
trônât royal eccléfiaftique de Camille ( deîpatronato
real ecclejiajlico de Caftilta ) 3 qui fait fes rapports
directement au roi , & reçoit auffi immédiatement
les ordres de fa majefté ; d’ un fecrètaire de grâce,
de juftice & d’état de Caftillej d’ un fecrètaire de
grâce & de juftice du domaine royal de la couronne
d’ArragPn.
Le confeil royal fuprême des Indes ( confejo
real y fupremo de Indias ) elt compofé d’un président
3 de deux fifcaux , dont l’un eft pour le
Pérou , & l’autre pour la nouvelle-Efpagne j de
deux Secrétaires, dont les départemens font partagés
comme ceux des fifcaux & de quelques employés.
C e tribunal a la jurifdiétion fur mer, &
fur toutes les provinces de Terre-ferme en Amérique
foumifes à la domination espagnole.
Le confeil royal des ordres Çel confejo de los
m-aines ) a érigé en 1489 , eit partagé en deux
chambres, dont l’une n’eft que pour l’ordre de
S. Jacques , & l’autre pour les deux ordres de
Calatrava & d’Alcantara. C e confeil juge toutes
les affairés qui concernent ces trois ordres. -
Le confeil royal des finances ( et confejo real, de
hafienda ) fut divifé en quatre chambres par Philippe
V : elles font nommées fala de govierno
( chambre du gouvernement ) , fala de milones
( Salle des millions) , fala de jujiicia ( chambre
de juftice ) , & tribunal de la contaduria mayor
( chambre Supérieure des comptes ). C e confeil
e ft compofé d’ un préfident & de dix-huit confeil-
lers qui demeurent toujours en fonction.
Les autres collèges Supérieurs font : i° . le com-
miflariat & la direction générale de la bulle des
croifades ( commijfaria y direction general de cru-
%aâa ) ; il a pour préfident un commiflaire général
: 20. le collège royal de gruërie & des bati-
mens ( real junta de obras y bofquesj : 3°* la
junte générale du commerce, des monnoies & des
mines , & 40. la junte royale du tabac.
Le tribunal général de l'inquijttion a un grand
nombre de ce qu’on nomme familiers (famïharesj 3
lefquels font chargés de l’exécution de fes juge-
mens , & difperfés par tout le royaume* comme
ïnfpeéteurs. Les écrivains efpagnols & étrangers
ont évalué à 20 mille le nombre de ces familiers :
ce nombre a pu être aufli considérable j car les
familiers ayant plufieurs privilèges, tel que celui
d’exemption de logement, des gens de. guerre,
les inquifiteurs donnoient facilement des patentes.
Mais l ’adminiftration a réformé ces abus : elle a
Supprimé les privilèges des familiers 5 & comme il
en coûte de l’ argent pour fe faire recevoir , on
ne fe Soucie plus d’acheter une patente qui n’ eft
plus d’aucun avantage : enfuitele grand inquifïteur
paflefa vie à la cour, & un mot du miniftre a Suffi
d’abord pour arrêter ces abus. C e n’eft pas tout,
on a publié une loi qui fixe le nomhre des -tribunaux
de l’inquifition , & , d’après la grandeur
des villes & des cantons, celui des familiers : il
paraît que l’inquifition n'a pas aâueliement, en
17S6.J plus de r jo o familiers. Le tribunal général
a fous lui les tribunaux d'inquifition infé-'
rieurs--établis à Séville, à T o lè d e ,"à Grena-
i i j à Cordoue , à C uença, à Valladolid, à
Murcie, à Lérena, à Logrono, à Santiago ,
a Sarragoffe, à Valence, à Barcelone & à Majorque;
& hors du royaume , dans les ifles Canaries
, au Mexique, à Carthagène & à Lima.
Chacun de ces tribunaux ëft compofé de trois
inquifiteurs, de deux fecrètaires , d'un alguafil &
de quelques familiers. Lorlqu'il s'agit d'arrêter un
ecelefiaftique, ou'un chevalier de quelque ordre,
ou un gentilhomme, ils font obligés d'en donner
-avis au confeil général, auquel d'ailleurs.tous les
tribunaux inférieurs du royaume doivent rendre
compte chaque mois de l'état des biens confif-
qués; & à la fin de l'année, des affaires qu’ils
ont jugées & du nombre de leurs prifonniers.
