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monnoyé, qui pafferoit des coffres de la banque
dans ceux des particuliers , fe trouvant mêlé &
confondu avec les efpèces courantes ordinaires du
pays, n'auroit pas plus de valeur que ces efpè-
ces dont il ne feroit plus diftingué réellement.
Tant qu'il relie à la banque, fa fupériorité ell
certaine & connue j s'il étoit une fois entre les
mains d'un particulier , cette même fupériorité ,
pour être bien conftatée, demanderait peut-être
plus de peine que ne vaudrait ta différence.
D'ailleurs , en fortant des coffres de la banque ,
il perdroit tous les autres avantages de l'argent
de banque ,■ fa fureté , la fûreté & la facilité d'en
faire paffer la propriété à un autre , & l'ufage
qu’ôn en fait pour payer les lettres de change
étrangères. Enfin, par - deffus tout cela, il ne
pourrait en fortir, • fans payer préalablement la
peine de l'avoir gardé, ainfi qu'on va le voir dans
le moment.
Ces dépôts de monnoies que la banque s'obli-
geoit de faire réfondre, conftituoient originairement
le. capital de la banque, ou toute la valeur
de ce qui étoit repréfenté par ’ce qu'on appelle
argent de banque. Actuellement on fuppofe qu'el-
îes ne font qu’une bien petite partie de ce capital.
Pour faciliter le commerce en lingots, la
banque s'ell mifé, depuis plufieurs années r dans
l'ufage de donner un crédit dans fes livres, fur
des dépôts de lingots d'or & d'argent. C e crédit
eft d'environ cinq pour cent au-deffous du prix
dés lingots; à la monnoie. La banque accorde
en même-temps un récepiffé qui autorifela perforine
qui fait le dépôt, ou le porteur, à retirer
les lingots quand il voudra , dans l'efpace de fix
mois j en-remettant-à-îa banque une quantité d'al-
gent de banque égale à celle à laquelle fe monte
le crédit qu'elle lui a donné dans tes livres lors
du dépôt 3 & en payant pour la garde ou le foin
de le garder, un quart pour cent fi le dépôt eft
en argent, & un demi pour cènt s'il eft en Or ,
déclarant en même-temps qu'au-défatit de ce paiement
& à. l’expiration de ce terme 1 le dépôt ap-
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pârtiendra a la banque au prix auquel il a été reçu
, ou pour le crédit qu'elle T donné- dans fes
livres. C e qui fe paye ainfi pour la garde du dép
ô t , peut -être confidéré comme frais' de maga-
firtage-, & on a allégué divértes râifons de ce que
cette fomme étoit beaucoup plus forte pour l’or
que pour l'argent. La pureté de l'or e ft, dit-on,
plus difficile à conftat-er que celle de l'argent.
Les fraudes font plus aîfées à pratiquer dans le
métal le plus précieux, & occafîonnent une perte
plus grande. L'argent, d'ailleurs, étant le métal
fur lequel fe règle la valeur de tous les autres,
l'éta t, ajoute-t-on, veut plûs encourager les dépôts
en argent que ceux en or.
On fait communément les~dépôts de lingots,
quand le prix en eft un peu au dëffous de l'ordinaire
, & on les retire quand il vient à hauffer.
En Hollande f i t prix courant des lingots-eft généralement
au-deflus de- leur prix à la monnoie,
par la même ^raifon qu'il l'étoit en Angleterre
avant la dernière réforme de la monnoie d'or.
On dit que la différence eft communément de fix
à fept fols de Hollande par marc, ou par huit
onces d'argent à onze parties de fin fur une d’alliage.
