
c a o , qui valurent 405,134 liv. 5 cinq cents dîx-
huit quintaux foixante-une livres de rocou , qui
valurent 32,663 l i v .> vingt-fix mille huit cents
quatre -vingt-douze quintaux quatre-vingt-deux
livres de coton 3 qui valurent 63713,205 livres }
quatorze mille cent vingt-quatre cuirs 3 qui valurent
164,657 l iv .} quarante-trois quintaux qua-
rante-fix livres de carret, qui valurent 43,460 liv. 5
quatre-vingt-dix quintaux dix-neuf livres de cane-
fice , qui valurent 243 5 l i v . } quatre-vingt-douze
mille fept cents quarante-fix quintaux quatre-vingt-
douze livres de bois, qui valurent 908,368 liv.5
en menues productions , vdont quelques-unes ap-
partenoient aux autres colonies, 1,3 52,1481. 5 & enfin
en argent 2,600,000 liv. Réunifiez toutes ces
fommes, & vous trouverez un revenu d’envirob
94,162,000 liv.
S i , aux 94,162,000 liv. produits par Saint-Domingue
, on ajoute les 488,598 liv. produits par
Cayenne j li Ton y ajoute les 18,975,974 livres
produits par la Martinique } fi L’on y ajoute les
12,751,404 liv. produits par la Guadeloupe , Ton
verra qu’ en 1775 la France reçut de fes poflef-
fions du nouvel hémifphère , fur cinq, cents 62
navires, environ 126,378,000 liv.
Le royaume ne confomma de ces productions
que pour 52,793,763 liv. Il en vendit d on cà l’é-
tranger pour 73,584,237 liv.
Cette grande exportation fut formée par un
million quarante mille neuf cents quatre-vingt-dix-
huit quintaux foixante-fix livres de fucre, qui rendirent
38,703,463 liv. i paTcinq cens mille cinq
cents quatre-vingt-deux quintaux auarante-fîx livres
de ca fé , qui rendirent 23,727,608 liv. 5 par onze
mille trois cents fix quintaux trente - huit livres
d’ indigo, qui rendirent 9,610,423 livres , par fept
mille neuf cents vingt - deux quintaux foixante-
quinze livres de cacao, qui rendirent 554,592 liv. 5
par quinze cents trente-un quintaux foixante-dix-
nuit livres de rocou, qui rendirent 95,838 liv. 3
par mille vingt quintaux onze livres de coton, qui
rendirent 25 5,027^. j par douze cents fept quintaux
cinquante-neuf livres de canefice, qui rendirent
32,605 liv,1; par quarante-un mille huit cents
huit quintaux vingt-huit livres de bois , qui rendirent
598,723 liv. 5 par cinq cents foixante-huit
cuirs, qui rendirent 5112 liv. ; par cent livres de
carret, qui rendirent 1000 liv.
Pour revenir à Saint-Domingue, fes étonnantes
richefles étoient produites par trois*cents quatre-
vingt-cinq fucreries en b rut, & deux cens foixante-
trois en terré} par deux mille cinq cens quatre-vingt-
fept iridigoteries 5 par 14 millions dix-h.uit mille
trois cepts trente-fix cotonniers 5 par quatre-vingt-
douze millions huit cents quatre-vingt-treize mille
quatre cens cinq cafiers }.par fept cents cinquante-
fept mille fix cents quatre-vingt-onze cacaoyers.
A la même époque, la colonie a voit pour fes
troupeaux foi xante-quinze mille neuf cens cinquante-
huit chevaux ou mulets, & foixant-dix-fept mille
neuf cènts quatre bêtes à corne. Elle avôît pour
fes vivres fept millions fept cents cinquante- fix
mille deux cents vingt-cinq bananiers > un million
cent foixante-dix-huit mille deux cents vingt-neuf
foffes de manioc 5 douze mille fept cents trente-
quatre quarreaux de mais } dix-huit mille fept cens
trente-huit de patates } onze mille huit cens vingt-
cinq d’ignames, & fept mille quarante-fix de petit
mil.
Les travaux occupoient trente - deux mille fix
cents cinquante blancs d'e-tout âge & de tout
fexe 5 fix mille trente-fix nègres ou mulâtres libres,
& environ trois cents mille efclaves. Le dénombrement
de l’année ne portoit, il eft v ra i, qu’ à
deux cents quarante mille quatre-vingt-quinze le
nombre de ces malheureux captifs :. màis il eft
connu qu’ aldrs chaque cultivateur en déroboit le
plus qu’ il pouvoit aux recherches du fifc , pour
fe fouftraire à la rigueur des impofitions.
