
qui s'y éroient rendus des provinces voiïïnes $ nous
nous fommes trouvés dans la néceflité d'y pourvoir
de la même manière , & dans les mêmes intentions
légales & pures.
r » Ayant appris en attendant avec la plus jufte
indignation que', dans les deux dites villes , on
ofoit entreprendre de fe mettre en état de défen-
fe , afin de s'oppofcr ultérieurement par la violence
à nos mandemens , & de repouffer la milice qui
devoit y être envoyée par. nos ordres : fans nous
expofer à voir notre autorité légitime entièrement
foulée aux pieds 3 à perdre toute idée de
iouveraineté 3 & nous rendre ainfi refponfables
de notre conduite envers la poftérité 3 nous ne
pouvions méconiîôitre l’indifpenfable obligation
de remédier à un pareil défordre ; & dans le cas
d une réfiftance criminelle 3 où Ton en viendroit
du côté de ces deux villes à pareille extrémité,
de repouffer alors la force par la force. Par fuite
des informations certaines à nous parvenues 3 que
dans ces deux villes 3 & pour exécuter les projets
de^ rébellion , on ne craignoit non-feulement pas
d'établir des fortifications 3 de fe pourvoir de
canons, de toutes fortes de munitions de guerre.,
& de dreffer des batteries mais que même on y
faifoit venir des fecours du dehors 3 nous avons
cru devoir prendre des mefures néceffaires pour,
prévenir que les troupes de Tétât ne fuffent
légèrement facrifiées, & que nos ordres reftaffent
fans effet : c'eft pour cette raifon 3 & pour elle
feule * que nous avons dû pourvoir à tout ce qui
pouvoir contribuer à prévenir & rendre nulles ,
une refiftance & une oppofîtion auffi violentes
& auffi criminelles.
»N o u s n'en avons pas moins donné des preuves
ïeiterees de notre douceur & de notre patience,
en exhortant les deux villes, par lettres expreffes,
de retourner à leur devoir & à Tobéiffance due
a ji,os ordres, quoique, par une dénonciation publique
& par lès plus fortes menaces, elles nous
aient déclaré vouloir perfifter dans leur défobéif-
fance invincible & dans mépris de notre autorité.
ft Comme frce-n'eût pas été encore affez, avant
que de faire mettre à exécution les ordres décrète
s , nous avons ^xpédié dans les deux villes un
manifefte pour y etre publié, & dans lequel nous
nous fommes efforcés de les ramener à leur devoir
par la perfuafion & la raifon, en leur accordant
trois heures peur délibérer & prévenir les
fuites inévitables qu'elles provoqueraient elles-
memes, par la continuation d'une refiftance opiniâtre
& infenféej déclarant en outre formellement
notre defir & bonne volonté,, de vouloir
ufer de clemence & faire grâce aux perfonnes
déjà coupables , au cas qu'elles rentraient dans
le devoir.
»Mais on a en auffi peu d'égard i ce manifefte
qu a toutes les exhortations antérieures : on l’a
ïeçu au contraire dans i» ville de Huttcm avec
un tel mépris, qu'au lieu de le faire publier, on
a ofe même, avant l'expiration des trois heures
accordées, y répondre en faifant feu du canon
de la ville fur les troupes qui avoient été envoyées
par nos ordres pour y tenir garnifon, &
fans qu'elles euffent tire un feul coup. Il en eft
refulté que ces troupes n'ont eu d'autre reffource
pour fatisfaire à nos ordres d’entrer dans la ville ,
& d'y placer une garnifon fuffifante, que celle
de repouffer une pareille violence, par une violence
femblable, quoiqu'en ufant de toute la modération
poffible. Grâces à la bonté divine & aux
foins de fa providence, nous avons eu la fatif-
fa&iôn d'apprendre, par des informations très-
fures, que perfonne, tant dedans que hors de la
ville, a été ni tué ni bleiTé > ce qui eft d’autant
plus furprenant, qu'outre le feu violent qu'on
avoit déjà fait fur les troupes avant qu'elles fuffent
entrées dans la ville , on a continué^de tirer
de la manière la plus hoftile, tant fur ces troupes
que fur la ville même, après que la garnifon y
fut entrée , au moyen d'une batterie dreffée de
l'autre côté de la rivière , fur le territoire d'O-
veryffel.
