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priétés territoriales , appartenantes aux Etats-
Unis.
6°. Leurs gouvememens refpeétifs feront républicains.
7 . Les terres des propriétaires non réfidens
ne feront dans aucun cas taxées plus que celles
des citoyens qui réfident dans ces nouveaux
états.
8°. Lorfqu’ un de ces nouveaux états aura le
meme nombre d’habitans libres que le moins
peuplé des treize états primitifs , cet état fera
admis au congrès de l'union fur le même pied
que les états primitifs , s'il obtient le consente-,
ment du nombre des provinces qui fera nécef-
faire alors pour cette admiffion > & afin , d'adapter
les articles de l'aéte fédératif, à la polition
où fe trouvera le congrès, quand le nombre des
provinces fera ainfï augmente , on propofera aux
. légiflatures des états primitifs de requérir le con-
fentement des deux tiers des Etats-Unis jaffem-
blés en congrès , dnns tous les cas où le paéte de
l'union exige maintenant les fuffrages de neuf
états 5 & fi ce changement a lieu, les nouveaux
états feront obligés de s'y foumettre. Lorfqu'une
de ces nouvelles provinces aura établi un gouvernement
provifoire, elle pourra avant d'être
admife à la confédération, envoyer au congrès
un député dont la voix fera confultative, mais
non pas délibérative.
Jufqu'à l'époque où on aura établi des formes
de gouvernement provifoire, les Etats-Unis
alfemblés en congrès auront le droit d'ordonner
de tems à autres les mefures qui fieront d'accord
avec les principes de la confédération , & nécessaires
pour le maintien de la paix & du bon
ordre parmi ceux qui habiteront les nouvelles
provinces.
Les difpofitions ci-delfus ont été déclarées
fondamentales entre les treize états primitifs &
chacune des nouvelles provinces , & inaltérables
fi ce n’eft du confentement réuni des Etats
Unis affembles en congrès , & de Y état particulier
dans lequel on propofera cette altération.
Lorfque le congrès eut fixé l'étendue.& les
bornes des nouvaux états qui fe formeront dans
le territoire de l'oueft j lorfqu’il eut publié les
loix fondamentales de ces établiffemens, il lui
reftoit à ordonner en détail ce qui a rapport à
la reconnoilfance, l'arpentage, la fous-divifion ,
la vente ou la çonceflion de ces terreius, &
c'eft ce qu il fit environ un mois après, par une
longue ordonnance du 20 Mai 178ƒ.
Cette ordonnance eft très^détaillée , & on peut !
Ja lire dans le journal du congrès. Nous nous
contenterons d'en indiquer, ici les principaux
articles.’
M Des arpenteurs de chaque état 3 choifis
■ " P?r le congrès ou par le comité des états 3
“ marqueront d'abord des tranches, & enfuite
*>des banlieues qui contiendront plufieurs lots
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d un mille quarre ou^de <340 acre s, & qui
«feront defignes par les numéros 1. 2. 3. & c .
y Quand on aura arpenté fept rangs de ban-
« lieues & de fubdiviiions de banlieues du fud
« au nord, le Géographe en remettra les plans
« au bureau du trefor , qui les ènregiftrera avec
Ü raP P°rt, & ii remettra de femblables plans
« & rapport, lorfque fept rangs nouveaux auront
« ete arpentés. Le fecretaire d'état au dépar-
« tement de la guerre confultera ces plans, &
« prendra le leptieme des banlieues & des fub-
« a qu'il s'agira de vendre en gros ou par
M ' ,ot é afi? de )es diftribuer aux officiers. & fol-
” dats qui ont fervi dans l'armée continentale,
« & ainfi de fuite , jufqu'à ce qu'il ait obtenu
« une quantité fuffifante de banlieues, & de lots
« pour 1 armée. On expliquera plus bas comment -
« fe fera la difiribution de ces banlieues & de
« ces lots de l'armée. Le tréfor de l'union pren-
« dra polfeffion des fix autres parties au nom des
» treize Etats-Unis , & il les diltribuera aux di-
« verfes républiques , conformément à la règle
» de proportion qu'on a fuivi dans les derniers
« contingens demandés aux provinces.
