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•part des:pTaînes, :1a plupart des vallées qui les ?é-
parent offrent un foi fertile.
Précis de l'Hiftoire politique de cet êtablijfement.
Même avant la conquête, le pays étoit fort peu
habité. Au milieu des fauvages qui le parcouroient,
s’étoit cependant formée une nation qui avoir
une religion, un gouvernement, une culture > &
qui., qüoiqu’ inférieure.aux méxicains & au x péruviens
, s’étoit élevée beaucoup au-deflus de tous
les autres peuples de T Amérique. N i Thiftoire,
ni la tradition, ne nous apprennent comment avoit
été créé cet état : mais on doit croire qu’il a
exifté, quoiqu’il ne refte aucune trace de fa civilisation.
C e royaume, s’ il eft permis de le fervir de 1
cette expreflion, fe nommoit Bogota. Benalcazar, ;
qui commandoit à Quito, l’attaqua en 1526, du ;
côté du fud , & Quefada, qui avoit débarqué à
Sainte-Marthe, l’ attaqua du côté du nord.
Des hommes unis entr’eux , accoutumés à combattre
enfemble, conduits par un chef abfolu :
ces hommes dévoient faire & firent en effet quelque
réfiftance i mais il fallut enfin céder à la valeur,
aux armes,à la difcipline de l’Europe. Les.deux capitaines
efpagnols eurent la gloire, puifqu’ on veut que
ç ’en foit une, d’ajouter une grande pofïeffion à
celles dont leurs fouverains s’étoient laiffés fur-r
charger dans cet autre hémifphère.* Avec le
temps, les provinces plus ou moins éloignées
de ce centre , fe fournirent en partie. Nous difons
en partie , parce que l’organifation du pays eft
te lle , qu’il ne fut jamais poffible d’en Subjuguer
les habitans, & que Ceux d’entr’ eux qui avoient
reçu des fers , lés brifoient auffi-tôrqu’ils avoient
le courage de le bien vouloir. Il n’ eft pas même
fans quelque vraifemblance , que la plupart au-
roient pris cette détermination , fi on les eut
aflujettis à ces travaux deftruéteurs qui ontcaufé
tant de ravages dans les autres parties du nou-
veau-Monde.
Quelques écrivains ont parlé avec un enthou-
fiafme prefque fans exemple , des richefles qui
fortirent d’abord du nouveau royaume. Ils les
firent monter au point d’étonner les imaginations
— les plus avides du merveilleux. Jamais peut-être
«n ne pouffa fi loin l’exagération. Si la réalité
eût feulement approché des fables., cette grande
profpérité feroit confignée dans des regiftr.es publics
, ainfi que celles de toutes les colonies véritablement
intérefïàntes. D ’autres monumens en
auroient perpétué le fouvenir. Dans aucun temps,
ces tréfors n*exiftèrent donc que fous la plume
d’un petit nombre d’auteurs naturellement crédules
, ou qui fe laiffoient entraîner par l’efpoir
d’ ajouter à lVclat • dont déjà briEoit leur patrie.
Productions commerce du nouveau royaume de Grenade.
Le nouveau royaume fournit aujourd’huiTé-
meraude , pierre précieufe , tranfparente , de cou-
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Jetir v erte, & qui n’a guère plus de duretéqU|}
le criftal de roche.
Quelques contrées de l’Europe fourniffent des
émeraudes , mais très-imparfaites & peu recherchées.
On a cru long-temps que les émeraudes d’un
vert ga i, venoient des Grandes-Indes, & c’eft
pour cela qu’on les appelloit orientales. Cette
opinion a été abandonnée , lorfque ceux qui la
défendoient fe font vus dans l’impuiflance de
nommer les lieux où elles fe formoient. Actuellement,
il eft établi que l’Afie ne nous a jamais
vendu de ces pierreries , que ce qu’elle-même
en avoit reçu d'un nouvel hémifphère.
