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E a u x e t f o r ê t s . | j | § $ îeD ia ion -
naire de Jurirprudence.
EBERSTE1N , comté d’Allemagne : il eft fitué
le long de la forêt N o ire , entre le duché de Wir-
temberg & le marquifat de Bade. 11 eft coupé par
la rivière de Murg , fur laquelle on flotte des bois
qu’on conduit au Rhin. Les anciens comtes d’£-
buftein > établis en Souabe , diffèrent absolument
de la famille faxonne de ce nom. Le premier ,
dont on ait quelques notions certaines, s’appelloit,
Bsrtkaud , & vivoit vers l’an i i io . Everard l’ainé,.
fon petit-fils , laiflfa deux enfans, Everard le jeune
& Otton l’aîné, qui fondèrent deux branches.
Agnès, fille du premier , époufa le comte Henri
fécond de Deux - Ponts } & Simon joignit du
vivant de fa mère, aux titres & aux àrmes de
fa famille, le titre & les armes du comte d'Eberf-
tein , dont il prit en même-temps h régence ; mais
ayant perdu le tout par un decret judiciaire , fes
defcendans renoncèrent dès-lors àu titre & aux
armes d‘ Eberjlein 3 en confervant toutefois un grand
nombre de domaines fitués de l’ autre côté du
Rhin, lefquels paroiffent provenir de cettë fuccef-
fion. Othon Taine ayant hérité des terres de fon
père, à Texclufion de fa foeur Agnès, biffa un fils,
comu fous le nom d’ Otton le jeune, qui en 1283
vendit le quart du château de l’ ancien Eberjlein à
Rodolphe, margrave de Bade , qui avoit époufé
fa foeur. Son fils Henri I continua cette famille par
fon fils Henri I I , qui eut deux enfans , Guelphe
& Guillaume I. Guelphe vendit, en 1387 & 1389,
fa portion du comté d’Eberjlein au margrave Rodolphe
de Bade j mais Guillaume I eut pour fils
Bernard I , dont le fils Jean donna, en 14c3 , fa
part du château d3Eberjlein aux margraves Charles
& Bernard de Bade, q u i, par cette donation, en
devinrent les poffeffeurs exclufifs. Le comte Bernard
I I I , fils de Jean, maître de toutes les terres
qui reftoient à la maifon d’Eberjlein. , conclut,
en 1 yof avec le margrave Chriftophe de Bade
une convention, dans laquelle il promit que lui &
fes fucceffeurs feroient les confeillers & ferviteurs
du marquifat de Bâde ; que le comté d’Eberjlein
jufqu’ alors divifé, lui feroit réuni 3 que la jurif-
diétion, amfi que tout le refie de Tadminiflration,
à l’exception d’ un petit nombre d’articles, feroient
exercées en commun j que la* foi & hommage des
fujets fe recevroient de meme, & qu’enfin une paix
éternelle feroit jurée & obfervée de part & d’autre
dans tous les châteaux , villes & boùrgs dé-
pendans du comté indivis A1 Eberjlein. Il fut fli-
pulé de plus , que fi l’un ou l’autre des contrac-
tans fe trouvoit dans le cas d’engager ou de vendre
fa portion, il feroit tenu de l’offrir préféra- |
blement & deux mois d’avance, à fon co-feigneur.
C ’eft en vertu de ce traité que tout le comte d’£ -
berdein paffa à la maifon de Bade en 1660, après
la mort du comte Gafimir, dernier mâle de cette
famille. Lès comtes portoient d’abord d'argent à
une rôle de gueules \ mais ils y joignirent^ dans
la fuite, d’or à un fanglier de fable, apparemment
peur avoir des armes parlantes, attendu qu*Eber
lignifie en allemand un verrat. La branche aînée
de la maifon de Bade a pofTédé ce comté jufqu’ à
fon extinélion, & en 1711 il a paffé à celle de
Bade-Dourlac, quia réuni tous les états de fes
ancêtres. Il forme un grand bailliage & , malgré
la réunion, il a confervé fes officiers, . tandis que
les communautés luthériennes qui s’y trouvent,
ont été foumifes à la jurifdiélion de la furinten-
dance eccléfiaftique de Carlsruhe. Il donne au
margrave de Bade voix & féance à la diète de
l’Empire, dans le collège des comtes de Souabe>
ainfi qu’aux affemblées du cercle. L ’ancienne taxe
matriculaire du comté d'Eberjlein étoit de quatre
fantaflins, ou de feize florins par mois. II paye
pour l’entretien de la chambre impériale 10 rixd.
