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s'eft livré à l'exagération, & qu*îl faut fe défiet
également des détracteurs & des panégyriftes. Le
gouvernement fi vanté de l'antique Egypte n'avoit
pas toute la fagefle qu'on lui a prêtée 3 mais il s'oc-
cupoit à quelques égards du bonheur des peuples
j l'induftrie des fujets éroit extrême, & on
lent jufqu'à quel point ces deux caufes durent influer
fur la culture, & par conféquént fur la fertilité
du fol. Il n'eft pas befoin d'aller en Egypte,
pour affiner que fous l'autorité de la Porte , ou
fous l'autorité plus cruelle & plus défaltreufe encore
des beys, les terres font mal cultivées : &
èxcepté les pays nouveaux , fa terre n'eft jamais
bien fertile, lorfqu'on la cultive & qu'on la feigne
mal.
La fîtuation de VEgypte eft très - avantageufe
pour le commerce. Le voifinage de la Méditerranée
lui facilite la communication avec une partie
de l'A fie , la Grèce, l’Italie , l'Efpagne 3 3c vers
les côtes orientales de l’Afrique, la mer-Rouge
lui ouvre la route de la Perfe & des Indes orientales
, fans parler de l'avantage qu'elle retire de
fa proximité avec l'Arabie, toujours fertile en parfums
& aromates. Le commerce y étoit floriffant,
dès le temps des patriarches > des earayanesy con-
duifoient des chameaux chargés de marclîandifes
précieufes qu'elles, allaient prendre à Galaad. Jo-
feph fut vendu paFfes frères dans une de ces caravanes.
On voit , par l’hiftoire de ce patriarche,
q ue , dès ce temps, Y Egypte fertile en grains en
faifoit un commerce confîdérable.
Les caravanes mufulmanes qui ont lieu chaque
année, font compofées de marchands 3c dé pèlerins.
Le grand-feigneur donne le quart des revenus
de YEgypte pouf les frais de la caravane qui
va du Caire à la Mecque, & qui eft quelquefois
compofée de 40,000 hommes & de 8 à 10,000 chameaux.
L'ufage ordinaire eft de refter trois jours
à la Mecque, d'où l'on fe rend enfuite à Médine
pour vifiter le tombeau'de Mahomet. La caravane
a fon retour fe charge du tréfor & des revenus
deftinés au grand-feigneur.
L'intendant de la morinoie du Grand - Caire a
affuré M. Savary que la caravane d'Abyffinie a’p-
porcoit toutes les années pour plus de 4 millions
de poudre d 'o r , dont on fabrique des fequîns.
Par un traité conclu le 7 mars 177 y , entre le
premier des beys & M . Haftings, gouverneur pour
la Grande-Bretagne , dans le Bengale, les anglois
établis aux Indes font autorifés à introduire & à
faire circuler, dans l'intérieur de YEgypte, toutes
les marchandifes qu'il leur plaira, en payant îîx
& demi pour cent fur celles qui viendront du
Gange 3c de Madrafs, & huit pour cent fur
celles qui auront été*chargées à Bombay & à Surate.
Quelques vaifleaux anglois font venus à Suez,
& le fuccès a furpaffe les efpérances 3 mais il y a
lieu de croire que cette convention eft aujourd’hui
de peu d'effet, & il eft difficile de prévoir fi elle
en produira davantage lorfîjuç la tranquillité fera
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rétablie en Egypte. Si la cour ottomane & les arabes
ne traverfoiént pas la nouvelle communication $
lî le port de S uez , que les fables achèvent de
combler, étoit réparé > fi les féditions qui boule-
verfent fans cefle les rives du N i l , pouvoient enfin
s'arrêter, on verroit peut-être les liaifons de
l'Europe avec l'Afie reprendre, en tout ou en partie
, leur ancien canal 3 ou plutôt cette nouvelle
route du commerce, apès avoir joui un moment
de quelque éclat, ne tarderoit pas à être abandonnée.
Les négocions de Marfeilïe ont follicité à la coût
de France le privilège de faire , par YEgypte , le
commerce de l'Inde : l'un d'eux , dont je connois
les lumières &r la probité, s'eft chargé de cette
négociation, & on dit qu'elle a réuflî à Verfailles;
mais a - t - o n fait des conventions avec les beys
Egypte ? peut-on efpérer deies obtenir ? 3c lorfqu'on
les aura obtenu, le commerce pourra-t-il
compter fur la tranquillité dont il a befoin ? Il y
a lieu de croire que le projet eft calculé avec foin ;
les détails 3c l’efpèce de fanétion que lui a donné
le gouvernement,: font encore inconnus, .& nous ne
nous aviferons pas de le critiquer. Noüs nous bornerons
à des remarques générales : a-t-on bien étudié
les difficultés de la navigation de la mer-
Rouge , 8c a-t-on lu les voyages que les anglois
ont publié fur cette partie de l ’océan ? Peut-on
attendre de tous les batimens de commerce l'adrefle
& le courage néceflaires à cette navigation ? croit-
on réellement pouvoir fouftraire à l'avidité des pachas
ou des beys, les marchandifes de l'Europe
ou de l'Afie qui pafferont en Égypte ?
