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réunit en fa perfonne les mairies de Neuftrie 8c
d'Auftrafie.
Après la mort du roi IFhiefti IV , il gouverna
tout le royauume avec la qualité de duc desfran-
fo i s , & il ne daigna pas mettre fur le trône un
fantôme de roi. Il rendit des fervices fignalés à
Tétât, 8c les feigneurs du royaume consentirent
au partage qu'il fit en 741 de la monarchie entre
fes deux fils Carloman & Pépin. Le premier obtint
l'Auttrafie, la France germanique, 8c toutes
les nations qui en dépendoient 5 l'autre eut la
Neuftrie, la Bourgogne & la Provence. Cependant
une intrigue politique donna la couronne à
Childeric III > mais l'autorité de Carloman 8c de
Pépin ne fut pas diminuée : le premier ayant em-
brafle la vie monaftique en 746 , Pépin, depuis
fumommé le bref, fut fi bien fe concilier l'amour
du peuple 8c le refpeét des grands , qu'il fut fo-
lemnellement proclamé roi à Soiffons en 752 j
& Childeric, prince foible 8c reconnu incapable
de regner, fut rafé 8c enfermé dans un couvent
avec fon fils Thier ri, dernier prince de fa race.
L e fceptre paffa dans une maifon étrangère ,
8c la famille des Mérovingiens fit place à celle
de Carlovingiens. Pépin réunit la Septimanie à la
couronne, 8c enleva à Aftolphe, roi des lombards
* l'exarçat de Ravenne, qu'il donna au faint-
ifiège. Charlemagne confirma cette donation , &
y ajouta de nouveaux domaines. C e grand princ
e , qui déploya tant de génie 8c de valeur à
cette époque d'ignorance & de barbarie, fubju-
gua le royaume des lombards , fournit les faxons,
étendit fa puilfance fur prefque toute l'Europe,
& rétablit l'Empire d'Occident, dont il fut proclamé
chef le jour de Noël de l'an 800. Il fai-
foit lui feul la force 8c la gloire de fa nation y
8c après fa mort , la France ne fut plus qu'un
état peu redoutable. Louis le Débonnaire , fon
fils , diéta d'abord des loix à toutes les contrées
qui en avoient reçu de Charlemagne 5 mais fa
foiblelfë, fes fcrupules , fon dévouement aux
prêtres 8c l'excès de fa bonté lui firent commets
tre des fautes q ui, jointes à l'ingratitude de fes
cnfans rebelles, armèrent bientôt fes Sujets les
uns contre ,les autres , donnèrent lieu, aux provinces
éloignées de fecouer le joug, 8c attirèrent
les barbares dans fes vaftes états. Ses fucceffeurs
plus foibles encore , loin de réfifter aux ennemis,
leur permirent d'envahir les plus belles provinces
de la monarchie j les particuliers fournirent
à leur autorité les cantons qu’ils gouvernoient j
ils empiétèrent tellement fur les droits de la cou^
ronne, qu'à la fin tout le royaume étoit tenu félon
le droit des fiefs, 8c que le pouvoir royal fe
trouva prefque anéanti. Louis V fut le dernier
roi de cette race , 8c la cour çefîa fous fon règne
d'être allemande.
Charles fon oncle, duc de la baffe-Lorraine .
devoit lui fuccéder, 8c il ne négligea rien pour
£aifç valoir fes droits ? mais les françois,, indif-
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pofés contte lui , préférèrent Hugues Capet 1
l'un des plus puiffans feigneurs du royaume. Il
fut facré à Reims le 30 juillet 98 7, 8c c'eft le
chef de-la troifième race de nos rois.'
