
quantité de papiers-monnoie , que le congrès a i
créé a différentes époques, monte , il eft v ra i, !
à 200 millions de piaftres de valeur nominale ;
mais il faut examiner quelle étoit la valeur reélle
de ce papier-monnoie, aux époques où il fortoit
du bureau du tréfor. Un foldat, un fournjfleur,
un autre citoyen, qui à la fin de Tannée 1779 >
recevoit, pour un fervice quelconque ,• 40 piaftres
en papier, dans le fa it, ne recevoit pas plus que
celui à qui on donna une piaftre en papier , pour
le même fervice, dans le cours de 1775 & 17765
parce que le papiér-mônnoie fut au pair de Targent
dans le cours de ces deux années : à la fin
de 1779 y au contraire, 40 piaftres en papier ne
valoient quJune piaftre en argent, & lorfqu on les
employoit dans le commerce , elles payoient
feulement les chofes qü’on obtenoit avec une piaftre
effective. Pour faire connoître la véritable
fomme des papiers-monnoies dont le congrès s’eft
fe-rvi dans le cours de la guerre, nous allons donner
Tépoque & Via valeur nominale des billets
qu’il a mis dans la circulation ; la dépréciation
qu’ effuya ce papier, au moment où on le creoit,
& fa valeur réelle en argent ou en or.
E p 0 Q U E s. Valeur nominale. Dépréciation.
/aleur réelle en piaft.
d’argent.
i'775- Juin 23 2,000,000 2,000,000
Nov. 29 3,000,000 -, 3,000,000 5,000,000
i 7y6. Fev. 17 4,000,000 4,000,000
Août U 5,000,006 5,000,000
00
80q c?
’ 777• May. 20 5,000,000 1.877,273
Août 15 1,000,000 2y 333»333ï .
Nov. . 7 1,000,000 3 2 50,000
Dec. 3 1,000,000 4 250,000 2,710,6067
1778. Janv. 8 1,000,000 4 250,000
22 .2,000,000 4 500,000
Fev. 16 2,000,000 4 400,000
Mar. V f 2,000,000 5 400,000
A v r. 4 1,000,0OO s 166,666 y
11 5,600,000 6 8î 3>535t 8
8 18 500,000 6 83.333 f
| May 22 • 5,coo,oco 6 J, 000, OOP
! Juin 20 5,000,000 S 1,250,000
Juill. 30 • 5,000,000 ' 4t 1 , 1 1 1 , 1 11
1 Sep. s 5,000,000 3 1,000,000
I 26 10,000,160 s 2,000,000
Nov. 4 10,000,100 6 1,666,683 1*
Dec. 14 10,000,100 6 1,666,683! 12,327,831
1779- Jan. 14 * 24,447,620 ■ 8 - 3>°J5>9f 2i
Fev. 3 5,000,160 IO 500,016 , '
12 5,000,160 IO 500,016
A vrf 2 5,000,160 >7 294,127
May 5 IO,©00,100 14 416,670!
Juin 4 10,000,100 20 500,005
Juill. 17 15,000,280 20 7JC.OI4
Sep. 17 15,000,260 14 625,010!
o a . 14 5,000,180 3° ' I 166,6727
Nov. *7 10,050,540 H 261,053
29 10,000,140 387 _ 259,743 7,329,282!
1 ..... 200,000,600 36,367,719!
, ( ) La fomme que vota le congrès, le 14 janvier 1779, fut de *0,000,40® piaftres nominales; mais il
en deftina une partie à l'échange des anciens billets , fans dire combien. On prefume que ces échanges ab-
forbôrent 1,780, parce que le refte, c’eft-à-dire, 24,447,62.0 , joint à toutes les autres créations antérieures
au 3 feptembre 1779, forment les 1 *.9,948,880 piaftres nominales que le congrès déclara, au mois de
fsptembre de la même année, fe trouver dans la circulation.
Ainfi
Aînfi, Ton voit que les 200 millions de piaftres
en papier, employés par lecongrès, n’ont pas excède
la valeur de 3 6 millions de piaftres en argent
pour ceux qui les ont reçu : fi nous eltimons ,
d’après la même règle , la valeur i^eelle des 200
millions de piaftres nominales, qu’on fuppofe avoir,
été créé par les diverfes provinces, fi nous e.ta-
bliffons enfuite la dette de l’union, étrangère &
domeftique , à environ 43 millions de piaftres >
& la dette des différentes provinces, à environ
vingt-cinq millions, on trouvera que toutes ces
fommes réunies, fdrment 140 millions de piaftres,
ou 700 millions tournois j & qu ainfi , la guerre
n’ a pas réellement coûté aux habitans des Etats-
Unis plus de 140 millions de piaftres. Peut-etre
même faut - il en diminuer trois millions ; car
il eft poflible que les 43 millions de piaftres, auxquels
on évalue la dette étrangère & domeftique
de l’union , comprennent trois millions pour le
rachat du papier - monnoie, comme on le verra
tout-à-l’heure. Il s’ eft écoulé 8 ans depuis la bataille
de Lexington, jufqu’ à la fin des hoftilités.