C ’eft donc à l’Amérique feule qu appartiennent
les belles émeraudes. Les premiers conqué-
rans du Pérou en trouvèrent beaucoup qu’ils bri—
fèrent fur des enclumes, dans la perfuafion où
étoient ces aventuriers , qu’elles ne dévoient pas
fe brifer fi elles étoient fines. Çette perte deve»
noit pJus fenfible par l’impoffibilité de découvrir
la mine dont les Incas les avoient tirées. La
nouvelle Grenade ne tarda pas à remplir le vuide*
Cette région nous envoie maintenant moins de
ces pierreries, foit qu’elles Soient devenues plus
rares, foit que la mode en ait diminué dans nos
climats. Mais l’or qui en vient eft plus abondant
j & ce font les provinces du Popayan &
du Choca qui le fourniffent. On l’obtient fans
de grands dangers & fans des dépenfes eonfidé-
rables.
Ge précieux métal, qu’ ailleurs il faut arracher
aux entrailles des rochers, des montagnes
ou des abymes , fe trouve prefque à la fuper-
ficie de la terre. Il eft mêlé avec e lle , mars des
lavages plus ou moins fou vent répétés, l’en fé-
parent aiîez. aifément. Les noirs , qui ne font jamais
employés dans les mines-qui ont de la profondeur
, parce que l’expérience a démontré que
les fraîcheurs les y faifoient périr très rapidement,
les noirs-font chargés feuls de ces travaux
pénibles. L ’ufage eft que ces efclaves rendent
à leurs maîtres une quantité d’or détermif
née. Ce:qu’ils en peuvent ramaffer, de plus leur
appartient, ainfi que ce qu’ils eh trouvent dans
les jours confacrés au repos --par la religion,
mais, fous la condition formelle de pourvoir à
leur nourriture pendant ces fêtes. Par ces axran-
gemens., les plus laborieux-, les .plus économes *
les.plus heureux d’entr’eux font en éta t, un peu
plus tô t , un peu plus tard, d’acheter leur liberté.
Alors ils lèvent leurs yeux jufqu’aux efc
pagnols. A lors, ils mêlent leur fang avec celui
de ces ; conquérans.
Administration, gouvernement, mines 3 rejfoürces;
& remarques générales. La cour de.Madrid étoit mécontente
qu’une région dont on lui exaltoit-
fans ceffe les avantages n a tu r e ls lu i envoyât fi
peu d’objets, & lui envoyât fi peu de chacun-
L ’éloignement où étoit ce vafte pays de l'atus»»
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fîté établie à Lima , pour gouverner toute l*Amé- !
rique méridionale, devoit être une des principale
s caufes de cette ina&ion. Une furveillance
plus immédiate pouvoir lui communiquer plus
de mouvement, & un mouvement plus régulier.
Ôn la Jui donna. La vice-royauté du Pérou fut
coupée en deux. Celle qu’en 1718 on établit
dans la nouvelle Grenade, fut formée fur la mer
du nord, de tout l’efpace qui s’étend depuis les
frontières du Mexique jufqu’ à l’Orenoque, &
fur la mer du fud de celui qui commence a
Veragua & qui finit à Tumbès. Dans l’intérieur
des terres, le Quito y fut incorporé. ^ f
Cette innovation , quoique fage, quoique ne-
ceffaire, ne produifit pas d’abord le grand bien
qu’on s’en étoit promis. Il faut beaucoup de
temps pour former de bons adminiftrateurs. Il en
faut peut-être davantage pour établir l’ordre , &
pour rappeller au travail, des générations énervées
par deux fiècles de fainéantife & de libertinage.
La révolution a cependant commencé à
s’opérer 5 & l’Efpagne en retire d éjà. quelques
fruits.
La moitié de l’or que ramaffe la colonie, paf-
foit en fraude à l’étranger i & c ’étoit principalement
par les rivières d’Atrato & de la Hache.
On s’eft rendu maître de leur cours, par des
fores placés convenablement. Malgré ces précautions
, il fe fera de la contrebande tout -le temps
que les efpagrtols & leurs voifins auront intérêt
à s’y livrer : mais elle fera moindre qu’elle ne
l’ étoit. Les ports de la métropole enverront plus
de marchandifes & recevront plus de métaux.
La communication entr’une province & une
autre province , entr’ une ville & une autre v ille,
entr’une bourgade même & une autre bourgade,
étoit difficile ou impraticable. Tout voyageur
étoit plus ou moins expofé à être pillé, à être
maffacré par les indiens indépendans. Ces ennemis
, autrefois implacables, cèdent peu à peu aux
invitations des millionnaires qui ont le courage
de leS aller chercher, & aux témoignages de bien-
* veillance , qui ont enfin remplacé les férocités fi
généralement pratiquées dans le Nouveau-Monde.