» Telle étant donc la nature de cette affaire,'
que nous n’avons fait que rapporter en fubftance,
mais dont nous nous réfervons de donner au public
une relation plus ample & détaillée dans
toutes fes circonftances , nous nous affurons que
toute perfonne impartiale & dégagée de préjugés,
après avoir mûrement réfléchi fur cet expofé, fera
pleinement convaincue que nous ne nous fommes
point portés à de pareilles mefures, dans Tinten-
1 tion de nous fervir du bras militaire pour faire
naître des diffenfions civiles,' foir entre les régens
& les bourgeois, foit entre ces derniers, auxquels
nous avons toujours ouvert & ouvrirons la voie
de la juftice : que jamais nous n’avons eu ni n'aurons
de pareilles vues, & que même on ne fau-
roit nous les prêter avec quelque apparence de
fondement ; mais que nous avons été uniquement
engagés,’ à ces démarches par l’obligation qui nous
eft impofée, comme au fouverain légitime de cette
province, de maintenir le repos, le bon ordre &
la fureté de nos bons habitans, & faire refpeéler
notre autorité légale, par l'exécution des loix &
réglemens de la province î fans^ prétendre, au
refte, à aucune dire&ion dans l'économie privée
des villes, & n'ayant agi à cet égard que comme
nous croyons que tout fouverain eft obligé & tenu
d'en agir, fuivant la nature & les propriétés de
toute fouveraineté, & félon fon devoir de veiller
à’la eonfervation du bon ordre & de la tranquillité.
Ç'eft ainfi , dans de pareils cas , qu'en ont
agg^nos prédéceffeurs, ainfi que les feigneurs états
des autres provinces , nos alliés, foit dans des
temps reculés ou plus récens, & même-quelques-
uns d'entr'enx, encore depuis peu.
P Nous ofons donc attendre de Tamout de
véïïtéx de la tranquillité & de la-concorde > de là
part de tout citoyen bien intentionné dans ces pays,
que comme nous pouvons déclarer en nos conf-
ciences & devant Dieu n'avoir eu , par notre
réfolution du 31 août, d’autres vues que celles
que nous avons manifeftées ci-devant, l?ld,£s
citoyens & habitans étant ainfi ipieux înltruiis «
d’une manière conforme à la vérité, celleront
d'avoir des loupçons contre nos perfonnes & nos
deffeins ; qu'ils ne fe bifferont plus feduire par
des infinuations fauffes & finiftres, par des prétextes
malicieux qu'inventent des boutefeux, in-
téreffés à répandre & à fomenter des lemences
de difeorde & de haine, & qu'ils ne concevront
plus à l’avenir le moindre doute , la moindre inquiétude
fur des fentimens qui n'ont jamais eu
lieu chez nous, puifqu’on peut être allure que
nous ne cefferons jamais de maintenir chacun dans
fes droits & privilèges légitimes î à quoi nousem-
ployerons toutes les facultés & toute la puiflance
que Dieu nous a accordées ».
Ainfi fait & arrêté dans unediete extraordinaire ,
tenue a Zutphen le 16 feptembre 1786.
( Signé ) Par ordonnance de L . N . P.
Paraphé. F. W . van der Steén.
L e îeéteur impartial s'appercevra que le manifefte,
en rendant compte des opérations antérieures,
ne dit pas tout : ces corps francs, ces envoyés des
autres provinces, cette refiftance du peuple &
de quelques magiftrats indiquent un foulévement
contre l'influence du ftathouder & les ufurpations
des nobles & des états. Il s’agit de. favoir fi le
ftathouder, les nobles & les états n'ont point étendu
leurs privilèges j fi le peuple a lieu de fe plaindre
, & fi fes prétentions font fondées : ces questions
ne font pas encore affez éclaircies î mais il
eft évident que le peuple eft mécontent de la
conftitution de Gueldre ; qu'il penfe que les nobles y
font trop dévoués au ftathouder, & que le ftathouder
ufurpe des droits qui ne lui appartiennent pas.
