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roline méridionale & la Géorgie ne paroiflent pas,
comme les autres provinces, difpofées à affranchir
les nègres'} elles ont au contraire continué
l'importation que le relie des Etats-Unis a défendu
depuis long temps, 8c c'ell encore un point fur
lequel on peut faire des reproches à la Géorgie.
Le congrès a demandé, le 30 août 1784 , le
pouvoir d'exclure des ports de l'union les vailfeaux
4e toutes les nations qui n'ont pas un traité de
commerce avec les Etats-Unis , & de palfer relativement
à tous les peuples un aéle général, d'après
les principes de l'aéte de navigation des an-
glois. Au 4 janvier 1786 , neuf des treize provinces
avoient donné leur aveu fur cet objet, &
la Géorgie étoit une des quatre qui retardoient
cette opération } enfin , en 1784, la Géorgie n'a-
voit rien payé fur la contribution qu'elle devoit
pour les 1,200,000, les huit millions & les deux
millions de piaftres, demandés par le congrès
durant la guerre. Les déprédations des anglois fur
le territoire de cette province avoient été fi çon-
lTdérables , qu'elle fe trouvoit dans une grande
détrelfe } elle a fi peu de reflources qu'elle femble
mériter dé l'indulgence} mais il paroît qu'elle n'a
pas montré une bonne volonté proportionnée àfes
moyens.
D ’un autre côté, l'armée américaine pafla l'hiver
de 1776 hëureufe 8c tranquille dans fes barra-
ques} elle attendit les fecours qui dévoient lui
arriver avec le printems. Ces fecours furent offerts
& fournis avec beaucoup de générofité par les provinces
du fudj provinces aveclefquelleslesétatsdunord ;
n'avoient e u , fous le gouvernement anglois, aucune
connexion quelconque, 8c qui leur étoient
plus étrangères que la métropole ; & la Géorgie
donna en cette occafion une preuve de zèle.
Lorfque les miniftres des Etats-unis fe font plaint,
au mois de février 1786, de ce que l'Angleterre
retenoit des polies cédés aux nouvelles républiques
par le dernier traité de paix, le lord Carmarthen a
répondu, au nom du roi , qu’il les livreroit lorfque
les américains auront rempli eux - mêmes les
articles du traité, & il a articulé enfuite ùn grand
nombre de plaintes. Nous parlerons de ces plaintes
à l'article des états qu'elles regardent. Il a reproché
à la Géorgie & à la Caroline du fud ,
d'avoir paffé une ordonnance qui défend d'intente
r une aétion pour une dette contractée avant le
26 février 1782, jufqu’ au I er janyièr 1785} d'avoir
déclaré qu'un débiteur peut, dans le cours
d'un procès, offrir des terres en paiement, & que
Je créancier eft obligé de les prendre aux' trois
quarts de l'eflimation ; & enfuite à la Géorgie en
particulier, la décifion de fes juges, félon laquelle
on arrête l'inftruélion d'un procès) intente par
lin fujet britannique, tandis qu'au contraire ils
permettent que les-fiijets britanniques foient pour-
îuivis par leurs créanciers. Nous avons expliqué
à l'article E t a t s - U n i s , comment ces ordonnances
8ç ces déçifions peuvent devenir favorables apx
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créanciers anglois, au lieu de leur être nuilîbles J
& avec quelle circonfpeétion il faut juger ces opérations
des gouvernemens américains. Quelques-
uns ont peut- être écouté la haine, où ils ne dévoient
écouter que la jullice : la Géorgie en particulier
ell peut-être allée trop loin } mais nous
favons que l'Angleterre a mis peu de bonne-foi
dans la négociation dont nous parlons ici > qu'elle
a voulu gagner du temps, parce qu'elle efpère de
l’avenir quelque chofe d'utile à fes intérêts, 8c
qu’elle a eu foin de cacher les propofitions très-
raifonnables des plénipotentiaires américains.
On croit que l'affemblée générale de la Géorgie
vient d'établir du papier - monnoie , ainfi que la
Caroline méridionale, la Penfylvanie, la Nouvelle-
York 8c Rhode-Ifland} & fi cela e l l, elle a fait
une opération dangereufe, ainfi que nous le dirons
à l'article P e n s V l v a n i e .