Il y a long-temps qu'il eft queftion d’une communication
aux Indes orientales par le port de Suez j
mais on a déjà obfervé que ce ne feroit ni par le
golfe , ni par le port de Suez qu'on pourroit établir
la communication la plus avantageufe des Indes
à la Méditerranée. Quoique la navigation ne
fbit pas impraticable par le golfe de Suez, cependant
on ne..parvient jufqu'à ce port qu'avec des
navires d'une médiocre grandeur 3 les grands vaif-
feaux feroient obligés de s'arrêter à plus; de quatre-
vingt lieues de Suez , d'où il faudroit transporter
les marchandifes fur des navires qui tiraffent moins
d'eau , & avec lefquels on pût. éviter la quantité
innombrable des bancs de fable qui fe trouvent
vers la fin du golfe, à mefure qu'on apmgchedu
port de Suez. Le trajet par terre de Suez^aü Caire
eft encore d'environ 32 milles d'Allemagne, au
milieu du défert. Les marchandifes débarquées à
Suez ne pourroient ainfi fe tranfporter au Caire
que fur des chameaux5 car le projet d'un canal à.
faire , du port de Suez jufqu'à la branche la plus
orientale du N i l , eft-à tous égards une entreprife
impoffible, àcaufe.du fond trop fabloneux dans
lequel le canal devroitêtre creufé.j auffx ce canal,
commencé du temps- de Séfoftris, 8c dont on,voir
encore quelques veftiges à l'entrée du défert ea
approchant du N i l , fu t - il abandonné par cette
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même rai fon î 3c d’ ailleurs qui entrepren droit cet
ouvrage ? 8c y a-t-il lieu d'efpérer que les 'barbares
égyptiens confentiront à un pareil travail ? La
communication de la Méditerranée, par le port
de Suez, ne procureroit pas davantage^ la nation
même qui l'obtiendroit : 8c, dans l'etat actuel
des çhofes , il paroît qu'il faut renoncer au
commerce de l'Inde 3c de la Chine , ou fuivre
la route du Cap de Bonne-Efpérànce. Les négo-
cians calculent mieux que perfonneles frais d'une
expédition 3 mais quelquefois ils n'apperçoivent pas
tous les obftacles qui proviennent de la nature des
gouvernemens, de l'ignorance 3c de la barbarie
des peuples, ou des effets d'une .latte habitude, j
E H R E N F E L S ou E R N F E L S , feigneurie 1
d'Allemagne au cercle de Bavière. La feigneurie j
â'Ehrnfels, fituée fur la rivière de Laber dans la i
principauté de Neubourg, 3c le bailliage deBe- j
retzhauferi appartenoient ci-deyant à la famille de
Stauff en Bavière, qui acheta en 1432 des feigneurs
de Laber le bourg de Beretzhaufen, placé au- def- :
fous du fort d"Ehrenfels , & qui poffédoit d'a'lleurs
Sinching, place forte en baffe - Bavière , dans le
bailliàgé de Haidau. Au quinzième fiècle, les dy-
naftes de cette feigneurie commencèrent la ligne
d'Ehrenfels 8c celle de Sinching. Les mâles
de celle - ci s'éteignirent le fiècle fuivant, 3c les
femmes , à qui paffa la fucceflion , vendirent le
château 3c le territoire de Sinching aux nobles de
Senshéim. La ligne d’Ehrenfels , qui pofféda en
outre les châteaux de Kefering 3c de Triftlfing ,
dans le même bailliage de Haidau, fe ruinoit de !
jour en jour, en vendant fes domaines. Jean-Ber- !
nard de Stauff, dernier de ce 'nom, aliéna enfin
en ij'6 7 , fous la réferve de la directe 3 la feigneurie
à'Ehrenfels en faveur du comte palatin de :
Neubourg. Quoiqu’à la diète de l'Empire l'électeur
palatin , en fa qualité de duc de Neubourg ,
fe fa(Te légitimer par fes députés, par rapport à \
cette feigneurie, il refufe néanmoins de s'aggré-
ger pour elle à aucun college de comtes, & il
ne prend voix 3c féance qu'aux aflemblées du cer
cle de Bavière. Les mois romains à?Ehrenfels font
de 36 florins. Il eft à préfumer que fon contingent
pour l'entretien de la chambre impériale eft
compris dans celui de Neubourg, puifque la nouvelle
matricule* ufuelle n'en fait pas mention fépa-
rément. Voyeç l’article M a y e n c e .
