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être difpomble.* Elle l ’eft en argent 3 8c ne le fe-
roît pas en denrées j ainfi l'on ftipiile de l'argent j
Se voilà pourquoi il faut au fermier de l'argent pour
l’achat duquel il vend des denrées , 8c enfuit'e il
le livre au propriétaire, au terme de leurs conventions.
Celui-ci auffi-tôt en paye fa dépenfe ,
par laquelle cet argent circule & paffe dans toutes
les mains foudoyées , induftrieufes, & c . 8cc.
& la dépenfe privée de tous ces individus le reporte
aux producteurs, par le moyen defquels il
recommence le même cercle , qu'on appelle circulation.
Il faut donc dans un état autant d'argent en
circulation , qu'il y a de revenus en valeur 5 & il
y fera toujours, fi les avances de confommations
font libres j car l'argent ne cherche que fon emploi
, ne vaut que fon emploi. ’
Mais fi les fpéculations adminiftrantes s'en mêlent
3 elles trouveront de toutes parts un inévitable
écueil. Si vous vifez à l'argent de l'étranger 3.
il ne vous le vendra qu'à profit pour lui 3 8c il
faura bien le rattraper par un autre endroit 5 car
fans cela il n'en auroit bientôt plus, le jeu fini-
ro it , 8c vous taririez bientôt la fource du commerce.
Si vous achetez fes denrées, non-feulement
vous payez fon travail, mais encor le don du ciel
en faveur de fa culture, dont la nature a doublé
en produit les dépenfes qu'il y a faites, augmentation
qui ne lui coûte rien. Si vous achetez fes
marchandifes, vous alimentez fon induftrie, 8c
ce n'étoit pas votre deffein. Il faut pourtant bien
acheter quelque chofe, fi vous voulez du commerce
, ou languir dans un lazaret, fi vous n'en voulez
pas.
L'unique fecret, pour s'épar'gner les foins inutiles
de l'option 8c pour éviter tous ces écueils,
c 'e ft, comme on l'a dit depuis long - temps , de
Jaififer faire 8c de biffer paffer. L'effet naturel de
Y échange 3 laiffé de droit à fon libre cours , eft de
faire à la .fois l'avantage des uns 8c des autres des
échangeurs. Chacun des deux gagne, & tous les
deux font contens j & chacun de fon côté court
chercher & folljeiter les matériaux de nouveaux
échanges 3 fans s'enquérir ni de la balance du commerce,
ni des lettres de naturalifation de l'acquéreur.
Le devoir des fouverains n?eft pas du tout de
faire leur fujets riches ; mais de leur laifferléfoin
de le devenir , 8c de veiller à ce que perfonne ne
les^ empêche d'ufer en ceci de leur droit naturel.
Dès-lors ils s'emprefferont de courir aux échanges 3
& je ne connois que ceux qui feroient contraires
aux bonnes moeurs, c'eft-à-dire, à l'innocence de
la nature, qui puffent devenir dangereux par les
confequences, 8c qui ne feroient point favorables.
Tous autres échanges font l'a&ion. 8c la vie foc
a le 5 & c'eft dans leur multiplicité, dans leur
/célérité 8c leur continuité que. confifte h vraie
crofpérité d'un état.
( Ç*1 aride ejt £e M, Gr ivel, )
Ë C L
É CH À N SÔ N (g ra n d )/ officier du roi dé
France j il a rang aux grandes cérémonies, corr.-
nie à celle du facre du ro i, aux entrées des rois
& reines, aux grands repas de céremônies de la
cour le Jeudi faint, de-même que le grand pan-
netier 8c le premier écuyer tranchant.
Les fondions que rempliffent ces trois officiers
dans ces jours d'appareil, font celles que font
journellement les gentilshommes fervans; mais ces
derniers ne dépendent ni ne relèvent point des
premiers.
Le grand échanfon a fuccédé au bouteiller de
France, qui étoit l'un des grands officiers de la
couronne 8c de la maifon du roi.