Gette efpèce de guerre civile dans la province de
Gucldre tient aux divifions générales , qui fubfiftent
‘entre le ftathouder & les Etats-Généraux , & au
moins fix des états particuliers. Lequel des deux
partis triomphera ? reftreindra-t-on 1 autorité, ou
les ufurpations du ftathouder ? Lui rendra-t-on le
commandement de la garnifon de la Haye qu on
lui a ôté ? le laiffera-t-on ufer de fon influence &
de fon crédit dans Tadminiftration intérieure des
provinces & des villes particulières ? C ’eft ce qu'on
< ne peut encore annoncer.
Si Ton veut favoir dès-à-préfent quelle eft la
nature des griefs qu’alléguoient les habitans d El-
bourg, au moment où ils fe difpofôient à foutenir
un liège, voici une lettre datée de leurs remparts,
qu'ils .écrivirent aux différens corps francs de la
république.
« Nobles &* brades meffieurs3 le moment approche
où il faudra nous défendre contre l'ennemi commun.
La violence & le defpotifme vont porter leurs
premiers coups fur nos remparts î notre territoire
va devenir le premier & lé malheureux theatre
d'une guerre civile. Ét pourquoi? parce que nous
refufons conftitutionnellement d'accepter un re-
gent qui n’a point les qualités preferites par le
réglement, parce qu’on veut que le vil dépendant
du ftathouder devienne le repréfentant d un
peuple libre. Nous avons réfolû de tout hafar-
d e r , plutôt que de courber fous le joug ftathou*
dérien, fi arbitraire & de jour en jour plus op-
preflif. C ’ eft ce qui nous engage à fojliciter votre
. afliftance , au nom de l'union facree qui nous
lie. Nous vous prions de nous mander aû plus
vite le nombre d’hommes pourvus d’armes, que
vous pourrez nous envoyer en cas de befoin- Au-
torifés par le confeil, nous commençons des aujourd'hui
à monter la garde ; demain nous mettrons
la ville en état de repouffer 1 attaque j & fous peu
de jours, nous arrêterons un plan de défenfe ,
que nous enverrons, fi vous le defirez, a une
commiffon fecrette nommée par vous. Sur quoi,
& c ». I . ' j r Remarques fur les difiritts qui dépendent de La
province de Gueldre. Le quartier de Nimégue em-
braffe la partie méridionale de la Gueldre 3 & il
eft fitué entre le Rhin, le Waal & la Meufe.
Quoique le plus petit des trois, il eft toutefois le
plus important, & celui qui paye le plus de contributions.
Il contient les trois villes fuivantes ,
( les feules qui aient voix & féance aux affem-
blées des Etats-Généraux & aux diè tes), Nime-
gue, Thiel & Bommel ou Sait - Bommel, & les
fix bailliages nommés Amtmanfchappen. ^ #
Le quartier ou le comté de Zutphen eft fepare de
celui de Veluwe ou Arnheim par la rivière d'Yf-
fel. Othon I de Naffau acquit ce^ comte par le
mariage qu'il contraria dans 1 onzième fiecle «rvec
Sophie, fille unique de Gerlach , comte de Zutphen
; il eft refté depuis cette époque attache au
quartier de Gueldre. Aucun canton de la Gueldre
n'eft plus fertile qqe celui de ce comté dans
partie occidentale & méridionale , & meme le
long de TYffel & de la. vieille Yffel i mais il n en
eft point de même vers le levant ; car, en fuivant*
les frontières de l’évêché de Munfter , on nç
trouve que des marais, des bruyères &: des brouf-
failles. ; . . n r,
Il contient cinq villes qiit ont voix & feance aux:
états, Zutphen , Doesbourg , Dentikem , Loch
em , G ro l, quatre grands bailliages & trois fei-
gneuries particulières.
Le quartier à!Arnheim ou \t Veluwe t\x fepare
du comté de Zutphen par la rivière d’Y fle lj en
général, le fol n’y eft pas aufli bon que dans le
quartier de Nimégue : le centre eft fur-tout fort
ftérile ; il i f en eft pas de même des diftrifts voi-
fcns des rivi&es : ce quartier contient cinq villes.
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