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cette repréfentation d'un peuple libre eft quelque
chofe de fi idéal ; elle,affure fi mal la liberté du
peuple, que dans une république naiffante, en
Amérique fur-tout, il feroit convenable d'établir
■ que 150 têtes impofables, & non pas 300, auront
toujours un député à la chambre baffe.
Lorfque la population aura fait des progrès, cette
proportion fera, très - forte fans doute ; mais il
nous femble qu'il n'y auroit pas de mal à
l'établir pour dix ans : elle produiroit des effets1
d'autant plus heureux , qu'il faut, lorfqu'une
république commence à fe former, prendre tous
les moyens poflibles pour façonner le peuple , &
lui donner l'efprit & le caractère propres à la
démocratie.
N 'y a-t-il aucun inconvénient à déclarer le fé-
nat> juge de.tous les impeachments 3 portés par la
chambre des repréfentans ? C et article que quelques
états d'Amérique ont pris dans la conllitu-
tion d’Angleterre, eft il bien d'accord avec les j
principes avoués dans leurs déclarations des droits, j
Ôi dans leurs conftitutions ? La puiffance légifla-
tive fe trouvera-t-elle alors bien féparée & bien
indépendante de la pffffance judiciaire', ainfi qu'on
le recommande e-xpreffément ? Il nous paroît
que cette difpofition peut entraîner des abus : il
feroit peut-être plus fimple d'ôter au fénat toute
efpèce d'autorité judiciaire, 8c lorfqu'il y auroit
un impeachment formé par les communes, d 'é ta -'
blir , pour ce cas , des juges qui feroient nommés
par le peuple : ces remarques paroiffent
d'autant plus juftes, que le fénat dans les onze
provinces d'Amérique , qui en ont établi un , eft
auffi revêtu d'une partie de la puiffance exécutrice
j qu'il eft contre tous les principes de
donner à un feul corps une, portion des trois pouvoirs}
que fi les circonftances locales ne permettent
pas d'ôter, fans inconvénient, au fénat une
portion de la puiffance exécutrice, il ne convient pas
du moins de le revêtir de l'autorité judiciaire : enfin
les reftriélions qu'on a mifes à fon autorité
judiciaire , dans le cas de Y impeachment | ne paroiffent
pas f Æfantes , & l'on pourrait tout au plus
lui demander fon avis fur Yimpeachment, avant de
faire juger définitivement par un tribunal particulier.
La partie de la çonftitution du nouvel-Hampshire,
qui traite de la puiffance exécutrice , nous paroît
fufceptible de diverf.s.critiques} & nous demanderons
fi les Etats-Unis d'Amérique , au, lieu de
choifîr le confeil parmi les fénateurs & les députés
à la chambre des repréfentans, n'auroient pas
mieux fait de revêtir du pouvoir exécutif un corps
féparé, très-diftind du fénat & de la chambre
baffe. v
Le nouvel-Hampshlre y ainfi que les autres états
d'Amérique , ont pris la çonftitution d'Angleterre
pour le modèle des leurs : nous avons dit ailleurs
que l'abolition de la puiffance royale exceptée ,
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leur gouvernement r fe trouve à-peu-près calquéé
fur celui de la Grande-Bretagne.
Mais lorfqu3 on veut une forme de gouvernement
fi démocratique , il faut adopter le régime
convenable à la démocratie > il faut balancer avec
foin le pouvoir des différentes claffes de l'état >
il faut profcrire tout ce qui donnerait trop d'autorité
ou de prépondérance à quelques individus
ou a quelques corps ; & il nous femble qu'on ne
s eft pas affez défié des fénateurs du
shire3 non plus que des fénateurs des autres états :
d abord le fénat du nouvel-Hampshire a trop de part
au pouvoir exécutif} car fes 12 membres fourniffent
deux membres au confeil exécutif, tandis que la
chambre des repréfentans n'en fournit que trois $
en fuppofant que le régime aétuel foit bon ,
on ne devrait peut-être admettre qu'un fénateur
au confeil. Enfuite le principal inconvénient de
la forme d’adminiftration adoptée par les américains
, c'eft qu'elle manquera de force & d'éner^
g ie , pour remettre à leur place ceux des corps ,
qui voudraient ufurper des droits, dont on ne
les a pas revêtus : & certes un corps qui aura
comme le fénat, par lui-même ou par quelques-
uns de fes membres , une portion de la puiffance
légiflative, de la puiffance exécutrice & de la
puiffance judiciaire , fera plus difpofé qu'un autre
à etendre fes droits au-delà des bornes fixées par
la çonftitution. Sans doute on a compté fur les
nouvelles élections des fénateurs, qui doivent fe
renouveller toutes les années : on a cru avec
raifon que ce déplacement continuel éteindrait ou
affaiblirait l'efprit de corps} mais on pourrait fe
procurer le même avantage avec des confeillers
du corps exécutif, qui ne feraient - tirés ns
du fénat, ni de la chambre des repréfentans:
ils laifferoient moins d’inquiétudes. Toutes les républiques
américaines, ont pour bafe une forte
d'équilibre qu'il n'eft pas facile de garder, &. ors
ne fauroit donner trop d'appui aux gouvernemens^,
dont la ftàbilité eft fi difficile.