Ces cultures, ces habitans font répartis fur
quarante-fix paroifles. Il y en a dont la circonférence
eft de vingt lieues. Les limites d’un grand
nombre ne font pas fixées. La plupart n’ont que
des cabanes ou des ruines pour églifes. Dans pref-
que aucune', le fervice public ne fe fait avec la
décence convenable. Celles du fud & de l’oueft
font dirigées par des dominicains, & cèlles du
nord par des capucins qui ont fuccédé aux jéfui-
tes. Toutes ont un bourg ou une ville.
Les bourgs font formés par les boutiques de
quelques marchands, par les atteliers de quelques
artifans, les uns & les autres conftruits autour du
presbytère. Il s’y établit les jours de ' fête une ef-
pèce de marché où les çfclaves viennent troquer
les fruits , les volailles, les autres petites denrées
qui leur font propres , contre des meubles , des
vêtemens, des parures qui , quoique de peu de
valeur, leur procurent quelques commodités, &
les diftinguent de ceux de leurs femblables , qui
n’ont pas les mêmes jouifiances. On ne fauroit afi-
fez regretter qu’on les tourmente au milieu de ces
foibles échanges ; & que les fatellites de là juftice ,
chargés de la police de ces àffemblées , faffent
fentir à ces infortunés la dureté dè leur condition 3
jufques dans les courts inftans de relâche, qui leur
font accordés par leurs maîtres.
A Saint-Domingue & dans le refte de l’Archipel
américain, le fpeéiacle des villes eft uniforme &
mohotone. Il n’y a ni nobles, ni bourgeois ; n i
rentiers. Elles n’offrent que des atteliers propres
aux denrées que le fol produit, & aux différents
travaux qu’ elles exigent. On n’y voit que des
commiffioqpaires, des aubergiftes & des aventuriers
, s’agitant pour trouver un pofte qui les nour-
riffe, & acceptant le premier qui fe prefente. Chacun
fe hâte de s’enrichir , pour s’éloigner d’un
féjour où l’on vit fans diftin&ions, fans honneurs,
fans plaifirs, & fans autre aiguillon que celui de
l’intérêt.-Perfonne ne sîarrête là avec le deflein
d’y vivre & d’y mourir. Les regards font attachés
Cir 'l'Europe & la principale jouiffance qu’y. procure
l’acçroiffemsnt des, riçheffes, confifte dans
l’efpoir plus ou moins éloigné demies rapporter
parmi les liens dans notre j hemifphere.
S e c t i o n V e.
Détails fur les liaifons de Saint-Domingue ayee
les nations étrangères.
Indépendamment des immenfes prodùérians
que la colonie envoie à fa métropole,
peuvent au moins, augmenter d’ un tiers, elle ^en
livre quelques foibles portions a 1 Efpagnol. C elt
avec du fucre , du taffiat, & fur-tout avec es.
boiffons &c les .manufaftures, ded.Europej.qu elle
paie ce que la partie éfpagnple àetSaim-Domingue
lui fournit de porc & de boeuf fumes, de boip,
de cuirs, de chevaux & de bêtes à,.cqmes pour
fes atteliers ou fes boucheries > qu'elle,s approprie
tout l’argent. envoyé dés mines du Mexique dans
cet anciep établiffement. L a coût1.'de Madrid a
cherché & diminuer la vivacité-de cette liaifon ,
en nrofcrivant les marchandifes étrangères dans fa
polfeffion, 3c . en. chargeant de'droits exceffifs les
beftiaüx qui en fortirdiént. C e regl'ement vicieux
n’a eu d’autre effet que de mettre de la geiie dans
ces-échanges qui,.pour l’intérêt des deux peuples,
auroieiit dû continuer avec liberté. C pli für-tout
dans cette partie du nouveau-Monde qiiè le befoin
l’emporté fur l’ antipathie de cataétere, & que 1 uniformité
du climat étouffe ce germe-de divifion.
Les^ hollïndois* de Curaçao envahiflent ’ une.
grande partie dù commerce dé la colonie fran-
çoife, durant les guêtres où ils ne font pas engagés
: mais ils y enlevent aütfi quelques denréês durant
la paix. C ’e.ft avec des prBdn&ohs dés IndeS-
orientalesjîc’ éft avec des lettres-de-ehangé qu’ils
‘Entretiennent ces foibles liaifons".-
Cèlles des jamaïcains avec Saint-Domingue font
beaucoup plus cpnlidérables. Lés douze ou treize
mille efclaves que portent' annuellement à la colonie
les navigateurs frânÇois , ne l’ériipêchent pas
d’en recevoir quatre ou cinq' mille; dés I anglois.
