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cette province eft arrofée par d'autres rivières
moins coniîdérables.
Toutes ces rivières aboutiffent à des canaux ,
qui établiffent une communication entre les villes,
les bourgs & les villages de Hollanit. Ces canaux
font de la plus grande utilité. Pendant l’été,
des bâteaux tirés par des chevaux partent toutes
les heures d'un lieu à un autre ; l'on peut s'y
embarquer avec des marchandifes de toutes ef-
pèces, & commercer ainfi, à peu de frais, dans
l'intérieur de la province.
On eft étonne de la culture & de la population
de la Hollande. Elle contient 57 villes, huit
bourgs & enviroh 400 villages. L'on y a compté,
en 17 5 a, 163,461 maifons y Lavoir, 79,937 dans
les villes de la Hollande méridionale, & 46,931
dans le pays plat ; 11 ,15 4 dans- les villes de la
Hollande feptentrionale , & 15,419' dans le refte
de la province. En fuppofant fix p#erfonnes par
maifon, la population etoit alors de 980,7/1 per-
fonnes. Guillaume Kerfeboom a trouvé le meme
nombre, en 1 7 3 1 , par un calcul différent; il
multiplie par 35 les 18,000’ entans qui naiffent
tous les ans. On croit que la population a encore
augmenté depuis cette époque.
La ÎÊollande fe divife en Hollande. méridionale ;
& Hollande feptentrionale ou Weft-Frife. Celle-ci
a beaucoup moins d'étendue que la méridionale :
elle forme à-peu-près uneifle; car la mer du Nord
& le Süder-Sée l'environnent prefque de toutes
parts, & elle ne tient à la Hollande méridionale
que par une langue de terre , qui aboutit, d'un
cô té , à la mer du N o rd , & de l’autre à celle de
Wy ck . Le rivage de la mer ne préfente que. des
monceaux de fable & de hautes diguéis, par
lefquelles on contient les eaux, plus éleve'es que
le pays même. On ne-voyoit autrefois dans la
Weft-Frife que des flaques & des marécages de
côté & d’autre ; fi le fol a changé de nature,
8e fi d'excellens pâturages en ont pris la place,
c ’eft l’effet des travaux fuivis des habitans ; mais
comme ils ne font point à l’abri des inondations ,
on y entretient une'grande quantité de chapelets,
qui pompent les eaux en cas de befoin.
Les villes qui ont droit de-fuffrage dans les
affemblées, fe divifent en grandes villes, qupenvoient
des députés/à l’affemblée des Etats-Géné-.
raux : ce font Alkmaar, Hoorn , Enkhuifen ; &
en villes moindres, tels qu’Edam, Monniken-
dam, Medenblick & Purmerende.
La W e ft - Frife contient d’ ailleurs diffé-
rens bailliages & plufieurs ifles, fituées dans
lé Suder-Sée , & attenant à ce golfe, qui n’ont
été anciennement détachées de la terre-ferme des
Pays - Bas que par Kimpétuofité des flots de la
mer. Les habitans de ces ifles (ont de bons marins
, parce que, dès leur tendre jeuneffe, ils ne
s'occupent que de la navigation. Audi la majeure
partie d'entr’eux fe voue-t-elle au fervice des ef-
çsdres ou des vaiffeaux marchands.
H O L
Les feigneuries fuivantes ne font point partie*
à la vérité , de la province de Hollande, mais
elles y font enclavees j 8c il convient d autant
plus a en parler ici , que, relativement aux ar-
rangemens eccléfiafliques , elles font compnfes
dans les fynodes de la Hollande.
Jjj i° . L e . comté de Leerdam, où eft la petite
ville de Leerdam 3 fituée fur la Linge.
2°. La feigneurie de Hageftein 3 de laquelle re-,
lève comme f ie f, Tienhoven.
3°. La feigneurie d'Yffelllein.
4°. Le pays d'Altena.
5°. Le pays ou le grand bailliage de HeufdetL
6°. De Langeftraat 3 ( la longue chauffée ).
S e c t i o n I I e.
Précis de l'hifioire politique de la province de
Hol{ande.
