
Wern ie r , frère cadet de Philippe X , & auparavant
archevêque de Trêves. Après la mort de
celui-ci, toute la fucceffion échut à' fes neveux ,
enfans de fes foeurs Luitgard & Agnès; la première
mariée à Everard, feigneur d’Epftein ,
& l'autre à Otton, comte de Solms 3 qui en eut
deux filles ; l'une de ces filles époufa Rupert ,
feigneur de Dirneboug 3 dont le petit-fils Guillaume
prit le nom de Falkènfi'eik& commença
la fécondé branche de cette maifôn. Guillaume
eut deux filles j l'une fut mariée à Cuno, comte
de Manderfcheid ; l'autre 3 nommée Marguerite 3
fut donnée à Melchior j feigneur de Dhaun -,
qui en eut un fils, nommé Wyrich ; Wyrich eut
trois fils , Philippe, Sebaftien & Jean le puîné,
tige d’une troifième branche de Falkenfiein. Sa
fille Sidoine , mariée à Axel Loewenhaupt, feigneur
de Grefnes & de Kieglèholm 3 renonça à
fa fucceffion en 157.9, 8c fon frère Emic, comte
de Dhaun , fe voyant fans poftérité, défigna dans
fon teftament les defcendans de Sebaftien pour fes
héritiers ; 8c , à leur défaut, ceux de Philippe ,
qui fe fuccédèrent en effet pour le comté de
Falkenfiein. Mais Guillaume Wyr ich, de la dernière
branche, ayant obtenu ce comté, le vendit
en 1667 à Charles I I I , duc de Lorraine ,
qui le donna à Charles-Henri, prince de Vau-
demont, après la mort duquel Léopold Jofeph-
Charles, duc de Lorraine, fit valoir les droits
de fon prédéceffeur, 8c les maintint contre les
maifons de Lôewenhaupt & de Manderfcheid ,
avec lefquelles il fit un accommodement en 1724
& 17*7. Son fils François - Etienne , depuis
empereur fous lé nom de François 1 3 fut enfin
mis en poffeffion de tout le comté, tant mouvant
qu allodial, par une fentence du confeil au-
lique de 1731 , & fe le réferva expreffément,
lors de la ceffion faite en 1735 84 1736 du duché
de Lorraine à là couronne de France ; de
forte qu’après avoir acheté ce qui y reftoit encore
à terminer avec les maifons de Loe - <
wenhaupt 8c de Manderfcheid , il l'a laiffé à
l’empereur Jofeph II fön fils, qui le poffède aujourd’hui.
Ses armes font une roue ; félon fa taxe
matriculaire, if fournit quatre fantaffins 8c deux -
cavaliers, ou 40 florins par mois, outre 15 rixd. 6j & demi kr. par quartier pour l’entretien de
la rchambre impériale* î l donnoit à l'empereur
défunt, comme marquis de Nomeny, voix &
féance au collège des princes de l'Empire & aux
affemblées du cercle du haut Rhin.
F A L K L A N D ( ifle s ) . Voye^ M a lo u in e s .
FA VO R IS . Voyei l'article C onfidens ï>es
p r in c e s .
F A U Q U EM O N T , feigneur!e dans le duché de
Limbourg. La feigneurîe- de Fauquemont a pour
bornes au nord 8c à l’orient le duché de Juliers,
au midi la feigneurîe de Rolduc & le comté de
Paelçm 5 8c à rocçiden; l’évêché de L iège, le
territoire de Maëftricht & le comté deRethem?
dont elle eftféparée par la Meufe. Cette feigneif-
rie a , dans fa plus grande longueur d’orient en
occident environ fix lieues, 8c quatre de large-ut
du nord au midi. Elle renferme trente-cinq Villages
, outre la ville de Fauquemont 8c l’abbaye
de S. Gerlac.
Par le traité conclu à la Haye en 16 6 1 , P hilippe
IV , roi d’Efpagne , fe réferva, dans le pays
de Fauque mont ,■ les villages 8c feigneuries de Nutt-,
Alt- Valckenburg ou vieux-Fauquemont , Stucht 3
Schin fur la Gueule, la maifon d’Ooft fur là
même rivière , Wynantfrade , Geleen, Schin-
nen, Spanbeecq^ Oorsbeeck, Jabeeck, Brouf-
fen , Schinvelt , Hôensbroeck , Vaefrade &
Schaesbergh, avec toutes leurs dépendances. Il
céda en toute propriété 8c fouveraineté aux Etats?