Hugues, bouteiller de France en 1060, figna
à la fondation du prieuré de S. Martin-des-champs
à Paris j 8c un officier, appellé Adam , en qualité
d'échanfon , figna en 1067 à la cérémonie de
la dédicace de cette même églife. Il y avoit un
échanfon de France en 1 2 8 8 ,8c un maître échah-
fon du roi en 1304, dans le même temps qu'il y
avoit des bouteillers de France. Erard de Montmorency,
échanfon de France , le' fut en 1309 juf-
qu’en 1323 , de même que Gilles de Soyecoiirt
en 1329, 8c Briant de Montéjan depuis 1346 juf-
qu'en 13 y 1 , quoiqu'il y eût auffi alors des bouteillers
de France. Jean de ChâlonsIII du nom,
comte d'Auxerre 8c de Tonnerre, eft le premier
qui: ait porté le titre de grand bouteiller de France :
il l'étoit en 13 jo au facre du roi Jean. Il continua
d'y avoir des échanfons 5 8c G uy, feigneur de
Coufan prenoït la qualité de grand échanfon de
France en 138 y , Euguerand fire de Coucy étant
en même-temps grand bouteiller. En 1419 8c 1421,
ii y avoit deux grands échanfons 8c un grand bouteiller
j mais depuis Antoine Dulau , feigneur de
Château-neuf, qui vivoit en 1483*, revêtu de la
charge de grand .bouteiller, il n'eft>plus parlé de
cet office, mais feulement de celui' de grand
échanfon.
É CH A N SO N N E R IE , lieu où s'affemblentles
officiers qui ont foin de la boiffoh du roi, 8c où
elle fe garde. Il y a l'échanfonneriè bouche 8c Yé-
chanfonnerie du commun : la première fait partie
de l'office qu'on appelle gobelet 5 elle a fon chef
qu'on appelle aufli chef de gobelet.
ÉCH IQ UIER . Voye% le Diétionnnaîre des finances
8c le Dictionnaire de Jurifprudencé.
E C C L É S IA ST IQ U E (É t a t ) . Voyez Église,
( État de 1' ).
É C L A T EX TERIEUR , pompe , magnificence
, fafte. Les points de morale univerfelle
qu'on pourroit traiter dans cet article, font étrangers
à notre plan,. 8c nous nous bornerons à quelques
remarques fur la manière dont un prince doit
juger de Y éclat de fa grandeur.
Comme il doit vivre au milieu de cet éclat 3 $c
k qu'il en fera toujours environné ? il eft pour lui
é c o
d'une extrême importance de favoir quelle en eft
la fin , 8c quel en doit être l'ufage : s'il l'ignore,
il_ remplira fou efprit d'erreurs populaires > il quittera
le fentier qui de voit le conduire à une véritable
gloire , pour fuivre , par de faufles routes,
une vaine idée de fplendeur 8c de majefté, qui
s'évanouira quand il croira la faifir, 8c qui l'ex-
pofera à une trifte méprife-
L 'éclat extérieur de la grandeur comprend deux
chofes : les honneurs ou les refpedts, 8c la magnificence.
Celle-ci dépend du prince, 8c l'autre
de fes fujets.
L'autorité d'un prince étant néceffaire au maintien
de la tranquillité 8c de la paix, il faut la
refpeéter par des motifs de juftice 8c de recon-
noiffance. Il importe peu de fàvoir ic i, s'il gouverne
bien ou mal ; c'eft à fon trône que s'adref-
fent les hommages 8c les refpeéts, 8c rien ne peut
en difpenfer. D'ailleurs c'eft un tribut qu'on lui
doit , pour les bons offices qu'on en reçoit , 8c
qu'on en attend 5 8c il eft vifible qu’une autorité |
qui rie feroit pas refpeétée félon toute l'étendue
de fon pouvoir, ou deviendroit abfolument inutile
, ou feroit très-limitée dans fes effets.
Mais fi on doit des refpeéïs profonds à l'autorité,
ils ont plus de rapport à la place qu'occupe
le prince qu'à fa perfonne. Ils font uns* fuite naturelle
de fa grandeur, 8c il en faut juger comme
de la grandeur elle-même. Ils ne fuppofent ,
comme elle, aucun mérite. Ils laiffent tous les défauts,
8c n'en peuvent changer aucun > 8c , s'ils
trouvent le prince deftitué de quelques qualités
effentielles, ils n'en font point le fupplément.