C e prince 8c fes fucceffeurs, animés du même
efprit, s occupèrent fucceflîvement du foin de ré*
tablir 1 autorité royale dans toute fon étendue >
ils reprirent peu à peu tout ce qui avoit été ufur-
pé par les grands du royaume, 8c ils recouvrer
rent enfin les droits les plus précieux de la couronne
: mais la fureur des~~croifades, quj commença
fous Philippe I , affaiblit beaucoup l'état*
En 1361 , Jean le Bon hérita du duché de
Bourgogne, par la mort de Philippe de Rouvre*
dernier duc de la maifon de Bourgogne , 8c le
donna enfuite à Philippe le Hardi, fon fils cadet*
Charles VII reconquit fon royaume fur les an-
glois, 8c il leur enleva là Normandie 8c la Guien *
ne qu'il réunit à la couronne. Louis X I gouverna
en defpote j il prit pofTeffion de la Bourgogne
après la mort de Charles le Téméraire, 8c il
fournit à fon fceptre la Provence, le comté de
Touloufe 8c la Champagne. Le mariage de fon
fils Charles V I I I , dernier mâle de la première
branche des Valois, avec Anne de Bretagne ,
acquit ce duché à la monarchie, 8c celui de
Louis XII avec la même Anne de Bretagne le
réunit pour jamais à la couronne. Louis X II ,
duc d'Orléans, premier prince du fang 8c fon
beau-frère, monta fur le trône 5 il maria fa fille
à François I er, qui avoit été fucceffivement comte
d'Angoulême 8c de Valois. Le nouveau roi aima 8c
protégea les fciences, 8c on lui donna le titre de
pere des lettres. Il conclut, en 151 y , avec le pape
Léon X ce concordat qui accorde des privilèges
fi utiles à l'églife gallicane 5 & ce fut fous fon
règne que la réformation eut fes premiers pro-
félÿtes en France. Henri I I , fpn fils 8c fon fuc-
cefieur, enleva aux angiois Boulogne 8c Calais ,
les feules places qui leur reftoient dans le royaume.
Il s'empara également de M e tz , Toul 8c
Verdun en 15 52 , durant la guerre que lui fit
Charles-Qüint.
Nous paffons quelques règnes qui n'offrent rien
de propre au plan de cet article.
Apres la mort de Henri I I I , Henri IV de la
maifon de Bourbon , 8c alors roi de Navarre- ,
fut reconnu par la plus grande partie des grands
du royaume. Le fanatifme l'obligea néanmoins à
conquérir chacune de ces provinces l'une après
l'autre : ce, ne fut qu'après avoir embrafféla religion
catholique que la ligue fe diffipa , 8c lui
ouvrit lesc portes de Paris. Malgré fa jenoncia-
tion au proteftantifme, il protégea ceux qui le
profeffoient 5 8c, dès 1598, il publia le célèbre
édit de Nantes , qui aflura la liberté de leur
culte. C e prince fi révéré eut le fort de fon pré-
déceffeur ; il fut affaffiné par Ravaillac en 1610.
Les guerres de religion recommencèrent avec
fureur, 8c fe fuccédçrent preique fans intemllç
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fous Lóüis X I I I , fon fils. C e prince réunit ,-ven ‘
î é i o , le royaume de Navarre a celui de b France,
Sc le cardinal de R ichelieu, fon premier minif-
tre 3 affoiblît les huguenots , & mit fin à l'auto-
rité des états.
Les annales de la monarchie ne préfentent point
de règne auffi long 8c auffi brillant que celui de
Louis X IV .
Il n’avoit que cinq ans lorfqu'il fucceda a
Louis XIII ; en 164$ , fous la regence d'Anne
d'Autriche fa mère. Les troubles de la fronde a
J'occafion du cardinal Mazarin, dont le pouvoir
prefque abfolu avoit excité la jaloufie des grands,
8c fur - tout celle des princes de Condé 8c de
Conti 8c du duc de Longueville i la continuation
des guerres commencées fous Louis XIII
contre l'Empire 8c l'Efpagne, font les principaux
événemens de fa minorité. La première de ces
guerres fut terminée par le traité de Munfter ,
qui donna au roi une nouvelle province > 8c la
fécondé , par le traité des Pyrénées, qui ajouta
aufli quelque chofe aux domaines de l'état.
Les efpagnols n'ayant pas voulu fatisfaire Louis
X IV qui formoit des prétentions fur les Pays-
B a s , au nom delà reine fon époufe, ce prince
prit en Flandre les villes d'Armentieres, de Char-
leror, de Lille 8c plufieurs autres j il s'empara
enfin de la Franche-Comté, qu'il rendit par le
traité de 1668 5 mais il la prit une fécondé fois ,
8c elle fu i fut alfurée par le traité de Nimegue de
1.678.
Il enrichit enfuite fa couronne d'une partie de
la Flandre 8c du Rouffillon. P
Louis X V n’avoit que cinq ans, lorfqu'en 1715
il fuccéda à Lrfhis X IV fon arrière grand-père.
Le duc d'Orléans fut déclaré régent du royaume.
