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ter les marchandées permifes par Bartîcle II , foït
9i à vide, d y charger pour l'étranger, uniquement
des fyrops & taffias , & des marchandifes venues
sde France.
IV . Toutes les marchandifes dont l'importation
&: l'exportation font permifes à l'étranger dans
jefdits ports d'entrepôt , feront foumiies aux droits
locaux , établis ou à établir dans chaque colonie
, & paieront en outre un pour cent de leur
Valeur.
V. Indépendamment du droit d'un pour cent j
porté en l'article ci-deffus, les boeufs Talés , la
morue & les poiffons falés paieront trois liv. par
quintal j & fera le produit dudit- droit de: 3 liv.
converti en primes d'encouragement pour l'in-
trodud'tion de la morue & du poiffon falé , pro-
venans de la pêche françoife.
VI. Les chairs falées étrangères qui feront introduites
dans les colonies par les bâtimens fran-
çois expédiés directement des ports du royaume 3
ne feront point affujetties au paiement des droits
mentionnés dans les deux articles précédens.
Le relie de l'arrêt fixe la police à obferver ,
foït’pour les vaiffeaux étrangers qui entreront dans
l'un des ports défignés , foit pour les navires nationaux
qui en partiront pour les ports de l'étranger
, même pour ceux de Saint - Pierre & Miquelon.
Nous avons fait quelques remarques fur cette
difpofition , dans la feCtion cinquième de l'article
D o m i n g u e ( S . ) Nous allons en ajouter ici de
nouvelles & difcuter avec impartialité & avec
précifion les effets de la loi.
Les colonies françoifes de l'Amérique ont be-
foin de farines 3 de vins 3 d'huiles, de toiles ,■
d'étoffes, de meubles, & de-tout ce qui peut
contribuer à rendre la vie agréable. Même dans
le fyftême d'une liberté indéfinie , elles recevroient
tous: ces objets de la métropole, à l'exception ;
des farines que l'Amérique feptentrionale pour-
Toit donner à meilleur marché.
Dans l'état ou font ces colonies,, les beftiaux ,
le poiffon falé , les bois étrangers font devenus
pour elles d'une néceffité abfolue. Il eft aujourd'hui
prouvé que l’Europe ne peut leur en porter
une quantité fuffifantë. Il feroit à defîrer fans
doute que les négocians de Bordeaux, de Nantes
, & c . fuffent en état de faire avec exactitude
ces approvifîonnemëns : mais nos pêcheries font
trop foibles} la confommation du royaume fem-
ble abforber prefque tout le bétail qui s'envoie
aux boucheries > le tranfport des bois en Amérique
eft trop difpendieux & trop embarraffant-;
J'armateur qui calcule fes intérêts, ne s'embar-
raffe pas fi les colonies en ont befoin j il fe contente
d'y envoyer les chôfes fur lefquelles il compte
gagner davantage. Il attend ladifette des colonies
> il s'efforce de l'y établir, afin de tirer de
fes expéditions des bénéfices plus confidéràbles :
£ fon avidité ne craint pas d'employer ces moyens
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cruels, elle' ne fait point ou elle ne. peut pâs cal*
culer avec la même économie , les frais de l'ar*
mement j & , après avoir vendu plus cher au cor
Io n , il gagne moins que. l'armateur étranger,
D'après ces faits inconteftables, nous.demandons
fi le miniftère n'a pas dû fonger aux Etats-Unis,
qui offrent à meilleur marché ces moyens effen-
tiels à l'exploitation des colonies, & qui les four-
: niront toujours en abondance : une autre confidé-
ration a dû le déterminer. Nos négocians n'ayant
pas l ’aCHvité des négocians hollandois & anglois,
ne feront pas un commerce direét bien confidé-
rable avec les Etats-Unis 5 la difette du numéraire
qu'on éprouve encore dans les nouvelles républiques,
& la gêne de, leurs citoyens, qui ne
leur permet pas de payer avec beaucoup d'exactitude,
achèvent de les en détourner j & on a pu
prévoir qu'en ouvrant cette route au commerce ,
nos ifles deviendraient peut-être un entrepôt des
produ&ipns des nouvelles républiques. d'Amérique
, & des productions & des marchandifes de
la France 3 deftinées pour les Etats-Unis j qu'a«
vec quelques réglemens bien faciles > on procurerait
à nos négocians, des moyens utiles de corn-
pletter leurs chargemens pour les ifles & les car-
gaifons qu'ils en rapportent. Nous ofons prédire
ici qu'un peu d'adreffe & des combinaïfons affezi
fimples fourniraient un jour , des dédommage-
mens avantageux à ceux de nos négocians qui
fe font élevés avec tant de-fureur contre Barrée
du confeil du mois d'août 1784. C e n'eft . pas
tou t, la politique vouloit qu'on accordât cette
faveur aux ÉtatSTUnis qui n'ont pas encore fait de
traité de commerce avec les ariglois y 8c que pour
nuire à de fi redoutables concurrents , on s'em-
preffât de former ces premières liaifons de commerce
y elle recommandoit de ne pas négliger un
ppint fur lequel l'habitude a plus d'empire qu'oft
ne croit.
