
du 60eTut enlevé &.conftitué'prifohnier à Ruremonde
j mais le .bureau a été rétabli pour la
fécondé fois & fubfifte encore > il eft fi préjudiciable
au commerce de la Meufe , qu'en 1731
le roi de Pruffe demanda à Lempereur qu'on le
fupprimât.
L e bureau de W e l l , fur la même rivière * plus
bas que Venlo , a produit des difficultés qui iub-
fiftent encore. Après qu'on eut cédé au roi de
Pruffe , par les traités d'Utrecht , une partie du
haut quartier de la Gueldre , il demanda d'être
admis au partage des revenus provenants des bureaux
établis fur la Meufe y & fur le refus qu'en
firent les Etats - Généraux y adminiftrateurs des
Pays-Bas autrichiens, il en établit lui-mêffie à
.Well l'an 1713.
C e bureau a été depuis yo ans un objet de
conteftations & de négociations. Les hollandois
foutinrent d'abord que les péages qui fe lèvent à
Ruremonde & à Venlo, etoient des tonlieux locaux
, attachés à ces deux villes , & deftinés à
l'entretien de leurs fortifications 5 ils en inférèrent
de là que le roi de Pruffe ne pouvoir y prétendre
la moindre p a r t} mais ils ajoutèrent de
plus qu'il n'étoit pas en droit d'impofer des péages
fur le commerce de la .Meufe , dans la partie
de la Gueldre qui lui avoit e'té cédée, & la
cour impériale embrafla vivement le même fyftê-
me. Le Yoi de Pruffe, ferme fur fes prétentions,
a ramené infenfiblement les hollandois : ils ont
offert dt, l'admêttre au partage des bureaux de
Navagne, de Ruremonde & de Venlo , à la concurrence
d'un tiers, & même de permettre qu’il
y eût dans chacun des bureaux un contrôleur de
fa p art, aux conditions qu'il fupprimeroitle bureau
de Well > ils ont même cherché à obtenir à
cet effet le confentement de la cour impériale 5
mais jufqu'ici il n'en eft rien réfulté. Sa majefté
l'empereur feroit certainement léfé par un pareil
arrangement, attendu que deux des trois bureaux"
Jui appartiennent, & que celui de. Navagne n'a
d'ailleurs rien de commun avec la Çueldre.
Quelques autres conteftations font relatives aux
terres de Vierffen , de Wickeraedt, de Thorn &
jde Millendonck.
La terre deVierfferi eft confidérable: l’avant-
dernier roi de Pruffe s'en empara comme étant
dans la dépendance de l’ammanie de Kriecken-
beeck, qui lui a été cédée par les traités d'Utrecht
, & il en a confervé la poffeffion.
Les états de la Gueldre autrichienne foutien-
nent au contraire que Vierffen eft une terre franche
, indépendante de l'ammanie de Kriecken-
b eeck, & qui n'a été comprife dans aucune des
ceflions faites au roi de Pruffe.
La terre de Wickeraedt étoit inconteftablement,
dans les anciens temps, un fief relevant du duché
de Gueldre j lés a&es de relief des années
13 2 6 , 1338 & 1402 en fcnt.foi. Elle fut réunie
fiii domaine du duc de Gueldre çn 1444,. aiiçnée
en 1466. Ayant été réunie pour la fécondé
fois au domaine, l'archiduc Maximilien la vendit
en 1485 à Henri de Hompefch, qui en obtint
l'inveftiture de l'empereur Frédéric III en 1488,
avec cette claufe que le bourg de Wickeraedt
feroit déformais relevé , non comme fief de Guel-
die , mais comme fief de l'Empire.
On foutient de la part de l'empereur, en fa
qualité de duc de Gueldre, que ce changement
de féodalité , fait pendant là minorité de Philippe
le Bel , a été accompagné de circonllances qui
le rendent nul. C'eft cependant fur le fondement
de.l'aéle de 1488 que les feigneurs de W ick eraedt
prétendent ne plus dépendre de la Gueldre.
La terre de Millendonck étoitr originairement
du patrimoine des anciens comtes de Gueldre $
& , depuis quelle en eut été détachée .en
1300, elle a toujours été en fief du duché' de
ce qom.
