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fédération qui affuroit leur profpérité & leur indépendance
j elles envoyèrent des députés aux
jeux établis à Olympie, à Corinthe & à Némée.
On convoqua des affemblées générales de la nation
à Delphes & aux Thermopiles , où l'on
difcutoit les intérêts de la Grèce , & les protestations
d'amitié faites en préfence du* dieu de
Delphes, devenoient Sacrées. Le conSeil des am-
phiétions, compoSé de ce qu'il y avoit de plus
éclairé & de plus incorruptible dans la nation ,
préfîdoit aux deltinées publiques. Pacificateurs
plutôt qu'arbitres des querelles, ils n'avoient point
de force coaétive pour faire exécuter leurs arrêts >
mais le refpeéï: qu'infpiroit leur intégrité , leur
donnoit plus de puifTance que s'ils euffent été à
la tête de plufîeurs légions.
Cette république fédérative affermit fa confti-
tution avant d'en avoir corrigé les vices. Les loix
avoient été établies au milieu des diffentions. La
plupart avoient été di&ées par le befoin du moment
, & c'étoit dans le calme qu'il falloit les
réformer. Mais on crut qu'il étoit plus utile de
laiffer fubfifter quelques abus, que d'introduire
des nouveautés qui font toujours des mécontens.
Les troubles excités par l'expulfion des rois ,
avoient élevé les courages, & quelques ambitieux,
mécontens de ne plus êtré~tÿrans Subalternes fous
les rois, furent chercher une nouvelle patrie. Ces
aventuriers formèrent des établifSemens qui inspirèrent
à d'autres le defir de Suivre leur exemple.
Tous ceux qui étoient nés fans fortune , ou qui
l’avoient dérangée par leurs profufions, Se réunirent
pour aller envahir des pays riches & fertiles.
Ces colonies, devenues indépendantes de leurs
métropoles , confervoient de l'attachement pour
elles. L'Italie, l'A friq ue, & Sur-tout l'Afîe mineure
, furent peuplées de grecs qui, tranfplantés
dans une nouvelle terre,y portèrent leurs arts & leurs
vices. La Grèce fe trouva débarraffée de citoyens inquiets
& turbulens, accablés de leur inutilité , '
& d’autant plus dangereux que c en ’eft que dans <
Je trouble & la eonfufion qu’ils trouvent le moyen
de rétablir, leur fortune. Ces émigrations , en
affurant la tranquillité des villes, les laifloient dans
un état de langueur & de foibleffe, & en réprimant
l'ambition des conquêtes,, elles étouffoient
le germe du courage qu'infpire la confiance de
Ses forces.
Quoiqu'elles n'euffent point de guerres étrangères
à Soutenir, elles ne furent pas long-temps
Sans s’appereevoir qu'elles avoient dans leur conl-
titution une caufe de foibleffe & dè diffolution.
Les magistrats n'étoienç que les dépolîtaires & les
ministres de la loi ; & comme on n'avoit pas déterminé
leur pouvoir d'une manière affez précife»
ils étoient fans ceffe expofés à la tentation -de
Toutrepaffcr. Le citoyen qui voulait bien respecter
un, che f, eraignoit en pbéiffant de recpnnoî-
tre un maître : la nobleffe , orgueilleufe de fes
riivilèges , infultoit au peuple qui Se çroyoit foi-
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mé d'un Sang auffi pur que. celui des nobles. I l
n'y avoit point de rebelles dans les villes, mais
elles étoient pleines de mécontens : & , s'il fe fût
trouvé^ quelque ambitieux » la république fédérative
eût eu la honte de recevoir les loix d'un tyran.
Des hommes d’un efprit fupérieur, touchés
des malheurs de leur patrie , fentirent la nécef-
fite d’introduire une légiflatson nouvelle j Licur-
gue fut le premier qui ofa le tenter, & il réuffit.
D ’un affemblage d'hommes vils & obfcurs , il fit
un peuple de héros, & fonexemple eut par tout
des imitateurs qui créèrent des nommes, puisqu’ils,
leur donnèrent des talens & des moeurs.
Les grecs étoientnaturellement belliqueux. Leurs
troupes étoient composées de citoyens, de mercenaires
& d'efclaves. Tout citoyen étoit defiiné,
en naiffant, à la profeflîon des armes. Les athéniens
endoffoient la cuiraffe à dix-huit ans. Ils
s'obligeoient par Serment à Servir jufqu'à Soixante.
