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être élus à chaque nouveau parlement. Cependant I
le nombre des pairs qui donnèrent leur voix> pour
l ’union, fut plus confidérable, proportion gard
é e , que dans les autres corps, & ce furent eux
qui, par leur crédit , firent réuffir là négociation.
Les pairs qui s’y oppofoient, les accufèrent hautement
d'avoir vendu leur patrie & les droits de?
leur naiflapce.
Les écoffois , contraires à l ’union , alléguèrent
d’abord l’antiquité & la dignité de leur
royaume qu’ils ne ‘vouloient pas., difoient - ils ,
abandonner lâchement : ils foutinrent que, d’un
état indépendant, ils tombéroient dans une dépendance
entière de l’Angleterre : que, quelque
favorables que panifient les conditions qu’on leur
offroit, il ne falloit pas s’attendre qu’elles fuf-
fent religieufement obfervées dans un parlement,
où feize pairs & quarante - cinq membres de la
chambre - baffe ne pourroient tenir la balance
égale contre plus de cent pairs & cinq cens treize
membres de la chambre des communes : que l’ fî-
coffk ne feroit plus confidérée déformais dés princes
& des états étrangers : ils infïftèrent fur tout
avec force, fur le danger que courroit la confti-
tutiôn de leur églife, fous la domination d’ un parlement
anglois.
L ’ Angleterre, voulant diffiper leurs allarmes fur
ce fujet, leur propofa de faire un aéte pour la.
fûrete du presbytéranifme en Ecojfe ; elle promit
de déclarer que le maintien de la conftitution de
l’églife ÇY Ecojfe feroit regardé comme un article
effentiel & fondamental, & une condition nécef-
faire de l’union reçue} que cet aéte fetoit partie -
de celui de l’union, & feroit ratifié par un autre
aéle du parlement d’Angleterre. L ’aéte paffa, mais
il ne fatisfit pas les oppofans. Ils engagèrent pîufieurs
comtés & les communautés où ils avoient du crédit
, à préfenter des adreffes contre l’union. On
n’éut aucun égard à ces adreffes , parce qu’on
reconnut l’artifice de ceux qui les avoient follicitées.
C eu x -c i, pour dernière reffource, tâchèrent de
foire fôulever la populace, & de l’exciter à dès
violences à Edimbourg & à Glafgow.. Elle s’at-_
troupa, en effet, autour de la maifon du grand
prévôt d’Edimbourg, fort zélé pour l’union ,
& voulut en enfoncer les portes t on envoya
promptement des gardes qui la difperfèrent*. Elle
n’entreprit rien- dans la fuite} mais elle paroiffoit
fi difpofée à la révolte, q ue , fi elle avoit été animée
par quelques perfonnes de poids , l’ affaire de
l’union auroitpu exciter de grands troubles. Quoi
qu’ il en foit, elle fut agitée de part & d’autre
avec beaucoup de chaleur pendant trois mois }
chaque parti s’efforçoit de la faire réuffir, ou de
la foire échouer. Enfin les articles, tels qu’ils
avoient été réglés par les commiffaires , furent
approuvés avec quelques légers changemens. Le
comte de Stair , ayant affilié à tous les débats juf-
qu’au, moment de la concluûon, mourut le lende-
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f main* La longueur & la véhémence de la difpute
' avoient épuifé fes efprits.
L ’aéte fut approuvé fans aucune oppofition dans
la chambre des communes d’Angleterre mais il
y eut pîufieurs débats dans la chambre - haute.
Les pairsi trouvèrent qu’on accordo.it de trop
grands avantages aux. écoffois. On leur répondit
en général qu’une affaire auffi importante que celle
de réunir les: deux pays fous la même adminillrar
tion, ne pouvoir guère fe. terminer fans quelque
inconvénient} mais que la, confidératiom de-la fûr
reté commune produite par l’union, devoit l’emporter
fur tout. La principale, objeétion qu’on fit
contre l’union , étoit.le danger manifelle: où feroit
1 églife anglicane, .fi un fi grand- nombre de perfonnes
attachées au,-presbyterianifme: avoit part à la
legiflation. On innfta fur la rigueur: avec laquelle
le clergé épifcopal avoitété traité en Ecojfe 3. & on
montra combien les. écoffois étoient oppofés à la
conftitution de l’églife anglicane. : on répondoit que
le plus grand danger que l’ églife eût à.craindre,
venoit du côté de la France & du papifme : que
les affaires de religion avoient été traitées de part
& d’autre d’une manière fi violente, que l’ un des
deux partis ne pouveit rien reprocher à l’autre :
que la tolérance & la douceur appaiferoient les
efprits irrités : que les Cantons fuiffes, cmoique
d’une communion différente, & très-zélés pour
celle qufils ftiivoient, formoient pourtant un feuî
état} ( ce qui n’eft pas vrai, & ce qui fuppofoit
peu de lumières fur la nature du corps helvétique
: ) que la diète d’Allemagne étoit compofée de
perfonnes de trois-différentes religions : que fi l’un
des partis avoit quelque chofe à craindre, ce fe-
Toit vraifemblablement le plus foible : que cinq
cents treize membres l’emporteroient aifément fur
quarante-cinq , & les vingt-fix évêques fur les feize.
