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■ eux fur le choix & les pleins pouvoirs de leurs
députés.
FRIOUL A U T R ICH IE N : on donne le nom
de FriouL autrichien aux comtés princiers de Gra-
.difca & de G oe r z , à la fénéchauffée de Tulmino
& au ban dTdrie , qui dépendent tous de la préfecture
de Goerz. Le FriouL autrichien fait partie
de l'Autriche intérieure.
Le comté de Gradifca fut donné en 1641 par j
l ’empereur Ferdinand III aux princes d'Eggen- !
berg. Cette maifon s'éteignit en 1 7 1 7 , & Tern- j
pereur Charles V I ayant offert ce comté au comte
d 'A th au , qui le refufa , il y nomma un gouverneur.
; mais aujourd’hui l’adminiltrateur du comté
de Goerz eft en même - temps baile de Gradifca.
Le comté de Goerz ell appelle dans les aétes',
comitatus Gorti&. Le comte de Cronberg nous a
donné en 17 y6 une carte de ce comté & de celui
de Gradifca. Il n'a jamais fait partie de la Car-
niole , dans laquelle les géographes l'ont compris
mal-à-propos.
Il eft borné au nord par la fénéchauffée de T ulmino
, au levant par le ban d’Idrie & la Carnio-
î e , au fud par le même duché & le territoire
vénitien de Mofalcone, & au couchant le Jndri
le fépare du Frioul vénitien. C e pays produit fur-
•out de très-bons vins blancs & rouges j on feme
aufli du bled dans les montagnes. Les fruits n'y
iont pas fi rares que l'huile. Il y a peu de chevaux
& de boeufs j mais beaucoup de chèvres.
On y recueille une quantité affez confidérable de
foie.
Le peuple, depuis la Carniole jufqu'à la rivière
de Lifonzo , parle un dialeél efclavon 5 mais au-
delà de certe rivière s on fe fert de la langue ef-
clavonne & furlanne 3 ou friouloife : le friou-
lois ell un italien corrompu , mêlé de françois.
Les gens inftruits parlent en outre, l'italien &
l'allemand. De 208 familles nobles, infcrites dans
la matricule des états, on n’en comptoitplus en
1753 que trente-neuf j les autres font éteintes ou
elles ont quitté le pays, & ces dernières ne font
lusrqûe membres honoraires des états de Goerz.
e comté de Goerz eft catholique : il faifoit autrefois
partre du diocèfe du patriarche d'Aqui-
lée j mais en 17 y 1 on a établi, dans la ville de
Goe rz même, un archevêché, auquel ôn a fournis
tout ce qui dépendoit du patriarche dans les
poffeflions de la maifon d'Autriche. C e t archevêque
& ' fa cathédrale poffèdent tous les biens &
revenus, dont le patriarche jouifîoit dans les domaines
de l'Autriche. Il eft nommé par la maifon
archiducale, & il a pour fuffragans les évêques
de Trente, de Corne dans le MÜanois, de Man-
toue , de Triefte & de Biben en Iftrie.
Le défaut de chartes authentiques rend l'origine
des anciens comtes de Goerz difficile à détermi-
fier. L'auteur de l'ouvrage intitulé : Rudoiphi co-
mitïs Gronbcrgii Çpronini de Quifcka tetitamen g e~ I
nea/. ckronolog, promovend& feriei comitum &• renttk
GoritÎA, pag. 83 & 84, préfume que la famille
des comtes de Tyrol fut mife en poffeflion du
comte de G oe r z , par l'ordre ou le confentement
de 1 empereur Henri IV ou V. Le chef de cette
famille , depuis 1090 jufqu'en 1 1 2 1 , fut ou Geoffroy
I I , ou fon fils Adalbert ou Albert. De trois
fils de Ménard I I I , l'un appellé Ménard 1V 3 continua
la tige du T y r o l, & Albert II celle de
Goerz. Le comte Léopard de Goerz étant mort
en 1500 fans héritiers mâles, l'empereur Maximilien
I , à qui ce comté étoit d'ailleurs engagé,
le reprit en vertu d'anciens traités conclus en
fef'L g 64 i 94 & i486. Depuis cette époque,
le comté de Goerz a toujours dépendu de la maifon
d Autriche. Il paffe pour un comté princier 5
auffi les empereurs de la maifon d'Autriche, depuis
Maximilien I , ont-ils pris la qualité de comtes
princes de Goerz.