Chaqu'e claffe fourniffoit le nombre de Soldats
proportionné aux befoins de la patrie. A Sparte ,
on n’étoit agrégé dans la milice qu’à trente ans.
Mais alors le fpartiate avoit fait un Savant ap-
prentiffage de la guerre, & , nourri dans l’obéif-
Sance, il avoit tous les talens néceffaires pour
commander. Chacun d’eux commandoit à quatre
ou cinq ilotes , qui n’étoient point qualifiés du
titre honorable de foldats. Ainfi une armée , composée
de huit mille Spartiates, pouvoit former
un affemblage de quarante millè hommes. La nature
du pays, coupé de bois & de montagnes,
rendoit la cavalerie plus embarraffante qu’utile.
Toutes leurs forces confiftoient en" infanterie*
qu’on divifoit eh différens corps, à-peu-près comme
nos régimens. Chaque corps étoit diftribué
en quatre compagnies de cent vingt - huit hommes
, mais ces divifîons changeoient Souvent. Les
foldats pefarament armés portoiënt un bouclier ,
une lance, un javelot & une épée. Les troupes
légères, qu’on pla^oit à la tête, n'avoient qu'un
f arc & une frondé. Il y avoit auffi un corps dç
troupes, qui combattoit fur des^ chars traînés par
des chevaux. Les hapites fureur les premiers de
la G rèce, qui combattirent à cheval, & le s th e f-
faliens étoient les plus habiles cavaliers. On ne
recevoit dans la cavalerie que les hommes riches
& d'une complexion robufte.
Les noms de foldats étoient infcrits fur les re-
giftrgs publics. Le tréfor public leur fourniffoit
la pique & le bouclier.
Dans les premiers fiècles, les rots commandoient
les armées , & ceux qui n'avoient ni le courage
ni la capacité de remplir ce glorieux devoir, em-
ployoient leurs lieutenans qu'on appelîoit pole-r^
marques. Après l'extinéfion de la tyrannie, cha*-
que tribu créa un préteur j & pour éviter toute
jaloufie entre des généraux revêtus d'un pouvoir
égal, ils commandoient chacun leur jour. Cet
ufage entraîneroit parmi nous tant d'abus qu'il
feroit bien ridicule, mais, comme nous l'avons
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Üit fouvent, on ne peut juger les nations anciennes
, d'après ce qui fe pafle aujourd nui en Europe.
Les grecs, fans être auffi grands navigateurs que
les tyriens & les carthaginois, fe rendirent redoutables
par leur marine. Leurs vaiffeaux de guerre
étoient fort longs : on les appelîoit biremes, trirèmes
& quinqueremes , félon le nombre des rameurs
difpofés par étage. On eft fort embarraue
iorfqu'il s'agit d'en donner la defcripùon. On a ,
peine à concevoir comment on pouvoit manier la .
rame d'un cinquième étage. t ‘
Les grecs avoient hors de la Grece de nombreu-
fes colonies. I , ,
i° . Dans l'Etolie : Cumes, Phocee, Elée.
1°. Dans l’ Ionie : Smyrne, Clazomene, T e o s .
Colophon . Ephèfe. „ . .
1°. Dans la Doride : Halicarnaffe. Cmdus.
Ils en avoient encore dans la Sicile & dans une
partie de l’Italie, vers la Calabre ; & comme elles
étoient en grand nombre, on leur donna le nom
de grande Grèce.
La Grèce entière' n’étoit pas d’une auCfi grande
étendue qu’on pourroit le croire, en fongeant que
ce peuple tint tête aux armées innombrables des
perles : fon étendue n’excédoit pas le quart de
fa France ; mais Harrington a tres-bien prouve,
dans YOceana , que jamais un peuple libre n a ete
vaincu par des peuples efclaves, a moins que fa
conftitution ne futvicieufe , & les perfes ne triomphèrent
des grecs que lorfque les républiques de
la Grèce furent corrompues. . .
Nous avons parlé ailleurs de ces vices des républiques
grecques : nous avons dit comment &
à quelle époque elles fe corrompirent, & les
principes répandus dans tout le cours de cet
ouvrage-* expliquent affez la decadence de la
Grèce. . . .
