
fe&ionflôit fôü§ les jour$: On en iuge par les ré- i
glemens qu’ont faits fucce.flivement M. d’Argen-
fon , le maréchal de Belle - Ille , M. le duc de
Choifeul, M. l’archevêque de Paris & lé confeil
d’adminiftration de cette maifon.
Elle étoit déjà chère à la nation, quoique' fon
inftitution fût encore récente ; elle recueilloit même
déjà le fruit d’ une jufte reconnoiflance, lorfqu’ elle
fut enveloppée dans la révolution q u i, en 1776 , |
changea toutes les parties de notre conftitution
militaire. Il n’eft ni de mon état, ni dans le plan
de cet ouvrage d’apprécier ici ce nouveau fyftê-
me , fruit des réflexions d’un homme diftingué
par fa bravoure & fës lumières : on doit le
refpedtèr par la feule raifon qu’ il a le premier
fubftitué des punitions militaires au fupplice des
déferteurs.
Mais nous n’avons pu nous défendre d’un certain
attendriflement, en lifant, dans la déclaration
du premier février 1776 , Pautorifatiôn que
le roi donne au nouveau confeil d’adminiftration
de vendre & aliéner l’Hôtel de YEcole militaire
& fes dépendances. Eh V lorfqu’on fe rappelle Jes
fervices diftingués que la noblefle françoife a rendus
dans tous lés fiècles de la monarchie } lorfqu’on
fe peint la générofité avec laquelle elle les
a toujours rendus, les facrifices continuels auxquels
elle fe dévoue, la misère dans laquelle elle
languit après s’être couverte d’honneur, peut-on
être fans inquiétude fur un établiftement eonfacré
à la poftéritê de cette noblefle, établiftement plus
lié qu’on ne peut l’imaginer avec l’éxiftence de
fon chef - lieu. Rien peut-être ne contribue davantage
à éternifer les fondations utiles que la magnificence
des bâtimens dans lefquels elles font
établies. Par combien d’exemples on pourroit prouver
que c’eft à cette impreflion fublime de certains
bâtiments que nous devons la conferva-
tion de quelques établiftemens moins utiles que
Y Ecole militaire ? Combien même de titres à l’immortalité
la fituation de l’Hôtel donnoit à Y Ecole ?
Elevé à l’ombre du majeftueux " monument que
Louis X IV forma, autant pour fa gloire que pour
le foulagement des foldats eftropiés ou vieillis à
fon fervice ; placé auprès de l’immenfe capitale,
qui la regardoit comme un embelliflfement &
comme une utile fondation, non loin du trône
qui doit s’ affe&ionner aux jeunes plantes qui croif-
fent pour fa gloire, J1 avoit coûté des fommes
confidérables, & on le .regardoit, dans toute l’Europe,
comme un établiftement qui faifoit honneur
à la nation.
La nouvelle forme qu’il donna à la fondation
de Louis X V , quelque avantageufe, quelque fé-
duifante qu-elle fû t , n’étoit pas même faite pour
tranquillifer abfolument fur le fort de YEcole militaire
en général. Il étoit à craindre que le fort
des véritables élèves ne fût un jour confondu avec
ççlqi des cadets gentilshommes > nouvelle inftitutioti
du genre de celles qui fe créeht, fe détrùî-
fent, ou fe réproduifent au gré des opinions. Nous
l’avons vue , après différentes révolutions, s’éteindre
en 1734. Peut-on aflurer qu’elle n’éprouvera
pas le meme fort ? & fi on l’aflujettit à un
examen ferieux, n’eft-jl pas même à craindre qu’elle
le fubifle ? Le chef-lieu des élèves étoit détruit ,
l’ancien conft.il anéanti ,le s Ecoles militaires diftri-
buées dans des provinces éloignées; & jelaiffe à pen-
fer fi l’anéantiffement des cadets une fois opéré,
n’auroit pas enrraïné la ruine des Ecoles militaires.
Heureufement M. le comte de Saint-Germain
revint fur fes pas, & rétablit l’ ancienne Ecole
militaire, finon dans fon ancien état, au moins
comme la première & le centre de toutes les autres
inftitutions militaires. Cette opération fut le
fruit de l’ordonnance du 17 juillet' 1777*
Nous allons donner un tableau fidele & pris fur
les ordonnances de la fituation adtuelle de cet
établiftement. Nous parlerons des élèves, de l’ad-
miniftration & des revenus de Y Ecole militaire.
Eleves de l'Ecole militaire.