Le prix de ^banque , ou le crédit qu'elle
donne pour les dépôts, de l’argent de cette qualité
, ( quand ils font faits en monnoie étrangère ,
dont la fineffe eft connue & conftatée comme
celle des piaftres/pu rixdales du Mexique) ( i ) ,
eft de vingt-deux' florins le marc. Le prix à la
monnoie eft d'environ vingt - trois florins 1 &
le prix courant, depuis vingt-trois florins - fix à
vingt-trois florins feize ftivers ou fois de Hollande
, c'eft-à-diré , de deux a trois pour cent au
defliis du prix à là monnoie.- Les-proportions
entre le prix de banque , le prix à la monnoie
& le prix courant , font à-peu-près les mêmes
pour i’or en lingots. Une perfonne peut généralement
vendre fon rêcépijfé pour la différence
entre les;prix des lingots à la monnoie,. & leur
prix coflrarif. Un récépîjfé - de lingots vaut toujours
quelque chofe, & en conféqUence il arrive rare-
(i) La banque d’Amfterdam reçevoit, au mois de
feptembre 1775 » les lingots & les monnoies de différentes
efpèces aux prix fuivans :
A RGE NT . ■' florins,
Piaftres du Mexique............ tz le mar ç.
Ecus de France . . . . • • • Idem. -
Monnoie d’argent angloife . Idem.
Piaftres du Mexique * nouveau
.coin . . . . . . . . . . 22 21 10
Ducatons.................. .. .• • • 3
Rixdales. . ....................... . a ï
Barre d’argent, contenant
onze douzièmes d’argent fin,
21 florins le marc, & ainfi
de fuite, en proportion ]uC-
.qu’à un quart de fin, pour
lequel elle donne cinq flor.
Barres d’argent fin. . , H jj
OR .
florins.
le marc.
Monnoie de Portugal. le liaarc.
Guinées.., . . . \ > . . .
Louis d’or .neuf. . ^ . .
Loluis d’or vieuxafif. • . . ... . . Idem.
Ducats neufs. ' . . . . . le ducat.
< L’or en barre eft reçu, en proportion de la fi-
jieflè ., comparée avec la monnoie a or étrangère • ci-
•deflus.. '
Elle donne pour les barres d’or fin 340 florins par
marc;^Cependant elle donne , eri général, Un peu plus
.pour la monnoie d’une fineffe connue , que pour les
barres d’or & d’argent, dont la finefle ne- peut être
conftatée que par les procédés de la fonte ' & de
feUai,
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ment que quelqu'un le laiffe expirer, ou qu’il j
laiffe écheoir fes lingots à la banque au prix où
elle les a reçus, foit en ne les retirant pas avant
les fix mois révolus, foit en négligeant de payer
quatre & demi pour cent, afin d'avoir un nouveau
rêcépijfé pour fix autres mois. C 'e ll cependant
ce qui arrive, dit-on, quelquefois, & plus
fou vent à l'égard de l'or qu'à l'égard de l'argent,
à raifon de ce qu’on paye davantage pour la garde
de l'un , que pour celle de l'autre.
La perfonne qui, en failant un dépôt de lingots
, obtient en même - temps un crédit fur la
banque & un récépîjfé, paye avec fon crédit fur
la banque fes lettres de change, à mefure qu'elles
viennent à écheoir ; *8c elle vend ou garde fon
récépîjfé3. félon qu'elle juge que le prix des lin- ,
gots doit hauffer ou bailler. Le récépifle & le
crédit fur la banque ne demeurent guères enfem-
b le , & il nV a point., de raifon pour qu'ils y
demeurent. La perfonne qui a un récépifle, &
qui a befoin de retirer des lingots, . trouve toujours
des crédits fur la banque , ou , ce qui ell
la même chofe, elle trouve toujours a acheter
de l'argent de banque au prix ordinaire , & la
perfonne qui a de l ’argent de banque, & qui a
befoin de retirer des lingots,. ne manque jamais
de trouver une égale abondance de récépifles.
Les propriétaires des crédits fur la banque , &
les porreufs de récépifles font deux différentes
fortes de créanciers à l’égard de la, banque. Le
porteur d’ un récépifle ne peut tirer les lingots
pour lefquels il lui a été donné, qu'en réalfignant
à la banque une fomme d'argent de banque ,
égale au prix auquel fes lingots ont été reçus.