La dépenfe annuelle a donc été de 17,500,000
piaftres, & l’Angleterre a dépenfé annuellement
plus de 17,500,000 guinées.
Si on demande comment les deux maffes du
papier-monnoie continental & d.u papier-monnoie
des diverfes provinces, ayant été données aux citoyens
des États- Unis , pour 71 millions de piaftres
, valeur réelle, on peut aujourd’hui les racheter
avec environ 6 millions de piaftres effectives :
nous répondrons que les propriétaires de ces papiers
ont perdu fuccefîivement les 66 millions de
différence j chacun d’eqx y a perdu la valeur que
perdoit le papier-monnoie, dans l’intervalle où
il reûoit entre fes mains. Cette dépréciation dont
ils étoient les victimes , peut être regardée comme
une taxe que leur impofoient les circonftances : les
citoyens des Etats-Unis ont payé ici une contribution
de 66 millions de piaftres, & cette taxe
à -été la plus oppreflive déboutés parce qu’ elle
à été la plus inégalé.
Les citoyens de? Etats- Unis qui ont perdu fuc-
ceftivement une partie de leur propriété, à mefure
qu’ils touchoient le papier - monnoie , n’ont pas
formé la plus légère plainte, ainfi que nous l’avons
déjà dit ; ils ont ajouté ce facrifice à tant d’autres
Tunion,. pour les intérêts de la dette particulière
& les depenfes ordinaires de chaque état ? Un
impôt d’un & demi , de deux au plus fur les
terres ,. quelques autres taxes, infiniment modiques,
pour obtenir la liberté j & auoiqu^on dédaigne
les calculs du gain & de la perte" dans une
guerre civile, nous aimons à prouver ici que ces
pertes fe trouvent bien compenfées par la diminution
d’impôts & de taxes qu’a entraînée la révolution.
Que les nouvelles républiques, examinent
ce qu’elles paieroient dans tout autre gouvernement
, ce qu’ elles alloient payer à T Angleterre ,
accablée de dépenfes & de dettes, & qu’ elles
voient fi en 20 ans , fi même en 10 ans elles n’auront
pas gagné beaucoup fur ce point. Quelles
contributions va-t-on exiger d’ elles pour les arrérages
de la dette, pour les dépenfes ordinaires de
OEcon. polit, & diplomatique, Tom, II.
& il y a des contrées où Ton paie jufqu’à 40
& 50 pour cent de fa dépenfe ou de fes revenus.
L ’auteur des Notes fur l'état de Virginie a calculé que
les citoyens de.cette province ne paient annuellement
que deux cinquièmes de piaftre pour la protection
de leurs perfonnes & de leurs propriétés , &
les autres avantages d’ un gouvernement libre, &
que les anglois paient 16 fois davantage fur cet
objet feul. Au refte, il ne faut pas oublier d’autres
contributions pour les dépenfes de Tunion
fédérale*, l’ intérêt des dettes du congrès & de
chaque province : mais dans quelques années,
ces deux derniers articles feront nuis.
Il eft aifé maintenant de juger fi les républiques
d’Amérique ont fait banqueroute, & fi cette ef-
pèce de banqueroute n’étoit pas forcée. Elles iront
pas déclaré nulles les dettes qu’elles avoient con-
tra&ées , mais elles ont. profité des réductions
qu’ont\ amené les circonftances fur les dettes en
papier-monnoie, & leur crédit public ne doit pas
en être affeCté ; car la perte retombe, non fur
les étrangers, mais fur les nationaux 5 & puifque
les nationaux ne fe plaignent point, il faut que
l'Europe prononce avec modération fur un effet;
de la néceflité. Afin qu’on ne contefte pas la juftefle
de cette affertion, nous ajouterons que les fournitures
, les prêts & lçs fecours donnés aux Etats-
Unis par lès étrangers, n’ont jamais été payés en
papier-monnoie, mais en reconnoifîances, fur lesquelles
on n’ a pas fait de réductions, & fur lesquelles
on n’en fera point.
Le paiement de la dette publique du congrès
& des dettes particulières des diverfes provinces
eft ainfi très-facile, & les créanciers nationaux ou
étrangers ne doivent avoir aucune inquiétude fur
le capital ou les intérêts. La vente des terres im-
menfes, cédées au congrès par la Virginie & là
Caroline feptentrionale, avec la condition expref-
fe qu’on en tirera un fonds d’amortiffement, &
la vente de celles que céderont fans doute la C a roline
méridionale & la Géorgie , produiront de
grandes reffources : & lorfque les atteliers de culture
auront repris toute leur aCIivité, lorfque les
citoyens feront fortis de la détreife où les ont
plongés les déprédations des anglois , lorfque le
commerce fera bien établi, lorfque Taccroiflement
de la population & des richefles aura augmenté
le produit des taxes, chacune des provinces fournira
aux dépenfes ordinaires du gouvernement fédéral
& de fon adminiftration , & au paiement
des intérêts & du capital de la dette publique &
des dettes particulières , .fans fe gêner & fans être
foumife à de gros impôts. Les détails que nous
allons donner le prouveront fans répliqué.
La dette aCtuelle ( au commencement de.178(5)
des Etats-Unis monte aux fommes fuivantès.
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