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pshire , & fur-tout l'article P e n s y l v a n ie .
D E LM E N H O R S T , comté appartenant au roi
de Danemarck. Voye% l'article O ldembourg.
DELOS , ifle de l'Archipel, où F on vit s'éta^
blir un petit état , qui joua par le commerce un
certain rôle , après la deftruétion de Corinthe. M. deMontefquieudit, en quelques lignes , tout
ce qu'il importe d'en favoir.’
Corinthe ayant été détruite par les romains-* les
marchands fe retirèrent à Delos : la religion. & la
vénération des peuples faifôit regarder cette ifle
comme un lieu de fureté ( i ) : de plus* elle étoit
très-bien fituée pour le commerce de l'Italie &
de l 'Afie * qui * depuis l'anéantiffement de l'Afrique
& l'affoibliffement de la Grèce * étoit devenu
plüs important. \ ,
DÉMEMBREMENT D 'U N E T A T * opération
par laquelle oh détache d'un état * des dif-
triéls ou des cantons qui en faifoient partie. Le
prince a-t-il le pouvoir de démembrer l’état? Si la
loi fondamentale le défend au fouverain * il ne
peut le faire fans le concours de la nation * ou de
les repréfentans | mais fi la loi fe tait * on regarde
le prince comme le dépofitaire des droits de la
nation & l'organe de fa volonté. La nation ne
doit abandonner fes membres que lorfque la né-
ceflîté, le falut public ou de très-grands, avantages
peuvent excufer ce facrifice : le prince ne
doit les abandonner que lorfqu'il peut juftlfier cet
abandon par les mêmes motifs.
Les règles du droit naturel font bien inutiles ici
comme ailleurs:: lorfque les fouverains fe décident
à quelques démembremens , ils ne font. pas arrêtés
par les plaintes qu'excitèra leur opération : on a
vu-cependant ces plaintes produire de l'effets mais ce
n'eft jamais que lorfque le prince * craignant des
troubles ou une guerre civile, renonce à fes arr
rangemens pour ne pas compromettre fon autorité
j ou bien le prince fe repent d'un facrifice que
lui impofa la force , & il fe prévaut des droits
du peuple , qu'on ne craint pas alors de. faire
valoir.
C'eft ainfi que les notables du royaume de France
s'affembîèrent à Cognac , apres le traité de
Madrid , & ils conclurent, d'une voix unanime,
que l'autorité du roi ne s'étendoit point jufqu'à
démembrer l'état. Le traité fut déclaré nul
contraire à la loi fondamentale du royaume.
Charles-Quint s'apperçut alors de la faute qu'il avoit
faite ; il fe repentit d'avoir relâché François Ie r,
avant que les états-généraux euffent approuvé le
traité. Au refte, l'empereur devoit ufer de fa victoire
avec plus de générofîté j il devoit impofer |
des conditions moins dures , & mieux calculer le
genre des facrifices qu'il exigeoit. Aujourd'hui qüe
les états-généraux ne s'affemblent plus en France, ■ j
le roi demeure le feul organe de l'etat envers les
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autres puîffances : elles prendroient fa volonté pour
celle de la France-, & les ceflions du monarque |
demeureroient valides. Les puiflances ont deman- |
dé quelquefois que leurs traités fuffent enrégiftrés
au parlement de Paris : mais cette formalité mêine j
ne paroît plus en ufage.
DEMER A R Y , ESSEQUIBO & BERBICHE,
trois colonies quelles hollandois ont formées dans
la Guyane.
Nous n’avons pas fait d'article Berbighe :
nous ne ferons pas d'article Essequibo , & on
trouvera ici ce que nous aurions pu dire à chacun
de ces mots.
L'établiflement de Berbiche, borné à l'eft par
la rivière de Corentin , & à l’eft par le territoire
de Demerary, n'occupe que dix lieues de côtes.
Dans l'intérieur du pays , rien ne l'arrêteroit jufqu'à
la partie des Cordelières , connues fous le
nom de Montagnes bleues. Le grand fleuve qui lui
a donné fon nom , embarraffé à fon „ embouchure
par un banc de boue & de fable, n'a d’abord
que quatorze ou quinze pieds de profondeur 5
mais il en acquiert bientôt quarante, & l'on en
trouve la navigation facile jufqu'à trente-fîx lieues
de la m e r te rm e des plantations les plus éloignées..