73 kr. EoyqT’articlé'BADE. .
^ E C H A N G E , f. m. C e mot a plufieurs acceptions.
Dans fon fens primitif, il lignifie le troc
qu’on fait d’une chofe contre une autre j c’eft
d’ailleurs une convention ou contrat, par lequel
deux perfonnes fe tranfportent mutuellement &
réciproquement deux propriétés.
L ’échange 3 dans le fens le plus étendu, eft la
communication réciproque des rapports entre le s .
hommes.
L ’échange a été le premier moyen employé par
les hommes pour faire le/Commerce. Plufieurs nations
fauvages ou barbares ont confervé cet , ufage,
& Ton ne trafique encore chez elles que par
échanges.
Nous allons confîdérer Téchange , fous le point
de vue qui convient plus particuliérement à l’économie
politique.
Tout eft rapport entre les hommes > c’eft ce qui
maintient & conftitue la vie humaine & la fociété.
Le mouvement & le jeu de ces rapports établirent
le commerce d’individu à individu, & de
fociété à fociété. Tout eft comrhèrce & jeu de
rapports dans le monde civil & politique.
Les rapports embraffent bientôt le commerce j
car il n’eft point de commerce fans rapports 5 mais
le commerce ne remplit pas toute letendue des
rapports. En effet, il eft bien des rapports qui
confiftent en avances, qui doivent être reftituees
& non pas échangées. Or 13échange eft proprement
ce qui fait Teffence du commerce.
Celui dont la loi fuprême & bienfaifante voulut
que le grain, confié pendant quelques mois à
la terre, en . produifit vingt ou trente , félon les
lieux & les circonftances*, ordonna du même trait
la fociété de l’homme avec fon femblable, fes rapports
avec fon affocié, & Y échange qui eft Tex-
preffion de ces rapports.
Eh effet, l’homme ne peut confommer tout ce
que fon travail peut produire, & les produits de
ce travail ne peuvent fournir qu’ à un feul article
de fes befoins. Chacun de ces befoins demande
une occupation abfolument étrangère à l’autre.
C ’eft préçifément cette ligne de démarcation <jui
décide la néceflité de fe rejoindre par des rapports
dont l’objet eft Y échange j l’un offre l’excë*
dant de fa récolte en bled par-delà fa provifion,
pour obtenir le v in , la laine , ou le laitage fuper-
flu de fon voifin; Y échange fe conclud, & l’oeuvre
de tranfmutatiôn du fuperflu en néceffaire eft
le fruit de cet échange , & le lien de la fociété.
U échange eft donc d’inftitution première ; il né-
ceflite les rapports, comme ceux-ci néceflitent la
fociété.
Cette façon fimple & vraie de confîdérer les
échanges, diflipe les illufîons de cette politique
triviale & miope qui divife, pour ainfi dire , le
commerce en deux feélions , dont Tune eft de
vendre, & l’ autre d’acheter. Le trafic ou commerce
des revendeurs, qui achètent d’une main
pour revendre de l’autre ; ( forte de fervice qui,
dans l’ampliation des fociétés & Textenfîon des
rapports, s’eft placée entre les producteurs & les
confommateurs pour la commodité des rapports
& la facilité des échanges ) le trafic a .produit
cetté illufion dont il a fu profiter.
Il eft certain qu’ un marchand, par exemple ,
qui achète du fucre en Amérique pour le revendre
en Europe, fait deux opérations très - diftinéles
fur la meme denrée ; mais ce même marchand ,
en allant acheter du fucre en Amérique , y a porté
du bled ou du vin qu’ il a vendu , & avec l’ argent
tiré de la vente de fon bled il a acheté du
fucre : mais l’ argent ne fait rien à cela, il y a
toujours un échange de fucre contre fon bled, ou ,
fi vous voulez, de fon fucre contre de l’argent
qui repréfentoit fon bled, & il a ainfi acheté ou
vendu tout-àda-fois, ou , fi vous l’ aimez mieux ,
il n’a fait ni l’un ni l’ autre, il a feulement échangé
fon bled contre du fucre. Dans tous les cas , en
un mot, nul n’eft vendeur qu’il ne foit acheteur
en même-temps , & nul n’eft acheteur qu’il ne
foit vendeur.
