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manière que voilà tout auffi-tôt cette filiation ren-
verfée.
a°. Ils prétendent concilier cette contradiction ,
en appellant les -premières richefTes avances confiées
à la terre qui .les double dans Ton fein } 8c
quand on léùr 'demandé y où 'le premier cultivateur
p r itfë s premières avances , 'i l s répondent
qu'il les trouva dans les fruits épars & fpontanés
de la terre en des climats fertflëé 5 que ces dons
de la nature, économifés par les premiers agriculteurs
, fe font enfuite progreflivement accrus
par la même méthode , toujours appliquée au
même objet.
30. Ils paflent à la diftribution de ces premiers
fruits, dont l'excédent par-delà la mife eft par
eux appellé produit net , ( grand mot de ralliement
dont ils font dépendre le fort entier de l'efpèce
humaine ) & ce produit, difent - ils , devient la
folde du travail, comme celui-ci devient le paiement
8c la valeur vénale des fruits propres aux
befoins de l'ouvrier 5 échange continuel, tendant à la confommation des fruits, qui par-là fe trouve
la mefure de la production 5 car la terre eft toujours
prête à accorder ce qu'on lui demande, en
fuivant les conditions de fon traité avec le cultivateur
, qui aflurent le doublement de la mife en
avances. O r , le cultivateur ne peut faire devances
pour le produit futur , qu'autant qu'on lui aura
payé le produit paffé.
40. Ils font de cet échange continuel entre la
confommation & la production , le lien général
de toute foçiété générale & particulière, attendu
que toutes les branches de l'induftrié & tous les
genres de travaux phyfiques & moraux arrivent,
foit directement, foit indirectement à ce centre
général dé tous les biens, pour obtenir leur part
de fubfiftances & tous les biens propres à tous
leurs befoins.
y®. Ils prétendent encore qfliS ce concours feul,
étendant, au moyen de l'induftrié & de l'intelligence
humaine , la réproduCtion à l'infini & la
population au prorata , ainfi que tous les autres
travaux en proportion, a fait & peut faire les
fociétés complettes, telles que nous les voyons ,
& même auffi parfaites qu'elles peuvent l'être } 8c
ils aflurent que ce ne font point les conquêtes,
les légiflations humaines, ni les autres efforts, de
I'efprit humain qui opèrent la fplendeur des états,
comme on le croit d'ordinaire, mais que les focié-
tés , leurs progrès 8c leurs profpérités viennent
tous d'une même fouche, l'agriculture, & qu'elles
augmentent ou diminuent en raifon de fes progrès.
6°. Ils fondent cependant toute la fociété fur
l'ordre des dépenfes, & ils veulent que toute fo-
ciété complette foit compofée de trois clafles dif-
tinCles } i° . la clafle, qu'ils appellent productive ,
à laquelle font confiées les dépenfes de cultivation
, dont ils calculent les avances qu'on petit,
difent - ils , modifier , mais dont on ne fauroit fe
j?aflcr. 2,°. La clafle, qu'ils nomiqentftérile f qui
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embrafle tous les travaux d'induftrie avec leurà
avances de proportion. 30. La clafle , propriétaire
du-revenu liquide, ou , comme ils le difent, du
produit net des terres, qui comprend le fouverain,
les propriétaires, & toute la troupe des falariés,
qUe leurs dépenfes font vivre. Tout fe meut, tout
va dans la fociété par le jeu de ces trois fortes de
dépenfes.
7 9. Les économiftés ne s'en tiennent pas-là. Ceux
qui font forts dans leurs principes, vont vous dire j
le calcul à la m^ a, fur telles données d'avances
& de territoire éjwe vous voudrez leur préfenter ,
ce qu'il peut y vivre d'hommes utiles & heureux.
8°. Ils vont vous expliquer, d'après les mêmes
moyens , quel eft le point de dire&iom des dépenfes,
par lequel un état profpère , * jufqu’à
quel degré il peut s'élever ; ils vous enfeigneront
aufli démarche de la décadence d'une fociété &
fa progreflion, ce qui embrafle les rappoits des
dépenfes avec l'agriculture 8c avec la population.