. , ;
L'an 1626 vit jetter les premiers fondemens de
la colonie. Comme on la formoit fur une région
comprife dans l'oélroi de la compagnie desTn-
des occidentales, ce corps, alors puiffant- & très-
protégé," fe réferya quelques droits, & , d'une
manière plus particulière, la vente exclufive des
êfçlaye's. La culture du fucre & du"rocou, dont
on s'occupoit uniquement , n'avoit pas. fait de
grands progrès, lorfqu'en 1689 quelques aventuriers
françois ravagèrent le pays, & n'en forti-
rent qu’après s'être fait promettre 44,000 liv. qui
ne Turent jamais payées.-Des françois firent encore,
en, 1712 , une invafîon dans la colonie.
Afin d'échapper au pillage , & pour , être débar-
rafles dé ces étrangers, les habitans s'engagèrent
à . donner 6605090 liv. Les noirs , ,.le fucre, les
provifions qu'on livra montèrent à 28,654 liv. ;
le refte devoit être acquitté en Europe par les
propriétaires des habitations , tous- de la province
de Zélande. Soit impuiffance , foit raifon, ils fe
refusèrent à un engagement pris fans leur aveu.
Trois' riches particuliers d’Amfterdam remplirent
cette obligation, & devinrent feüls maîtres de
Berbiche/ _ 1 : d ’ , - 1 , ■ . A.
Leur conduite fut fage &, mefurée. Ils rétablirent
les anciennes plantations j ils intfodùifirenî
un meilleur efprit parmi ceux qui les exploitoient ;
ils ajoutèrent " là culture du cacao a celles qui
étoient déjà connues' : mais leurs capitaux në^ fui-
fifoient pas pour éjëver la çoloimé au degré de
profpérité dont elle pàrdiffoit fufceptible. Sept
(1) Foye^^trabon > liv. x.
d è m
millions 40,000 liv. furent jugés néçeffaires pour
ce grand objet, & il fut crée feue cens adtions
de 4,400 liv. chacune. On n.en put placer c]ue
■ neuf cens quarante ôc une, fur lefquelles meme
les acquéreurs ne fournirent que 41 pour cent.
Ainfi le nouveau capital fe trouva réduit a un
' million 373,3 M livres, dont on donna 1,310,0001.
: à l'ancienne fociété. qui cédoit toutes fes propriétés
; de forte qu'il ne relia en argent que *73 mIile
; 2 C2 ÜV. ■ ' , | . ' y/ •
I C'étoit bien peu pour la fin qu on s etoit pro-
pofée. Les intéreffés eux-mêmes en etoient li con-
Ivaincus, qu'en 1730 ils demandèrent que tout
Vfujet de l'état fût autonfé à naviguer & a s établir
à Berbiche, à condition qu fl payeroit en
Amérique fix liv. de capitation pour chaque blanc
i & pour chaque noir qu'il placeroit fur fon habitation
; 55 par plantation pour la contribution ec-
! cléfiaftique } deux & demi pour cent pour toutes
Iles marchandifes qui entreroient dans la colonie ,
ou pour les denrées qui en fortiroient > & en Europe
, 3 liv. par tonneau de tout ce qu'il tireroit
des ports de la république, & 3 liv. par tonneau
de tout ce qu’il y enverroit. Moyennant ces re devances
, la fociété s’engageoit à faire toutes les
dépenfes que le gouvernement, la défenfe, la police
& la juftice de cet établiflement exigeroient.
Les -Etats-généraux jugèrent ce plan utile , & ils
lui -donnèrent la fanétion des loix , par un decret
I du 6 décembre 1732. < r r .
h Une fermentation affez vive fut 1 heureufe fuite
t’ de ce nouvel ordre de chofes. Tout profpéroit,
lorfqu'en 1756 les blancs, & les blancs feulement, I furent attaqués d'une épidémie qui dura feptans,
j & en fit périr le plus grand nombre. L'état de
I foibleffe où cette calamité avoit réduit Berbiche
enhardit, en 1763, les efclaves à fe révolter. A
j la première nouvelle du foulévement, vingt fol-
dats & quelques colons, échappés à la contagion,
fe réfugient dans quatre navires qui étoient dans
la rivière , & bientôt après dans une redoute bâtie
[ près de l'Océan. Les fecours qu'on leur envoie
de tous côtés , les mettent enfin en état de retour-
t ner dans leurs plantations, & même de réduire
les nègres : mais ils ne régnent plus que fur des
| décombres ou fur des cadavres.