Les derniers lui-Coûtent un fixiètnë de'moins que
les autres , 8£ font payés avec du coton , 'fur-tout
avec de l’indigo , accepté à plus haut prix que
par lé commerce national. Ces interlopes l’intro-
duifent dâili leur patrie cômmè une iproduâion
des ifles britanniques déçoivent' une gratification,
de douze fols par. livre, p . p
Cependant, c’ eft âih,.pl'Amérique-ft'ptehtriap
nalé que Saint-Dorn^ngut entretient une communication
plus fuivïe & pluspeceffaire. Dans des calamités
preffantes,, les.navires de cette vafte contrée
du nouveau.- Monde font..'admis dans: toutes les1
rades, & féulempt iàu;Mql,édSaint-Nipojas, dans
les .temps .ordinaires,, Des^'trois,'de. çotjfttuàion ,
des légume? , des b e ftip x , & ,fariffeS;,,du poif-
fon falé ,. forment léür? cargài&ns. Ils enlèvent
publiquement vingt-cinq ou trente mille barriques
de firop , & en ftaude toutes les denrées qu’on
peut ou qu’on veut leur livrer.
Le miniftère de France , frappé de la difetter
qui règne fouvent dans cette colonie, ainfi que
dans les autres ifles frariçoifes de l’Amérique y
bien convaincu par une longue expérience, que
les négocians de «os ports ne fuffiroient jamais à
l’approvifionnement, même pendant la paix 5 inf-
truit d’ ailleurs que l’entrepôt du Môle-Saint-Nicolas
ne remplilfoit pas, dans toute leur étendue >
les vues qui en avoient dirigé l’établiffenaent > que
les bâtimens interlopes venoient alfez publiquement
dans, la colonie, fous le prétexte d’une voie
d'eau , dont ils daignoient à peine prendre un
certificat} & que les adminiftrateurs, arrêtés par
les befoins de la colonie, étoient obligés de fermer
les yeux fur ces infractions au xio ix , a cru
dêv-ôir adopter d’autres arrangemens. Un arrêt du
confeil, du 24 août 1784, a maintenu l’entrepôt
établi au carénage de Sainte-Lucie , & en a établi
trois autres aux ifles du vent } un à Saint-
Pierre , pour la Martinique} un à la Pointe - à-
Pitre , pour la Guadeloupe 5 & un à Scarboroug ,
pour Tabago. Le même arrêt du confeil en a établi
trois pour Saint-Domingue ; un au Cap-Fran-
! çois, un au Port-aii-Pfflçe, & un aux Cayes-Saint-
Lquis } en fupprimant celui qui s’eft trouvé jufqu’à
préfent au Môle-Sain|ÿNicolas , il a permis aux
navirès étrangers d’y porter des b^ftiaux , des
vivres, des falaifons , & quelques autres articles;
& il a borné leurs çhargemeifs en retour , à des
fyrops ,' des'taffiats ' & des marchandifes venues
d’Europe. Les négocians de tous les ports de
France ont'aufti-tôt formé -des réclamations très-
vives 5 ils ont peint avec des couleurs exagérées
les- dangers de' cet arrangement 5 ils ont publié
des mémoires fans nombre. Le miniftre qui a fait
la lo ila if ife difetter la queftion. Dans ce moment,
on écrit de part & d’autre : fi les plaintes
dçs villes de commerce n’obtiennent pas^la révocation
de la loi , nous examinerons à l’article
Fr a n c e ce quirs’eft dit de part & d’autre : nous
neus contenterons d’obferver.ici, que les défen-
feur-s de la loi n’ont pas fait ufage de toutes les
raifons qui la favorife.nt} & qu’en convenant des
dangers & des. abus.de ces .divers entrepôts, on
pourroit fe borner à examiner fi la néçeffité a
impofé la loi , fi l’humanité qui l’a diélée, doit
l’emporter fur les maux de détail qu’elle produira ;
, ,& fi enfin , elle n’eft pas la fuite néceflaire de la
révolution opérée dans le nouveau - Monde par
; l’ établiflepient des Etats-unis.
S e c t 1 9 n Y I e- ;
Remarques fur les moyens d*ajfurer la navigation
des parages de Saint-Domingue pendant la guerre.
I Nous avons dit quel eft durant la paix le par