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les cédèrent aux anglois en 1666, maïs pouf y
rentrer quelques mois après. Au commencement
de 1678, Louis X IV les en chafla encore, &
fe contenta d'en faire démolir les ouvrages.
A cette époque , Frédéric-Guillaume, ce grand
électeur de Brandebourg, méditoit de donner de
l'a&ivité à fes états, jufqu'alors opiniâtrement
ruinés par des guerres rarement interrompues. Quel
ques négocians des Provinces-Unies , mécontens
du monopole qui les excluoit de l'Afrique occidentale
, lui perfuadèrent de bâtir des forts dans
cette vafte contrée , & d'y faire acheter des enclaves
qui feroient avantageufement vendus dans
le nouveau-Monde. On jugea cette vue utile * &
la compagnie, formée pour la fuivre , fe procura
en 1602 trois établilfemens à la côte d 'O r , &
un dans l'ifle d'Arguin trois ans après. Le nouveau
corps fut fucceflivement ruiné par les tra-
verfes des nations rivales, par l’infidélité ou l'inexpérience
de fes agens , par les déprédations
des corfaires. Comme il n’en reftoit plus que le
nom , le roi de Prufle vendit en 1717, à la compagnie
de Hollande, des propriétés devenues
depuis long-temps inutiles. Ces républicains n'a-
voient pas pris poflefliond’Arguin, lorfqu'en 1721
il fut de nouveau attaqué, de nouveau pris par
les ordres de la cour de Verfailles que le traité
de Nimégue avoit maintenu dans cette conquête.
Ils y plantèrent bientôt leur pavillon, mais pour
le voir encore abattre en 1724.
Depuis cette époque, la France ne fut pas troublée
dans ces pofleflions jufqu'en 1763. Le mi-
niftère britannique, qui avoit exigé le facrifice
du N ig e r , voulut alors qu'elles en fuflent une
dépendance. Le traité de paix de 1782 a donné
le Sénégal à la France.
Le fleuve du Sénégal eft très-confîdérable. Quelques
géographes lui donnent un cours de plus de-
huit cents lieues. C e qui eft prouvé, c'elt que,
depuis juin jufqu’en- novembre , il eft navi-
able dans un cours de trois cents vingt lieues,
a barre qui couvre l’embouchure de la rivière,
n'en permet l'entrée qu'aux^ navires qui ne tirent
pas plus de huit ou neuf pieds d'eau. Les autres
font réduits à mouiller tout auprès , fur un fond
excellent. C ’eft du fort Saint - Louis, bâti dans
«ne petite ifle peu éloignée de la mer, ,que leur
font apportées, fur des bâtimens légers, leurs
cargaifons. Elles fe bornent aux gommes recueillies
dans l'ahnee, & à douze ou quinze cents
cfclaves. Les gommes arrivent de la rive gauche,
lés efclaves de la droite, la feule qu'on puilfe
dire peuplée, depuis que les tyrans de Maroc ont
dtendu leur férocité jufqu'à ces contrées.
1 Le traité de 1763 ayant affuré à la Grande-
Bretagne la pofleflion du Sénégal , que fa marine
avoit conquis durant la guerre, les françois fe
font trouvés réduits jufqu'au traité de 1782, à la
côte qui commence au Cap Blanc , & fe termine 4 U jriYÎçrç dç Gambie. Quoiqu’ils n’aienç pas çté.
GU!
troublés dans la prétention qu’ils ont de pouVoS
commercer exclufivement fur ce grand efpace ,
leurs comptoirs de Joal, de Portudal & d’Al-
breda leur ont à peine fourni annuellement trois
ou quatre cens efclaves. Gorée , éloignée du continent
d'une lieue feulement, & qui n'a que quatre
cents toîfes de longueur fur cent de largeur *
eft le chef lieu de ces miférables établiflements.
Durant les hoftilités commencées en 17 $6 , cette
ifle qui a une bonne rade, & dont la défenfe eft:
facile, avoit fubi le joug anglois : mais les traités
la rendirent à fon premier poflefleur.