Il ne faut pas - le diffimuler,. les navires . des
Etats-Unis & les autres navires qui iront dans les
ports, dont l'arrêt du confeil ouvre l'entrée, y
introduiront, ils en:exporteront quelquefois des
productions défendues 5 mais il s'agit d'exarnipec
fi quelques avantages ne compenferont .pas. èee
abus ; & dans un pareil examen , il faut écar-r
; ter foigneufement les ridicules exagérations de.nos
négocians , & de ceux qu'aveuglent la cupidité
: & f'efprit de fyftêmës.
La contrebande plus o u . moins tolérée,. a 'été
: jufqu'ici la reffource des colons. Cette voie étoit
trop chère, malhonnête & infuffifantev II.étoit
temps que les loix prohibitives pliaffent fous l'im-
périeufe loi de la nécefïité. C et arrêt du confeil^-
qui, fi l'on écoute les négocians , va ruiner Je
commerce &, perdre les colonies 3 change-1^ il
réellement l'ordre des chofes? Nous avons déjà
dit à l'article S a i n t - D o m i n g u e , que les bâti^
mens interlopes venaient affez publiquement dans
nos colonies, fous le prétexte d'une voie d'eau ^
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S ont ils daignoient à peine prendre un certificat ,
& que les adminiftrateurs arrêtes par les.befoms
de chacune des ifles, Soient obliges de fermer
les yeux fur cette iniraCtion aux loix oc 11 1 on
doute de ce fait , qu’on réclame le témoignage
des intendans, & que ceux - ci repondent avec
•franchife. Si l'on dit que l'importation.des navires
étrangers fera plus confiderable , nous en
.conviendrons j mais .il fera plus facile de contenir
l'extradion des. denrées deftinees uniquement
pour la métropole > 8c l'.on peut affurer que , dans
c e calcul d'inconvéniens, le miniftere a adopte
le plan qui fembloit en offrir le moins.
On effaya ce nouveau fyfteme en 1765. b 1 on
l'abandonna , ce fut par une. fuite de cette fatale
inftabilité qui a caufé 'tant de mal a la f rance.
C e fut parcé qu'on fe rendit aux plaintes des nég
o c ia i & à leurs belles promettes : aujourd hui
qu'on eft plus en état d’apprecier leurs plaintes
& leurs promettes , il eft . bien a defirerqu on ne
fe preffe pas fur la révocation de la loi 8c 111 on
eft réduit à l’abandonner malgré fa fageffe qu on
ne l'abandonne du. moins que fur les refultats de
l’expérience.Les négocians, il eft vrai, peuvent
déterminer cette expérience d’une: maniéré favorable
â leurs vues ; ils peuvent, a 1 aide d unepe-
rite confpiration d'autant plus facile que leurs vues
bornées les rendront, plus craintifs, faire peu
d’ armemens ; & négliger à deflem 1 approviiion-
nement des 'colonies : mais s ils obtehoient ce le-
ger triomphe, ils ne rendroient jias leur caufe
meilleure ; car les principes de 1 économie PdE“
tique ne changent pas au gré de ces miferables
faàions. ■ ^ . , v
; Nos ifles d'Amérique offrent • chaque annee a
la métropole, leur confommâtioh pr.elevee , cent
mille barriques de firop, dont la valeur peut etre
de neuf à dix millions. Jufqu îci la France s.eft
privée elle-même de ee-benefice , dans la crainte
de nuire au débit de fes propres eaux-de-vie.
