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core en force ; de manière q u e , quoiqu'il puiffe
y avoir une fomme confidérable d'argent de banque
pour laquelle il n'exifte point de récépifle,
il n'y a cependant aucune fomme ou portion fpé-
cifique qui ne puiffe être demandée par quelqu’un
en tout temps. La banque ne peut être débitrice
de deux perfonnes pour la meme chofe , & le
propriétaire d'argent de banque, dépourvu de
récépiffés, ne peut demander de paiement à la
banque j s’il n'en achète pas. Ordinairement & en
temps de paix, il ne peut trouver de difficulté
à en acheter au prix courant, qui généralement
correfpond avec le prix auquel il peut vendre ia
monnoie ou les lingots qu'un récépiffé l'autorife à
tirer de la banque.
Les chofes peuvent changer de face dans une
calamité publique^ dans le temps, par exemple ,
d’une invafion telle que celle de la France en 1671.
Les propriétaires de l'argent de banque étant alors
preffés de le retirer de la banque pour le garder
eux-mêmes, la quantité de gens qui demande-
roient des récépiffés, pourroit les faire monter
à un prix exorbitant. Les porteurs de ces effets
pourroient former des prétentions extravagantes,
& } au lieu de deux à trois pour cent, demander
la moitié de l'argent de banque, à laquelle fe
monte le crédit donné fur les dépôts pour lefquels
les récépiffés ont été refpeélivement accordés.
L ’ennemi, au fait de la conilitution d elà banque
, pourroit même les acheter, afin d'empêcher
que le tréfor ne fût enlevé : on fuppofe que, dans
ces circonftances, la banque s'écarteroit de la
règle ordinaire de ne payer qu’aux porteurs de
récépiffés. Les porteurs de ces effets, qui n'ont
point d’argent de banque, doivent avoir reçu entre
deux & trois pour cent de la valeur du dépôt
, pour lequel on leur a donné leurs récépiffés
refpeétifs. La banque, dit-on , feroit donc dans
le cas de ne fe faire aucun fcrupule de payer ,
foit en monnoie , foit en lingots, la pleine, valeur
des fommes pour lefquelles les propriétaires
d'argent de banque feroient couchés dans fes livres
comme créanciers, payant en même-temps
deux ou trois pour cent à ces porteurs de récépiffés
, qui n’auroient point d'argent de banque 5
ce qui conftitueroit alors toute la valeur de ce
qu'on pourroit juftement fuppofer leur être dû.
Dans les temps même ordinaires de paix , il
eft de l'intérêt des porteurs de récépiffés de faire
bailler l'a gio, pour acheter meilleur marché l'argent
de banque , ( & conféquemment les lingots
que ces récépiffés les autorifentà tirer de la banque
) , & de vendre plus cher leurs récépiffés à
ceux qui ont de l'argent de banque , 8c qui ont
befoin de retirer des lingots de la banque, le
prix d'un récépiffé étant généralement égal à la
différence entre le prix courant de l'argent de
banque, & celui de la monnoie ou des lingots
pour lefquels on a eu le récépiffé : il eft , au con-
, de l'intérêt des propriétaires de l'argent
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de banque de faire monter l'agio, pour vendre
d'autant plus cher leur argent de banque, ou
acheter un récépiffé d’autant meilleur marché.
Pour empêcher les tours d'agiotage que ces intérêts
oppofés occafîonnoient quelquefois, la banque
a pris, depuis quelques années , la réfolu-
tion de vendre en tout temps l'argent de banque
pour des efpèces courantes à cinq pour cent d'agio
, & de le racheter pour quatre ; en confé-
quence cfè cette réfolutîon , l'agio ne peut monter
au-deffus de cinq, ni tomber au-deffous de quatre
pour cent, & la proportion entre le prix de
l'argent à la banque & celui de la monnoie courante
, relie en tout temps à-peu-près la même
que celle qui èft entre leurs valeurs intrinfèques.
Avant que cette réfolution fût prife , le prix de
l'argent de banque montoit quelquefois jufqu'à
neuf pour cent d'agio , 8c quelquefois il aefcen-
doit jufqu’au pair, félon l'influence que les intéi
rêts oppofés avoient à la bourfe.