C'eft contre toute vraifemblanee qu'on fait
remonter au dixième fiècle l'origine des anciens
comtes de Hollande. Il y a lieu de croire que ,
vers le milieu du onzième fiècle 3 les empereurs
s'arrogèrent; un pouvoir illimité fur la province
de la Hollande $ mais celle-ci, aidée du fecours
de Thierri 3 comte de Vlaarding, ne çelfa de
s'y oppofer $ Florent fon frère, héritier de fes
fentimens, ne négligea rien pour défendre la liberté
de fa .patrie. C ’eft ce même Florent qui paffa pour
le premier comte de Hollande. La première mention
qui foit faite du nom de Hollande ou du comte
de Hollande 3 remonte à l'année 1064 , date de
la donation que l'empereur Henri IV fit de ce.
même comté à Guillaume 3 évêque d'Utrecht.
Le comte Jean I étant mort en 1219 fans laiffer
d'héritiers, ce comté paffa aux comtes de H ai-*
naut. Il parvint graduellement à Jean de Bavière ,
fils cadet du duc Albert de Bavière 8c comte de
Hollande 3 qui mourut en 142 y , après avoir dif-
pofé par fon teftament de tous les droits qu il
avoit fur la Hollande 3 en faveur de, Philippe le
bon , duc de Bourgogne , qui tranfmit ce comté
à la maifon d'Autriche.
La fuite de l'hifioire politique de la province
de Hollande fe trouve à l'article P r o v in c e s -?
U nies. Foye\ cet article.
S e c t i o n I I I e.
Confiitution & forme de gouvernement de la province
de Hollande.
Quoique la Hollande méridionale foît féparée
de Ta Weft-Frife , elle n*a qu'une feule 8c même
régence, appelle® états de Hollande & deWeJfa
, prife 3 ou de la Frife occidentale particulière.
Les
H O L
Les fept provinces de l'union n’ayant pas adopté
la même forme de gouvernement, nous nous attacherons
à montrer les différences qui fe trouvent
entre leurs diverfes conllitutions. Les provinces
dt Hollande & de Zélande paroiffent, plus que
toutes les autres , avoir choifi un gouvernement
démocratique-ariftocratique , dans lequel cependant
lariftocratie domine, finon en apparence ,
du moins en réalité. Les provinces de Gueldre,
d'Overyffel 8c d'Utrecht ont aufli un gouvernement
mêlé de démocratie & d'ariftocratie, où
Lariftocratie, peut-être encore trop dominante, fe
fait pourtant moins fentir que dans les provinces de
Hollande 8c de Zélande} enfin 3 les provinces de
Frife & de Groningue 8c Omelandes font fou-
mifes à un gouvernement mêlé de démocratie 8c
d'ariftocratie , dans lequel l'ariftocratie fe fait
peu fentir 3 mais où elle fe fait fentir affez pour
que la démocratie, trop livrée à elle-même, ne dégénère
pas en anarchie.
Les états provinciaux de Hollande font com-
pofés de deux membres, ou de deux corps qui
font cenfés repréfenter le corps entier du peuple.
L e premier de ces deux membres eft le corps
des nobles, communément appellé /*ordre-équeftre.
Le nombre de ces nobles n'ell point déterminé,
ni le même en tout temps, 8c ils elifent à la
pluralité des voix ceux qu'ils veulent admettre
dans leur corps ; mais il eft rare qu'ils foient
plus de dix. C et ordre-équeftre, qui n'ell peut-
être pas allez nombreux, eft préfîdé par le Prince
d'Orange, en qualité de premier noble de la province
, 8c non en qualité de ftadhouder, capitaine
8c amiral-général héréditaire, ces dernières
qualités ne donnant à ce prince voix délibérative
dans aucun des états provinciaux de la
confédération : comme ftadhouder, capitaine 8c
amiral général, il n'ell aux états provinciaux,
que ce qu'il eft aux états-généraux, c'efl-à-dire ,
un miniftre fubordonné, 8c comptable au fouve-
rain. Le corps de la nobleffe délibéré en particulier
fur les points qui font l'objet des délibérations
des états -, il conclut à la pluralité des
voix , 8c cette conclufion portée à l’affemblée ,
ne forme qu'une feule v o ix , c'eft-à-dire , que
les voix de tous les nobles, prifes enfemble,
n'en forment qu'une feulé délibérative aux états
de Hollande, 8c cette voix unique réfulte de la
majorité des fuffrages des nobles dans leur affem-
blee particulière. En qualité de premier noble de
Hollande 3 de Zélande 8c d’autres provinces, le
prince d'Orange eft membre intégrant de la fou-
veraineté -, il Tell comme chaque noble des
provinces refpeélives, comme chaque magiftrat
qui vote dans le confeil d'une v ille, 8c dans un
fens plus général, comme chaque ville en particulier.