pairs à*Ecojfe. Enfin l’ aéte paffa avec une pluralité
de trente voix. Nous inférerons plus bas les articles
de l’union, en parlant des loix de Y Ecojfe.
Il n’eft pas befoin d’ examiner ici les avantages
qu’a tiré Y Ecojfe de fôn union avec P Angleterre :
fi elle a perdu du côté du commerce & de Fin--
duftrie, elle y a gagné du côté de la liberté} &
fon incorporation avec un peuple auffi raifonna-
b le , auffi ferme & auffi éclairé que le peuple
anglois , doit la confoler de l’efpèce cPindépen-
dance: à laquelle elle a renoncé.
Le nom de Stuart 3 qu’ a porté plus de troij|
cents’ ans la'famille des rois d’Ecojfe , n*étoit que
le titre d’une dignité du royaume, quepoffédoit
Wa lter, père de Robert II , premier roi a Ecojfe ,
de la branche des Stuarts : fes fucceffeurs prirent
ce titre diftingué, pour leur furnom , lequel a en-
fuite pafifé à pîufieurs familles illuftres, qui def-
cendent du fang de ces- monarques.
Les rois d‘Ecojfe fe font ordinairement donné
les mêmes titres que les rois d’Angleterre : on les
a en conféquence appelles grâces , altejfes & enfin
majejîés. Le roi Guillaume premier reçut du pape
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îe titre dé défetifeur de Y églife , & Jacque IV" ob- \
tint celui de protecteur de la fo i chrétienne : mais
leurs fucceffeurs fe qualifioient feulement de roi
d‘Ecojfe 3 <£Angleterre 3 de France & d’Irlande.
On peut connoître le degré de puiffancc qu a-
voient les rois d’Ecojfe 3 en étudiant les guerres
qu’ils ont Soutenues, durant pîufieurs fîècles, contre
les romains, les Taxons , les danois & les anglois.
Tous leurs fujets étoient obligés de les aider
dans les guerres : mais, à cet égard, l’autorite
des monarques fut confidérablement augmentée
par deux aéfces du parlement. Le premier offrit au
roi une armée de 20,000 hommes d infanterie^ &
de 200 chevaux, toujours prêts a marcher où il
les croiroit néceffaires ou utiles au- fervice de la
patrie. Le fécond enjoignoit à^ ces troupes d’obéir
ponduell.ementaux ordres qui émaneroient du con-
feil-privé du roi. _ .
Les anciens revenus des monarques écoffois
confiftoient principalement en terres de la couronn
e , qui ne pouvoient être aliénées que par aéte
du parlement, & dans les tutelles & mariages de
ceux qui tenoient quelque chofe du trône.
Nous ajouterons, en terminant ce précis, que
Y Ecojfe , avant l ’union, a eu cent huit rois, &
que ce long intervalle a été fans ceffe rempli de
troubles | de défordres, de crimes. Les écoffois
ont eu ce rare avantage, fi c’en eft un, de ne voir,
dans la fucceffion de cent huit monarques, aucun
prince étranger. Mais en ont-ils été plus heureux ?
Qu’importe que les fouverains qui les ont opprimés
, foient nés en Ecojfe même , ou qu’ayant reçu
le jour dans‘des contrées éloignées, ils foient venus
ufurper la couronne & affervir la nation ? Qu’importe
qu’ un éta t, lorfqu’il eft mal gouverné,
le foit par fes citoyens, ou par des tyrans nés
dans un autre pays : il paroît qu’il eft des nations
incapables de goûter les avantages, ou de
fupporter les inconveniens inféparables du gouvernement
d’un feul} l’agitation perpétuelle des écoffois
fous leurs fouverains, ne peut être comparée
au calme heureux dont ils jouiffent, depuis que
l ’ambition des grands & la turbulence du peuple
fie font plus échauffés par la vue du trône.
