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la concurrence des navigateurs européens a augmenté,
& que le nombre des noirs eft diminuée
Ces.dépenfes, étrangères au commerce , ne font
pas exactement les mêmes dans tous les marchés :
mais elles n éprouvent pas des variations importantes,
& font par-tout trop confidérables. C e
n'eft pas avec des métaux qu’on paye, mais avec
nos productions & nos marchandises. A l'excep-
tidn des portugais, toutes les nations donnent à.~
peu-près les mêmes yaleurs. C e font des fabres,
des fufils, de la -poudre à cation , du fer ,. jçjp
l ’eau-de-vie, des quincailleries , des tapis, de la
'Verroterie , des étoffes de laine, fur-tout des toiles
des Indes orientales, ou celles'que rE.urope
fabrique & peint fur leur modèle. Les peuples
du nord de la ligne ont adopté pour monnoie-un
petit coquillage blanc que nous leur apportons des
•Maldives. Au fud de la ligne , le commerce des
européens a de moins, cet objet d'échange. On y
fabrique pour ligne de valeur v une petite pièce
d'étoffe de paille de d ix -h u it pouces de long
fur douze de large , qui repréfente cinq de nos
fols.
Les nations européennes ont cru qu'il étoit
tuile à leur commerce d’avoir des établiffe-
mens dans l'Afrique occidentale. Les portugais
q u i, félon l'opinion commune, y étoient arrivés
les premiers, firent long-temps fans concurrence
le commerce des efclaves, parce que feuls ils
avoient formé des cultures en Amérique. Des
circonftances malheureufes les fournirent à l’Efpa-
gn e , & ils furent attaqués dans toutes les parues
du monde par le hoîlandois, qui avoir brifé les i
fers fous lefquels il gémilfoit. Les nouveaux républicains
triomphèrent fans de grands % efforts
d’un peuple aflervi, & plus facilement,qu’ailleurs
en Guinée, où l'on n'avoit préparé aucun moyen
de défenfe. Mais aufli-tôt que Lisbonne eut recouvré
fon indépendance, elle voulut reconquérir
les pofleflions dont on l’avôit dépouillée durant fon
efclavage-s. Le fuccès qu'elle eut dans le Brefil,
enhardirent Tes navigateurs à, tourner leurs voiles
vers l’Afrique. S'ils ne, réuflirent pas à rendre à
leur patrie tous fes anciens, droits, du moins fi -
rent-ils rentrer ën 16 48, fous fon empire, la
grande contrée du pays d'Angple, où elle, n'a
ce fié depuis de donner des loix. Le Portugal occupe
encore , dans, ces. vaffes mers, quelques
allés plus ou moins confidérables. Tels font les
débris qui font reliés à la cour de Lisbonne de
la domination quelle avoit établie , qui s'é-
tendoit depuis Geifcta jufqu'à la mer Rouge*. ;
La jouiffançe de çe,que,les hollandois arraché-?
rent d’une fi riche-dépouille, ,fut.abandonnée
par la république à la compagnie des Indes occidentales
, qui -s’ en étoiç emparée.; Le monopole
conffruifit desforts, il leva jd.es tributs;,* il S'attribua
là connoiffance d;e tous, les, différends: * il bfa
punir de mort tout Ce. qutLjugeoit» contraire i
fes intérêts j il fe permit même .de, traiter en eai ;
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nemîstous les navigateurs européens qifil trou*
voit dans les parages,, dont il s'attribuoit exclu-
frvement le commerce. Cette conduite ruina fi
entièrement le corps privilégié, qu'en 1750 il fe
vit requit à renoncer aux expéditions qu’il avoit
faires fans concurrent jufqu-à cette*époque.-Seulement
il fe réfeiya la propriété des forts, dont
la défenfe & l’entretien lui coûtèrent régulièrement
280,p co florins ou 616,000 liv. Pour leur
approvifionnement, i l expédie tous les ans un
vaiiTeau, à moins que les navires marchands qui
fréquentent ces parages , ne veuillent fe charger
de voiturer les munitions pour un fret modique.
Quelquefois même il ufe du droit qu’il s’eft ré-
t fervé d’envoyer douze fo.ldats fur tout bâtiment,
en payant 79 liv. .4 f. pour le paffage & lariour-
riture de chacun d’eux.
Les directeurs des différens comptoirs peuvent
acheter des efclaves, en donnant 44 liv. par tête-
à la fociété dont ils dépendent : mais ils font obliges
de les vendre en Afrique même, & la loi leur
défend de les envoyer'pour leur compte dans le
nouveau-Monde.