Si cet efprit de douceur fe perpétue, les fauvages
de cette contrée pourront etre un jour tous
civilisés & tous Sédentaires.,
Malgré la bontér connue d’une grande partie
du territoire , plufieurs des provinces qui forment
le nouveau rdyaume , tiroient leur fubfif-
tance de l’Europe ou de l’Amérique Septentrionale.
On s’eft vu enfin en état de proferire Jes
farines étrangères dans toute l’ étendue de lavice-
royaüté, d’en fournir même à Cuba. Lorfque. les
moyens ne manqueront plus , les cultures- particulières
au NouVeau-Monde feront établies'fur
les côtes : mais la difficulté, la cherté des transports
, ne permettront guère à l’ intérieur du pays,
d’en poufïer les récoltes au-delà de la confom-
mation locale. L e voeu des peuples q u i l ’habi-
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tônt, fe borne généralement à l’extenfion des
mines»
Tout annonce qu’ elles font comme innombrables
dans le nouveau royaume. La qualité du Toi
les indique. Les tremblemens de terre prefque
journaliers en tirent leur origine. C ’ eft de leur
fein que doit couler tout l’or qu’entraînent habituellement
les rivières > & c’étoit d’ elles qu etoic
fqrti celui que les efpagnols , à; leur arrivée dan,
le Nouveau-Monde , arrachèrent fur les côtes
en fi grande quantité aux fauvages. A Mariquita ,
à M u fo , à Pampelune, à Tacayma , à Canave-
rales, ce ne font pas de fimples conjeélures. L e ,
grandes mines qui s’y trouvent vont être ouvert
tes j & l’ on efpèje qu’ elles ne feront pas moins
abondantes que celles de la vallée de Neyva ,
qu’on exploite avec tant de fuccès depuis quelque
temps. Ces nouvelles richeffes iront fe réunir
à celles de Choco & du- Popayan, dan,
Santa-Fé de Bogota, capitale de la vice-royauté,
La ville eft fituée au pied d'un mont fourcil-
leux & fro id , à l’entrée d'une vafte & fuperbe
plaine. Én 17 7 4 , elle avoit dix-fept cents foi-
xante-dix tnaifons,; trois mille deux cents qua-
rante-Iïx familles, & feize mille deux cens trente-
trois habitans. La population y doit augmenter !
puifque c’eft le fiége du gouvernement, le lieu
de la fabrication des monnoies, ' l ’entrepôt du
commerce ; puifqu’ enfin. c’ eft la réfidence^ d’un
archevêque dont‘.îa jurifdiélion immédiate s’étend
fur trente-une bourgades.efpagnoles qu'on appelle
villes, fur cent quatre - vingt - quinze peuplades
d’indiens , anciennement affujettis, fur vingt-huit
millions établies dans des temps modernes , &
q u i, comme métropolitain , a aufli une forte
d’ infpeélion fut les diocèfes de Quito , de Panama
, deCaraque, de Sainte-Marthe & de Car-
thagène.1 C ’ eft par cette dernière place , quoiqii’é-
loignée de cent liéues, & par la rivière de la
Magdelainé, que Santa-Fé entretient fa communication
avec l’Europe. La même route fert pour
Quito. * - f , , .
Nous avons parlé fort en détail, à l’article
Espagne , du produit des poffefllons efpagnoles
en Amérique, de leur régime & de leur importance
plüs ou moins grande. Voyez cet article ,
& voye^ aufli les articles C h i l y , P é r o u , Mex
iqu e , C u m a n a , Q u it o , &_les articles particuliers
de toutes les contrées que poffède la
cour de Madrid dans le continent de l’Amérique.
G r en ad e ( i f l e ) , l’une-des Antilles. Cette me,
cédée aux anglois par le traité de 17Ê3, prife
par les françois pendant la dernière guerre , &
rendue par le traité de 1 7 8 1 , a vingt-une lieues
de circonférence, fix dans fon plus grand diamètre
qui eft du nord au fu d , & quatre de l’eft 1 l'oueft. Son terrein , quoique fort haché, eft
prefque généralement fertile, & fufceptible de
quelque culture, fuivant fa qualité & fon expo