9®. En développant ce qu'ils entendent par
cette dénomination de clafle lîérile, ils. prétendent
que l'induftrié & fes chefs| d'oeuvres de luxe &
de décoration n'ajoutent aucune valeur nouvelle
aux matériaux de leur travail 5 que ce que les
biens reçoivent de plus value dans les mains du
fabriquant, de l'ouvrier , &fc., ne leur eft attri-
. bué que par une portion de revenu employée à
les payer j mais que ce revenu eft forti de la terre , 8c non pas de la main de l'ouvrier, ni de la bourfe
de l'acquéreur 5 d'où il fuit qu'on a pu dénommer
ce travail f t é r i l e , ( quoique très-utile d'ailleurs
, ) pour le diftinguer du travail productif
dont il eft dépendant.
io°. Après avoir dit que l'échange eft l'ame
fociale & le créateur de la-qualité de richelTes ,
ils affirment que le commerce ne produit rien }
qu'il n'eft que l'agent des .communications entre
. les confommateurs 8c lés’ producteurs ; que comme
t e l, il faut le laifïer abfÔlument libre 5 que tout
eft commerce} qu'il faut bien diftinguer le commerce
d'avec le trafic de revendeur} qu'il n'y a
ni commerce, ni trafic national qui doive être
diftingué de celui de l'étranger 5 que tout eft fer-
vice public & particulier dans le commerce , &
que la liberté 8c la concurrence doivent le faire
fleurir au profit de tous, 8c eh diminution de
frais.
n ° . Enfin ils aflurent que le revenu public , fi
j néceflaire aux états , n'eft point un impôt, mais
une part dé copropriétaire acquife à la fouverai-
neté, par fa mife en avances fouveraines : que
cette part doit être prife directement fur le revenu
des terres, parce que la terre feule eft productive, 8c que toute autre contribution indirecte eft rui-
neufe du fonds 8c des fruits j 8c ils le calculent
d'une manière effrayante.
Toutes ces nouveautés des économiftés 8c leurs
conféquences à l'infini 8c leur defpotifme légal &
toute leur nomenclature, quoi^u'etudiçe avec foin
pour
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pour exprimer exactement 8c n'employér que des
mots connus, 8c qui portent avec eux leur fens
naturel} toutes ces nouveautés , dis-je , ont effarouché
les opinions, l'amour-proprè 8c les intérêts
de plufîeurs. D'autres n’en ont pris que quelques
réfultats q u i, dans-leurs mains, font devenus
comme les morceaux d'un vafe précieux mis en
pièces. Le temps feul démontrera à la généralité
des efprits , qui a tort ou raifon. ‘ On peut
dire néanmoins, en faveur des économiftés 8c
lans partialité , qu'ils ont montré le but des
fpéculations de ce genre, 8c les objets auxquels
elles dévoient s'attacher} que leur nomenclature
d'abord attaquée a paffé dans le langage de leurs
antagoniftes, même en traitant ces fortes de matières
} & quant à ceux qu'on voulut déprimer
fans les connoître, on doit convenir de leurs bonnes
intentions, 8c fur-tout d'avoir refpeCté dans
tous leurs écrits, la religion, les moeurs 8c toutes
les autorités reçues.
( Cet article e f t d e M. G r i v e l . )
E CO S S E , pays de l ’Europe, qui fait aujourd’hui
partie de la Grande - Bretagne, 8c qui eft
régi par les loix politiques de l'Angleterre. Tout :
ce qui regarde la conftitution angloife eft applicable
i-YEcoJfe-y 8c ce que nous avons dit
d’ailleurs à l'article A ngleterre , a plus ou
moins de rapport avec celui - ci.
Nous nous bornerons donc à des détails , propres
à YEcoJfe, Nous donnerons, i ° . un précis
de Thiftoire politique de YEcoJfe, avec des remarques
fur les anciens rois de cette contrée & fur
leurs revenus : 20. nous ferons la defcription de
YEcoJfe 8c des ifles qui en dépendent j 8c des remarques
fur les habitans & la population, le climat,
les produirons, la pêche, & c : 30. nous
parlerons enfuite du commerce de YEcoJfe , &
40. enfin des loix de YEcoJfe 8c de fes tribunaux.