' Cependant, à en croire la politique mercantile,
qui dans certains tempsaféduit tous lesefprits,
il faut faire fleurir le commerce national, il importe
que la nation devienne marchande , & le
terme & le fuccès de cette fpéculation feroit que
la nation vendît de tout & n’achetât de rien. C e
feroit en ^effet un fingulier marchand & bientôt
riche que celui qui auroit le privilège de toujours
vendre & de point acheter ; mais cela n’ eft pas
poflible. Cependant il femble que ce foit le but
de ceux qui veulent que les nations agricoles foient
en même-temps fabricantes 5 car puifqu’elles font
agricoles, elles ont de droit les denrées de la première
main} & , fi elles font fabricantes aufli ,
que r e lie ra - 1 - il donc aux autres ? & comment
pourra-t-on leur vendre fans leur rien acheter ?
Mais ici l’énigme s’explique, & , pour fe conformer
à notre langage, on confent à acheter l’argent de
l’étranger ; & , pour cela, de lui vendre des denrées
& des marchandifes : c’ eft-Ià le but & l’ effet
du bon commerce, & , chacun de fon côré tirant
à l’argent, on joue au plus adroit, au plus vigilant
& au plus fo r t, pour voir à qui l’argent demeurera
; & celui q u i, au bout de Tan, a de fon
côté le fort, a pour lu i, dit-on, la balance du
commerce.
La raifon fpécieufe de cette préférence eft que
la nation qui a l’ argent, a tout le relie à volonté ,
l’argent repréfentant toutes chofes, & les faifant
bientôt accourir à Y échange, par le moyen de ce
préjugé univerfel de préférence. Il faut donc attirer
l’argent dans l’état, empêcher l’argent de for-
tir de l’état, & voilà l’objet fixe & confiant de
cette politique. Mais qui attireroit fans ceffe l’ argent
aans ma poche, la feroit bientôt crever &
moi àuffi fous un poids inutile$ & l’on veut qu’une
multitude de poches foient d’un autre calibre que
celle d’un particulier, cela n’eft pas clair. •>
L’argent, dit-on, doit circuler entre regnicoles,,
mais ne pas aller à l’étranger ; il me femble que
la poche d’un brabançon n’eft pas plus étrangère à
celle d’un flamand que celle d’un voifin à la mien-'
ne- C e correélif n’ eft pas clair encore.
Dans le fa it,; il ne peut y avoir d’argent utile
dans un état que celui qui eft en circulation, &
qui favorife les échanges ; tout autre numéraire ne
fert à rien, ou fert à nuire comme à créer des
rentes ou faciliter les déprédations. Il ne peut y
avoir de circulation qif autant qu’il y a de con-
fommation en denrées ou en marchandifes; & il ne
peut y avoir de confommation, de celle du moins qui
fe paye par échange, qu’autant qu’ il y a de revenu 5
c a r , fur le produit total annuel qui fe confomme
en entier dans une année, tout ce qui fe confomme
par ceux qui le font naître , ou par les dépenfes
que leurs coadjudans font en nature, n’a pas be-
foin d’argent pour le repréfenter. Il fe prend au
ta s , ou fe livre en nature de la main à la main.
Il n’y a que les chofes qu’on jchange, pour lef-
quetles l’argent foit néceflaire 5 & quant à ce point,
la malle totale des échanges eft repréfentée par le
premier de tous les échanges, je veux dire* par
le revenu.
Les propriétaires, en donnant leurs terres à cultiver
à un agriculteur quelconque, fe font réfervé
le tiers, le quart, les deux cinquièmes ou la moitié
du produit. Cette p a r t, y compris celle du
fouverain ou autres part-prenants > s’ il en eft > doit