La banque d'Amllerdam fait profeffion de ne
rien prêter de ce qu'elle a en dépôt, mais de
garder dans fes caiffes, en monnoie ou en lingots ,
la valeur ,-d'un florin, j)our chaque florin pour lequel
elle donne un crédit dans fes, livres. On ne
peut guère douter qu'elle ne garde , en effet ,
toute la monnoie 8c les lingots dont il exille des
récépiffés en fo rc e , qu’on peut lui redemander
en tout temps, & qui réellement ne font continuellement
que fortir de chez elle & y rentrer ;
mais peut - être n’ell - il pas auffi fûr qu’elle
garde également la partie de fon capital , dont les
récépiffés font expirés depuis long-temps, qu’on
ne peut lui redemander dans des temps ordinaires
8c tranquilles , -& qui, dans le fait, doivent ref-
ter chez elle à jamais,, ou auffi longtemps que
fubfilleront les états des Provinces^Dhies j cependant
il n'y a point d'article de foi mieux établi
à Amfterdam, que la ferme croyance oû l'on y
eft que pour chaque florin qui circule comme argent
de banque, on trouvera dans le tréfor delà
banque un florin correfpondant en or oij en argent.
La ville en eft garante. La banque eft fous
la direction des quatre bourg-meftres régnans., qui
font changés tous les ansr Chaque nouveau collège
de bourg-meftres vifîte le tréfor , le compare
avec les livres, le reçoit fous ferment, & le remet
avec la même folemnité refpeétable au collège
qui lui fuccède : dans ce pays fage & religieux
, les fermens ne font pas encore méprifési
Ce changement annuel de directeurs paroît fournir
, depuis qu'il exifte, une preuve fuffifante qu'il
n'y a point eu de malverfation. Quelques révolutions
que les fa&ions aient ocçafionnçes dans
le gouvernement d'Amllerdam, le parti dominant
n'a jamais accufé fes prédéceffeurs d'infidélité
dans l'adminillration de la banque : aucune accu-
fation n'eût porté un coup auffi fenfible à la réputation
& à la fortune du parti humilié, 8c
nous pouvons être allurés que > s'il y ayoit eu
moyen
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thoyen de l'appuyer, on n'auroit point manqué de
le faire. En 16 72 , lorfque le roi de France ét,oit
à Utrecht, la banque paya fi promptement qu'elle
ne laiffa pas le moindre doute fur fa fidélité à
remplir fes engagemens. Quelques-unes des pièces
? qui fortirent alors de fes coffret, parurent ;
avoir été brûlées par le feu, qui prit à la maifon ;
de ville auffi-tôt après l'établiffement de la banque
, preuve qu'elles y étoient reliées depuis ce
temps-là.
Une queftion qui a long-temps occupé les fpé- -
culations des curieux, c'eft ae favoir à quoi -
fe monte le tréfor de la banque : on rie peut
offrir là-deffus que des conjectures : on compte
généralement qu'il y a environ deux mille perfonnes
qui ont des comptes ouverts avec la banque
i 8c en leur accordant à toutes individuellement
la valeur de quinze cents livres fterlings'
couchées fur leurs comptes refpeélifs ( & c'eft
les traiter fort libéralement ) , la quantité totale
d'argent de banque, & conféquemment le tréfor
de la banque, fera, d'environ trois millions fterl.
ou trente-trois millions de florins ( à 11 florins
la livre fterling ) , fomme confidérable 8c fuffifante
pour une circulation très-étendue, mais fort
au-deffous des idées extravagantes que certaines
gens fe fout formées de ce tréfor.
