
Ces partages de terres font appelles par les
écrivains du dernier tems , f o r t e s g o t h i c A , & en
Italie f o r t e s romanA. La portion du terrain que
les francs fe réfervèrent dans les Gaules, fut
appeliée terra f a l i c a , terre falique 5-le refte fut
nommé a llo d ium , en françois a le u 3 de la particule
négative a 3 & h eu d qui fignifie , en langue
téutonique, les perfonnes attachées par des te-
nem-ns de fie f, lefquelles feules avoient part à
rétablilTement des loix.;
, Le romain ne fut pas plus efclave des francs
que des autres conquérans de la Gaule ; & jamais
les-, francs ne firent de réglement général,
qui mît le romain dans une efpece de fervjtude.
Quant aux tribus, fi les gaulois & les romains
vaincus en payèrent aux francs, ce qui n*eft pas
Vraifemblable , ces tribus n’eurent pasdieu longtemps
, & furent changes en un.fervice militaire
; & le cens ne fe levoit que fur les ferls ,
& jamais fur les hommes libres., .
Comme les germains avoient des volontaires
qui' fuivoiënt les princes dans leurs entreprifes,
le même ufage fe conferva après la conquête.
Tacite les défigna parle nom de compagnons cô-;
mites ; la loi Salique par celui d’hommes -qui
font, fous la foi du r o i, .qui funt in trufto régis ;
les formules de Marculfe, liv. Informe 18 ,
par celui d'antuftrions du. roi du mot trew , qui
lignifie fidel chez les allemands , & chez les.an-
glois true , vrâj~; nos premiers hilforiens par celui
de louées , de fideles , & les fuivans : par celui de
Vaffaux. feigneurs, vajfali y feniores.
; Les biens réfervés. pour, le s . leudes furent ap
pellés , dans les divers auteurs & dans les divers
fems , dès biens fifcaux , des bénéfices, termes que
l’on a enfuipe appropriés aux revenus eccléfiafti-
ques ; des honneurs , des fiefs_3 ç’ çft-à-dire, dons
OU pojfejjions 3 du mot teutonique feld ou foeld 3
qui a cette fignification ; dans la langue anglôife,
on les appelle f e e s .
Qn ne peut douter que les fiefs ne fuffent 4-abord amovibles. Lés hiftoriens, les formules,1
lés codes des. différens peuples ^barbares, tous
lés monumens qui nous relient, s’accordent fur
çe fait.' Enfin’ ceux qui ont écrit le; livre des
fiefs., nous apprennent que d’abord les feigneurs
purent les ôter à leur volonté ; que bientôt ils
les aflurèrent pour un an , & qu’enfuite ils les
donnèrent pour la vie.
Deux fortes.de gens étoient tenus au fervice
militaire ; /es Jeudis valfaux , qui y étoient obli?
gés en conféquence de leur fief 5 & les hommes
libres, francs, romains & gaulois , qui feryojent
fous le • comte , & étoient menés par lui & fes
officiers.
Ôn appellôit hommes libres ceux qui* d’un
côté , n’ayoiept point de bénéfices ou fiefs,
qui fie f autre n’étoient point fournis à lafe^yi-
uide de la glèbe j ces terres. qu’ils poffédoi^nt ,
^toiefit ce qu’on appelfoit des 'tèrrçs allodiales t
| On regardoit comme un principe fondâmes
t a l , que ceux qui étoient fous la puiffance mi-
I litaire de quelqu’un , . étoient fous fa jurifdic-
tion civile. En vertu du droit de juftice, attache
aux bénéficePmilitaires, on faifoit auffi payer
des droits de fife *, qui confiftoient en quelques
fervices de voiture dus par les hommes'" libres »■
& en quelques redevances judiciaires tçès-modé-
rées. Les feigneurs eurent le droit de rendre la-
juftice dans leurs fiefs, par le même principe
qui donnoit aux comtes le droit de la rendre
dans leur comté. |
• Les fiefs comprenoient une grande étendue de
terrain ; comme les rois ne perce voient ripn fur
les terres qui. étoient du partage des francs , ils
ne fe réfervèrent aucuns droits, fur les fiefs ; ceux
qui les obtinrent,.eurent à cet égard la jpuifr
Caqce la :plus. étendue.: la juftite fut donc inhérente
au fief même. On 11e peut, il eft vrai»
prouver, par des monumens authentiques, que les
juftices , dans les commencemens -, aient été attachées;
aux fiefs } mais-comme, dans les formules
des: confirmations;'.; de ces fiefs , on trouve
que la juftice y étoit établie, il y a lieu de croire
que ce droit : de juftice. étoit . .de la nature du
fief, & une. de. fes. prérogatives.