Les. collèges inférieurs établis à la fuite de la
cour ( tribunales fubaltemos en la carte ) , font :
le tribunal du juge de la maifon & cour royale
( fala de los fenores alcades de la cafa y carte ) ; la
junta. de opofento| & le corregidor thenientes de la
villa.
Les premiers tribunaux provinciaux font : la
chancellerie royale de Valladolid j -la chancellerie
royale de Grenade j l^confeil royal & la chambre
des comptes de Navarre j l’audience royale
de la Corogne en Galice 5 l ’audience royale de
Seville j celles d’Oviédo , des ifles Canaries, de
la contra&atron des Indes établie à Cadix ( au-
diencia real de la contraliacion a las Indias ) •
d’Arragon, de Valence, de Catalogne, de Majorque.
Les chancelleries ont un préfident, des
aflefleurs , des juges pour le criminel ( alcades del
crimen) ; des juges pour les gentilshommes ( alcades
de hijos - dalgo ) y des fifcaux, &c. Le confeil royal
de* Navarre a un régent, des confeillers,, un fifir
cal & des alcades ; chaque audience a un régent,
des alcades & autres employés; Les magiftrats des
villes, qui font nommés ou par le ro i, ou par
les villes elles-mêmes, font chargés de l’adminif-
tration civile & économique. Ils rendent la juftice
en première inftance , & aucune chancellerie d’audience
n’ofe fe mêler des affaires, fi ce 'n’eft: en
cas d’appel.
Outre les ordonnances royales & les loix rédigées
aux états de T o r o , on fuit encore en E f pagne
les anciens codes, appelles fora & fruer&
\u\go 3 leÿes de la partida , ou le droit romain.
S e c t i o n V I I e.
Des intérêts politiques de /’Efpagne.
Le cabinet de Madrid doit s’occuper, i° . du
-maintien de l’autorité du roi contre les grands ,
contre le clergé , & contre l’inquifition, d’où dé^
pend le repos & le bonheur de la nation ; i ° . de
la confervation de fes domaines aux Indes, & fur-
toiit en Amérique : & pour remplir cet objet, une
bonne marine ne fuffir plus. La révolution des i
Etats - Unis oblige à d’ autres foins j & les mou-
vemens qui arrivent au Mexique & au Pérou,
depuis quelques années, exigent des précautions
infinies.. Jufqu’ici, le gouvernement efpagnol a joui
de beaucoup de fécurité dans le Pérou , parce
qu’il eft bien difficile d’y aller par terre, & qu-e
du côté de la mer, on ne peut y aborder, quen
faifant le tour de l’Amérique-méridionale, ou bien
par les Indes-orientales.» ces voyages entràmeroient
des difficultés innombrables, & il ferott difficile
d'y tranfporter des-troupes nombreufes, fans les
expofer à des maladies & a d autres incommodi-
tés qui affoibliroient trop 1 armee. Le célébré chevalier
Walpole prévit tous ces obftacles, lorfqu en
1729, la nation angloife força le roi de porter la
guerre en Amérique. Le defaftre de 1 armee britannique
devant Carthagene & ailleurs, juftifierent
ce miniftre , qui avoit foutenu fi fouvent, qu’ /Z n'y
avoit que des coups a gagner dans une pareille guerre.,
& que le Juct es même fer oit prejudiciable au commerce
de la Grande-Bretagne. Mais les Etats-Unis,
trop fages aujourd’hui pour foriger a des conquêtes
, favoriferont un jour les entreprifes qui les
admettront au partage des trefors du Mexique &
du Pérou : & YEfpagne fera réduite a ménager
& à furveiller fes étabüftemens avec une grande
attention. 30. Cette puiffance doit s occuper de la
protection de fa navigation-aux Indes pour 1 envoi
&• le retour de fes^galions des autres vaif-
feaux qui appartiennent à la couronne ou aux particuliers.