C'eft bien dans un fens plus général, car
une ville en particulier a une voix délibérative
entière à l'affemblée des états > 8c un fimple magiftrat
, un fimple noble, n'ont qu'une partie de
Q£con, polit. & diplomatique. Tome IL
H O L * 8 ;
voix délibérative dans la réfolution de leur corps,
car cette réfolution ne forme elle-même qu'une
feule voix.
Le fécond membre des états de Hollande, eft le
corps des villes de la province, qui font cenfées
repréfenter le peuple.
A la naiflance de la république, 8c d'après la
confiitution primitive qu'elle adopta , fix villes
feulement avoient droit de fuffrage : ce furent
celles de Dordrecht, de Harlem , de D e lft , de
Leyde , de Goude 8c d'Amllerdam. Guillaume I ,
Prince d'Orange, y en ajouta 12 autres, 8c
en porta le nombre à 18 , dont n dans la Hollande
méridionale, 8c 7 dans la Weflfrife. Les
petites .villes envoyoient aufli autrefois leurs députés
aux affemblées des états : mais foit que
par économie elles aient voulu retrancher cette
dépenfe, foit que quelques autres raifons les en
aient détournées , elles ont perdu leur droit. On
.ne fixe pas le nombre de députés que chaque
ville doit envoyer à ces affemblées : oh convint
en 1581 que la Haye feroit le lieu où s'af-
fembleroient les états de cette province.
Les villes qui envoient des députés aux états de
la province de Hollande3 ne font plus qu'au nombre
de dix-huit. Celles des petites qui ont ceffé d'y
envoyer, fe font rangées dans la claffe des bourgs
8c des villages de la province, qui ne fe font point
repréfenter aux états, 8c qui font ainfi réduits à
fe conformer en tout aux decifions fouveraines qui
émanent des états. On peut donc dire que plufieurs
villes, tous les bourgs 8c villages de la Hollande
n'ayant pas de repréfentans aux états, font fu-
jets des états -, 8c que l'enthoufiafme de liberté
dont fe vante le dernier individu de cette province
eft affez mal fondé.
Les dix-huit villes qui ont voix aux états, forment
un corps féparé de l'ordre équeftre, 8c
délibèrent en leur particulier ; la réfolution fe
prend dans le corps, à la majorité des voix des
villes, 8c non à la majorité des voix des repréfentans
î car les repréfentans d'une v ille, quel
que foit leur nombre, n'ont qu'un feul fuffrage.
Ainfi les voix délibératives aux états de Hollande
8c de Weflfrife font au nombre de dix-neuf :
la-majorité de ces dix-neuf voix détermine U
réfolution fouveraine. Cette réfolution eft com-
plettement fouveraine pour les affaires générales
qui regardent la province en particulier , mais
elle ne l'eft qu'imparfaitement pour celles qui
regardent la confédération, | car elle ne forme
qu'une des fept voix délibératives aux états
généraux.
Les villes qui ont voix aux états, y envoient
le nombre des députés qu'elles jugent à propos.
Ces députés font toujours accompagnées d'un
magiftrat appellé avocat ou confeiller-penfionnaire.
Celui-ci porté ordinairement la parole aux états
au nom de députés de fa ville. Ces députés
1 femblent deftinés à le furveiiler, 8c lu i, avocstc Sfff