« Le trefor de l’union remettra au bureau
« d'emprunt de chaque état une copie des plans
, « originaux ou feront marquées les banlieues &
« fubdiviiions échues à chaque province, & le « bureau d'emprunt de chaque état procédera à
W Yente publique des banlieues ou fubdiviiions.
« Mais aucune portion de ce terrein ne fera
» vendue au-deflous d'une* piaftre par acre, paya-
1 ble en efpeces ou en billets du bureau d'em-
« prunt reduCtibles d'après les tables de dépré-
« ciation , ou en billets de dettes liquidées des
» Etats-Unis 3 outre les frais d'arpentages & au-
« t r e s , qui font eftimés à 3 6 piaftres par ban-
« lieue. Le paiement s'en fera tout de fuite, finon
« les terres feront remifes en vente.
« On réfervera pour les Etats- Unis dans chaque
53 banlieue , les quatre lots marqués 8 , 1 1 , 26 ,
” 295 & dans chaque fubdivifion de banlieue»
» autant de lots des mêmes numéros. Le lot
» n°. 16 de chaque banlieue fera auffi réfervé
» pour l'entretien des écoles publiques de cette
» baujieue > on réfervera en outre la troifieme
» partie des mines d 'o r , d'argent, de plomb &
» de cuivre que le Congrès vendra, ou dont il
»difpofera par la fuite.
» Quand une banlieue ou fubdivifion aura été
» vendue en total & payée , le bureau d'emprunt
» délivrera l'aéte en vertu duquel les acquéreurs
» entreront en polfeffion.
» Le congrès par fa réfolution des 16 & 18
«feptembre 17 76 , & du 12 août 1780, àvoit
» promis des terres aux Officiers & à quelques fob
«datsj par fa réfolution du 22 feptembre 1780 ,
« i l avoit promis d'autres, terres à quelques em-
» ployés -dans les hôpitaux de l'armée, & le fe-
» cretaire $état au département de la guerre fa-«
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» tisfera à ces engagemens avec les banlieues ou
« fubdiviiions réfervées à l’armée.
»On réferve trois banlieues adjacentes au lac
» Erie, dont le congrès difpofera en faveur des
.» officiers, habitans & autres réfugiés du Canada,
» & des réfugiés de la Nouvelle - Ecolfe, qui
» ont obtenu du congrès , ou qui obtiendront
» des titres fur ces terres , ou dont il fera l'emploi
» qu'il jugera convenable.
» Les bourgades de Guadenhutten, Schoenbrun
» & Salem , fur la Muskingum, avec l'arrondif-
» fement que le géographe jugera nécelfaire , ainfi
» que les bâtimens & autres ouvrages qui s'y
»trouvent , feront . réfervés aux fauvages qui,
» après avoir embralfé le chriftianifme , s'établi-
» rent autrefois dans ces lieux, ou au refte de
» cette fociété ».
Le dernier article de l'ordonnance réferve ex-
preffément les droits des officiers ou des foldats à
» qui la république de Virginie a promis des terres
» au nord-oueft de l'Ohio.
Il feroit difficile d'indiquer à quelle époque
on aura fini l'arpentage du territoire de l'oueft ,
& commencé les établiffemens dans tous les points.
Les arrangemens à faire avec les fauvages feront
peut-être longs ; ils entraîneront des hoftiütés, &
nous dirons plus bas avec quelle douceur il convient
de traiter ces malheureufes peuplades , &
avec quelles précautions adroites il faudra les re •
pouffer hors des limites des Etats-Unis.
Quoi qu'il en foit, d'après les réglemens du
congrès, le territoire de l'Oueft contiendra probablement
feize nouveaux Etats , & fi on y ajoute
le Maine & le diftriét de Fermont3 qui ne s'y
trouvent pas compris , l'union américaine fera un
jour compofée de trente-une provinces, ou trente-
un états différens.