S'il manque d’argent de banque, il faut qu'il en
acheté de ceux qui en ont. Le propriétaire d'argent
de banque ne peut tirer des lingots , fans
produire à la banque, des récépifles pour la quantité
qu’il lui en faut- S’ il n'a point de récépifle
à lui appartenant , il faut qu'il en achète de ceux
qui en ont. Quand le porteur d'un récépifle achète
de l'argent de banque, il achète la faculté de retirer
une quantité de lingots, dont le prix eft à
la monnoie de cinq pour cent au-deflùs du prix
de banque. L'agio de cinq pour cent, qu’il paye
communément pour cela , ne fe paye donc pas,
pour une valeur imaginaire , mais pour, une valeur
réelle. Lorfque le propriétaire d’argent de
banque achète un récépifle , il achète le pouvoir
de retirer une quantité de lingots, dont le prix
courant ell de deux a trois pour cent au-deflus
du prix qu’ils fe vendent à la monnoie. Le prix
qu'il paye pour cela, eft donc également payé
pour une valeur réelle. Le prix du récépifle & le
prix de l'argent de banque font entr'eux , ou
compofent ehfemble la pleine valeur , ou le prix
entier des lingots.
La banque accorde un récépifle, aufli-bien que.
des crédits fur la banque, pour les dépôts des
efpèces courantes du pays > mais ces récépifles
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n’ont fouvent aucune valeur, oiT ne rapportent
aucun prix à la b o u r f e c ’eft-à-dire, quand on les
vend. Par exemple , pour les ducatons , dont
chacun v au t, prix de cours, trois florins trois ftivers
, la banque accorde un crédit de trois florins
feulement, ou cinq pour cent au-deflous de leur
valeur courante. Elle accorde, de même 'un récé-r
piflé , qui met le porteur en droit de retirer le
nombre de ducatons dépofés, quand il voudra,
dans le terme de fix mois, en payant un quart
pour cent de droit de garde. C e récépifle ne rapportera
fouvent rien à la bourfe ou au marché.
Trois florins, argent de banque, fe vendent généralement
au marché pour trois florins trois Hivers
, ce qui feroit la valeur, entière des ducatons,,
fi on les retiroit de la banque j & avant de pouvoir
les retirer , il faudrait payer un quart pour
cent pour le droit de garde, ce qui feroit en pure
perte pour le porteur du récépifle. Cependant fi
l’agio de là banque venoit à tomber a, trois pour
cent, ces fortes de récépifles pourraient rapporter
quelque chofe , & fé vendre un & trois quarts-
pour cent. Mais l’agio delà banque étant aujourd’hui
généralement d’environ cinq pour cent
on les laiffe fouvent expirer, ou , comme ils di-
fent, tomber à la banque. Les récépifles donnés-
pour des ducats d’or lui tombent encore plus,
fouvent, parce que , avant de pouvoir les retirer,
il faut payer un plus fort droit de garde ou de
magafin 5 favoir, un demi pour cent. Les cinq
pour cent que gagne la banque lorfqu’on lui laiffe
tomber les dépôts , foit en monnoie, foit en lingots
, peuvent être regardés comme un dédom*-
magement du foin de les garder à perpétuité.
La fomme d’argent de banque à laquelle fe mon-,
tent les récépifles qui ont expiré, doit être for t
confidérable. Elle doit comprendre .tout le capital
originaire de là banque, q u i, comme on le
fuppofe généralement, y eft refté depuis qu’ il y
a été dépofé ,. perfonne n’étant curieux de renou-
veller fon récépifle ou de retirer fon dépôt, parce-
que ni l’ un ni l’ autre ne pourraient fe faire
lans perte , par les raifons que j’ai dites ;. mais-
quel que puiffe être:le montant de celte fomme,.
elle eft peu de ehpfe en comparaifon de la maffe
totale de Largent d.e banque. La banque d’Amfterdam
a é té , depuis plusieurs années, le grand',
magafin de l’Europe pour les lingots, dont on
ne laiffe guère expirer les récépifles, ou qui ne
tombent que très-rarement à la banque. On fuppofe
que la très-grande partie de l’argent de ban--
que, ou dçs crédits fur les livres de la banque ,.
a été créé dernièrement par ces fortes de dépôts
que peux qui font le commerce en lingots , foncés
retirent continuellement.
I f ne peut y avoir de demande fur la banque,
fl ce n’eft par le moyen des récépifles. La plus
petite maffe d’argent de banque , dont les récé-
piffés font expirés, eft mêlée & confondue avec
la plus grande maffe dont les récépifles font en