C e prince trouva l'état chargé de deux milliards
de dettes. Un écoftois, nommé L aw, fe
préfenta, 8c dit qu'il éteindroit cette énorme
créance : chacun fait de quelle abfurde manière
il combina fon opération, 8c l’affreux boule^er-
fement qu'il produifit dans les fortunes des citoyens.
Sur ces entrefaites, le cardinal Alberoni,
. miniftre du roi d'Efpagne , tramoit contre le duc 3?Orléans une confpiration dirigée par le prince
de Cellamare, ambaffadeur d’Efpagne. Elle fut
découverte 3 8c la France unie à l'Angleterre , à
l'Empire 8c à la Hollande, fit la guerre-aux efpagnols
, q u i, effrayés du fuccès des armes fran-
çoifes , demandèrent la paix. Le roi fut facré à
Reims.en 1722 , 8c déclaré majeur l'année fui-
vante- Le duc d'Orléans conferva Tadminiftration
des affaires jufqu'en 1726 , époque à laquelle le
roi déclara qu'il vouloit gouverner lui - même.
Louis X V avoit époufé la fille unique de Stanif-
las, roi de Pologne , 8c il déclara, la guerre à
l'empereur pour maintenir les droits de fon beau-
père , élu roi de Pologne pour la fécondé fois.
Mais cette guerre Ce termina, par l'abdication de
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StânîflaSj qui garda le titre de roi de Pologne »
8c n'obtint d'autres domaines que les duchés de
Bar 8c de Lorraine, reverfibles après fa mort à
la couronne de France.
Nous nous Contenterons d’ajouter ici que ,
fous Louis X V , la France a acquis ces deux provinces
8c l'ifle de Corfe'; les evénemens politiques
de ce règne, les plus remarquables font le
paéle de famille entre les fouverains de la maifon
de Bourbon, 8c l’alliance de la cour de Verfail-
les avec la maifon d'Autriche , qui étoit fon en~
nemie depuis plufieurs fiècles»
S e c t i o n I I e.
Remarques fur la monarchie françoife , fur la fuc'A
cejjion à la couronne , fur la loi falique & fur ce
qu on appelle - les autres loix fondamentales du
royaume, fur les appanoges accordés aux enfans
de France, & la nature & les privilèges des domaines
de l'état.
De la monarchie françoife. Jules-Céfar fournie
à la domination romaine les Gaules qui compre-
noient le pays fitué entre le Rhin , les Alpes ,
les Pyrénées 8c* l'Océan > 8c les romains en furent
chaffés au commencement du cinquième fie-
cle de l'ère chrétienne. Les goths s'emparèrent
des parties méridionales, ou de l'Aquitaine j les-
bourguignons s'établirent dans la partie orientale ,
8c les francs conquirent les provinces du Nord,
jufqu'à la Loire. Iis réunirent enfuite à leurs pof^
feffions'celles des goths 8c des bourguignons, 8c
ils formèrent une puiffante monarchie, à laquelle
on donna le nom de France. Ce royaume com-
prenoit alors la première Habitation des francs >
ou les terres fituces à la droite du Rhin le long
de ce fleuve, depuis le Mein jufqu'à la mer..
La monarchie françoife , qui eft tout-à-la-fois-
la plus ancienne, la plus illuftte 8c la plus puif-
fante de l'Europe , fubfifte donc depuis 1300 ans y
8c, durant cette période, toutes les autres monarchies
ont été conquifes , ou elles ont changé
de face. Les maures ont chaffé les rois efpagnols
de leur trône , les turcs ont renverfé l'Empire
des grecs j les normands ont fubjugué l'Angleterre
: les allemands ont reçu des loix de la Fran~
c e , 8c le Danemarck a conquis la Suède.
Les francs eurent dans les Gaules , fur la fin
du 3 e fiècle , un1 établiffement qui fut confirmé
par. l’empereur Julien, 8c qui,, fous Claudion „
fut fixé au domaine de Cambrai 8e du pays voi-
fin jufqu'à la Somme. Clovis fit un traité avec;
l’empereur Anaftafe II , 8c les françois devinrent
les amis 8c les alliés du peuple romain. Les of-
trogoths , maîtres de l'Italie , leur cédèrent tout
ce. que les rois d'Italie pofledoient dans les Gau les
, 8c le traité de l’empereur Juftinien avec:
CHildebert, Clotaire 8c Théodebert, fucceffeurs
de C lo v is , confirma cette ceflàon. C 'e l l ainft que