Généraux , la ville & le château de Fauqùe-
mont 3 avec les bans , feigneuries 8c villages de
Meerfsen , Hauthem, Haren , Gent , Uleftra-
ten , Bunde , Amby , Iteren , Climmen, Hulf-
berg, Schummert, Eyfden , Herken-rade 3 Ekel-
rade , Beeck, Neerbeeck , Berck, Bemelen ,
Blyt & H eerle; avec le grand chemin depuis
Heerle jufqu’ à Schaesberg , & tous les hameaux,
reflforts , jurifdi&ions , fiefs 8c dépendances
de ces lieux 8c feigneuries, de même que
tous les fiefs mOuvans du château de Fauque-
mont 3 quoique fitués hors de ce territoire. C'eft
en vertu de ce traité de la Haye 8c de celui de
la Barrière , conclu à Anvers le 15 novembre
17 15 , que l’empereur poffède aujourd’ hui cette,
partie du pays de Fauquemont 3 & des deux autres
territoires du pays d’Outre-Meufe, réfervés
par Philippe IV , roi d’Efpagne , & que le refte
eft demeuré fous la domination des Etats-Généraux.
-
Le pays de Fauquemont eft gouverné par deux
hauts-officiers, & par les états. Ces hauts-officiers
font le voué, ou voogt en flamand, & le
droffard. Le premier eft pour le gouvernement
civil 8c politique , & eft le chef des bans ou tribunaux
qui n’ont point de feigneur ni de fehout.
Le droffard connoît des affaires criminelles , &
fait exécuter les fentences des éçhevins de Fau~
quemont 8c des autres tribunaux qui n’ont point,
de feigneur, ni de mayeur ou. fehout Quand il
s’agit d’une fentence de m o r t," le voué rompt
un petit bâton blanc, après quoi le droffard en
ordonne l ’exécution. C e s deux officiers convoquent
les états du pays, & lignent conjointe?
ment les lettres circulaires pour cette affembléeï
Les états qu’ils préfident etffemble , fe tiennent
une fois par an , mais le voué y a le premier
rang. Ces deux officiers font chargés l’un 8c l’autre
de la publication & de l’exécution des édits 8c ordonnances des états généraux , & ils ont
chacun fix cens florins d’appointemens par an ,
monnoie de Hollande, outre des amendes pécuniaires
qui leur reviennent. Ils ont fous eux de«
fttbftitiits choiffs par eu x , qu’on ndmme faute-
juins voués 8c lieutenans droffard 3~8c qui font leurs
fondions en leur abfence. Le voué eft auffi ftad-
houder^ ou confervateur des f iÿ s ^de tout le
pays de Fauquemont, qui reffortit f e leurs Hau-
tes-Puiffances. Il établit les éçhevins & les fe-
crètaires des bans de Meerfen, de Climmen 8e
de Beélc, où il n'y a ni feigneur ni lchout, de
même que du ban de Heerle, dont le fehout
eft nommé par les Etats-Généraux, qui difpo-
fent auffi des emplois de voué 8c de droffard.
Les états du pays font compofés de la no-
bleffe 8c des députés des bans, qui ont chacun
utfe voix. - ; 1
I La juftice s’adminiftre dans tout le pays d Ou-
tre-Meufe , conformément aux anciennes loix &
coutumes du pays, & d’après un reglement de
leurs Hautes-Puiflances, du 15 oétobre 16^3
qui contient cent douze articles.
La ville eft gouvernée par deux bourguemeftres
qui doivent être de la religion réformée ; la bour-
geoifie choifit tous les ans quatre candidats, à la pluralité
des voix , & le voué en nomme un. Leur
fonérion eft de régler certaines affaires^ de police,
concernant le bien de la communauté.
FÉDÉRATIVES ( républiques ). Voye^ cet
article à la. lettre R.
FÉO DA L ( gouvernement ) : nous tâcherons
de donner ici une idée de ce gouvernement qui
a fubfifté fi long-temps en Europe, & qui a produit
, dans les moeurs & dans les conftitutions,
des vices & des préjugés que les lumières & les
progrès de la raifon n'ont pu encore détruire.
