
chofe suffi (impie. Enfin , la refolution n eft pas
énoncée d’une manière affez f>recile i & le lens
littéral eft certainement contraire à l’intention du
congrès, car il s'enfuivroit que les députes d'une
province pourroient, contre le y,oeu de leur province
& celui de la majorité des membres du
congrès j y fiéger trois ans^ , au-lieu d un , s ils
pouvoient corrompre , trois ans de fuite , fept
députés de lept états differens. Sans doute cette
corruption eft d'une impoffibilité prefque morale ;
mais dans les tems de trouble, & lotfque des faétions
divifent les états, on voit des chofes plus extraordinaires,
& pourquoi s’expofer à un’ jjareil Ldanger ?
L'adte fédératif permet au congres d'etabhr un
comité des états pour l'adminiftration des affaires
durant fes vacances ; mais il ne dit rien de plus.
On délibéra, en 1784, fur détendue du pouvoir
qu’on accorderoit à ce comité des états , & le
26 avril, d'après le travail du comité particulier
qu'on chargea de cette opération , il fut décidé
«c Que le comité des états auroit tous les j^oit?
» voirs qui peuvent être exercés par fept états
» alfemblés en congrès, excepte celui d envoyer
no des ambaffadeurs, des miniftres, des; envoyés,
„ des réfidens ou des confuls j d établir des re-
oo gles pour décider quelles feront les prifes faites
os légalement par terre ou par mer j & de quelle
,, manière les prifes faites par les forces de terre
» & de mer, au fervice des Etats-Unis, feront
» divifées ou appropriées ; d'établir des cours
» pour recevoir & juger definitivement lès appels
M en cas de prifes .5 d’ établir d’autres tribunaux
„ pour terminer les difputes qui s eleveront entre
33 deux ou plufieurs états j de fixer lés étalons des
n poids & des mefures -des Etats-Unis 5 de charn
» ger le tarif des droits fur les lettres & les pa-
„ quets remis à la pofte établie par le congres,
,, & d’ annuller ou d’enfreindre aucune ordonnance
» du congrès. , -. .
» Que neuf membres feront neceffaires pour
» expédier une affaire quelconque. -
» Qu'aucune queftion, exceptee celle de l a-
„ ioumement d'un jour à l'autre | ne fera deter-
„ minée fans la concurrence de fépt voix , &c.
Il y a eu un comité des états a la fin de 1 année
1784 ; mais c’eft le feul qu’on ait vu. | ,
Le congrès s’ eft affemblé jufqu a prefent a Phi-
ladelphie, à Trentown & à Annapolis, & il eft
aujourd'hui d la Nouvelle-York ; mais on n a pas
encore fixé d'une maniéré invariable le heu ou il
s'affemblera déformais : on prefume qu il tiendra
fes féances à George -Tow n fur la PatoWmak ,
lotfque les terres affignées aux nouveaux eru« auro
n t une population affez. confiderablepour faire
nartie de la ligue. Cette ville eft tres-bien choi-
fie * elle fe trouve dans l’interieur des terres" &
au centre des provinces qui compoferont alors l’union
américaine. Il eft bon de dire les motiftqui en-
eaeèrentle congrès en 1783 a quitter Philadelphie.
Les foldats de quelques brigades continentales pof-
tées dans la Penfylvanie, fe révoltèrent, & on n’a
jamais fu s’ils en vouloient au congrès ou au gouvernement
de Penfylvanie, ou s’ils vouloient feulement
être payés de ce qu’on leur devoit. Le
congrès qui fe trouvoit à la portée des rebelles ,
montra de l’indignation & de la fermeté.
11 ne voulut pas écouter les propofîtions des
mutins 5 il prit des réfolutions vigoureufes qu’on
peut voir dans fon journal à la date du 21 juin.
1783. Il s’ ajourna enfuite, comme s’il n’y avoit
point eu de troubles , & les délégués fe rendirent ;
a leurs maifons en paffant au milieu des féditieux.
Il eut enfuite lieu de fe plaindre des mefures que
prit M. Dickenfon, préfident de Y état de Penfylvanie
, pour punir cette infulte, & neuf jours
après, il s’ affembla à Prince-Town dans la province
de Jerfey. Les habitans de la Penfylvanie
lui envoyèrent des requêtes > ils témoignèrent leur
indignation de ce qui s’étoit palfé j ils lui montrèrent
du dévouement & le defir dé le protéger j
) ils le prièrent enfin de revenir à Philadelphie.