Grèce moderne. On déiigne aujourd hui fous
le nom de Grèce, divers pays dont pluileurs n e-
toient pas autrefois compris fous ce nom : lavoir,
ï? . la Romanie ou Rumelie , qui etoit la Thrace
des anciens : z°. la Macédoine qui renferme le
Jamboli, la Comenolitarie & la Janna : 1 A lbanie
: 4°. la Livadie : 5°. la Morée, autrefois
le Peloponnèfe : 6°. l’ille de Candie , autrefois
Crète : 70. les illes de l’Archipel. au nombre de
quarante-trois. t
Cette étendue de pays eft bornée a l’eft par
la mer Egée , au nord par les provinces du Danube
, à l ’oueft & au fud par une partie de la
Méditerranée. Le gouvernement politique eft confié
à deux bachas, le bacha de Romelie & le
capitan-bacha- Celui de Romelie a fous lui vingt-
quatre fangiacs ; le capitan-bacha. qui eft 1 amiral
de l’Archipel . a foùs fes ordres treize fangiacs.
Nous parlerons à l’ article o t t o m a n ( em p ir e )
des vices de leur adminiftration.
Le Mahométifme eft la religion dominante î le
ciuiftianifme du rit grec, fuivi par le plus grand
(Scm. volât. & iiulomaùaue. Twe IU
nômbrê des habitans qui cultivent les ifles de l’Archipel
, y eft toléré.
L e commerce des ifles de l’Archipel conlifte en
huiles j vins. foies crues , miel , cire , coton ,
froment, & c . L ’ifle de Candie eft renommée
pour fes oliviers qui ne meurent que de vieilleffe,
parce qu’il n’ygele jamais. Chios eft célèbre pour
fon maftic & pour fes vins ; Andros, T in e , Thermie
& Zia pour leurs foies ; Mételin, qui eft
l’ancienne Lesbcts , pour fes vins & pour fes figues,
Naxie pour fon e'meric ; Milo pour fon
foufre ; Samos pour fon ocre s Siphanto pour ion
coton ; Skino pour fon froment j Amorgos pour
une efpèce de lichen, forte de plante propre à
teindre en rouge, & que les anglois confomment,
& c .
On ne retrouve, dans la Grèce moderne, aucune
trace de fon ancienne gloire & de la grandeur
paffée. Ses villes, autrefois fi nombreufes
& fi floriflantes, n’ofïrent aujourd'hui que des
monceaux de ruines ; fes provinces, jadis fi belles
& fi fertiles, font défertes & fans culture. La
pefanteut du joug ottoman y accable les habitans,
& leur phyfionomie feule annonce des ef-
prits abattus. Voye%_ O t t o m a n ( em p ir e ).
GREFFIER des Etats-Généraux desProvinces-
Unies. C ’eft le titre du fecrètaire de leurs Hautes
Puiffances,
C e t officier affifte régulièrement aux affemblées
des Etats - Généraux ; c’eft lui qui lit la prière
avant qu'on traite les 'affaires) pendant les délibérations
, il eft affis au bout de la table & couvert;
mais il fe tient debout, tète nue, Iorfqu’ il
lit des lettres, requêtes ou autres pièces, ce qui
eft une de fes fonâions. 11 écrit toutes les réfo-
lutions d’état ; il dreffe les inftruélions des mi-
niftres publics de la république, & il fait les lettres
aux princes étrangers. Il fcelle & expédie
auffi les ordres pour les généraux & les.comman-
dans , les loix & les édits des Etats - Généraux.
Il affifte aux conférences avec les miniftres
étrangers, & il y donne fa voix. 11 a fous lui
deux commis & plufieurs écrivains qui travaillent
tous les jours à la chancellerie.
Nous parlerons plus en détail de cette charge
& de fon importance, à l’ articlePr o v in c e s -
U nies.
G R E N A D E , ( nouveau royaume de ) partie
de l’Amérique méridionale , près du fleuve Ore-
noque, l’une des provinces de l’Amérique efpa-
gnole.
Le nouveau royaume de Grenade eft d’une très,
grande étendue. Son climat eft plus ou moins
humide, plus ou moins froid , plus ou moins
chaud , plus ou moins tempéré , félon la direction
des branches des cordelières, qui en coupent
les différentes parties. Peu de ces montagnes
font fufceptibl» de culture : mais la plut