La ville d'Amllerdam tire un revenu confidérable
de la banque : outre ce qu’ompeut appel-
ler la rente ou le droit de magafin , dont j'ai,parlé
plus haut, chaque perfonne qui ouvre un compte
avec la banque, paye dix florins , & pour chaque
nouveau compte trois florins trois ftivers ou
ileuvres î pour chaque tranfport, deux ftivers,
& fi le tranfport eft de moins de trois cents
florins, fix ftivers , afin n'être pas furchargé
d'une multiplicité de petites affaires. La perfonne
qui néglige de balancer fon compte deux fois par
an , paye une amende de vingt-cinq florins. C e lui
qui donne un ordre pour le tranfport d'une
fomme plus grande que la balance de fon
•compte ,-eft obligé de payer trois pourcent pour
la fomme fuftiréë , 8c en outre fon ordre eft re-
jetté. On fuppofe auffi que la banque fait un profit
confidérable par la vente de la monnoie ou
des lingots étrangers qui lui tombent quelquefois
à l’expiration des récépiffés , 8c qu’elle garde
toujours jufqu'à ce qu'elle puiffe les vendre avec
avantage j elle fait encore un profit, en vendant
l ’argent de banque à*cinq pour cent d'agio, &
en l'achetant à quatre. Ces divers émolumens
rapportent quelque chofe de plus que ce qui eft
néceffaire pour payer lesfalaires des officiers, 8c
défrayer la dépenfe de la manutention : l'on fuppofe
que ce qui fe paye pour la garde des ling
o ts , dont la banque donne des récépiffés, monte
feul par an à un revenu net de cent cinquante à deux
cens mille flor. Lorfqu'on forma cette inftitution
on ne fongeoit cependant pas à fe procurer un revenu
, mais à l'utilité publique : on vouloit mettre
ti£con. polit, & diplomatique. Torn. II.
H O L tfpj
les négociât» à l'abri de l'inconvénient d'un change
défavantageux. Le revenu qu'elle produit aujourd
'hui, n'étoit pas prév.u , & peut être confidéré
comme accidentel. Àinfî le change, entre les pays
qui payent en ce qu'on appelle argent de banque,
8c ceux qui payent en . efpèces courantes , doit
paroître généralement.en faveur des premiers &
& contre les derniers. Les .premiers payent avec
un argent, dont la valeur intrinfèque eft toujours
la même, & exaélement conforme aux titres de
leurs monnoies refpeétives} les derniers payent
avec une forte d'argent., dont la valeur intrinfè-
que varie continuellement, &r eft prefque toujours
«plus ou moins au-deffous de fon titre } mais
quoique le change de compte doive être généralement
en faveur des premiers, le change .réel
peut fouvent être en faveur des autres.
Voye^ l'article P ro v in c e s - U nies , 8c les
articles particuliers des fix autres provinces.
H O L S T E IN , ( duché de ) contrée d'Allemagne
dans le cercle de baffe Saxe. Le duché de
Holftein, y compris la feigrreurie de Pinneberg ,
eft borné au nord par le duché de Schlefwrg &
le Royaume de Dannemarck ; il touche par
une de fes parties occidentales à la mer Baltique,
qui lui fert de limite au levant j le duché
de Lavenboùrg , les territoires des villes de Lubeck
8c de Hambourg, ainfi que l'Elbe . le terminent
au midi, & il aboutit vers le couchant à l’Elbe
& à la mer Atlantique. Sa plus grande étendue
du levant-au couchant eft de 17 ? 1 9 , & du
nord au midi de 13 à 12 &r 1$ & demi milles
géographiques. Sa circonférence renferme l'évêché
de Lubeck & le comté de Ranzau, dont
nous parlerons dans des articles féparés.
Nous donnerons i ° . un précis de l'hilloire politique
du Holllein : 20. nous traiterons de fa
population , des diverfes claffes de fes habitans 8c
de fon adminiftration eccléfiaftique ; 30. de fa
pofition, de fes produ&ions , de fes manufaélures.
8c de fon commerce j 40. de. fon adminiftration
8c de fes tribunaux j ,y°. de fes revenus, de fes
troupes & de fes milices } 6°. nous ferons quelques
remarques fur la feigneurie de Pinneberg , qui eft
réunie au Holftein.
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de Ihifioire politique du Holjlein..
Le duché de Holftein eft compofé de l’ancien
pays de Holftein, de la Stormarie, du Dithmar-
fen 8c de la Wagrie. Les trois premiers diflriéts
furent appelles anciennement Nordalbingia, c'eft-à-
dire , la partie de la Saxe fîtuée en delà de
l’Elbe. Charlemagne les fubjugua, 8c il en tira
plus de 10,oex) familles, qu’il établit en deçà du
Rhin, dans le Brabant, en Flandre ou en Hollande.
Lç même empereur fit un traité de paix
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