Un prince fe tipmperoit donc -, s'il voùloit s'attribuer
à foi-même un honneur qui n'eft dû qu'à
l'autorité , 8c s'il croyoit mériter tout ce que mérite
fa place. Il doit craindre de déshonorer, par
fa conduite , une autorité fi rèfpeétable , 8c s'efforcer
dé mériter par fes aérions ,. les honneurs qui
font dus à fon caractère.
É CO L E R O Y A L E M IL IT A IR E , nom qu'on
donne “en France à une maifon où l'on élève de
jeunes gentilshommes aux frais du roi:
L'établiffement de l’Hôtel royal des Invalides
eût fuffi pour immortalifer le règne dé Louis X IV .
Son fucceffeur forma le projet d'éternifer le fien,
par l'établiffement de YEcole militaire. Ces deux ,
maifons font voifines l’une de l'autre. Si on ne
confulte que la majefté de l'édifice, on ne tardera
pas à décider la fupériorité des arts , en faveur
du fiècle de Louis le grand. Mais fi l'on cherche à
pénétrer dans les vues de ces deux princes , on'
verra qu’outre l'amour de la gloire ,, un motif de
reconnoiffance pour les fervices que la nobleffe
françoife leur a toujours rendus, un motif de jufÉ
G O ' 1 7 ?
tice à l'égard de ceux qui ont facrifié leur vie ,
leurs membres 8c leur fortune à la défenfe de 1 e-
t a t , ont également diété à leur coeur ces deux
fondations royales.
Elles ont même une liaifon fi étroite, que Lou-
vois ? en cherchant à acquitter fon maître des obligations
qu’il avoit à la nobleffe guerriere, . conçut
l'idée de fonder l'établiffement d’une Ecole .militaire
dans l'Hôtel des Invalides. On ne voit pas
ce qui empêcha l'exécution d’un plan auffi heu-'
reux 8c auffi jufte.
Le célèbre d'Argenfon, l'un des plus grands mi-
niftres que la France ait e u s 8 c qui , comme
Louvois, donna à nos armes tant de gloire , fuivit
à peu-près les mêmes vues. Il venoit de faire rendre
à fbri maître cette belle ordonnance de 17^9,
monument de bonté 8c d'affection envers l'Hotel
des Invalides*. Il venoit d'ouvrir la belle efjdanade
qui ajoute encore à l'effet impofànt du bâtiment
de cet Hôtel.
Mais l'amour d'une gloire qui fut perfonnelle
au roi 8c à fon miniftre, ou des vues plus profondes
l'engagèrent à abandonner le projet de Louvois
fur l'Ecole: militaire , 8c il la-créa telle que
nous la voyons. C e fut en 1751 , c'eft-à-dire >
après les brillantes campagnes de Maurice, comte
de Saxe, après 1a- gloiieufe paix d'Aix - la - Cha-
pelle, 8c au milieu del'ivreffe des peuples 8c dans les
premiers moméns de calme que fut donné à la
nation l'édit concernant l'établiffement de cetté
Ecole.
Un membre de cette famille précieufe ,■ qui
par fa bienfaifancë, a fait oublier 8c l'obfcurite de
fa naiffance,. 8c l'immenfité de fes richeffes,. avoit
été chargé de concerter tous les plans relatifs a
cette Ecole. Nous devons à la vérité de dire que
l'une des perfonnes qui contribua la plus au fucces»
de cette affaire , fut la fameufe marquife de Pom-
padour.
On s’occupa du foin de conftruire un Motel
où le$ meilleurs maîtres éleveroient, fous les yeux
du roi cinq cens gentilshommes nés fans biens v
dans le choix defquels on préféreroit ceux qui , en
perdant leur pere a la guerre, font devenus■ les enfans
de l'état ( l)..
On n'attendit pas même que les. bâtîmens fuf-
fènt conftruits. On. établit provifoirement YEcole
militaire au château de Vincennes. C e premier
établiffement ne fut compoie que de quatre-vingt'
élèves, qui y entrèrent au mois d oélobré 17^3»
Trois ans apres, au mois de juillet 17^6, ils furent
tranfportés dans l'Hôtel qui fubfifte aujourd'hui.
Il paroît que le nombre de cinq cens élèves
n'a jamais été complet.
Cependant le gouvernement de YEcole fe peif-
(1) Préambule de l’édita