; La fociété , ruinée comme les habitans , eft
[ réduite à demander huit pour cent à fes adtion-
| naires , ce qui lui; donne 3'30,000 livres, & à em-
[ prunter 1,100,000 liv. i de la province de Hollan-
[ d e , à un intérêt do deux & demi pour cent. Ces»
j fommes ne lui fuffifant pas encore pour remplir
I fes obligations , elle- .obtint, en 17 74 , de la ré-
I publique que les impôts perçus jufqu'à cette épo-
| que feroient doublés dans la fuite. Les nouvelles
1 taxes jettent dans le défefpoir le colon déjà trop I découragé par la perte totale de fes c a c a o y e r s&
K. par la baiüe énorme de fon café. Aufli cet éta-
[ bliffement fur lequel onc avoi^fondé de fi grandes
[ efpérances, ne fait-il que rétrograder.
D E M j *
La: colonie ne compte que cent quatre plantations
, là plupart peu.confidérables, femées de loin
en loin fur les bords de la rivière de Berbiche ,
ou fur celle de Canje qui fe jette dans la première,
à. trois lieues de la mer. On y voit fept mille ef--
claves de tout âge & de tout fexe, & deux cens
cinquante blancs, fans compter les foldats quide-
vroient former le même nombre. C e qui y eft annuellement
recueilli de ca fé , de fucre , de coton,
eft porté par quatre ou cinq navires dans la métropole
, où il n'eft pas vendu au-deflus d'un million
ou douze tens mille livres. Sur ce produit,
il faudroit prendre un intérêt de fix pour cent
que les colons fe font engagés à payer pour environ
1,760,000 liv. qu'ils ont empruntées 5, mais
c'eft une obligation qu'ils font dans l’impuififance
| de remplir. Il faut que les prêteurs fe contentent
de quatre, de trois , de deux. Plufieurs même ne
reçoivent rien.
Quoique, fuivant les calculs remis, en 17 72 ,
aux Etats-généraux, les dépenfes annuelles de fou-
veraineté ne paffent pas , en Europe & en Amérique,
190,564 livres, la fociété n'en eft pas moins
dans une fituation défefpérée. Depuis 1720 juf-
qu'en 17 6 3 , les dividendes réunis ne fe font élevés
qu'à 61 pour cent ; ce qui ne fa it, année
commune que 1 f f . Après cette époque, il n'y
a plus eu de répartition. Aufli les adtions qui onc
coûté 2200 liv. chacune, n’ont-elles plus de cours.
On n'en trouveroit pas 110 liv. Il faut fe former
une autre idée de la colonie d'EJjfequibo.
Cette rivière , éloignée de vingt lieues de celle
de Berbiche, fixa la première les hollandois qui >*
comme d'autres européens , rempliffoient, vers la
fin du feizième fiècle, la Guyane de leurs brigandages
, dans l'efpérance d'y trouver de For. On
ignore précifément à quelle époque ils fe fixèrent
à EJfequibo j mais il eft prouvé que les efpagnols
j. les en chaffèrent en 1595.
Ces républicains étoient retournés à leur pofte ,
puifqu'en 1666 ils en furent expulfés de nouveau
par les anglois , qui eux-mêmes ne purent pas s'y
fouténir un an entier. C et établiflement, qui avoit
toujours été peu de chofe, ne fut rien aprës; la
reprife de poneflion. En 1740, fes produdtions ne
Tbrmoient pas la cargaifon d'un feul navire.
Deux ou trois ans après, quelques colons ÜEf-
fequibo jettèrent les yeux fur la rivière très-voifine de
Demerary. Les bords s'en trouvèrent très-fertiles,
& cette découverte eut des fuites favorables.
Depuis quelque temps, les défrichemens étoient
fufpendus à Sur inampar la guerre fanglante &
ruineufe qu'il foutenoit contre Jes nègres attroupés
dans les bois. Berbiche 3 de fon c ô té , étoit
agité par la révolte de fes efclaves. La compagnie
des Indes occidentales faifit ce moment propice ,
pour appelier à fa conceflion des hommes entrê-
prenans de toutes les nations. Ceux qui y arri-
çvqient avec un commencement de fortune, rece-
voient gratuitement un terrein avec quelques en