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rique dans les mers qui entourent les pofleiTions
efpagnoles. Lorfque la marine de la république
était encore refpe&able , le Danemarck ne pou-
voit lui réfifter. En 1643 & en 1658, les flottes
hollandoifes paffèrent le Sund à leur g ré , & agirent
defpotiquement daos la Baltique, tantôt contre
les danois, & tantôt en leur faveur. La décadence
de la marine de» hollandois met le Danemarck
plus à fon aife à cet égard ; aufli, lorf-
qu en 1737 il furvint quelques conteftations entre
ces deux puiffances au fujet de la pêche, les hollandois
n’eurent garde de prendre le ton menaçant
qu’ils prenoient jadis ; mais, après des mémoires
publiés de part & d’autre, l’ affaire fut terminée
a l’amiable. Au refte, le commerce réciproque
entre ces nations, eft très-important. Les hollandois
tirent une immenfe quantité de bois & d’autres
denrées de No rwège, & ils approvifionnent
en échange toutes les provinces danoifes. La balance
.ell: très-défavorable au Danemarck. La cour
de Copenhague & la république fe ménagent avec
foin 5 elles ne doivent pas changer de fyftême.
Il y a bien des objets propres à détruire- cètte
harmonie ; car , pour n’en citer^ <^u*un exemp
le , la compagnie des Indes établie a Copenhague
excite la jaloufie des Provincet-Unies.
Comme le roi de Danemarck poffède une partie
du Holftein, & quelques provinces dans le cercle
de Weftphalie , il eft à ce titre membre du
Corps germanique, & il faut^ qu’il fuive les révolutions
du fyftême général de l’Allemagne. Quand
il n’auroit par là d’ autre prérogative que celle d’enrôler
des foldats dans les villes libres de l’Empire
pour recruter fon armée, & fur-tout fon infanterie
, ce feroit déjà un objet confîdérable. Aufli
avons-nous vu que, dans toutes les guerres qu a
faites l’Empire , le Danemarck a fourni fon contingent,
& au-delà, de bonnes troupes, dont
on a tiré de grands fervices. Le^ renfort que cette
puiffance envoya l’an 1734 à l’armée du Rhin ,
étoit de fîx mille hommes. Le*roi de Danemarck,
en qualité de prince de Holftein de la tige des
comtés d’Oldenbourg, a voix & féance à la diète
de l’Empire, au banc des princes. L ’exercice de
ce droit fut interrompu, il eft v ra i, par un'e dif-
pute fur la préféance, furvenue entre la maifon de
Holftein & quelques autres membres de l’Empire
; mais cette affaire fe termina par une convention
lignée le 13 août 1740 , entre Je roi de Danemarck
& les princes d’Allemagne, qu’on nomme
altemans. Cette convention admet fa majefté
danoife au rang des princes qui alternent, c’eft-
à - d i r e , qui préfident alternativement, & on
lui rend fa féance à la.diètes Le Danemarck
n’ a de liaifons directes, ni avec la maifon d’Autriche
, ni avec les autres princes de l’Allemagne.
Nous ne voyons point dans l’hiftoîre, que
cette puiffance fe foit beaucoup expofée pour donner
du fecours à quelque prince allemand en particulier
, ou pour faire des acquittions nouvelles
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en Allemagne ; une fage neutralité a été prefque
toujours l’objet de fa politique.
Le roi de Pruffe ayant beaucoup d’influence
dans les affaires du N o rd , eft de tous les princes
d’Allemagne celui avec lequel le Danemarck a les
plus grandes liaifons. Lorfqu’au commencement
de ce fîècle l’ambition & les fuccès brillans de
la Suède inquiétèrent fes voifins, le. panemarck ,
la Ruffie & la Pruffe conclurent une alliance qui
produifit la guerre du nord, & qui devint funefte
au monarque fuédois.
La fituation & la conftitution de la Pologne
n’engagent pas le Danemarck à s’intéreffer beaucoup
à fon fort ; aufli n’a - 1 -il prefque aucune liaifon
avec ce royaume. Je parle de ces liaifons directes
que le voifinagev le commerce , ou le fyftême
de la politique des états font naître, & non de
ces rapports accidentels & momentanés, qui ré**
fultent quelquefois d’un enchaînement bizarre de
circonftances. C ’eft ainfi que le fyftême général
de l’Europe pourroit réunir le Portugal & la Ruffie
; & c’ eft aufli, par un femblable principe ,
^ ’autrefois le Danemarck prit un grand intérêt à
ce qui arriva en Pologne , lorfque Charles X I I
y porta fes armes triomphantes. Le deftin de la
Pologne importoit peu à la cour de Copenhague ;
mais il lui importoit beaucoup que la fortune
du conquérant fuédois fut arrêtée.
