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1*équité font de tous les temps & dirent les mê- I
mes réglemens , à moins qu’ils ne foient contrariés
par des ulages bizarres ou des préjugés extra-
vagans , dont l'origine fe perd dans la nuit des
• temps » que leur antiquité foutient contre le fens
commun , & qui font le défefpoir du légiila-
teur.
S'il fe commet une injuftice au tribunal de la
loi , le dommage fe répartira fur tous ceux qui
y auront participé , fans en excepter le juge. Il
feroit à fouhaiter que par-tout le juge pût être
pris à partie. S'il a mal jugé par incapacité, il
eft coupable 5 par iniquité, „il l'eft bien davantage.
Après avoir condamné le faux témoin à la peine
du talion , on permet le faux témoignage con-
• tre une depolition vraie qui conduiroit le coupable
à la mort. Quelle étrange affo dation de fageffe
de folie 1
Dans la détrefle, le mari pourra livrer fa femm
e , fi elle y confentj le père vendra fon fils ,
s'il en a plulîeurs. De ces deux lo ix , l'une eft infâme,
l'autre inhumaine. La première réduit la
mère de famille à la condition de proftituée 5 la
fécondé réduit l'enfant de la maifon à l'état d'ef-
clavage.
Les différentes claffes d'efelaves font énormément
multipliées par les indiens. La loi en permet
l'affranchmement qui a fon cérémonial. L'efdâve
remplit une cruche d'eau, y met du riz qu'il a
mondé avec quelques feuilles d'un légume 5 il fe
tient debout devant fon maître , la cruche fur
fon épaule ; le maître l'élève fur fa tête , la cafte,
& dit trois fo is , tandis que le contenu de la
cruche fe répand fur l'efclave : j e te rends libre ,
& l'efclave eft affranchi.
Celui qui tuera un animal, un cheval, un boeuf,
une- chèvre, un chameau, aura la main ou le
pied coupé , & voilà l'homme mis fur la ligne
de la brute. S'il tue un tigre, un ours, un fer-
pent , la peine fera pécuniaire. Ces délits font
des conféquences fuperftitieufes de la métemp-
fy c o fe , qui, faifant regarder le corps d'un animal
comme le domicile d'une ame humaine ,
montre la mort, violente d'un reptile comme une
efpèce d'aflaftinat. Le brame, avant que de s'af-
feoir à terre , balayoit la place avec un pan de
fa robe, & difoit à Dieu : Ji j'a i fait defeendre
jna bienveillance jufqua la fourmi , j'efpere que tu
feras defeendre la tienne jufqua moi.
La population a paru aux légiflateurs un devoir
primitif, un ordre de la nature fi facré, que
la loi permet de tromper, de mèntir, de fe parjurer
pour favorifer un mariage.
La polygamie eft permife par toutes les religions
de l'Afie , & la pluralité des maris tolérée par I
quelques-unes. Dans les royaumes de B ou-tan- &
du Thibet , une feule femme fert fouvent à j
toute une famille , fans jaloufie & fans trouble do-
meftique. J.
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La virginité eft une condition effentîelîe à ïa va£
lidité de l'union conjugale. La femme eft fous le
defpotifme de fon mari. Le code des indiens dit-
que la femme , maitrejfe d'elle même , fe conduira.'
toujours mal, qu il ne faut jamais compter fur fa
venu. Si elle n'engendre que des filles , fon époux
fera difpenfé d'habiter avec elle. Elle ne fortira
point de fa maifon fans fa permiflion } elle aura
toujours le fein couvert. A la mort de fon mari,
il convient qu'elle fe brûle fur le même bûcher,
à moins qu'elle ne foit enceinte, que fon mari
ne foit abfent, qu'elle ne puiffe fe procurer fon
turban ou fa ceinture, ou qu'elle ne fe voue à
la chafteté & au célibat. Si elle partage le bûcher
avec le cadavre de fon mari, le ciel le plus
élevé fera fa demeure, & elle y fera placée à
cote de l ’homme qui n'aura jamais menti.