Celles de fucre, toujours; iaùrfteffous de celles.de
vin , ne peuvent être que la boitton des peuples
pauvres, ou même des, gens les moins ai fes chez
. les nations riches. Elles m'obtiendront la. ,prefe|>
rence que fur celles de grain que la France ne
diftiUe pas. Les fiennes auront toujours.pour con-
fommateurs , même dans les ifles, la claffe d'hommes
affez aifée pour Jes payer. L'arrêt- du confeil
n'introduit pas en France les firops & lés taf-
fias de nos ifles j il permet feulement aux cqlons.
de les vendre à l'étranger', l'pn .doit ;avouer;
qu'un objet fi important meritoit 1 attention; du
piiniftère. ■ .v
•Un écrivain très-inftruît fur-ces matières, &
qui a recommandé le nouvel arrangement avant,
qu’on l’établît, eft allé plus loin. . . ;i
- « Il faut , dit-il, à nospoffettionSd'Amérique
s? des noirs pour leurs'travaux. La métropole n a
y> fourni jufqu'ici que très-imparfaitement a- ce
» grand befoin. On doit donc fe réfondre à re~
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» coüril- »ut' étrangers, feuls en état de remplir
» fe vuide. L ’unique précaution qu’il convien-
» droit de prendre, ce feroit d’ établir peut-être,
» fut les:fecours qu’on reçevroit de.ces rivaux,
» un impôt, qui les privât de l’avantage que des
•J circonftancés particulières leur donnent furies
« négocians françpis,». ,
Le miniftre qui a rédigé la loi dont nous venons
de parler,, s’eft.abften.u de^ prononcer fur ce
point, 8c il paroîtque fa modération mérite des
éloges. Il eft très-convenable d’attendre les ré-
fultats dé l’expérience, pour changer là - deflus
l’ancien régime.
Nous avons fait fur chacune de nos poffeliions
en A fie , en Afrique & en Amérique, un articl»
particulier, auquel nous renvoyons le leéteur.
S ‘ E Ç T I O N . V I e .
Des intérêts politiques de la France a l'égard des
, autres nations•
Les ennemis d’ un grand prince qui a fi long-
1 teins.régné dit îylontefquieu, , l’ont mille fois
acçufé plutôt, js crois, fur leurs craintes que
fur leurs raifons, d’avoir formé 8e cohduit le
projet de la monarchie univerfelle. S’il y avoit
j réuffi, rien n’auroit été plus fatal à l’Europe, à
fes anciens fujets, à lui 8e à fa famille. Le c ie l,
qui ■ connoît les vrais avantages , l’a mieux fervi
par, des défaites, qu’il n’ auroit fait par des vic-
: foires. Au lieu de le rendre le feul roi de l’Eu-
i rope | il lé favorifa plus en le rendant le plus
puiflant de tous.
Samationiqui, dans les pays étrangers, n’eft
' jamais touchée que de ce quelle a quitté ; qui ,
en partant de qhêz elle, regarde la gloire comme
le fouveraln,bien , 8e,.dans les pays éloignés ,
comme un obftacl.e à fon retour ; qui indifpofe
par fes bonnes qualités même, parce quelle paraît
y joindre du mépris ;. qui peut fupporter les ■
blefîures, les périls & les fatigues , & non pas
la perte de fes plaijlrs t qui n’aime tien tant que
fa gaieté, & qui fe'confôle de la.perte d’une,
bataille lorfqu’elle a chanté le général , n’auroit
jamais été jufqu’ au bout d’une entreprife qui ne
peut manquer, dans un pays, fans manquer dans
tous les autres, ni manquer un moment fans man-.
quer pour toujours.
I C e caraftère national doit déterminer la cort-,
: duite des princes & des miniftres qui gouvernent
l'i ,France ; &f. , fans Vouloir leur indiquer les pro- '
jets auxquels ils doivent fe borner, nous traiterons
des rapports politiques de ce royaume avec
.les autres nations.
La France eft le plus vafte & le plus puiffant
; royaume de l’Europe ; .avec une bonne adminif-
i tration -elle ne redoutera aucun fouverain , & elle
didlera la loi dans.les,négociations. Aujourd’hui
■ que’ jes conquêtes ■ & les traités lui ont donné