Les anglois ont tenu plus d une fois les
•flottes efpagnoles bloquées dans les ports d Amérique
, & en les privant de ces refloùrces, ils 1 ont
mis dans la détreffe. 40. UEfprgne doit s occuper
de l’accroiffement de fa population, y0. De 1 ac-
croiffement du commerce, de l’induftrie , de la
perfection de l’agriculture, ècc. 6°, Du maintien
d ’un prince de la maifon de Bourbon fur le trône
à.3Efpagne ; car alors , elle n’ a plus guères
lieu de craindre des démêlés avec la France j
mais, d’un autre c ô té , elle eft intérefîee au
maintien de la fa’nxftion pragmatique , établie
par la paix des Pyrénées , & confirmée par
tous les traités ; fuivant cette pragmatique, la
France & /’Efpagne ne pourront jamais être réunies
fous un même chef : & une pareille réunion feroit
trop dangereufe pour le repos de l’Europe, &
elle réduiroit YEfpagne en province. 7®. Si la mai-
fon de Bragance venoit à s’éteindre, ou qu il arrivât
quelqu’autre révolution confidérable en Portugal,
YEfpagne chercheront peut-être à reconquérir
un royaume qui a été fi lopg - temps fous fa
domination :, & qui eft fi fort à fa bienféance.
Mais il faudroit calculer fes moyens > & fi fon
crédit n’étoit pas plus étendu qu’il ne l’ eft aujourd’hui
, elle courroit des dangers en entreprenant
la guerre que produiroit cette prétention. 8°. L ’aV-
rangement des finances eft un des principaux objets
de l’adminiftration , & la fource "des fuccès
de tous les autres.
Voici la conduite partfculière qu’elle ob-
ferve , ou qu’ elle doit obferver à l’égard des
puiflances de l’Europe. Le Portugal ne fauroit par
lu^même înfpirer de crainte à YEfpagne , dont les
forces de terre & de mer font fupérieures. Mais,
■ forfque les efpagnols font en guerre avec d’autres
ennemis, les portugais peuvent faire des diver- •
fions, capables d’incommoder beaucoup YEfpagne.
Au refte , le cabinet de Lisbonne & celui de Madrid
fe prêtent à un accommodement, lo-rfqu’ il fo
préfente un fujet de rupture j & on a lieu- de
croire que les deux nations ne fe déclareront pas
la guerre de fi-tôt.
La France a été de tout temps fort à craindre
pour YEfpagne , & elle le feroit encore, fi les
liens du fang, les mariages & le fyftême des deux
couronnes ne réunifloient leurs intérêts* C a r , fî
la nature femble avoir féparé ces deux nations pat
la barrière effrayante que forment les Pyrénées,
on a vu plus d’une fois les efpagnols, ainfî que
les françois, franchir ces montagnes prefque inac-
ceffibles, & s’attaquer avec un acharnement d’autant
plus v if , qu’il étoit excité par une antipathie
nationale. Mais cette averfion a difparu depuis le
commencement du dix-huitième fiècle , c’eft-à-
dire, depuis qu’ un prince françois règne en E f pagne.
Cependant , comme les intérêts peuvent
changer, & que l’amitié des deux monarques peut
s’ affoiblir , à mefüre- que les degrés de parenté
s’éloigneront, YEfpagne doit toujours être fur fes
gardes, & ne rien négliger pour entretènir en bon
état fes ports de mer & les places fortes, dont
les Pyrénées font remplies. Il convient d’ailleurs
à la cour de Madrid d’entretenir toujours une
bonne harmonie & des liaifons d’amitié avec celle
de Verfailles, qui peut faire réuflir fes vues politiques
& protéger fes.poflfeffio'ns étrangères.
L 3Efpagne doit ménager extrêmement l’Angleterre
j .d’abord , parce que celle-c i eft de toutes
les puiflances du monde la plus formidable fur
mer , & que le rai dé la Grande-Bretagne peut
inquiéter, non-feulement les efpagnols en Amérique,
mais aufli troubler leur navigation 5 enfuite,
à oaufe des intérêts du commerce important qui
fe fait entre lés deux nations j c a r , quoique cc
commerce foit au defavantage de YEfpagne 3 elle
a eu befoin jufqu’ici de ce commerce défavanta-
geux , & les autres peuples commerçans n’ont pu
encore lui fournir* ni la quantité , ni la qualité
d’ouvrages de grains, ou autres articles qui lui
font néceflaires. Au refte , trais caufes peuvent
brouiller ces deux puiflances î i° . le roi d3Efpagne
étant de la maifon de Bourbon , finit ordinairement,
après bien des lenteurs, par favotifer les
vues de la France, rivale naturelle de l’ Angleterre y
i ° . YEfpagne voit avec beaucoup de jaloufie , le$
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