S e c t i o n c i n q u i è m e .
Quelques détails fur le commerce & l'état attucl de
la Géorgie.
Le voyageur américain donne l'état fuivant des
marchandises exportées de la Grande-Bretague pour
la Géorgie avant la révolution.
F e r , acier, cuivre, plomb, étain, fer blanc
& bronze travaillés, marchandifes de Birmingham
& de Sheffield, chanvre, cordage, toiles à voile,
étoffes de foie, flanelle,* baie de Colchefler ,
harnois, mercerie, quincaillerie, bijouterie, chapeaux,
gants, galons d'or & d'argent, foierie,
toiles d'Angleterre & d'autres pays, poteries ,
terres à aiguifer , filets pour la pêche, couleurs j
agrès, marchandifes de Manchefler , marquète-
r ie , modes, livres, tapilferies, femences de jardin,
pipés, tabac, bière forte , vin & drogues
médicinales. Tous ces articles, au prix moyen do
trois ans, ont coûté 48,000 liv. fterling.
Marchandifes exportées de la Géorgie pour lz
Grande-Bretagne & autres marchés.
liv. fterl.
18.000 barils de riz à 4Ôfche.............. 36,000
17.000 livres indigo à 2 f ....................... 1,700
2,yoo livres foie à 20 f . ......................... 2,foo
Peaux de bêtes fauves 8c autres. ; . . . . 17,000
Planches, &c. bois de conflru&ion. . *. r 1,000
Ecaille de tortue , drogues & befliaux. . 6^000
Evalués au prix moyen de trois ans,
ces articles co û ten t.......................,.......... 74,200
La colonie a fait beaucoup de progrès depuis
cette époque } fes exportations ont beaucoup augmenté
5 mais , comme elle n'ell pas encore remife
des troubles & des dévallations de la guerre, il
faut attendre qu'elle ait rétabli fes atteliers de
culture, & qu'çllç ait,pris l’efïor analogue à fa
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pofition pour donner fur fon commerce & fes
produisions, des détails qui puiffent fervir de re-
gle à peu-près générale. H .
On n'a pas encore fixé 3 d'une maniéré invariable
, la règle d'après laquelle on établira les con-
ringens des diyerfes provinces ; mais, félon la
proportion fulvie julqu'ici, la Géorgie paye onze :
piaftres fur une contribution de mille piaftres,
demandée aux diverfes provinces de l'union américaine.
La Virginie 8c la Caroline feptentrionaleont
donné au congrès le pouvoir de difpofer d une
partie du territoire de l'Ouefl on efpere que la
Géorgie & la Caroline méridionale renonceront
également à la propriété des terres qui s etendent
depuis les dernières de leur établilfement jufqu'au
Milfiflipi. > .
Un affez grand nombre de royalifles acquitte la
Géorgie, lorfque l'armée britannique a évacue le
continent de l'Amérique } 8c cependant fa population
eft évaluée par quelques perfonnes à quarante
mille âmes, tandis qu’au commencement
de la guerre on ne Févaluoit qu'à trente mille.
La Géorgie, en étendant fes cultures & fa population
, s'expofera à la colcre des fauvages, &
& fur-tout des creeks qui font fes voifins immédiats.
Elle s'ell vue réduite à commencer contr'eux
une petite guerre cette année} &: quoiqu'on puifie
prédire que l’ilfue de ces fortes de guerres fera
toujours à fon avantage, la cruauté & les incur-
fîons des peuplades qui Favoifinent, ^retarderont
fes progrès, ou du moins elles l'empêcheront de
fe porter tout de fuite bien avant dans l'intérieur
des terres.