C e comté eft régi par un fénéchal. Un préteur,
affilié defix affeffeurs & de deux nobles, con-
noît des affaires de la nobleffe j mais, en matière
criminelle, Je nombre des juges eft augmenté de
quelques nobles. Du tribunal de Goerz les appels
vont à la régence de l'Autriche intérieure à Goerz.
Les comtés de Goerz & de Gradifca contribuent
annuellement à la caiffe militaire de l'Autriche,
pour la fomme de 41,502 florins.
La fénéchaujfée de Tulmino commence à la frontière
de la Carinthie, & s'étend fur les Confins
de la haute-CarnioIe ,, & de l'intérieure jufqu'au
ban dTdrie & au comté de Goerz. Après l'extinction
de la race de Dorimberg, cette fénéchauffée
paffa aux comtes de Prainer de la branche de
Graetz, qui 3 en 1649 firent convertir ce fief en
terre allodiale. Dé cette branche, elle a pafle aux
comtes de Coronini, qui la poffèdent encore.
Le ban dTdrie eft fitué entre la Carniole & le
comté de Goerz : il eft peu Confîdérable , & il
prend le nom de fa capitale.
On entend dans les chancellëries d'Autriche,
par le littorale auftiacum 3 les ports fitués fur la
mer Adriatique, qui dépendent de l'intendance
générale de Triefte. Les côtes d'Autriche fur cette
mer ont trente milles d'étendue , & elles renferment
plufieurs bons ports, dont une partie eft
fermée aux vaiffeaux marchands & aux grandes
barques, afin d’empêcher la contrebande. Tous
ceux qui n'ont ni bureau de péage, ni commis ,
font de ce nombre : on les appelle porto mono.
Nous ne parlons ici que de ceux qui font ouverts.
Ces ports fervent (L'entrepôt à toutes les mar-
chandifes que l'Autriche'envoie en Portugal, en
Efpagne , en France, en Italie , en Grèce , dans
les domaines de la Turquie , en Europe , en A fie
& en Afrique. Les principales marçhandifes con-
fiftent i° . en fer & en acier, q u i, d'après les
regiftres des douanes , rapportoiènt en 1770 plus
de. deux millions de florins par an : i ° . en bleds
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de l ’Autriche inférieure &■ de la Hongrie, évalués
à un million de florins par an : 30. en toutes
fortes de toiles , évaluées à un demi - million de
florins : 40. en. laine brute provenant de la Hongrie
> les manufactures de laine_ fe-font multipliées
au point, que l’exportation de cette mar-
chandife va être défendue: y°. en verrerie, évaluée
icOjOC.o- florins par an : 6°. en potaffe popr
300,000 florins par an , dont il fe- fait un grafid
débit en Angleterre : 70. en draps gros & fin£ :
S°. en fel pour 6o,coo florins par an : on le conduit
principalement à Barleta dans le royaume de
Naples, fur des barques uniquement deftinées à
cet ufage : 9s0. en bois de charpente & de chauffage
: io0-. en cierges & ' en cire brute: i i ° . en
toutes fortes d'ouvrages en bois : 120. en tartre,
noix de galle & plufieurs autres articles.
Les navires de toutes les nations commerçantes
fréquentent ces ports : voilà pourquoi les
puiffances, étrangères entretiennent des confuls à
Triefte. Les navires.du pays font eux-mêmes une
partie de ces exportations. En 1770, on comptoit 66 vaiffeaux marchands appartenants aux fujets
de la maifon d'Autriche, outre les barques &
autres bateaux qui cptoient ta mer Adriatique ,
& quelques frégates, galères tartanes & chaloupes
de guerre.
La république de Ragufe , qui entretient deux
cents vaifleaux , va y prendre aufli des- marchan-
difes d'Autriche, qu'elle envoie enfuite dans la
Méditerranée, & fur-tout en Afrique.
Les. ports de la Littorale reçoivent de l'étranger
, i° . toutes les productions de la Turquie &
de la P erfe, & en particulier du coton, du caf
é , d e là fo ie , de la laine, du poil de chèvre ,
des vins de G rèce, des amandes, des oranges ,
des figues , des citrons , du marroquin , &e. 20.
du fucre brut du Portugal , de la France & de
l'Angleterre, pour un million de florins- par an :
30. des bois de teinture : 40. de l'épicerie : y°.
de la laine d'Efpagne , &c. &c.