En 16 7 1 , Philippe de Croy qui en étoit feî-
gneur, fit quelques tentatives pour la fouftraire
au duché de Gueldre , & pour l'annexer à l’Empire
j mais on les re'prima. Cependant fes fuccef-
leurs ne perdirent pas de vue le deffein de la rendre
indépendante j & , dans l'année 1700, la
comteffe de Berlips, profitant du grand crédit
qu'elle avoit à la cour de Madrid, obtint du roi
Charles II des lettres-patentes, par lefquelles il
lui cédoit le domaine direél de Millendonck ;
elle prétendit en conféquence que ce prince lui
avoit abandonné, fans exception , tous les droits
qui lui appartenoient fur cette terre, & ce fut
fur ce fondement qu'elle chercha à la faire annexer
au cercle de Weftphalie 5 mais en 1702 le con-
feil de Gueldre caffa & annula ce qu'elle avoit fait :
la poffeffion néanmoins eft actuellement contre fa
majefté.
On foutient aux P a y s -B a s , & avec raifon ,
que la terre de Thorn eft une dépendance de
la Gueldre 3 quoique le chapitre noble de Thorn
prétende qu'ellë eft terre immédiate de l'Empire.
On trouve dans la Gueldre un canal ruiné; Le
grand commerce que les hollandois faifoient par
le Rhin & la Meufe avec l'Allemagne, fit naître
à l'infante Ifabelle le deffein dé l'attirer dans les
Pays-Bas dont elle étoit gouvernante ; dans cette
intention, l'on fe détermina , le 21 feptembre
16 27, à creufer un canal du Rhin à la Meufe ; il
commençoit au-deffous de Rhinberg dans l'électorat
de Cologne, paffoit à l'abbaye de Cam-
pen, à Bruggen , en fuite à Gueldre } puis ayant
coupé la rivière de Niers, il fe rendoit dans la
Meufe à Venlo : il auroit eu huit lieues de cours,
& on fe propofoit de le prolonger de |a Meufe
au Démer & du Démer à l ’Efcaut. On le nomma
le nouveau Rhin ou la Fojfe Eugertienne ;
mais' les.travaux furent d’abord traverfés , &
puis totalement ruinés à main armée par les hol-
1 an dois., enforte qu'on n'y voit, plus que les reffës
d'ùn ravin entrepris avec beaucoup de de-
penfe. _
G u e l d r e , l'une des fept Provinces-Urnes :
on l'appelle auffi le pays de Gueldre, ou lu Gueldre
inférieure' avec ' le comté de Zutphen. Elle eft
bornée au couchant par les provinces d'Utrecht
& de Hollande ; au nord par le Zuyderfee , 1*0 *
ver-Yffel} au levant par l'évêché de Munfter &
le duché de C lè v e s , & au midi par la Meufe qui
la fépare du Brabant. Elle a cet avantage fur les
autres provinces , que l'air y eft plus pur & plus
fain. Son fol eft d'une bonne qualité, filo n excepte
le milieu dû quartier du V e luw e , q u i,
ainfi que le comté de Zutphen , eft fablonnéux,
chargé de brouffaillcs & de landes.
Cette province eft arrofée par les trois bras du
R h in , qui font la W a a l, l'Yffel & la Lek j la
Meufe en traverfe les frontières méridionales.
Elle a de moindres rivières, telles que la Linge,
appellée autrefois Lauge - Wajfer, qui prend fon
eoursi-entre le Rhin & la W a a l, & fe perd dans
la MerWe à peu de diftance de Gorkum. La
vieille Yffel qui a fon embouchure dans l'Y ffe l,
près de Doerbourg, la Berkel ou Borkel qui s y
jette de même dans les environs de.Zutphen, &
que le magiftrat de cette ville a refolu en 1766
de rendre navigable , la Grift & les autres rivières
du quartier de Veluwe, qui s'unifient à 1 Y f fel
aux environs de Hatten. La Gueldre inférieure
contient vingt villes & deux bourgs. ^ ■
Précis de fon hifioire politique. Elle fut régie anciennement
par des prévôts , dont les charges
furent rendues héréditaires. Henri IV , empereur
d'Allemagne, l'érigea en comté l'an 1709.cn
faveur d’Otton de Naffau qui la poffedoit alors 5
il avoit époufé la fille du comte de Zutphen ,
& réunit par-là ce comté au pays de Gueldre.
Henri de^Naffau y ajouta la contrée de Veluwe.
