraîchiftemens & quelques
boeufs à donner aux navires, en échange des denrées
8c des marchandifes qu’ils lui portent d'Europe
& d’Afie ; auffi le poifion eft-il la nourriture
ordinaire des noirs, & entre-t-il pour beaucoup
dans celle des blancs.
Telle e f t , dans la plus exaéle vérité, l’état de
Sainte-Helene , où relâchent tous les bâtimens qui
reviennent des Indes en Angleterre, & ou , f en
temps de guerre , ils trouvenrdes vaiffeaux d’ef-
corte. Les Vents & les courans en écartent même
ceux qui vont d’Angleterre aux Indes.. Pluiieurs
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d’entr’eux , pour éviter les inconvéniens d’un !f
long voyage , fait fans s’arrêter, relâchent au
Cap de Bonne-Efpérance : les autres, particuliérement
ceux qui font deftinés pour le Malabar ,
vont prendre des rafraîchiffemens aux ifles de
Comore.
H E L IA S T E , tribunal de [’ancienne Athènes.
Le tribunal de Héliafte n’étoit pas feulement le
plus nombreux d'Athènes j il étoit encore le plus
important, puifqu’il s’agifloit principalement ,
dans fes décifions, ou d’ interpreter les loix obf-
cures, ou de maintenir celles auxquelles on pou-
voit avoir donné quelque atteinte.
Les héliaftes étoient ainfi nommés, félon quelques
uns, du mot fali* , j’aflemble , en grand;
nombre > & , félon d'autres, à* fai«t t le fofeil ,
parce qu’ils tenoient leur tribunal dans un lieu
découveft, qu’on nommoit fatal*.
Les thefmothètes convoquoient l’ affemblée des
héliaftes , qui-étoit de mille, & quelquefois de
quinze cens juges. Selon Harpocration, le premier
de ces deux nombres fe tiroit de deux autres
tribunaux, 8c celui, de quinze cens fe tiroit de
trois, félon M. Blanchard, un des membres de
l’Académie des Infcriptions, des recherches duquel
je vais profiter.
Les thefmothètes, pour remplir le nombre dé
quinze cens appelloient à ce tribunal ceux de
chaque tribu , qui étoient fortis les derniers des
fondions qu’ ils avoient exercées dans un autre
tribunal. Il paroît que les aflemblées des héliaftes
n'étoient pas fréquentes , puifqu’elles auroient interrompu
le cours des affaires ordinaires, & l’exerr
cice des tribunaux réglés.
Les thefmothètes faifoient payer à chacun de
ceux qui affiftoient à ce tribunal, trois oboles
pour leur droit de préfence 5 ce qui revient à deux
fefterces romaines ou une demi-drachme : c’eft
de-Ià qu’Ariftophane les appelle , en plaifantant,
les confrères du triobole. Le fonds de cette dépenfe
fe tiroit du tréfor public. Mais auffi on condam*
noit à l’amende les membres qui arrivoient trop-
tar<f> & , s’ ils fepréfentoient après que Ies^orateurs
avoient commencé à parler, iis n’étoient point
admis.
L'affemblée fe formoit après le lever du fo-
leil ! & finiffoit à fon coucher. Quand le froid
empêchoit de la tenir en plein air, les juges
avoient du feu î les thefmothètes lifoient les nom.s
de Ceux qui dévoient la compofer, & chacun
entroit & prenoit fa place â mefiire qu'il étoit ap-
pellé. Enfuite fi les exégetes, dont la fonéb'on
étoit d’oberver les prodiges & d’avoir foin des
chofesfacrces, ne s’y oppofoientpoirft, on ouvroit
l’audience. Ces officiers, nommés exegetes3 ont
été fou vent corrompus par ceux qui étoient in»
téreflfés à ce qui devoir fe traiter dans l’aiTem-
blée.
Le plus^précieux monument qui nous refte (up
le tribunal des héliaftes , eft le ferment que f>rê-
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toient ces juges entre les mains des thefmothètes.
Démofthènes nous la confervé tout entier dans
fon oraifon contre Timocrate : efl voici la forme
& quelques articles principaux.
« Je déclare que je n'ai pas moins de trente
* ans. g
Je jugerai félon les loix & les décifions du
96 peuple d’ Athènes 8c du fénat des cinq cens.
» Je ne donnerai point mon fuffrage pour
» l’çtablilTement d’un tyran , ou pour l’ oligar-
** cnie. ^ I I || |
» Je ne confentirai point à ce qui pourra etre
dit ’ou opiné, qui puifle donner atteinte a la
*» liberté du peuple d'Athènes. | | .
» Je ne rappellerai point les exilés , ni ceux
» qui ont été condamnés à mort.
» Je ne forcerai point à fe retirer ceux à qui
» les lo ix , les fuffrages du peuple & le tribunal
ont permis de relier.
» Je ne me préfenterai point, 8c je ne fouffrirai
» point qu’aucun autre, en lui donnant mon fuf-
» frage, entre dans aucune fonction de magiûra-
» ture, s’ il n’a au préalable rendu fes comptes
99 de la fon&ion qu’ il a exercée.