Dès que lé corps légiflatif de la Penfylvanie fut
affemblé, il fit les mêmes démarches : la puiffance
exécutrice, dont l’ irrréfolution avoit été fi blâmable
, effayadefe juftifier > mais le congrès crut qu’il
étoit bon de donner un exemple, & il ne retourna
point à Philadelphie.
Les membres du congrès ne font pas payés de
la même manière j quelques-uns ont une fomme
fixe de 4 à 8 piaftres par jour, d’ autres font défrayés,
& on leur fait en outre un traitement de
2 , 3 ou 4 piaftres par jour.
Durant la guerre, aucun des wighs n’ a defirë
de voir fa province fe détacher de la confédération
: mais les torys auroient été bien aifes dans
tous lès temps de voir la confédération fe diffou-1
d re , même par parcelles 5 ils ëfpéroient un accommodement
avec la Grande - Bretagne. Depuis la
paix, les citoyens, des diverfes provinces ont murmuré
quelquefois des décrets du congrès 5 mais,
ces murmures ont été bien foiblès : on rend juf-
tice à la fageffe de ce corps y il a la confiance des
états ; la plupart des torys ont quitté les nouvelles
républiques, & ceux qui s’y trouvent encore fe
taifent, ou ils adoptent l’opinion du' plus grand
nombre, & la confédération s’ affermit de plus en
plus. La province de Rhode-Island, qui a donné
d’abord des fujets de mécontentemefis, revient a
la raifon. On ne fait fi fes citoyens fongeoient à
fe détacher de l’union , ou fi leur expulfion les
eut beaucoup affligé. S’ils montrent encore de
l’aveuglénient & de l’opiniâtreté , la fecouffe qui
réfultera des moyens violèps qu’ il faudra employer
contre eux fera ménagée avec adreffe , & on
peut prédire que la ligue confervera toute fa force.
F b y e z /RH O D E - ISLAND.
S e c t i o n V I Ie.
De la dette & des finances des Etats-Unis. Détail*
exafts far thifioire du papier-monnoie & fur fort
ânèantijfèment.
Tout ce que nous avons écris fur les Etats-Unis,
aura du moins le mérite de l’exa&itudej mais, 1
avant de parler.de leurs finances & de leurs dettes
, nous obferverons aule&eur qu il peut compter
fur la jufteffe & la précifion des details dans
lefqüels nous allons entrer. Cette remarque eit
d’autant plus néceffaire, qu’on troqve par-tout
des états de finances fi menteurs & finaux qu ils
féduifent à peine les fots 5 & qu'il n en eft pas
de ces matières comme des queftions de politique
ou de morale, où l’on peut, d’apres des fuppoii-
«ions inexactes, faire encore des raifonnemens utiles,
Les‘ reffources que les Etats-Unis ont tire du
papier-monnoie pendant les hoftilites , & 1 anéanti
flement paifible qu’il a fu b i, font bien extraordinaires
;. mais une remarque hiftorique fuffira
pour expliquer la fingularite de ce fait. ^
33 A la naiffance des colonies, les efpeces y
33 avoient la même valeur que dans la métropole.
30 Leur rareté les fit bientôt hauffer d un tiers. Cet
,, inconvénient ne fut pas réparé par 1 abondance.
,3 des efpèces quivenoient des colonies efpagno-
33. les , parce qu’on étoit obligé de les faire paffer
s, en Angleterre, pour y payer les marchan.difes
sa dont oh avoit befoin. C ’étoit un gouffre qui
33 tariffoit la circulation dans les ‘colonises. Il fal-
33 loit pourtant un moyen d’échange. A 1 exception.
33 de la Virginie, toutes les provinces le cher-
33 chèrent dans la création d’ un papier-monnoie.
33 L’ufage qu’en firent les divers gouvernemens,
33 fut d’abord affez modéré. Mais les brouillenes
33 avec les fauvages fe multiplièrent : mais on eut
33 des guerres contre le Canada : mais des efprits
■ w'iatdens formèrent des projets compliques &
» vaftes î mais le tréfor public fut confie a des
.33_ mains avides ou peu exercées. Alors cette ref-
3:>' fource Yut pouffée plus loin qu’il ne cdnvenoit.