Le comte Othon III y ajouta enfuite la ville impériale
de Nimégue avec tout fon territoire, que
Guillaume , roi des romains , lui engagea en
1148. Le pays de Gueldre fut érigé en duché, en
1339, par l'empereur Louis delà maifon de Bavière.
Renaud II fut le premier qui le pofféda
fous ce titre. Ses defeendans mâles s'éteignirent,
. & ce duchéi^ffa , en premier lieu , à^ la maifon
de Juliers/-S^oftérieurement à celle d'Egmond y
qui, en 1423., fè .fit prêter le ferment de fidélisé
pour raifon de ce duché & du comté de Z utphen
, & engagea le duché à Charles le Téméraire,
duc de Bourgogne , en 1472. Arnaud étant
mort l'année d’après , Charles en prit poffeffion ;
mais il fut tué en 1477 , & ce duché fut rendu
à Arnaud, fils de Arnaud dont nous venons
de parler, & qui le tranfmit à fon fils Charles.
Celui-ci eut à foutenir des conteftations fans nombre
; il fut enfin forcé de fe défifter de ce duché
en faveur de Charles V , empereur d’ Allemagne.
La ccffion fut fui v ie, en 1 £43., d'un abandon
général des droits que Guillaume, duc de Clève$
, pou voit réclamer. Trois quartiers de ce
duché accédèrent en 1579 à la confédération conclue
à Utrecht : ils contiennent précifement r e tendue
du terrein qu'occupe aujourd'hui la province
de Gueldre. Ces quartiers furent celui de
Nirriégue, celui de Zutphen , & celui d'Arnheim.
Conflitution particulière de la province de Gueldre.
La conftitution particulière de cette grande province
eft prefque ariftocratique. SI la province
de Zélande doit regretter de n'avoir pas un nombre
affez confidérable de nobles, celle-ci peut fe
plaindre, à plus jufte titre , d'en avoir un trop
grand nombre. Il y a beaucoup de gentilshommes
en Gueldre 3 & leur autorité ,s'y fait fentir
avec tant de force, que les roturiers y font à -
peu-près comptés pour rien. Le droit féodal fem-
ble y avoir confervé toute fa. vigueur. Le fort
du peuple diffère peu de ce qu'il étoit fous les ducs
fes fouver'ains j des écrivains croient qu'il a perdû
quelque chofe fur plufieurs points , & que les
nobles feuls ont gagné à la révolution. Le corps
des nobles fait la loi dans les états , & ces états
fe trouvent, revêtus de l'autorité fouveraine : la
nobleffe a trop de part à la fouveraineté. La province
eft divffée en trois grands quartiers , lè
comté de Zutphen, le quartier de N imegue, &
le quartier de la Veluwe^ Ces trois quartiers forment
les trois voix délibératives aux états, de la
province, & ils s'y font.repréfenter par des députés.
Chaque quartier tient fon affémblée particulière.
Ces affemblées particulières font composes
de deux membres. Le premier eft formé
par le corps des nobles 5 le fécond par rie corp’s
des- villes. Le ftathouder des Provinces-Unies eft
premier noble de Gueldre. 11 fe fait reprefenter
par un autre noble qu'il choifit , & qui pveiïde
pour lui à Taflenablée j .lorfque la réfolutron eft
prife dans chaque quartier, elle fe porte à l’ affem-
blée générale, & la réfolution fouveraine fe détermine
à la pluralité de deux quartiers contre
un : il eft rare que les trois quartier ne foient
point d'accord. Les villes font prefque toujours
d t l'avis de là nobleffe.
Le nombre des gentilshommes qui peut affifter
aux états , n'eft point déterminé. Chaque noble ,
doué des qualités requifes, eft admis à la régence
commune , s'il a l’âge de vingt-deux ans. Quant
aux villes:, quoique leur nombre foit fixe , & qu'il
ne puiffe augmenter , il eft libre aux collèges de
: la magiftrature d'envoyer aux affemblees du quartier
autant de députés qu'ils le jugent à propos ,
avec cette réferve cependant que, fuffent-ils dix
pour une feule v ille, leurs voix ne font comptées
que pour une. Les aflemblées particulières ont
lieu dans la principale ville du quartier de laquelle
elles portent le nom > le bourgue-meftre
en- régence y .préfide , & l’on y traite de toutes
les affaires qui peuvent intéreffer le quartier. Les
affemblées. générales fe tiennent deux fois par
j année, alternativement dans les trois principales