
tifié. Consultez Koempfer , & les Recueils des
voyages de la Compagnie des Indes orientales au
Japon, tom. V . l/oye{ J a p o n s
D A L A I -L AM A ou L A M A -S EM , & communément
LE G R A N D L A M A , chef de la religion
de tous les tartares idolâtres , ou plutôt leur
dieu fenfible 8c vivant.
Le nom de dalai-lama fignifie prêtre univerfel.
On prétend que ce pontife eft le même, auquel
on donna autrefois le nom de prêtre - Gehan , ou
prêtre-Jean ; car le mot de Gekan , dans la langue
des peuples de la partie feptentrionale de l'Inde,
fignifie univerfel. Ainfi prêtre-gehan & dalai-lama
qnt la même lignification. C e dieu prétendu fait
fa réfidence. ordinaire près de Potala, vers les
frontières de la Chine. 11 habite un célèbre couvent
fitué fur le fommet. d'une montagne très-élevée.
Vingt mille prêtres de cette divinité habitent
les environs : on les nomme lamas. Us demeurent
plus ou moins près du grand-lama , félon qu'ils
fpnt plus ou moins diftingués par leur dignité &
par leur mérite. On dit que le dalai-lama réunit
la puilfance fpirituelle & la puiffance temporelle j
& q u e , par une modération qu’on n'a guère v u ,
lui & les prêtres fe mêlent feulement des affaires
fpirituelles} mais il: y a lieu de croire que des cir-
cpnftances particulières lui font une néceflité de
çe facrifice de fes droits. Le dalai-lama a fous lui
deux kans des calmouks , chargés de l'adminiftra-
tion de l'autorité temporelle & des dépenfes né-
ceffaires à l'entretien de fa maifon. On ajoute que
le grand-lama a foin de ne pas expofer fa divinité
au grand jour } qu'il ne fort prefque jamais de
fpn palais,. & fe tient toujours renfermé dans le
fond d'un temple, entoure de fes prêtres, qui lui
rendent tous les hommages dus à l'Etre fuprême.
Lorfque les dévots viennent l'adorer , on ne leur
permet pas d'approcher de trop près. Le refpeâ:
qu'on porte à ce dieu va fi loin, que fes excré-
mens même font regardés comme facrés. Cette inconcevable
folie paroît certaine, car elle eft at-
teftée par tous les écrivains ; & on ne fera pas
difpofé à la révoquer en doute, fi on fonge à
toutes les extravagances humaines- On conferve
précieufement fon urine, comme un remède divin
contre toutes les maladies. On fait fécher fes ex-
crémens les plus grofliers : on les réduit en poudre
qu'on enferme précieufement dans des boîtes
d'or enrichies de pierreries, & on les envoie aux
plus grands princes comme des préfens d'un prix
meftimable. Ces monarques fe font honneur de les
porter fufpendues à leur cou. Les peuples font
convaincus que le grand lama ne meurt point }
& pour entretenir cette erreur, lorfque les prêtres
s'apperçoivent que fa mort n'eft pas éloignée, ils
font chercher de tous côtés un homme qui lui ref-
femble, 8c le fubftituent adroitement à fa place.
On vient en foule, des pays les plus éloignés,
pour vifiter le temple du grand lama. Il y a toujours
à fes pieds un baflin deftrné à recevoir le»
offrandes des dévots.
D A L M A T IE , ( D A LM A T IA ) hung. Dal-
matiai Arjfag. contrée d'Europe.
La Dalmatie actuelle, qui appartient à la Hongrie
, à Venife, à l'Empire ottoman & à la république
de Ragufe, s'étend depuis le fleuve Arfo
jufqu’ au fleuve Drin j mais il y en a une portion
comprife fous le royaume d'Iftrie, 8c une autre fous
celui d'Albanie. Les habitans de cette contrée ont
la même langue & la même manière de vivre que
les efclavons, & leur religion eft la catholique romaine.