Jufqu’ en 1772 , cette contrée avoit été ouvert©
à tous les navigateurs de la nation. A cette époque
, un homme inquiet & ardent perfuada à
quelques citoyens crédules que rien ne feroit plus
aifé que d’arriver, par des routes jufqu'alors inconnues
, à Bambouk & à d'autres mines non
moins riches. Un miniftre féconda l'illufion par
un privilège exclufif, & on dépenfa des fommes
confidérables à la pourfuite de cette chimère. La
direétion du monopole pafla , deux ans après ,
dans des mains plus fages ; & l'on s’eft borné depuis
à l’achat des noirs qui doivent être portés à
Cayenne , où la fociété a obtenu un territoire im-
menfe.
La rivière de Gambie feroit navigable, durant
un cours de deux cents lieues pour d’aflez grands
bâtimens : mais ils s'arrêtent tous, à huit ou dix
lieues de Ion embouchure, au fort James. C e t
établiflement, qui a été conquis , rançonné , pillé
fept ou huit fois dans ce fiècle, eft fitué dans
une ifle qui n'a pas un mille de circonférence.
Les anglois y traitent annuellement trois mille efclaves
, arrivés la plupart, comme- au Sénégal ,
des terres intérieures & très éloignées. -
Les ifles du Cap-Verd fe trouvent non loin de
ces rivages, & nous en avons parlé à l'article
C ap-Ve b d .
Serre-Lionne n'eft pas fous la domination britannique
, quoique fes fujets en aient concentré
prefque toutes les affaires dans deux loges particulières,
très-anciennement établies. Indépendamment
de la c ire , de l'ivoire, de l'or qu'on y
trouve, ils tirent annuellemement de cette rivière,
ou des rivières voifines quatre ou cinq mille
efclaves.
Après ce marché , viennent les côtes des graines,
des dents & des quaquas , qui occupent
deux cents cinquante lieues. On y acheté du r iz ,
de l'ivoire & des efclaves- Les navigateurs forment
paflagèrement des comptoirs fur quelques*
unes de ces plages. Le plus fouvent, ils attendent
à l'ancre que les nègres viennent eux-mêmes fur
leurs pirogues propofer les objets d'échange. Cet
ufage s 'e ft, dit-on, établi depuis que des aéles
répétés de férocité ont fait fentir le danger des
débarquemens.
Les anglois ont formé depuis peu un établifle-
Wfiüî au Cap ApollQnie, où h traite de? efclaves
çil
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eft confidérable : mais ils n’y ont pas encore ob-
tenu un commerce exclufif, comme^ ils le deli-
toient, comme ils l'efperoient peut-etre. ;
Après le Cap Apollohie, commence la cote
d’O r , qui finit à la rivière de Volte. Son étendue
eft de 130 lieues. Comme le pays eft divife
en un grand nombre de petits ètats^ & que leursha- .
bitans font les hommesdes plus robuftes de la Gw*
née , les comptoirs des nations eommerçantes^de
l ’Europe y ont été exceflivement multipliés. Cinq
font aux danois j douze ou treize, dont Sàint-
George de la Mina eft le principal, appartiennent
aux hollandois 5 & les anglois en ont conquis ou
formé neuf ou dix , qui reconnoiflent pour cher
le Cap Corfe. Les françois, qui fe voyoïent a
regret exclus d’une région fi abondante en efclaves
, voulurent en 1749 s'approprier Anamabop.
Ils s'y fortiffoient, de l'aveu des naturels du
pays', lorfque leurs travailleurs furent chafles a coup
de canon par les vaifleaux de la Grande-Breta-
gne. Un négociateur habile qui fe trouvoft à Londres,
à la nouvelle de cette violence, témoigna
fon étonnement d'une conduite fi peu mefuree.
Monteur, lui dit un miniftre fort accrédite chez
cette nation éclairée , f i nous -voulions être juftcs
envers les françois , nous n aurions pas pour trente ans
d’exiftence. A cette époque , les anglois s'établirent
folidement à Anamabou, & depuis üs n ont
plus fouffert de concurrence dans ce marche îm-
^ A huit lieues de la rivière de V o lte , eft Kela
très-abondant en fubfiftances. C eft-la que fe rendent
les navigateurs pour fe pourvoir de vivres.
De là ils expédient leurs canots" ou leurs pirogues
, pour s'informer des lieux où il leur conviendra
d'établir leur traite. .
Le petit Popo les attire fouvent. Les anglois
& les françois fréquentent cette échelle : mais les
portugais y font en bien plus gtand nombre j 8c
voici p o u r q u o i . ............................ .