La çonftitution du nouvel-Hempshire n'a-t-ellé
pas donne trop de pouvoir à l’individu qu'on ap-
pelltprefiàettt de l'état ? On exigé qu'il prenne l'avis
du confeil, en quelques .occafions : niais cette
précaution paroît infaffifante. Sans doute, il y a
de l'inconvénient à mettre un commandant en
chef & un grand amiral, à la merci du fuffrage
de quelques collègues} & fi l'on ne peut critiquer
la çonftitution du nouvel-Hampshire de ce que le
préfîdent, en qualité de commandant en chef &
de grand amiral, eft le maître abfolu de fes actions,
il eft d'autres , détails de la puiffance exécutrice
où le concours de plufieurs magiftrats efî
avantageux. On a donné''au préfîdent, de Lavis
dju confeil, il eft vrai, & à l'exemple de la plu- ’
pats des autres provinces, le droit de faire.grace :
nous avons déjà dit combien ce droit, eft dang&*
reux.
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S e c t i o n Q u a t r i è m e .
Remarques fur les contributions , la population ,
Cadminiflration & le commerce du nouvel Hampshire.
Le nouvel-Hampshire e f t u n d e s p r e m i e r s é t a t s
q u i o n t c o n f e n t ï à r e v ê t i r l e c o n g r è s d e l ’ u m o n
d u p o u v o i r d e l e v e r , d u r a n t v i n g t - c i n q a n s , u n
i m p ô t d e c i n q p o u t c e n t f u r t o u s l e s a r t i c l e s î m -
p o r t é s d é l ' é t r a n g e r , & q u i o n t p a f f e d e s a c t e s
p o u r c h a r g e r l e . c o r p s l é g i f l a t i f d e 1 u n i o n , d u
r é g l e m e n t g é n é r a l d u c o m m e r c e d e s . n o u v e l l e s r e -
p u b l i q u e s , l ' a r t i c l e E t a t s : U n i s .
Mais c'eft une des provinces q u i, pendant la
guerre , a payé avec le moins de zele fa part des
contributions de 1,200,000, de deux millions 8c
de huit millions de piaftres que le congres demanda
aux États-Unis. ■ . .T
On n'a pas encore fixé d une maniéré invariable
la règle qu'on fuivra pour le contingent des
différentes provinces } mais, d'après la proportion
qu'on obferve àfl:ueliement, le nouvel Hampshire
paye trente - cinq fur une contribution de
mille piaftres. .
Nous avons dit ailleurs qu il y-a peu de provinces
ou l’on ait fait des recherches exactes fur
la population , & nous fommes réduits à donner
les évaluations imparfaites qui fe firent en 1775 3
lorfqu'il fallut régler de quelle fomme du papier-
monnoie,mis en circulation par le congres, chaque
province feroit caution, & en 1783 lorfqu il fallut
repartir un million & demi de piaftresque le congres
demandoit aux étatspendant vingt-cinq ans.En 177)
on évalua la population du nouvel-Hampshire à
100,00p. habitans blancs ou noirs , & en 1783
on ne l'évalua plus qu'à 83,000 } mais nous avons
montré à l'article E t a t s - U n i s , qu'on doit peu
compter fur ces eftimations } qu elles fe firent a
la hâte & fans données, & que d'autres caufes
doivent les avoir rendues inexactes.