Nous ne parlerons pas de l'invafion faite par
les peuples du nord fur les terres de l'Empire
romain : pour avoir une idée du gouvernement
qu’ils établirent dans les divers royaumes de leur
domination, il eft néccffaire de co'nfidérer la
nature de leurs armées, qui venoient chercher
de nouvelles habitations. La nation entière étoit
divifée , comme les Ifraélites, en plufieurs tribus
diftinéles &fféparées, dont chacune avoir
fes juges , fans aucun fupérieur commun , excepté
en temps de guerre. Ainfi les armées ou
colonies , quifortoient du nord furchargées d’ha-
bitans , n’étoient pas des armées de mercénaires
chargés de faire des conquêtes pour ceux qui
les payoiènt; c’étoient des fociétés volontaires,
ou des .co - partageans dans l’expédition qu’on
avoit entreprife. Ces fociétés étoient autant d’armées
diftinétes , tirées de chaque tribu, chacune
conduite par fes propres chefs, fous un lupé-
rieur ou général qui étoit choifi d'un commun
accord, & qui étoit auffi le chef ou capitaine
de fa tribu : c’étoit, en un m o t, une armée de
confédérés. Ainfi la nature de leur affociation
exigeoit que la propriété du pays conquis fut
acquife à tout le corps des affoèiés , & que chacun
eût une portion de ce qu'il avoit aidé à
conquérir.
Pour fixer cette portion, je pays conquis étoit
divifé en autant de diftri&s’ que l’armée conte**
noit de tribus : on les appelîa provinces, comtés,
en anglois shire, mot qui vient du faxqn feyre ,
c'eft-à-dire , divifer, partager. Après cette divi-
fion générale , les terres étoient encore partagées
entre les chefs des tribus Pour s’établir dans un
pays, nouvellement conquis, il fallut proroger
l'autorité du général, qu'on doit envifager fous
deux diftérens rapports, comme feigneur d’un
diftriét particulier, partagé entre fes volontaires ,
ou comme feigneur ou chef de la grande fei-
gneurie du royaume. Chaque diftriéb ou comté
etoit préfidé par le comte , ( en anglois Ealder-
man ) , q u i, avec une affemblée de vaffaux tenanciers,
landhot.de;s , régloit toutes les affaires
du comté, & la feigneurie du royaume étoit
préfidée par le général ou ro i, q ui, avec une
affemblée générale des vaffaux de la couronne ,
régloit les affaires relatives au corps entier de
la république ou de la communauté.
Lorfque ies germains envahirent les Gaules, les
! vifigoths occupèrent la Gaule narbonnoife, &
' prefquç tout le midi ; les bourguignons fe fixèrent
dans la partie orientale ; les francs conquirent
à-peu-près le refte, & ces peuples confer-
vèrent dans leurs conquêtes les moeurs, les inclinations
& les ufages qu’ils, avoient de leur
pays, parce qu’une nation ne change pas en un
moment de façon de penfer & d’agir. Dans la
Germanie, ils cultivoient peu les terres, & ils
fe livroient beaucoup à la vie paftorale. Rori-
cou , qui écrivoit l’hiftoire chez les francs, étoit
pafteur.
Le partage des terres ne fut pas le même chez
les diftérens peuples qui envahirent l’Empire ;
les uns, comme les goths & les bourguignons ,
firent des conventions avec les anciens habitans
fur les domaines du pays : les féconds, comme
les francs dans les Gaules, prirent ce qu’ ils voulurent
, & ils ne firent de réglement qu’entr'eux;
mais, dans ce partage même, les francs & les
bourguignons agirent avec la même modération.
Ils ne dépouillèrent pas entièrement les peuples
conquis 5 ils prirent quelquefois les deux tiers
des terres , & d’autrefois ils n’en prirent que la
moitié, 8c feulement dans certains diftriéts. Il
paroît que le tout les auroit embarrafle.
Il paroît encore qü’un efprit tyrannique ne dirigea
point les partages ; qu’on les fit en fe fou-
venanc des befoins mutuels de deux peuples qui
deypient habiter le même pays. La loi des
bourguignons veut que chaque bourguignon foit
reçu en qualité d’hôte chez un romain : le romain
fut léfé le moins qu’il lui fut poffible : le
bourguignon, chafleur & pafteur, ne dédaignoit
pas de prendre des friches ; le romain gardoit
les terres les plus propres à la culture ; les troupeaux
du bourguignon engraiffoient le champ du
1 romain,