Précis de l'hijloire politique de Dalmatie L*
Dalmatie 3 félon les monnoies & les infcrip-
tions, tire fon nom de l'ancienne ville de Del-
mium ou Delminium que les romains prirent &
détruifirent l'an de Rome ^97. Ils établirent leur
domination dans la Dalmatie , qui fecoua cinq fois
le joug & leur fufcita bien des embarras jufqu’au
règne d'Augufte. Lorfque cet empereur partagea
les provinces avec le fénat, la Dalmatie fut une
des onze provinces proconfulaires que dévoient
gouverner les fénateurs j mais le fénat la lui rendit
de fon plein gré , & il la fit régir par un
gouverneur. Après la mort de Conftantin le
grand, cette province fut regardée comme un des
diftriéts de l'Illyrie occidentale : elle eut beaucoup
à fouffrir, de même que les royaumes voifins 9
de l'inondation des peuples barbares } 8c les goths
ayant créé uh empire en Italie, fubjuguèrent la
Dalmatie : Juftinien , empereur d'Orient, vainquit
le$ goths & les dalmates. Les efclavons pénétrèrent
en Dalmatie T an 640 } ils s’y maintinrent
vers la fin du règne d’Héraclius, & ils eurent
leurs rois particuliers. Le dernier de ces rois 9
nommé Slodomir , & , félon d'autres , Saromyr,
n'ayant point d'enfans, laiffa le royaume à fon
époufe, qui le légua à fon frère Ladiflasy-, roi de
Hongrie, qui l'a trapfmis à fes fucceffeurs. Les
vénitiens cependant occupèrent les côtes ; ce oui
détermina les rois de Hongrie à déclarer aux vénitiens
& aux dalmates rebelles plufieurs guerres
dont le fuccès fut d'abord heureux : mais , aü
quinzième fiècle, les vénitiens fe rendirent maîtres
de tout le royaume de Dalmatie. Depuis cette
époque, les turcs leur en ont enlevé une partie ,
; & la Hongrie eft rentrée en poffeflîon de quelques
diftri&s j ou plutôt ce que poffède la Ron-
I grie fait partie de l'ancien royaume de Liburnie,
plutôt que de celui de Dalmatie. Nous donnerons
a l'article V enise quelques détails fur lesreffour-
ces qu'offre la Dalmatie aux vénitiens.
Remarques fur la Dalmatie. Les fleuves de la
Dalmatie ont peu de longueur ; mais ils font prefque
tous navigables. Au nord, le pays eft montueux
8c froid , & il n’eft propre qu'à la nourriture des
beftiaux } mais d'autres diftri&s offrent des plaines
ou des collines très-fertiles. En général, la Dalmatie
produit beaucoup de bois. C'eft de la DaU
matie que Venife tire la plupart de fes bois de
chauffage 8c de conftruétion } elle produit auffi de
l'huile, du vin 8c du miel, de la cire & du bétail,
( fur-tout des chevres 8c des brebis ). Elle exporte
en Italie une quantité affez considérable de laine.
L'air y èft tempéré & pur.
C e qu'on appelle la Dalmatie hongroife eft fitué
au haut de la mer Adriatique, & fait une
partie de l'ancienne Liburnie. Avant de la décrire,
il eft à propos de dire un mot des ufeofes 8c -de
la Morlaquie.
Les ufeofes abandonnèrent autrefois la Dalmatie
pour échapper au joug des turcs. Leur dénomination
vient du mot fcoco , qui fignifie un fugitif}
& comme ils fautent avec agilité, plutôt qu'ils
ne marchent, dans le pays rude &. inégal qu'ils
habitent, on les a appellés fauteurs. Lors de leur
fuite , ils s'établirent en foule à Cliffe } mais les
turcs ayant acquis ce canton en 1 $■ 3 7 , ils fe retirèrent
à Zengh que l'empereur Ferdinand leur
céda. Comme ils y exerçoient trop de brigandag
e s , on leur afligna en 1616 les montagnes de la
Carniolê, qui ont quatre grands milles d'Allemagne
de longueur, 8c qui font fituées entre les rivières
de Kulp & de Brigana. Le château de Si-
chelberd fe trouve au milieu de ces montagnes.
Tous les ufeofes dépendent du capitaine du château
de Sichelberg} ils demeurent dans des mai-
fons éparfes , ou près de Feyenthum , W en itz ,
& aux environs, dans de gros villages. C'eft un peuple
groffier & fauvage, d'une haute taille , courageux
, enclin aux défordre4. & au v o l , & qui
tire fa principale fubfiftance du produit de fes troupeaux.
Il parle la langue valaque. Sa religion approche
beaucoup de là religion grecque} mais il
a parmi les ufeofes quelques catholiques romains,
ls ont un archevêque, des évêques, des popes
ou prêtres, & des coîuges ou moines.