Après le bilan fait en 1770,, on trouva que ,
dans l’efpace de cinq années, le produit de l'exportation
avoit excédé de deux millions le total
des marçhandifes arrivées de l'étranger. Ces rapides
progrès excitèrent l'attention de la républi-
’ qüe de Vénife , qui perdoit une pairie de ce
commerce , & il en résulta quelques conteftations
entre ces deux puiffances.
Les diftriCts du Littorale font regardés comme
colon:es , & dépendent immédiatement du di-
reéloire de commerce à Vienne , auquel l'intendance
de Triefte qui les régit ,. eft fubor-
donnée. Le préfidenpde l'intendance commande
en chef toutes les troupes : le pays eft habité par
des allemands, des hongrois, des italiens , des
grecs, des arméniens ,, des-juifs & des turcs; En
vertu du traité de Belgrade de 17 3 9 , les turcs
& autres fujets de la Porte: y jouiffent de grandes
prérogatives ,.- & un grand nombre d’entrieux.-
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eft venu s’y. établir. En 17 70 , cn^ y comptoit
aufli 92 familles grecques de la Matée : elles ont
le libre exercice de leur religion , & une belle
églife à Triefte. La caiffe du commerce à Vienne
paye même à leur archimandrite une penfion annuelle
de 300 florins. ‘ '
Le Littorale eft riche en v in s , en amandes ,
en olives, en oranges, en figues & en foie.
Le Littorale comprend 1 le territoire d'Aquilce y
il appartenoit autrefois , comme tout le Frioul Ôr
lTftrie , au patriarche d’Àquilée, qui tenoit le
fécond rang parmi les métropolitains d’Italie ,
c'eft - à - dire, le premier après le pape 5 mais
dans le quinzième fiécle , les vénitiens s’emparèrent
,i fous le patriarche Louis, ( duc de T e ck ) 4
des terres patrkrchales, dont une partie paffa
dans la fuite à la maifon d'Autriche. Le patriar-
; che ainfi dépouillé transféra fon fîège à Üdiue
après la décadence d’Aquilee ou Aglar. Enfuite
: la république de Venife obtint de la cour de Ro-
| me que ce fiège ne feroit occupé que par un
; vénitien ; ce qui occafionna de grandes contefta-
i tions avec la maifon d'Autriche. En 1621 & 1^4F
: on interdit au patriarche l’exercice de toute ju-
rifdiélion eccléfiaftique, & l'entrée même du
pays. Le 29 novembre 1749 le 27 juin 17 yole
pape, à la réquifition de l'impératrice - reine
Marie-Therefe , déclara le comte CharlesMchel
d'Attems vicaire apoftolique , provifionnel dans-
la partie autrichienne du diocèfe d'Aquilée j la
maifon d'Autriche & la-république de Venife firent
bientôt après, une convention confirmée par
le pape en 1751. Le patriarchat d'Aquilée fut
fupprimé par ce traité,- & remplacé par deux
nouveaux archevêchés 5 L'un établi à Goerz , auquel
on fournit toutes les paroiffes 'autrichiennes^
de l'ancien diocèfe d'Aquilée, en lur aflignant les-
revenus provenant de fes terres ,. ainfi que ks;
biens, eccléfiaftiques qui s’y trouvoient fitués y:
l'autre à Udine, dont on a fait dépendre toutes-
les églifes de la partie vénitienne du diocèfe d 'A quilée
, en lui attribuant les revenus que le patriarche
en tiroit.
2°. La ville de Triefle avec fon diftriél..
30. La ville de FLume..
40. La- feigneurie de Bukari, qui confine à- Is>
Croatie , & eft féparée de la Carniole par la rivière
de Culp.
y,0. Une portion de la Dal'matie-.
Voyei l'article A u tr ich e & les articles des-
autres états de la maifon d’Autriche.
Nous parlerons à l'article V enise du Frioul
vénitien..
FRISE , I?une des Provinees-Unies & fa cinquième
dés fepr qui forment l'affemblée des Etats-
Généraux-.
Après avoir parlé de la.pofition , de l'étendue,,
des produirions- 3. du- commerce,. des richeflès
& c. de- la Frife 3. nous donnerons un précis politique.
de. fon hiftoire y nous décrirons* enfuite--