« Je l'avoue, dit avec raifon M . l'abbé de Ma»
b ly , je fens un attrait particulier pour la république
de Géorgie. Cette colonie ell nouvelle 5
elle occupe un grand territoire, 8c l'on me dit
que le nombre de fes habitans ne monte pas à
quarante mille. Quelles heureufes circonllances
pour établir une république chez un peuple: qui '
n'ell encore occupé qu'à chercher fes richelfes
dans le défrichement des terres voifines de fes
habitations 1 Toutes fes idées doivent naturellement
fe porter du côté de l'agriculture, qui donne
feule aux hommes l'abondance ,. conferve la fim-
plicîté de leurs-moeurs, 8c difpofe leur ame aux
grandes chofes. Aufli a-t-on vu cette colonie fi
foible & plus expofée que toute autre aux malheurs
de la guerre, ne fe point démentir, 8c
donner l'exemple du courage 8c de la prudence
« S i j’avois été alfez heureux pour être un citoyen
de Géorgie, je crois q ue , dans l'affemblée
qui en rédigea la eonilitution , j'aurois fait tous-
mes efforts pour affermir plus folidement cet ef-
pritde modération, de modeftie, dont il me femble
que mes concitoyens, malgré leurs moeurs
ne connoilfent pas alfez le prix. « Mes frères ,
30 mes amis, aurois - je d i t , rendons grâce à la
33 providence d'avoir conduit l’Amérique à l'heu-
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» teufe révolution qui alfure fon indépendance,
S avant le temps que, devenus trop nombreux
» & trop riches, il nous auroit peut-être été im-
» polfible d'alfurer notre liberté fur des fon.de- 8 mens inébranlables. Nous nous trouvons en
alfez petit nombre pour pouvoir nous entendre ;
n 8c nos moeurs, que des befoins inutiles n’ont
» pas corrompues, nous permettent encore d'é-
« tablir dans notre république nailfante les vrais
» principes de la fociété, 8c d'élever une bar-
« rière entre nous & les vices qui ne permettent
.» pas de prendre la route qui conduit au bonheur,
« ou qui la font bientôt abandonner. Les hommes
» n’ont de véritables richelfes que les productions
» de la terre 5 voulons-nous être folidement heu-
» reux ? apprenons à nous contenter des fruits-
» que nous devons à notre travail ; ils nous fuf-
m firont & ne nous manqueront jamais. Prenons-
39 des mefures, pour que rien ne foit capable
»3 d’altérer cette précieufe vérité que nouscon-
» noiffons encore , mais que l'exemple contagieux
33 de nos voifins peut bientôt nous faire ou-
» blier •
« Je vois-avec chagrin, continu erois-je,, que
33 vous ordonniez de graver fur le fceau de la ré-
33 publique une belle maifon. J'aimerois mieux
f j qu'il ne préfentât qu'une maifon Ample & mo-
» d élie, qui rappelleroit à notre pollérité des-
33 moeurs fans luxe & fans faite, qui ont fondé
33 cet état 8c qu'ils doivent imiter. Je verrai avec
3* plaifir, dans l'empreinte de ce fceau , an champ
33 de bled, une prairie couverte de gros & de menu:
y» bétail, une rivière qui la traverfera. A ces ima»
33 gesqui peignent votre caractère, pourquoi vou-
»> lez-vous ajouter unvaijfeau qui vogue a pleines'
33 voiles ? Songeons qu'il fera pour nous la boete’
»3 de Pandore : craignons de nous familiarifer avec
>3 ces idées d’une faulfe profpérité, & que nou?
33 n'imprimerions que trop facilement dans la rai—
3» fon encore peu formée de nos enfans. Plût x
33 Dieu que- jamais aucun vailfeau, en nous ap-
33 portant des befoins & des plaifirs inconnus, ne
>3 vienne nous dégoûter d’une fimplicité qui peut
33 fuffire à. notre bonheur1. Plût à Dieu que nous
33 fuflions enfoncés dans les terres , 8c que nous-
33 n'euflions à craindre de tout côté que le voifînage
33 des fauvages, bien moins dangereux que la mer
33 qui baigne nos côtes ! Pourquoi cherchons-nous
33 à favori fer. les ports de Savannah & de Sun»
33 b ury, en permettant à l’un d’envoyer quatre*
33 reprefentans à la chambre d'alfemblée, 8c x
» l'autre deux pour repréfenter 8c favorifer leur
33 commerce ? Gardons-nous de fuiyre l'exemple
33 de cette malheureufe Europe, qui a voulu éta-
33 blir fa force , fa puilfance 8c fon bonheur fur
33. des richelfes qui dévoient l'affoiblir 8c l'ap-
» pauvrir. Si nous regardons le commerce com-
33 ,me l’objet 8c la fin d'un état floriffant, il faut^
33 dès ce moment, renoncer à tous les principes
» d’une bonne politique,, ou nous attendrè qu-'a^