S e c t i o n I I e.
Vejcription de /’Ecoffe <S* des ijles qui en dépendent}
remarques fur les habit ans & la population , le
climat , les productions , ta pêche 3 &c.
La grandeur de YEcojfe du nord au midi, ou
depuis le promontoire de Caithnefs jufqu’ à Gallo-
w a y , peut s’évaluera environ 2 pf mille écoffois}
& de l’occident à l’orient, ou depuis Ard-Na-
murchan , qui eft à-peu-près au milieu du pays ,
jufqu’à Buchaneff, à 140 mille écoffois. On compte
environ trois cents iftes qui environnent ce pays ,
& qui en dépendent à quelques égards.
Les principales font les Iftes Orcades qui prennent
leur nom, s’il en fout croire Maepherfon ,
des mots inchetore, qui fignifient ijles des Baleines.
Elles font féparées de la Terre-ferme par un détroit
dangereux , appelle Pentland- Firth, lequel
a vingt-quatre milles de longueur & douze de largeur.
Pline portoit le nombre de ces iftes à quarante:
Orofius en compte feulement trente-trois}
& il n'y en a que 28 d’habitées, fans comprendre
Fille de Stroma, qui eft près des côtes de Caithnefs.
D ’après les extraits des regiftres des églifes, dont
Campbell fait mention, le nombre des habitant
fe monte à 32,033. Ils font la plupart bien faits
& robuftes. Leur commerce confifte principalement
en poiffons , en viande falée , en beurre , en
ta lc , en peaux de loutres & de lapins, eil
alkali, en toile grolfière, en bas tricottés en laine
, en jambons, en orge, en plumes & en malt.
On n’y voit pas beaucoup d’arbres} il y croît
cependant des pommes & des poires j il y a aufli
de bons légumes & des racines. Les habitans parlent
I’anglois, altéré félon l’ ufage des écoffois »
mais pîufieurs vieillards du peuple parlent norwé-
gien. La circulation des efpèces eft très-fôible }
c’eft pour cela que les fermiers envoient en Ecojfe
le paiement des loyers de leurs fermes en mal:
d’orge, ou en farine d’avoine. Ces iftes avoient
autrefois leurs propres rois } mais elles pafîèrent
fous la domination, des écoffois , après que ceux-
ci eurent vaincu les piétés. Les normands s’en emparèrent
en 1099 , & ils les confervèrent cent
ibixante-quatre ans. Alors Magnus, roi de Norv
è g e } les vendit à Alexandre , roi A1 Ecojfe 3 qui
en donna Finveftiture à un gentilhomme, appellé
Speire. Elles paffèrent de cétte famille, par le mariage,
à celle des Sinclairs. L ’un des Sinclairs
avoit pris le titre de prince des Orcades 3 &
époufé une princeffe danoife. Les rois de Danemark
& de Norwège confervèrent la fouve-
raineté de ces iftes , jufqu’ à l’époque où le roi
Chriftian I les donna en dot à fa fille Marguer
ite , qu’il maria au roi d’Ecoffe Jacques III. Le
comte de Morton a fur èes iftes un droit de fief,
dont il tire un revenu de 1,666 liv. fterl.} mais
il a cédé la fouveraineté pour 7,200 liv. fterl.
Les iftes de Shetland ou Mainland ont auffi appartenu
à la Norwège. Elles prennent leur nom
de la principale, qui s’ appelle proprement Jeat-
taland ou Yetland , d’où eft venu d’abord Zetland
& enftiite Shetland. On en compte quarante-fix.
Les habitans ne s’occupent point de l’agriculture,
mais ils fe livrent avec d’autant plus de foin à
l’éducation du bétail} ils exportent du poiffbn fe-
ché & falé , des harengs , du beurre, de l’huile
de baleine, des peaüx de chiens marins, & de
bons bas de laine qu’ils font avec la laine de leurs
moutons} ils échangent ces objets de commerce
contre du cinnabre, qui leur eft fourni par la
Norwège , contre des grains & de la farine qu’ils
tirent de Y Ecojfe & des iftes Orcades, contre de
l’eau-de-vie d’Hambourg, contre des draps de Leith
C e ;