On fait bien que, dans la fu ite , la juftice a
été. féparée du fief, d’où s’eft formée la règle,
des junfconfultes françois , autre chofe eft le fie f3
autre chofe eft Ja juftice : mais voici une des grandes
caufes de cette féparation ; une infinité d’hommes
de fiefs n’ayant point d’hommes fous eu x ,
ne. furent pas en état de tenir leurs cours : toutes
les affaires furent, donc portées à la cour de
leur feigneur fuzerain, & ies hommes de fiefs
perdirent le droit de juftice, parce qu’ils n’eurent
ni le pouvoir, ni la volonté de le réclamer.
On peut maintenant avoir une idée, de la nature
des gouverneme.ns établis en Europe par
les. nations du nord. On voit l’origine.des principautés,
duchés & comtés, qui fe formèrent en
Europe à cette époque ; la propriété 3 le domain
e , direcïum dominium, du pays réfîdoient dans
le corps politique 5 les tenanciers en fief étoient
feulement.revêtus du dotpaine utile, dominium
utile j & :.par coriféquent les, grands tenoient leurs
feigneuriës du public , de la nation, & rion du
fouvçrain.' C ’ eft ainfi que les princes d’Allemagne.
tiennent leurs principautés de l’Empire,' &
non de l’empereur; & c eft auffi pour cela que
les lords, angloif font, nommés, pairs du royaume,
Montefquieu & une foule d’autres’ écrivains
ont parlé d e s jo ix féodales , & nous renvoyons
le leéteur à ces différens ouvrages. Voye% aufli ,
dans le dictionnaire de Jurisprudence, l’article
Fi e f , ou on analyfe le fyftême de Montefquieu
8>c, de M. der Mably fur les fiefs , & où l’on
trouve d’ ailleurs tout ce guç l’on peut defirer.fuç
£çtte matière,
F Ê p 'M B
FERME GÉNÉRALE . ■> Dic.
FERMIERS G ÉN ÉR AU X , s roy l le UK
tionnaire des Finances.
FEROE (illes d e ) , qui appartiennent au Da-
nemarck.
Les ifles de Feroe font fituées au-deffus de l'E -1|
coffe. Il y en a feizë. On les] nomme en latin
infulu, gleffarïA, a caufe de la quantité d’ambre
qu’on y recueilloit autrefois. La cour de Danem
a rk les fait régir par le gouverneur d’Illande ;
mais elles font peu confidérables & d’un mince
rapport.
FERRARE ; ce qui regarde le duché de Fer-
rare 3 fe trouve dans notre article Et a t de l ’e-
GLISE.,
F E Z , royaume d’Afrique, fur la côte de Barbarie.
C e royaume a celui d’Alger à l’orient; celui
de Maroc au midi, & la mer à l’occident & au
nord : il fait partie de l’ancienne Mauritanie
Tingitanç. Le pays eft rempli dé montagnes ,
fur-tout vers le .couchant & le midi, où eft le
Mont-Atlas. Il eft divifé en fept provinces arro-
fées de plufieurs rivières. L e fleuve de Sébou le
traverfe. Il eft d’ailleurs très-peuplé. C e royau- ;
tne eut autrefois fes princes particuliers ; mais il
eft à préfent uni à celui de Maroc, dont le fou-
verain fait fa réfîdènce à Miquenez. Il ne faut
pas confondre le royaume de Fe% avec la province
de F e i3 qui n’ en eft qu’ une partie, & dont la
fertilité eft prodigieufe.
• Salé eft le port de ce pays, où il fe fait le
£Îus grand commerce ; il s’en fait auffi beaucoup
a Tetouan. Les marchandifes propres pour ce
royaume font les -memes que celles pour le Levant.
Nous donnerons de plus grands détails fur le
commerce de ce pays à l’article M a r o c . N ous
y parlerons de fon gouvernement & de fa religion.
Vfyei auffi l’ article Ba r b a r e sq u e .