Nous avons parlé à l'article E t a t s - U n i s des
prétentions du .nouvel-Hampshire fur le diftriét de
Vermont : on a vu que ce territoire^ qu on appelle
New Hampshire5Grants ou l'etat de Vermont
, ne tardera pas à être admis a la confederation
américaine : & cette raifon nous déterminera
peut-être à faire mî article V e r m o n t . Voye%
s'il y a un article V e r m o n t .
Il s'eft paffé vers la fin de l’année dernière ,
dans le nouvel-Hampshire & dans 1 état de Maf-
fachufett, des fcènes de rébellion , qui ont produit'
un mauvais effet en Europe 3 ou 1 on con-
noît mal -les fuites de ces fortes d’orages dans les
gouvernemens démocratiques.
Trois ou quatre cent féditieux fe font affemblés
en armes à la fin de feptembre 1786 , autour du
palais où l’affemblée générale tenoit fes feances,
& ils ont fait des pétitions : la chambre des re-
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préfentans a délibéré fur leur demande , & a con-
ienti à ce qu’ils demandoient : la chambre du fén
at, à laquelle on a porté l’ affaire fur le champ,
a eu le noble courage de s’y refufer : les deux
chambres ont continué leurs délibérations tranquillement,
& à l’entrée de la nuit elles fe forte
ajournées. Les mutins toyant que le fénat ne vou-
loit point les écouter, ont inveftila chambre où il
fiégeoit, & - ils n’ont -pas voulu permettre aux fénateurs
de fortir. Les milices averties au milieu
de la nuit , ont paru le lendemain , {à la pointe
du jour, au nombre de trois ou quatre mille hommes
: elles ont marché contre les rebelles q u i,
fe voyant les plus foibles, ont fongé à leur retraite.
Il n’y a eu perfonne de tués ou de bleffé 3
mais on a faifi 40 rebelles qu’on a mis en prifona
8c qui feront jugés félon les loix.
Il n'eft pas aife de dire'’ ce que vouloit cette
canaille : les infurgens étoient des miférables de
la lie du peuple, à demi-ivres 8c conduits par des
fa&ieux : les uns crioient papier-monnoie , les autres
une égale difiribution des biens \ les uns Y anéanti
J} ement des dettes, les autres un affranchijfement
de toutes efpeces de taxes} 8c tous fe récrioienc
contre les loix & le gouvernement.
Nous parlerons ailleurs des mauvais effets de
ce papier-monnoie que quelques états d'Amérique
viènnent d'établir, malgré la grande leçon
qu'a dû leur donn'er le papier-monnoie, mis en
circulation pendant la guerre. Voye{ l'article P en-
S Y L V A N I E . 1 L'affembîée générale du nouvel - Hampshire a
montré, en général , beaucoup de zèle pour fon
indépendance : on a parlé d’un a61e de navigation^,
qu'elle a paffé en oppofition" à celui de la Grande-
Bretagne , mais qui ne doit être mis en vigueur,
qu'à l'époque où les autres états en auront pafié de
femblables : nous manquons de connoiffances pré-
cifes furcetobjet, &nous n'ajouterons rien de plus.
Le nouvel-Hampshire n'a que 20 milles de cot
e , quoiqu'il foit très-étendu dans l’intérieur :
mais cette cote refferrée renferme la fuperbe baie
de Piskataqua , formée par les eaux du lac Exeter ,
& au fond de laquelle fe trouve la capitale de la
province , qu'on nomme Portfmouth.
Le nouvel-Hampshire s'étend à l'oueft jufqu'à
la rivière de Conne&icut. Le fol eft fertile &
entrecoupé de rivières & de ruiffeaux , qui font
tourner les plus beaux moulins à feie de toute
l’Amérique. Cette province offre une quantité
confidérâble de bois, mâtures , merrains & planches
} elle exporte du porc fa lé , des beftiaux,
du lin , de la potàffe, outre le produit de fes
pêches.
Le voifinage de la province de Maffachufett a
beaucoup retardé le progrès du commerce du
nouvel-Hampshire , qui , avant la dévolution , tirait
de la première plus de la moitié de fes importations,
8c qui lui envoyoit prefque tous les
objets de Ton commerce ; mais ces inconyéniens