Ces régions font actuellement ouvertes à tous
les fujets ,de la république. Leurs obligations envers
la compagnie fe réduifent à lui payer. 46 liv.
14 f. pour chacun des tonneaux que contiennent
leurs navires, j & trois pour cent de toutes les
denrées qu’ils rapportent d’Amérique en Europe^
Dans les premiers temps de la liberté* le commerce
de l’o r , de l’ivqjre, de la cir;e , du bois
rouge, de l’efpèçe de poivre, connue fous le,nom
; de malaguette^i: ,occtipoit plusieurs bâtiméns. On
n'en expédie. plus aucun pour ces objets , dont
; quelques parties font chargées fur les navires envoyés
pour acheter des noirs-.
Le nombre de ,ces navires ,r la plupart de d'eux
cents tonneaux, & depuis vingt-huit jufqu'à trente-
fix hommes d’équipage;, s’élevoit autrefois chaque
année-à; vingt-cinq: ou trente , .qui traitoient
| fîx ou fept mille, .efclaves,. Il elt fort diminué ,
j depuis, que la bailfè. du- .café a mis les colonies
■ hors d'état, de payer ces cargaisons. La province.
’ de Hollande .prend quelque part à ce honteux tra-
‘ fie : mais c’eft la Zélande qui le fait principalement.;,
. i
Les déplorables victimes de cette avidité cruelle’
font difperfées dans; lés divers ét-ahliffemens que
les Provinces-'Ünies ont formés aux! files ou dans
le continent de .l'Amérique. On de.vroit les y ex-
pofer ; publique ment & les. débiter, en: détail:: mais
ce réglement n'eft pas toujours obfervé. il;arrive*
même affez . fouveht qu*uri armateur, en faifant
fa venté juconvianindid', prix -auquel il livrera le£
efclaves au v:oyage:fuivant. ;
G e fut en »f içz :ïqjueîlô'.'pavillon anglois parut.
poiir;la;pramijère fdtslr>fur des. cotes, obcidental.es
de <]{'Afrique. Lespné^ereiansr qui .y trafiquoiént,.
formèrent., frehtç-huk .ans après * une afibeia-
tion cfue * I fuivant un.-, u£ag.e .alors général A • 01$
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gratifia d'un privilège exclufif. Cette fociétë '&
celles qui la fuivirenjt', virent leurs vaiffeaux foutent
confifqués -par les portugais, & enfuite par
les hollandois qui fe prétendoient fouvèrains de
ces contrées : mais, à la fin , la paix de Breda mit
pour toujours un terme à ces tyranniques perfec
tion s . .
Les rifles; angloifes du nouveau - Monde com-
mençoient alors à demander un grand, nombre
d’efclaves pour l'exploitation de leurs terres. C e-
t'oit un moyen infaillible de profpérité pour les
corps chargés de fournir ces cultivateurs. Cepen- ■
dant ces compagnies, qui fe fuccedoient avec une
extrême rapidité, fe ruindient toutes & retar- .
doient , par leur indolence ou par leurs infidélités
, le progrès des colonies dont la nation s'é-
toit pro'mife de fi grands avantages.
■ L'indignation publique 'contre un pareil défor-- .
dre fe manifefta en 1697, d’une manière fi violente
que le gouvernement fe vit forcé d'autorifer
les particuliers à fréquenter l’Afrique occidentale
, mais tous la condition qu’ils donneroienc dix
pour cent au monopole pour l’entretien des forts
élevés dans cette région. Le privilège,, lui-même :
fut anéanti dans la fuite. Depuis 17-49, ce commerce
eft ouvert fans frais à tous .les navigateurs
anglois , & c’eft le fife qui s’eft chargé lui-même
des dépenfes de fouveraineté. .
Depuis la paix de 1763 , la Grande-Bretagne a
envoyé tous les ans aux côtes de Guinée environ
ifirnavires . formant enfemble vingt-trois mille
tonneaux , 8c montés de fept ou huit mille hommes.
Liverpool en a expédié un peu plus de la
moitié ; le refte eft parti de Londres, de Briftol
& de Lancallre. Ils ont traité 40.C00 efclaves. La
plus grande partie a été vendue aux ifles angloifes
des Indes occidentales & dans l’Amérique fepten-.
trionale. C e qui n’a pas trouvé un débouché.dans
ces marchés, a été introduit .en fraude .ou publiquement
dans les colonies des autres nations.