EISCHSFELD , pays d'Allemagne, qui appartient
à l'éleéteur de Mayence. Voye-^ M a y e n c e .
E IS CH S T A T T . Voye^ A i c h s t a t t .
E ISEN A CH , ( principauté d'Allemagne au
cercle de haüte-Sâxe ) : elle eft fituée dans la Thu-
ringe ÿ la plupart de fes.domaines fe trouvent fur
la rivière de Werra 3c fur les confins de la Heffe :
il y en a une portion fur la Saale, à peu de dif-
tance de l'Unftrut, 3c une autre plus petite fur la
Géra. Le pays eft montueux & couvert de forêts 5
il ne produit pas affez de bled pour la fubfiftance
de fes habitans. Les contrées les^plus fertiles, font
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le bailliage d'Afttet 3c celui de Grofs-Rudeftett. Il
croît du vin dans les environs de Jena 5 mais il
n'eft pas d'une bonne qualité. , • f
Les habitans de cette principauté profeflent généralement
la religion luthérienne. Le corps de la
nobieffe renferme de très-anciennes familles : telles
font celles de Herda , des Utrerodes, des Wan-
genheim, 3cc.
Cette principauté appartient au duc de Saxe-
Weimar , à qui elle donne une voix dans les die-
te.s^de l'Empire 3c dans les affemblées du cercle.
Les collèges qui règlent les affaires d'état de
Cette principauté, font : la régence provinciale ,
la chambre des finances, le confiftoire fupérieur,
le collège des fubfides 3c des mines.
La principauté àlEifenach contient, i° . le bail-
Iiagë (YEifenach 3 20. celui de Krentzbourg 3 3^.
celui de Gerftungen 3 40. celui de Tiefenort ; 50.
celui de Groffen-Rudeftett 3c deRinglebèn 5 6°. la
feigneurie de Farnroda : cette feigneurie eft fituée
à peu de diftance à’ Eifenach 3 elle appartient aux
bourgraves de Kirchberg, qui en furent inveftis
en 1 y 3 2 par l'éleéleur Jean Frédéric ; mais elle eft
foumife a la fuperiorité territoriale de la maifon
de Saxe - Eifenach. Les lieux qui en dépendent,
font :
La ville & le bailliage de Jena,* qui appartinrent
autrefois à la branche de Jena.
Les comtes de Gleichen eurent autrefois'la feigneurie
du bailliage de Remda, qui, 'en 1631 >
fut donnée à l’Univerfîté de Jena par les ducs de
Saxe de la branche Erneftine.
Le bailliage d'AUftett eft fitué entre celui de Sau^*
gerhaufen , dépendant de la Saxe électorale, la
principauté de Querfurt & le bailliage de Wock-
ftett, .qui fait partie du comté de Mainfeld. C e
bailliage d'AUftett dépendoit autrefois du Palati-
nat de Saxe , dont il eft bon de parler ici. Allftett,
Querfurt & Eilleben font entourés d'un canton
dépendant du Palatinat de Saxe, où les rois &
les empereurs d'Allemagne établiflbient des comtes
palatins. Le roi Henri Ier conféra cette dignité
à Bourcard, & l'empereur Henri III au comte
Dedo de Gofeck , dans la famille duquel elle devint
héréditaire 5 mais Frédéric, comte palatin ,
ayant été tué en io y é , l'empereur Henri IV donna
ce Palatinat au comte de Sommerfebourg, dont
Frédéric , fils de celui qui fut tué en io y é , garda
une partie, en même temps qu'il conferva le titre
de cômtt palatin, que fa fille porta en mariage à
Hermann, landgrave de Thuringe. Albert, comte
palatin , mourut en 1180, & alors la partie de
ce Palatinat, qu'avoient occupée les comtes de
I Sommerfebourg, paffa à Louis , landgrave de Thuringe
, qui l’obtint, félon toutes les apparences ,
non de l'émpereur, mais de Henri , furnommé le
Lion, duc de Saxe : depuis cette époque , les
landgraves de Thuringe réunirent la totalité du
comté palatin. La race de ces landgraves s'éteignit
en 12 4 7 , par la mort de Henri Rafpo j c c