La Suède eft de tous les états de l’Europe celui
avec lequel le Danemarck a eu le plus de démêlés.
On a vu ces deux royaumes ne former qu’unô
même monarchie. Nous avons déjà parlé du projet
de les réunir de nouveau ; mais ils ont été prefque
toujours divifés par des jaloufies & des intérêts
divers, & fort fouvent en guerre ouverte l’un
contre l’autre. Il en eft refulté entre les deux nations
une rivalité , une aigreur & une haine
plus forte peut-être que celle qui règne entre les
turcs & les chrétiens. Le Danemarck, il eft vrai ,
s’eft, occupé long-temps des moyens de fubjuguer
la Suède & de la réduire à la condition d’üne dè
fes provinces ; mais les évenëmens ont fi peu répondu
à fes efpérances, que les fuédois ont reconquis
le Schouen, & ont couvert la Gôthie
occidentale , par le moyen du château de Bahus.
Les danois ont d’ailleurs fait tous leurs efforts
pour ruiner le commerce troubler la navigatiori
de la Suède; mais ils n’ônt pas mieux réuffi. Il
paroît q ue, dans l’état aétuel des chofes, le Danemarck
ne devrpit plus fonger à opprimer là Suède
; il eft de l’intérêt de ces deux puiffances de
vivre en bonne harmonie pour leur fûreté mutuelle
, & pour fe défendre contre la R.uflie ,
dont les rapides accroiffemens ne peuvent que
réveiller toute leur attention. Le mité du N o rd ,
conclu en 1720 à Friederichsbout^, a mis fin à
toutes les méfintelligences j car il a fixé les limite^
des deux royaumes, ainfi que les droits des deux
nations. Quant à la réunion des ttois royaumes
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du Nord , il n’y a .qu’une révolution extraordinaire
qui puiffe la faire réuflir. /
La Ruflie, ainfi que nous l’avons .déjà dit ,
doit attirer toute l ’attention du cabinet de C o penhague.
Les.acquifitions qu elle a faites dans la
p e r Baltique, aux dépens de la Suède , lui ont
donné les moyens d’y entretenir une flotte confî-
déràble , & de 's’y approprier une partie du commerce.
Ces forces maritimes , jointes aux forces
de terre qu’elle avoit déjà , la rendent redoutable
aux danois, qui agiroient contre toutes les réglés
de la faine politique, s’ils favorifoient 1 agrandif-
fement des ruffes. La Ruflie fubmergeroit tout le
nord , fi on la laiffoit fortir des digues qui la renferment
dans fon lit naturel. Tout ce ^quele Da-
nemerck pourroit efperer, ce feroit d etre envahi
le dernier. Le fyftême général qu’on a forme pour
Je Nord eft bon, & il faut fe contenter de le
maintenir. Il faut que le Danemarck entretienne
fes propres forces avec vigilance ; 11 doit envoyer
à la cour de Pétersbourg des.^miniftres habiles ,
qui fâchent .pénétrer les deffeins les plus fecrets
de la politique ruffe, & qui qbfervent foigneufe-
ment toutes les démarches du .cabinet impérial. .
Le Danemarck n’ a prefqu’auçune liarfon avec la .
Porte Ottomane, & c’eft ce qui, nous difpenfe
d’en parler. Il n’y auroit que la Ruflie qui , par
des conquêtes qu’ elle tenteroit fur les autres peuples
du N o rd , po,utroit mettre la cour de C o penhague
dans la néceflité d’entamer une négociation
à Conftantinople, & d’exciter les turcs à
faire une diverfion , en attaquant les ruffes d’un
autre côté..
Les pirates de la côte de Barbarie pourroient
inquiéter les navires du Danemarck , fi fa navigation
s’étendoit jufques dans la Méditerranée 5
mais comme les danois n’envoient guères de vaif-
feaux qu’aux Indes; qu’ils relient dans l’C)cean,
& que ces corfaires paffent rarement le détroit de ;
Gibraltar , il n’y- a prefque point d’exemple qu’ils
fe foient emparés d’ un bâtiment danois.