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de l'hiftoire politique de l'Ecoffe : remarques
fur les anciens rois de cette contrée & fur leurs
revenus.
Nous croyons devoir commencer ce précis au
moment où Elifabeth , reine d'Angleterre, fon-
gea à réunir YEcoJfe à la couronne, après la mort
de la reine Marie. Des détails antérieurs placés
ici n'offriraient aucune efpèce d'utilité : c'eft dans
l ’hiftoire qu’il faut aller chercher les leçons dé
politique qu'ils peuvent offrir.
Jacques V I , qui depuis l'abdication forcée de
Marie, régnoit en Ecojfe, ne put venger l'afîaffi-
riat dé fa mère 5 il étoit trop occupé lui-même à
lutter contre des faétions qui défolèrent l’état
pendant fa minorité, 8c qui, par les intrigues d’E-
lifabeth , ne firent que s'accroître lorfqu'il fut
(Econ, 'polit, diplomatique, Tom, J2,
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devenu majeur : cette reine vouloit réunir YEcoJfe
à l’Angleterre, & , pour mieux réuffir, elle
fomentoit les vues ambitieufes 8c les haines mu-
tuelles des premières familles de l'é ta t , qui ten-
toient de s'exclure les unes les autres du gouvernement.
C e fut au milieu de ces troubles que Jacques
V I , chancelant fur fon trône , parvint contre
fon attente, après la mort d’Elifabeth, à régner
fur l'Angleterre, en vertu de fes droits : il prit
alors le nom de Jacques 1 5 il mourut en 1623 ,
après avoir régné cinquante-huit ans Y\xx YEcoJfe 3
8c vingt - deux fur l’Angleterre. Depuis I’avéne-
ment de ce y rince au trône d’Angleterre, YEcoJfe
fut gouvernée comme un royaume féparé, & ce
ne fut qu'en 17C7, fous la reine Anne, que cette
monarchie fut réunie à l’Angleterre.
/ L'union de YEcoJfe 8c de l'Angleterre fut propo-
fee l'an 1706, & traitée avec beaucoup d'appareil.
On choifit trente-deux commiflaires de chaque
royaume pour régler les conditions. Ceux qui furent
nommés de la part de l'Angleterre, étoient
en général des perfonnes habiles 8c favorables à
l'union.
Les commiflaires écoflois ne fe montroient pas fi
bien intentionnés, ou du moins ils defîroientdes
conditions plus favorables à YEcoJfe. Leurs compatriotes
vouloient qu'on fît une union femblable
à celle des Provinces - Unies, ou des Cantons
fuifîes. Mais les anglois s'y oppofoient} ils di-
foient q u e , chacune des nations ayant fon parlement
, pourroit rompre l'union quand elle le
jugeroit à propos. Il fut enfin convenu d'établir
entre les deux royaumes une union conf-
tante 8c indifloluble, qui mît fin à toutes les dif-
tinérions, 8c réunît leurs différens intérêts.
Cette union paroifloit un ouvrage fi difficile
que plufîeurs défefpéroient du fuccès} 8c ceux qui
enavoientla meilleure opinion, croyoient au moins
que la négociation traînerait en longueur , 8c durerait
plufîeurs années} elle fut cependant commencée
& achevée en moins d'un an.
Cette union fembloit offrir un grand avantage
à YEcoJfe 3 qui ne devoit payer que la quarantième
partie des impôts publics , 8c avoir
: une onzième part dans la légiflation ; car il fut
décidé qu'elle enverrait feize pairs Ecoflois
dans la chambre - haute , 8c quarante - cinq
membres dans la chambre - bafle 5 c'eft à - peu-
I près la onzième partie du parlement. Cette com-
binaifon étoit jufte : lorfque les états s'unifient, il
| faut qu'il y ait une proportion entre la part que
chacun de ces états a dans' la légiflation , 8c les
impôts dont on le charge- La nation gagna d’ ailleurs
du côté du commerce, à cet arrangement ;
mais les pairs d'Ecojfe y perdirent. Il fut arrêté
qu’ils jouiraient des autres: privilèges des pairs
d'Angleterre ; mais le plus confidérable de
tous , celui de fiéger à la chambre - haute , .1 fut reftreint à feizie d’entre eux , qui dévoient»
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