« Je ne recevrai point de préfent dans la vue
99 de l’exercice de ma fonction d'héliafte, ni di-
» reniement, ni indirectement, ni par furprife ,
»> ni *par aucune autre voie.
99 Je porterai une égale attention à l’accufateur
s» & à î’accufé, & je donnerai mon fuffrage fur
99 ce qui aura été mis en conteftation,
» Je le jure par Jupiter, par Neptune & par
» Cerès j & fi je viole quelqu’un de mes en-
» gagemens, je les prie d’ en faire tomber la
99 punition fur moi 8c fur ma famille } je les con-
99 jure auffi de m’accorder toutes fortes de prof-
» pérités , fi je fuis fidèle à mes promeHes
Il faut lire dans Démofthènes la fuite de ce
ferment, pou.r connoître avec quelle éloquence il
en applique les principes à fa caufe.
La manière dont les héliaftes donnoient leurs
fuffrages, nous eft connue : il y avoit une forte
de vailfeau fur lequel étoit un tiflu d’ofier , &
’par-deflus deux urnes, l’une de cuivre, 8c l’autre
de bois ; au couvercle de ces urnes, étoit
une fente garnie d’un quarré lo n g , qui , large
par le haut, fe rétrécilfoit par le bas , comme
nous voyons à quelques troncs anciens dans nos
églifes.
L’urne de bois étoit celle où les juges jettoient
le fuffrage de la Condamnation de l’accufe } celle
de cuivre recevoit les fuffrages portés pour l’ab-
folution.
C ’eft devant le tribunal des héliaftes que fut
traduite la célèbre & généreufe Phrynée, dont les
richefles étoient fi grandes , qu’ elle offrit de relever
les murailles de Thèbes abattues par Alexandre, fi
on vouloit lui faire l'honneur d'employer fon nom
dans une infcription qui en rappellât la mémoire.
Ses difcours, fes manières, les car elfes* qu’ elle
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fit aux juges & les larmes qu'elle répandit , la
fauvèrent de la peine que l’on crovoit que méri-
toit la corruption quelle entretenoit, en féduifant
les perfonnes de tout âge.
Ce fut encore dans une affemblée des héliaftes
, que Pififtrate vint fe préfenter avec des blef-
fures qu’il s'étoit faites, aufli-bien qu'aux mulets
qui traînoient fon char. Il employa cette tufe
pour attendrir les juges contre fes précendus ennemis
, qui jaloux , Jdifoit-il, de la bienveillance
que lui portoit le peuple, parce qu'il foutenoit
fes intérêts > étoient venus l'attaquer, pendant
qu'il s’amufoit à la chalfe. 11 réuflit dans fon def-
fein , & obtint des héliaftes une garde , dont il
fe fervit pour s’emparer de la fouveraineté. L e
pouvoir de ce tribunal paroît d’autant inieux dans
cette conceffion j que Solon qui étoit préfent, fit
de vains efforts pour l’empêcher.
H E LV É T IQ U E CO R P S . r<ye{CoRPS helv
é t iq u e .
H E N N E B E R G , comté princier d'Allemagne,
au cercle de Franconie ; il touche vers le levant
aux principautés de Cobourg & de Schwarz-
bourg ; vers le nord aux principautés de Gotha
& d'Eifenach s vers le couchant au landgraviat
de Heffe & à l’évêché de Fulde, & ver? le midi
à l’évêché de Wurzbourg. Sa plus grande étendue
du nord au ^midi eft d’environ fix milles, &
du levant au couchant de c.inq milles & demi.
On trouve de bonnes terres labourables dans
la plupart des diftri&s. On cultive du tabac en
quelques endroits.
C e comté renferme dix villes & cinq bourgs.
On y profeffe la religion luthérienne, à l'exception
d’une communauté de réformés, qui eft à
Schmalkalden.
Il n’offre guères d’autres fabriques que celles
de bafin de Meinungen & de Suhla , & les fabriques
d’armes , de fer & d’acier de Suhla 8c de
Schmalkalden.
La famille des anciens comtes de Henneierg ne
commença à prendre ce nom qu’au onzième fiè-
i cle. Elle fe divifa au treizième fiècle en trois
branches principales j favoir, Schlenfingen , A f-
chach Se Hartenberg. Le comte Berthold X fut
élevé à la dignité de prince ; cependant la plupart
des princes de HenneUrg gardèrent le titre
de comtes. Outre le comté aâuel de Henneherg ,
les princes de Henneherg ont auffi poffédé les
principautés de Cobourg 8c de Hildbourghaufen ,
( qu’on nommoit la nouvelle feigneurie de Henné,
berg), le bailliage de Fifchberg qu’a racheté l'abbaye
de Fulde , 8c différent domaines qui ont
paffé à l’évêché de Wurzbourg. Les princes Guillaume
8c George Ernefte lignèrent, en iJ44 ,
un paéte de fraternité avec les maifons de Saxe-
Cobourg 8c de Heffe. La branche mafeuline de
Henneherg s’éteignit en 1585 à 1} mort de George
Ernefte ; le comté proprement d i t , ou l'ancienne
feigneurie de Henneherg , échut à la maifon de