La légiflation des indiens , qu'on trouvera trop
indulgente fur certains crimes , tels que l'aftaf-
finat d'un efclave , la pédéraftie , la beftialité ,
dont on obtenoit l'abfoluüon avec de l'argent ,
paroîtra fans doute atroce fur le commerce illicite
des deux fexes. C'eft vraifemblablement une
fuite de la lubricité des femmes & de la foibleffe
des hommes fous un climat brûlant, de la jaloux
fie effrénée de ceux-ci 5 de la crainte du mélange
des caftes , des idées de continence, & une
preuve de l'ancienneté du code. A mefure que
les fociétés s'accroiftent la corruption .s'étend ;
les délits, fur - tout ceux qui naiffent de la
nature du climat dont l'influence ne ceffe points
fe multiplient, & les châtimens tombent en dé*
fuétude, à moins que le code ne foit fous la
fanétion des dieux. Nos loix ont prononcé une
peine févère contre l'adultère. Qui eft-ce qui s'en
doute ?
C e que nous appelions commerce galant , Je
code l'appelle^ adultère. Il y a l'adultère de la coquetterie
de l'homme ou de la femme , dont le
châtiment eft pécuniaire $. l'adultère des préfens ,
qui eft châtié dans l'homme par la mutilation ?
l'adultè re confommé, qui eft puni de mort. La
fille d'un brame qui fe proftitue, eft condamnée
au feu. L'attouchement déshonnête, dont la loi
fpécifie les différences, parce quelle eft fans pudeur
, mais que la décence fupprime dans un hifto-
rien,eft fuivi d'u&e peine effrayante. L'homme d'une
cafte fupérieure, convaincu d'avoir habité aveéuRe
femme du peuple, fera marque fur le front de Ja-
la figure d'un homme fans. tête. Le brame adultère
fera marqué fur le front,des parties fcxuelle&
de la femme : on les déchirera à fa complice.,.
elle fera mife à mort.
Les chnnteufes, danfeufes&femmes publiques,
forment des communautés protégées par la police.
Elles font employées dans les folemnitts : on»
les envoie à la rencontre des hommes publics. C et
état étoit moins inéprifé-dans les anciens temps.. -
Avant les lo ix , la condition de l ’homme différok
peu de la condition animale*
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La courtifane qui aura manqué à Ta parole,
rendra le double de la Comme qu'elle aura reçue.
Celui qui l'avilira par une jouiffance abufive, Jui
paiera huit fois la même lomme, 8: autant au
magiftrat. Le châtiment fera le meme, s il la
proftituée à un autre.
On ne jouera point fans le confentement du
magiftrat. La dette du jeu ciandeftin ne fera point
•exigible. i , . ,
Celui qui frappera un brame delà main ou du
pied, aura la main ou le pied coupé..
On verfera de l'huile bouillante dans la bouche
du fooder, ou de l'homme de la quatrième
cafte, convaincu d'avoir lu les livres facres. o il
a entendu la leéture des bedas, , fes oreilles feront
remplies d'huile chaude , & bouchées avec
'de la çire. . , .
Le fooder qui s’affeoira fur le tapis du brame,
aura la feffe percée d'un fer chaud , & fera banni.
Quelque crime que le brame ait commis, il
ne fera point mis à mort. Tuer un brame eft le
plus grand crime qu'on puiffe commettre.
La propriété d'un brame eft facree t elle ne
paffera point en des mains étrangères , pas meme
dans celles du fouveiain. Et voilà, dans les premiers
temps, des hommes de main-morte parmi
les indiens. “ t . .
La réprimande fuppleera au filence d é jà loi.
Le châtiment d'une faute s accroîtra par les récidives.
L'inftrument de l'art ou du métier, meme
celui de la femme publique, ne fera point
confifqué. Que diroit l'indien , s'il voyoit nos
huiffiers démeubler la chaumière du payfan, & fes
boeufs, & fes autres inftrumens de labour mis a
l'encan 1 .