F IN AN C E S . Vûÿè{ le Dictionnaire de Finances.
'
F IO N IE , ifle du royaume de Danemarck dans
la mer Baltique. Voyez le Dictionnaire dé Géographie.
F L A N D R E , province de France : on trouve
dans le Dictionnaire de Géographie l’époque de
fa réunion à la couronne , & ce qui a rapport
a cette province. .
Fl a n d r e ( comté d e ) , qui appartient à la
maifon d’Autriche, aux Etats-généraux & à la
France. Les limites de ce comté font vers le
nord - oueft , la mer feptentrionale , où l’on
voit les bans -de fable qu’on appelle Dunes ;
vers le nord un, bras de l’E fcaut, appellé de
Hont 3 qui fépare la Flandre de la .Zeélande ;
vers le levant il touche au Brabant & au Hai-
naüt; vers le fud au Hainaut & à l’Artois, &
vers le fud-oueft également à l ’Artois. La ligne
droite- depuis les frontières de l’Artois, à comp-
tHHcon, polit. 6* diplomatique. Tom. II,
ter de la mer jufqu’ à Anvers, comprend vingt
& quelques milles ; celle qui fe prolonge à l’extrémité
feptentrionale , de Cadfan à Marchien-
ne , feize'; & en la pouffant jufqu’à l ’extrémité
de la langue de terre , qui eft dans] le bailliage
de Douai, elle en a à-peu-près vingt.
L’air y eft tempéré : le fol eft en général fertile
& très-propre à l’agriculture ; & dans quelques.
parties , favoir, le long de Ja mer & vers
les frontières de la France, la fertilité eft très*-
grande. Le terrain produit toutes fortes de bleds
& dé légumes ; & dans quelques diftriCts, comme
celui de Gand & de Bruges, on peut exr
porter du bled ; cependant il en eft d’autres où
les récoltes, ne fuffifent pas à la confommation
des habitans. Le lin eft la principale richeffe du
pays, & les pâturages font abondans en plufieurs
cantons.
On y a creufé des canaux très-utiles, dont
deux font entre Gand & Bruges ; l’un eft appelle
le vieux canal, & l’autre le nouveau ; le premier
eft proprement la Lie ve , qu’on a rendue navigable
; le nouveau fe joint au premier à l’oueft
de Gand, près du village de Lovendeghem.
La Flandre eft bien peuplée & bien cultivée.
On y compte61 villes murées & ouvertes, 1164
villages , & plus de 2yo feigneuries.
Les états provinciaux font compofés des prélats
, des nobles & des membres des quatre
diftriCIs de Gand, de Bruges , d’Yptes & de la
Terre-franche ( VryA3 Terra franca ). L ’évêque
de Bruges- eft chancelier héréditaire de Flandre.
Les flamands profeffent la religion catholique
romaine. Le roi d’Efpagne, Philippe II , fonda
les évêchés de Gand, de Bruges & d’Ypres.
Aloft & fon diftriét dépendent de l’archevêque
de Malinès ; Courtray & fes châtellenies de l’évêque
de Tournay, & Caffel avec une partie
du diftriéb de Bofborch, de i’évêque de Saint-
Omer.
Les manufactures de Flandre ne font plus dans
l’ état floriffant où elles étoient autrefois; cependant
la ville de Lille fournit encore des- étoffes
de foie & de laine de plufieurs fortes, & quantité
de dentelles, - & c . Gand, Menin & Gour-
tray fou-rniffent de la toiles Tournay des tapiffe-
ries,. rideaux , couvertures , & c . Bruges des étoffes
fines de laine, de coton , de la toile & des
dentelles.
C ’ell à Baldouin ou Baudoin I , qui a régne
au neuvième fiècle , qu’on commence ordinairement
la chronologie des comtes de Flandre. Le
quatrième comte , Baudouin III , établit , vers
l’année 940 , les tifferanderies, & favorifa le
commerce par l’inftitution des foires. Baudouin V
acquit le comté d’A lo ft, & Philippe I , au douzième
fiècle, l’unit à la Flandre comme fief de
l’Empire ; mais le meme comte fepara, en 1 1 7 9 ,
l’Artois de M Flandre. Marguerite 111, fille &
I héritière de Louis I I , 24é comte, époufa en
L U