Cette nation 3 qui dominoit originairement lut
l ’Afrique, y fut avec le temps réduite à un tel
état de foibleffe, que, pour conferver la liberté
de négocier à la côte d Or , elle s engagea a
payer aux hollandois le dixième de fes cargaifons.
C e honteux tribut, qu'on a toujours régulièrement
payé , donnoit a fes armateurs de Bàhia &
de Fernambuc, les feuls qui fréquentent cette
c ô te , un fi grand défavantagè, qu'ils convinrent
entr'eux qu’il n’y auroit jamais, dans aucun port,
plus d’un bâtiment de chacune de ces deux pro-,
vinces. Les autres fe tiennent au petit Popo ,
où ils attendent que leur tour, pour traiter, foit
arrivé.
Juda , éloigné de quatorze lieues du petit l'o-
p o , eft fort renommé pour le nombre & pour
fa qualité des efclaves qui en fortent. Il n eft ouvert
qu’aux anglois, aux françois & aux portugais.
Chacune de ces nations y a^ un fort place
dans l’ifle de Gregoi, à deux milles du rivage.
(Sçoa. polit-, & diplomatique, 'Tom* II,
G U I top
Les chefs de ces comptoirs'font tous les ans uni
voyage de trente lieues, pour porter au fouve-
rain du pays, des préfens qu’il reçoit, & qu’il
exige comme ùn hommage.
A huitdieues de Jud a, eft Epée. Quelquefois
il y a beaucoup d’efclaves , plus ordinairement il
n’y en a point. Aufli fa rade eft-elle fouvent fans
navires.
Un peu plus loin eft Porto-nove. Lé commerce ,
établi ailleurs fur les rivages de la mer, s.s’y, fait
à fept lieues dans les terres. Cet inconvénient le
fit languir long-temps j mais aâuellement il eft
fort confidérable. La pafiion pour le tabac du
Brefil, qui eft encore, plus vive dans cet endroit
que fur le refte de la c ô te , donne aux portugais
une - grande fupériorité. C ’ eft du rebut de fes
cargaifons que l’anglois & le françois font réduits
à former les leurs.
Badagry n’eft qu’à trois lieues de Porto-nove :
on y mene beaucoup d’efclaves. Dans le temps
que toutes les nations y étaient reçues, les na-
1 vigateurs ne faifoient leurs ventes & leurs achats
que l'un après l’autre. Depuis que les anglois &
les hollandois en. font éloignés, il eft permis aux
françois & aux portugais de traiter en concurrence
, parce que leurs marchandifes font très-différentes.
C ’elt le lieu de la côte le plus fréquenté
par les armateurs françois.
A h o u y , féparé de Badagry par un efpace de
quatorze'à quinze lieues, eft fitué dans les ifles
de Curamo , fur une rade difficile, marécageufe
& mal faine. C e marché eft prefque exclufivement
fréquenté par les anglois , qui y arrivent fur de
grofles. chaloupes, & font leur traite entre les
ifles 8c le continent voifin.
Depuis la rivière de Volte jufqu'à cet Archipel
, la côte n’ eft pas acceflible. Un banc de
fable, contre lequel les vagues de l’Océan viennent
fe brifer avec violence, oblige les navigateurs
, attirés dans ces parages par l’efpoir du
gain , à fe iervir des pirogues & des naturels du
pays , polir envoyer leurs cargaifons à terre , 8c
pour retirer de terre ce qu’ils reçoivent en échan-
I ge. Leurs navires mouillent fans danger fur un
fond excellent, à trois ou quatre milles de la
côte. . . .
La rivière de Bénin, qui abonde en ivoire 8c
en efclaves , reçoit des vaifleaux. Son commerce
eft prefque entièrement tombé dans les mains
des anglois. Les françois 8c lés hollandois ont été
rebutés par le caraétère des naturels du pays ,
moins barbares que ceux des contrées voifines ;
mais fi légers dans leurs goûts , qu’on ne fçait
jamais quelles marchandifes iis voudront accepter
en échange.
Après le Cap' Formofe , font le nouveau & le
vieux Calbari. La côte eft baffe , inondée fix mois
| de l’année & très-mal faine. O11 n’y trouve que
de l’eau corrompue ; les naufrages y font fréquens,
I 8c des équipages entiers y font quelquefois la