Ht pour terminer cette courte analyfe d un code
trop peu connu , par quelques grands traits, on
lit au paragraphe du fouverain : <i s'il n'y a dans
» l'état ni voleurs , ni adultères , ni aftaflins , ni
» hommes de mauvais principes , le ciel eft af-
» furé au magiftrat. Son empire fleurira ; fa gloire
»> s'étendra pendant fa v ie , & fa récompenfe fera
» la même après fa mort , fi les coupables ont été
» févérement punis » i car , dit le code avec autant
d'énergie que de fimplicite ct le châtiment eft
s. le magiftrat ; le châtiment infpite U terreur à
„ tous ; le châtiment eft le défenfeur du peuple ;
» le châtiment eft fon proteéteur dans la calamité ;
» le châtiment eft le gardien de celui qui dôrt ;
,, le châtiment, au vifage noir 8t a 1 oeil rouge,
» eft l'effroi du coupable ».
Malgré les vices de ce code , dont Jes plus
frappans font trop de faveur pour les pretres , &
trop de rigueur contre les femmes , maigre fa
groffiéreté & fes injuftices, il annonce cependant
la haute réputation de la fageffe des brames dans 1
les fiècles les plus reculés. Si après le grand nom- !
bre des loix fenféés qu'on y remarque, fl en eft
qui paroiffent trop indulgentes ou trop févères ;
d'autres qui preferivent des a étions baffes ou mal- .
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honnêtes > quelques-unes qui infligent des^ peines
atroces pour des délits légers, ou des châtimens
légers pour des crimes atroces 1 homme fage >
avant que de blâmer , pefera les circonftances, qui
ne permettent fouvent au legiflateur de donner à
un peuple que les meilleures loix qu il peut recevoir.
Il conclura, fans héfiter, de la régularité
compliquée de la Grammaire Samskrete, de 1 antiquité
de cette langue commune autrefois, & depuis
fi long-temps ignorée , & de la confe&ion
d'un code auffi étendu que celui des indiens, que*
dans l'Inde, il s'eft écoulé un grand, nombre de
fiècles, entre l’état de barbarie & 1 état policé,
& que les prêtres fe font rendus coupables envers
leurs compatriotes & les étrangers, par un
fecret myftérieux qui retardoit de toutes parts les
progrès de la civilifation. Au refte, il eft peu d'articles
de ce code qui foient en vigueur aujourd hui.
GÉQRGIE , l'une des treize républiques de
l’union américaine. Le le<5teur trouvera a 1 article
Etats-Unis, un précis de l'hiftoire politique des
Etats-Unis , jufqu'à l'époque de la révolution 3 des
remarques générales fur les conftitutions des treize
Etats-Unis > des remarques fur l'aête de confédération
, fur le congrès, fur les nouveaux
pouvoirs qu'il eft à. propos de lui confier : un état
de la dette & des finances des Etats-Unis 5 des
remarques fur l'état où fe trouvent aujourd hui
les nouvelles républiques américaines i fur les abus
qu'elles doivent éviter dans la réda&ion de leurs
codes : nous y parlons en outre de l'affociation des
Cincinnati & des dangers de cette inftitution, de
la population , de la marine, de 1 armee , des
nouveaux états qui fe formeront dans le territoire
de l'Ouert & des diftritts qui demandent déjà à
être admis à la confédération américaine, & des
traités qu'ont formés les américains avec quelques
puiffances de l ’Europe : cet article Etats-Unis offre
enfin des obfervations politiques & des détails
fur les fauvages qui fe trouvent dans le voifinage ,
ou dans l'enceinte des Etats-Unis. Nous nous bornerons
ic i, i° . au précis de l’hiftoire politique de
l'étabiiffement de la colonie de la Géorgie, & de
fon état lorfqu'elle s'eft déclarée indépendante ,
& qu'elle a accédé à l'union américaine : 2°. nous
donnerons la conftifutïon de la Géorgie : 30. nous
ferons des remarques fur cette conftitution : 4 ° .
nous ferons-d'autres remarques fur la conduite de
la Géorgie pendant la guerre & depuis la paix r
y0, nous entrerons dans quelques détails fur fon
commerce & fur fon état aétuel.
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de l'hiftoire politique de VétabliJfement de ta
colonie de la Géorgie , & de fon état lorfqu’elle
s1 eft déclarée indépendante , & quelle a accédé à.
l'Union américaine„
(T o u s les détails de cette fc&ioa font rires
d’un auteur très-connu ) .