A quelle époque l'union américaine contiendra
t-elle un auffi grand nombre d'états ? Les remar-
' ques que nous avons faites plus haut fur la population
pourront l'expliquer j mais il paroît que
dans peu d'années les diftriéts de Kentucke 3 de
Frankland, de V ermont & du Maine formeront
des républiques indépendantes, & qu'on verra
' bientôt au congrès les députés d'au moins dix-fept j
provinces.
Nous allons indiquer plus en détail ce qui a *
rapport aux diftriCtsde Kentucue 3 de Frankland & !
du Maine.
Le diftrid: de Kentucke fe trouve dans ce qu'on
appelle le territoire de l'oueft j il s'eft peuplé au
milieu de la guerre, car c'eft en 1771 qu'on a
commencé les premiers établiffemens , & malgré
tant de circonftances défavorables, la colonie a
pris un accroiffement fi prodigieux qu'on y compte
aujourd'hui plus de trente mille habitans , & une
milice de cinq mille hommes.
M. Filfon vient de publier une defeription de
la colonie de Kentucke, avec une carte très-exafte,
& quoique fon ouvrage renferme des erreurs , les
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faits que nous allons en tirer font atteftés d'ailleurs.
La nouvelle colonie de Kentucke eft établie à
l'oueft, & fur les derrières de la Virginie. Sa partie
centrale eft par 38 degrés & demi de latitude ,
& 85 de longitude. Elle eft bornée au nord par
le grand Sandy-Creek 3 au nord-oueft par l'Ohio
(qu'on appelle autrement la belle r iv iè r e ) , au
fud, par la Caroline feptentrionale, & à l'eft
par les montagnes de Cumberland : fa longueur eft
d'environ 2jo milles, & fa largeur de 200. Le pays
eft très-favorifé de la nature , il. eft entrecoupé
d'une multitude de rivières & de ruiffeaux qui
arrofent unfol plus ou moins fertile, où croif-
fent fans culture diverfes plantes utiles, & plu—
fieurs efpeces d'arbreschargés de bons fruits: telle
eft la douceur du climat qu'on y compte à peine
trois mois d'hiver , & l'air y eft plus fain que dans
les autres parties de l'Amérique.
La première connoiffance du pays de Kentuçke
ne remonte pas au-delà de 17^4 > d fut négligé
jufqu'en 17 6 7 , époque à laquelle le commerce
des pelleteries y attira quelques Anglois ; mais
ce n’eft qu'en 1769 qu'on l'a .reconnu avec foin.
Nous ne parlerons pas ici des terreins que quelques
particuliers ont achetés des fauvages, & du
rachat que le congrès a fait de ces terreins : nous
ne dirons rien non plus du mécontentement des
fauvages, ou des guerres qui en ont été la fuite :
on peut lire ces détails dans l’hiftoire ou la defeription
de Kentucke.
La nouvelle colonie eft déjà divifée en trois
comtés » qu'on nomme Lincoln , la Fayette &
Jefferfon : on y a bâti huit villes, ou pour mieux
d ire, huit bourgs, & fa population aéluelle de
. trente mille habitans eft d'autant plus extraordinaire
, qu'elle s'eft formée au milieu de la guerre ,
& depuis 17 75 , c'eft-à-dire en moins de dix ans.
Le fol y rapporte de cinquante à foixante , &
quelquefois cent pour un. L'opinion générale des
colons eft qu'il produit environ trente boiffeaux
de froment & de feigle par acre 5 mais il perd un
peu de fa fertilité après cinq ans de culture.
On dit dans la tradu&ion françoife de l’ouvrage
deM. Filfon, que-la canne à fucre & le eaffier y
font indigènes > mais une latitude fi élevée ne
convient pas à la canne à fucre & au eaffier,
& c'eft une erreur du traducteur ou de l'auteur.
Les rivières n'ont point de fauts , & elles font
navigables pour des bateaux prefque à leur fource.
La fertilité des terreins n'eft pas la meme par-tout >
les colons les diftinguent en terres de première , de
fécondé & troifieme qualité.
Kentucke produit du feten abondance , & chacun
fait combien cet article eft important pour une colonie
agricole. Il y a des mines de fer & de plomb,
& la terre y offre les deux métaux les plus précieux
à. l'homme.
La pofition de Kentucke n'eft pas auffi défit*