VEcôle militaire de Paris n’eft plus la feule
inftitution de ce genre. Elle n’eft que le chef-lieu,
que le point de réunion des élèves qui fe font le
plus diftingués dans les Ecoles établies dans les
provinces. Le nombre primitif des élèves devoir
être de cinq cents : il eft actuellement porté à fix
cents. On n’oferoit aflurer que cette nouvelle forme
Toit plus avantageufe que la première. 11 eft
vrai que le nombre des enfans «qui profitent des
bienfaits de l’état, eft augmenté de cent ; mais
cette augmentation ne dépend pas de la divifion
des élèves en plufieurs Ecoles. Elle eût peut-être
eu lieu d’une manière plus économique & plus
avantageufe, en fe contentant de porter à fix cens
le nombre des jeunes gens dans la maifon de YE-
cole de Paris, dont la vafte étendue s’y prêtoit
facilement : d’ ailleurs cette diftribütion des élèves
n’entraîne-t-eile pas des inconvéniens , des frais
qui ne fe trouvent pas dans leur réunion ? Celle-ci
préfente des facilités pour opérer en grand, pour
appeller au fecours de l’éducation les maîtres les
plus habiles , pour exciter une fomme de moyens
d’émulation plus impofante , pour mettre Un en-
femble noble & néceflaïre dans toutes les parties
de l’éducation ; l’inftitution changeant neceflaL
rement d’efprit, de poitit de vue félon les inf-
tituteurs , & encore plus félon les ordres qui en-
feignent, l’effet général de l’éducation militaire actuelle
, ne doit-elle pas fe reftentir de ce compofé
d’efprits contraires ? Dans les provinces, les moines
& les maîtres particuliers font ils aflez inftruits des
matières qu’on doit enfeigner à un jeune homme
deftiné au métier des armes ? Tous ces avantages
Je trouV'oient naturellement dans l’ancienne
Eçoie J
Ecole le motif de rapprocher davantage les en*
fans de leur famille, qui a contribué à ce changement,
n’a-t-il pas d’autres inconvénients, &
juftifie - t - il Tétat adluel des Ecoles ?
Le réglement du 2.8 mars établit les Ecoles
militaires, dont voici le tableau.
C O L L È G E S de
Soreze..........................
Brienne. . ................
Tiron...........................
Rehais............ ..
Beaumont.............
Pont - le - R o y ............
Vendômé. . . . . . . . .
Effiat............................
Pont - à - Mouflon. . .
Tournon...............
D I O C E S E S
Lavaur.. .
Troyes. .
Chartres.
Meaux. . .
Lifieux. . .
Blois. . . .
Blois. . . .
Clermont.
T o u l------
Valence. .
T e n u s p a r
BénédiÔHns-...................................
Minimes. ...................
BénédiérinsT.. iü>a. . . hÉ. . .
Idem.............. .... .... vY. iùf, . . . . .
Idem. . . . . . . . . . . ‘. ..'] J ,î,
Idem. ............................» ... ,> j r
Oratoriens. ............................ ......
Idem . . ............... . . . . . . . . . . .
Chanoines rég. de S. Sauveur.
Oratoriens........................ ...........
-a
L ’ arrêt du confeil d’é ta t, du 19 oétobre 17 76 ,
ajoute à ces collèges : ceux d’Auxerre & de Dol
tenus parles Bénédictins. Un autre arrêt a fufpendu
1ce dernier collège.
On avoit alors entièrement profcrit Y Ecole de
Paris. C e ne fut que le 17 juillet 1777 que l’ordonnance
du roi la rétablit dans fes anciennes fonctions
, & y créa un nombre indéterminé de places
d ’élèves. Cet établiftement fut en activité au premier
oCtobre fuivant.
Le nombre des élèves de toutes les maifonseft
d’environ fix cents 3 chaque collège en a une cinquantaine.
On en compte environ foixante &
quinze à l’Hôtel de Y Ecole de Paris.
Au -milieu de toutes les ofcillations que cet
établiftement a éprouvées, on n’a jamais varié fur
le degré de noblefle néceflaire pour y être reçu.
Lé roi déclara, dans fon édit de 17 ji ,
que , quoique en étahliflant cette Ecole, il eût
en vue toute la noblefle de fon royaume , il’ ac-
ç.ordoit cependant aux en fans de celle qui fuit la
profeflion des armes, des préférences’d’autant plus
juftes qu’ elles font fondées fur le plus ou le moins
de mérite des fervices militaires. Les degrés de
çes préférences font partagés en huit clafles.
Savoir : •
P r e m i è r e C l a s s e ( i ) .
Orphelins dont les pères ont été tués au fer-
v ice, ou qui font morts de leurs bleftures, foit
au fervice, foit après. s’en être retirés à caufe de
leurs bleftures.
(1) Art. XIV de l’édit de i7^i.
(a) Art. 1 , % 8c $ de la Déclaration du 14 août 1760»
(Ecort, polit. 6? diplomatique. Tom, II,
I I e C L A S S E.
Orphelins dont les pères font morts au fervice
d’une mort naturelle, ou qui ne s’en font retirés
qu’ après trente ans de commiflion, de quelque
efpèce que ce foit.
I I I e C l a s s e .
Enfans qui font à la charge de leurs mères ,
leurs pères ayant été tués .àu fervice, ou étant
morts de leurs bleftures, foit au fervice, foit
après s’en être retirés à caufe de leurs bleifures.
I V e C l a s s e .
Enfans qui font à la charge de leurs mères,
leurs pères étant morts au fervice d’une mort naturelle
, ou après s’être retirés du fervice après
trente ans de commiflion, de quelque efpèce que
ce foit.
V e C l A s s; e (2).
Enfans dont les pères font a&uellement au
fervice, ou qui ne s’en font retirés que par rapport
à des bleftures, ou à des.infirmités qui les
ont mis dans, l’impoflibilité d’y refter, ou après,
trente années de fervices non interrompus.
V I e C l a s s e .
Enfans dont les pères ont quitté le fervice par
Z