C e grand commerce n’a pas été conduit fur des
principes uniformes. La partie fde la côte , qui
commence au Cap'Blanc & finit au Caps "Rouge ,
fut mife en 1763 fous l’infpeélion immédiate du
miniftèrp. Depuis cette époque, jufqu’en 1778^,
les dépenfes civiles & militaires de cet établiiTe-
ment ont monté à 4,Q 50,00»,liv. , fomme que la
nasion a trouvé trop forte pour les avantages
qu’elle a retirés.
C ’eft.un comité choifi par les négocians eux-
mêmes , & formé par neuf députés, trois de Liverpool,
trois de Londres & trois de Briftol ,
qui doit prendre foin des loges répandues depuis
le Gap Rouge.jufqu’ à la ligne. Quoique le parlement
ait annuellement accordé 4 ou 500,000 liv.
pour l’entretien de ces petits forts , ils font la
plupart en ruine : mais ils fout défendus par là
difficulté du débarquement.
11 n’y a,point de comptoir anglois fur le refte
de l’Afrique occidentale. Chaque armateur, s’y
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cbnûuît de la manière qu'il juge la plus convenable
à fes intérêts, fans gêne & fans proteébort
particulière. Gomme la concurrence eft plus grande
dans ces ports que dans les autres, les navigateurs
de la nation s'en font éloignés peu à peu ,
& à peine traitent-ils annuellement deux mille efclaves
dans des marchés où autrefois ils en ache-
toient douze ou^quinze mille.
On ne peut guère douter que les françois n'aient»
paru avant leurs*rivaux fur-ces plages fauvages y
mais ils les perdirent entièrement de vue.'Ce ne’
fût qu'en 1621 qu'ils recommencèrent à y faire
voir leur pavillon. L'établiffement qu'ils formèrent
à cette époque, dans-leSénégal, dut en 1678
quelque accroiffement à la terreur qu'imprimoient
lès armes viéfeorieufes de Louis X IV . C e commencement
de puifiance devint la proie d'un ennemi
redoutable fous lé règne de Ton fucceffeur. D'antres
comptoirs, élevés fucceflivement & devenus;
inutiles dans les mains du monopole , avoient
déjà été abandonnés. A u fli, faute de lo g e s l a
traite de cette nation a-t-elle toujours été infuffi-
faute pour fes riches colonies. Elle ne leur a fourn
i, dans fa plus grande activité, que treize à
quatorze mille efclaves chaque année.
Les danois s'établirent dans ces contrées il y a
plus d’ un fiècle.
En ; 17 ƒ 4 , la cour de Danemârck permit le
commerce de la Guinée à tous les citoyens, à condition
qu’ils payeroient 12 liv. au fife pour chaque
nègre qu’ils introduiroient dans les files da-
noifes du nouveau-Monde. Cette liberté fe rédui-
f ît , année commune, à l'achat de cinq cens efclaves.
Une pareille inaction détermina le gouvernement
à écouter, en 176.5-, les ouvertures d’un
étranger, qui offroit de donner à ce vil commerce
J ’ extenfion convenable, & on-le déchargea de
l'impôt dont il.avoit été grevé. La nouvelle expérience
fut tout-à-fait malheureufe , parce que
l’auteur du projet ne put jamais réunir au-delà de
70,000 écris pour l’exécution de fes entre pii fes.
,En 1776 , il fallut revenir au fyftême abandonné
onze ans auparavant.
Chriftiansbourg:j& Frederisbourg font les feuls
comptoirs un-peu fortifiés ; les autres ne font que
de fimples loges. Pour la fomme de 5 3-, 160 liv. ,
la couronne entretient dans les cic\q établifîemens
62 hommes , dont quelques-uns font noirs. Si les
magafins étoient convenablement approvifionnés ,
. il feroit facile de traiter tous les ans deux mille
efclaves. Dans l’état aéhiel des chofes, on n'eri
achète que douze cents, livrés la plupart aux nations
étrangères , parce qu’ il ne fe préfente pas
de navigateurs danois pour les enlever.
La couronne d’Efpagne a reçu fucceflivement *
tantôt ouvertement & tantôt en fraude , fes ef-
claves des génois, des portugais , des François &
des anglois. Pour fortir de cette dépendance,
| elle s'eft fait céder , dans les traités de 1777 ÔC
1 de 1778 , par la cour de Lisbonne Æ les ifles d’A