On donne le nom de Morlaquie à la portion de
la Liburnie, qui s'étend depuis Saint-Georges dans
le territoire de Zengh jufqu’au comté de Sara}
o u , félon d'autres » depuis Binodok jufqu'à No-
w o g ro d } elle a quinze milles géographiques de
longueur, 8c cinq à fix de largeur : elle eft remplie
de hautes montagnes. Le nom de morlaques a
été introduit par les vénitiens , & il eft enfuite devenu
ufité chez les autres peuples d'Italie. Il vient
de mauro ulachi, terme moitié grec & moitié efcla-
von, quidéfigne des italiens maures ou noirs, ou des
valaques. On a appelle morlaques tous ceux qui
demeurent fur les montagnes , & qui mènent la
vie paftorale des valaques, quoiqu'à proprement
parler ils ne faffent point partie des valaques :
les italiens appliquent cette dénomination à tous
les habitans des montagnes de la Rafcie , de la
Bofnie 8c de la Croatie , dont la langue n'a
abfolument point de rapport avec l'italienne. C e
font des hommes grands 8c robuftes , dont le tempérament
s'eft fortifié par l'habitude de vivre dans
les montagnes. Ils s’occupent de la nourriture 8c
du foin du b étail} la plupart fuivent la religion
grecque. Aujourd'hui ils font fous la protection de
la Hongrie, ou fous celle des vénitiens, & il n'y
a prefque point de place forte en Dalmatie, ou
on ne trouve des morlaques en garnifon.
La Dalmatie hongroife confifte en cinq diftriCts,
quiobéiffent au gouvernement de Carlftadt. Nous
en parlerons plus en détail à l ’article Il l y r ie
h on g ro ise .
Ragufe eftla capitale de la Dalmatie ragufienne.
Voye[ R aguse.
C e que nous avons à dire fur la Dalmatie turque,
fe trouvera à l'article-OTTOMAN (Em pire) .
D A N EM A R C K , contrée de l’Europe, dont
il n'eft pas befoin d'indiquer ici la pofition.
C e t article contiendra, i° . un précis de l'hifr
toire politique du Danemarck, entremêlé de remarques
fur fon gouvernement ; z°. la defeription desprovinces
de ce royaume 8c des remarques fur le climat}
30. des détails fur la population , les payfans
8c les nobles} 4°. des obfervations fur l'agriculture,
les manufactures, la navigation & le commerce} 50.
des remarques fur les étabhffemens de commerce ou
les colonies que le Danemarck poffède en Afîe ,
en Afrique & en Amérique} 6 . des détails fur
les impôts, les revenus, îes dépenfes, les dettes
& les loix fomptuaires} 70. des détails fur l'armée
8c fur la marine} 8°. d'autres détails fur les loix
& les tribunaux} 90. enfin des obfervations fur les
intérêts & les rapports politiques du Danemarck,
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de l’hijloire politique du Danemarck , & remarques
fur fon gouvernement.
C 'eft une opinion affez généralement reçue que
les cimbres occupoient, dans les temps les plus
reculés, à l'extrémité de la Germanie, la Cher-
fonèfe cimbrique , connue de nos jours , fous le
nom de Holjlein, de Slefwick 3 de Jutland, &
que les téutons habitoient les ifles voifines. Que
l'origine des deux peuples fût ou ne fût pas commune
, ils fortirent de leurs forêts ou de leurs
marais enfemble & en corps de nation, pour aller
chercher dans les Gaules, du butin, de la gloire
8c un climat plus doux. Ils fe difpofoient même
à paffer les Alpes , lorfque Rome jugea qu'il étoit
temps d’oppofer des digues à un torrent qui en-
traînoit tout. Ces barbares triomphèrent de tous
les généraux que leur oppofa cette fière république,
jufqu'à l’époque mémorable où ils furent
exterminés par Marius.
Leur pays prefque entièrement défert après cette
terrible cataftrophe, fut de nouveau peuplé par
des feythes q u i, chaffés par Pompée du vafte
efpace renfermé entre le Pont-Euxin 8ç la mer
Cafbienne, marchèrent vers le nord & l'occident
de l'Europe, foumettant les nations qui fe trou.-
t voient fur leur paffage. Ils mirent fous le joug b
A i