« Inutilement il fut créé , dans les premiers tems,
» des impôts pour payer l’intérêt des obligations,
33 pour retirer, à des époques convenues , les
obligations elles-mêmes. De nouveaux befoins^
» occafionnèrent de nouvelles dettes. Les enga-
|| gemens furent portés prefque généralement au-
*> delà de tous les excès. Dans la Penfylvanie
33 feule, les billets d’état cônfervèrent, fans in-
33 terruption , leur valeur entière. Leur réputation
33 fut altérée dans deux ou trois autres colonies, fans
33 y être tout-à-fait détruite. Mais, dans les deux
33 tare-fines & dans les quatre provinces qui for-
«3 moient plus particuliérement la Nouvelle - An-
33 gleterre,, ils fe trouvèrent tellement avilis par
33 leur abondance , qu’ ils n’y avoient plus de cours
33 à aucun prix. Maffachufett qui avoit pris l’Ifle
33 royale fur la France', reçut de la métropole en
33 dedommagement 4,050,000 livres. Avec ce nu-
» méraire ,■ elle retira de fon papier une fomme
33 douze fois plus fortes & ceux qui reçurent
33 l’argent, crurent avoir fait un très-bon marché.
33 Le parlement d’Angleterre qui voyoit le défordre,
33 fit quelques efforts pour y remédier. Jamais ces
33 mefures ne îéuftirent que très-imparfaitement
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indépendance , l’ufage du papier-monnpie & fon
diferédif leur étoient tres-familiers. Dans les années
qui précédèrent la révolution, lorfque les
provinces avoient befoin de plus d'argent qu elles
ne pouvoient en lever par des taxes, ta plupart
mettoient en circulation des notes ou du papier-
monnoie. La colonie qui adoptoit cet expédient,
s'engageoit à payer au porteur la fomme indiquée
par le papier-monnoie. Quelques - unes des provinces
ne fixoient pas l'epoque du paiement, tx
ne l’affuroient par aucun impôt. Le papier-monnoie
de celles - ci perdoit de fa valeur j mais le
papier-monnoie des provinces qui fixoient époque
du paiement, qui mettoient affez de taxes
pour le rembourfer , & qui le rembourfoient avec
exaéljtude, ou avant l’ échéance , etoit aufii el-
timé que l’or & l’ argent. Le congrès -n’avoit point
de tréfor , lorfqu’on le chargea de' la conduite de
la guerre. Le commerce extérieur des differentes
colonies fe trouvant arrêté , le fermier ne vendoit
pas les productions de fes terres, & il man-
quoit des moyens de payer des taxes. Le papier-
monnoie fut donc la feule reffource du congres.
Mais ce corps ne pouvant établir des impôts
pour le rachat des billets, fut réduit a promettre
feulement qu'on mettroit des taxes qui les rache-
teroient un jour. 11 ne prévit pas la longue duree
de la guerre, la fuppreffion prefque totale du
commerce & d’autres événemens'' qui l'ont mis
dans l'impoflibilité de tenir fa parole.; o u , s il
les p rév it, l'indépendance & la liberté lui parurent
fi précieufes, qu'afin de les obtenir, il crut
devoir tromper les citoyens & les exciter a la
guerre , par des pronaerfes d'argent qui jamais ne
fe .réaliferoient. La valeur du papier-monnoie lut
une année au pair de celle de 1 argent & de 1 or. La.
guerre obligea enfuite le congres a en répandre une
quantité qui. excéda toute proportion avec les métaux
ou le papier qui fervent ordinairement de
moyen de circulation , & il commença a devenir
à meilleur marché : il perdit de fa valeur, comme
l’ or & l'argent eux-mêmes en auroient perdu, il
on les eût jette dans le public avec la^ meme
profufion ; & n'ayant pas la valeur intrinsèque de
ces métaux , la dépréciation fut plus rapide oc
plus grande que celle de l’or & de 1 argent n auroit
pu l’être. Au bout de deux ans, fa valeur
ne fut plus que de moitié , c’eft-à-dire , qu avec
une piaftre d’argent on achetoit deux piaftres de
■ papier ; en trois ans il tomba à quatre pour un ;
neuf mois après,' fa valeur fut de dix pour un,
& dans les fix mois fuivans , c eft-a-dire, au mois
de feptembre 1779 , il s’échangeoit à vingt pour
un. Le congrès , allarmé des fuites qu entratne-
roit la perte de cette reffource, fentit combien
il étoit important d'arrêter la dépréciation. Il décida
d'àbord qu’ il ne mettroit pas en circulation
plus de 100 millions de piaftres de papier-mon-
noie , Sr les billets qui étoient dans le public ,
montoient à-péu-près à cette fomme. 10 piaftres
du nouveau papier - monnoie alloient procurer a