D A N T Z IG , ville Jibre , qui fait partie de la
Pologne, & qui eft enclavée dans la Pruffe oc*"
cidentale.
Cette ville eft dans le Palatinat de Pomérellie
fur les rivières de Radaune & de M o tlaw , ,& elle.a !
une fortereffe fur la Viftule à un mille de la mer
Baltique. Sa pofition, jointe à la < bonté de fon
p or t, l’a rendue une des villes les plus commerçantes
du Nord. Il s’ y fait un très-grand commerce
de grains ; elle eft par cette raifon extrêmement
peuplée,- & l’on y compte au - delà de
foixante mille habitans. La religion luthérienne eft
la dominante; cette ville qui autrefois tenoit un
rang diftingué parmi les villes anféatiques , jouit 1
encore aujourd’h u i, fous la pxote&ion des rois de
Pologne, de privilèges & d’immunités confidéra-
bles, tels que le droit de battre monnoie., d’aflif-;
ter par fes députés -aux diètes,de Pologne , & d’y
donner fon fuffrage pour !’ élection d’un roi.
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La ville, entretient une garnifon, & elle pourroit
paffer pour forte, f i , au Septentrion & au
couchant, ellen’étoit commandée par des hauteurs
qui la dominent, quoiqu’on n’ait rien négligé pour
la défendre de ce côté-là. Comme elle fait en quelque
façon partie de la Pologne , elle a participe
aux différentes révolutions qu’éprouva ce ror
yaume.
Les produ&ions de Pologne font le principal
objet de commerce d’exportation de cette ville.
Elle en reçoit , année commune, yo à 66,000
laits de bled, dont le prix varie beaucoup , & fe
règle fur les prix de Hollande. En comparant les
divers prix de plufieurs années, les dantzicois le
paient 18 ducats le laft ; ainfi 60,000 lafts font
une Somme de 2,080,000 ducats. On croit que
les bois , la cendre, la potaffe, la toile , le cuir ,
le miel, & c . que. les négocians de Dant^ic reçoivent
de la Pologne, montent à-peu-près à la même
fomme ; & on peut évaluer à fix millions de
rixdales les capitaux que cette ville met annuellement
dans fon commerce, & à 20 pour cent fes
bénéfices; mais elle paie 150,000 rixdales au roi
de Pologne, à titre d’impofitions & d’autres
droits, & une fomme égale pour les intérêts de
ce qu’elle doit à l’Angleterre & à la Hollande. I l
ne doit lui refter en bénéfice net que 900,000 rixd.
qui fervent à payer les ouvrages des fabriques
étrangères dont elle a befoin. Malheurèufement la
plus grande partie de cet argent^eft employé poux
des objets de lu xe, dont le goût augmente tous
les jours dans cette petite république. 11 paroît
que la ville de Dant^ic dépenfe cè qu’ elle gagne ;
& que, fi elle ne prend pas d’autres mefures, fon
commerce ne fuffira bientôt plus pour payer fes
importations. Les anciennes maifons de commerce
font les feules qui fe foutiennent^ encore ; lies nouvelles
font prefque toutes tombées peu de temps
après leur etabliflement.
La dernière révolution de Pologne a nui beaucoup
au commerce' de Dant^ic. Le traite ^de partage
qui a démembré ce royaume, paroît avoir
confervé tous les privilèges des dantzicois ; le roi
de Pruffe les a reconnus formellement, ^ ainfi que
leur indépendance ; mais ces privilèges étant tres-
défavorables, aux intérêts du commerce des pruf-
fiens, il en eft réfulté des divifions & des aétes
d’hollilité , qui ont fait craindre l’envahiflement de
Dantpc. La ville a été inveitie par les troupes du
roi de Pruffe, & ce n’ell^qu’après bien des négociations
que la difpute s’ eft terminée.
Dam^ic eft ,à la bienféance du roi de Pruffe ;
fes privilèges femblent lui donner un droit exclu-
fif au commerce de l’une des portions de la Pologne
que-la cour de Berlin a .obtenu dans le traité
de partage, & il eft bon de parler ici en détail
des prétentions qu’on lui a contefté , & de l’arrangement,
peut-être paffager , qui en a été la
Le* manifefte du roi de Pruffe ayant difeuté ces