
claration fut enrégiftrée au parlement de Toulou-
fe j mais la foeur de Henri étant morte , & trois
ans après, ce prince ayant eu deux enfans mâles
de fon mariage avec Marie de Médicis, un
éd it, enrégiftré dans tous les parlemens du royaume,
déclara que tous fes biens patrimoniaux
demeureroient à perpétuité unis à la couronne}
ce qui comprenoit, outre le royaume de Navarre
( 1 ) , les grandes terres que ce prince poffédoit
en France. La principauté de Béarn , qui relêvoit
anciennement au duché d'Aquitaine , auroit dû
être comprife dans cette réunion } mais le roi
eut quelques raifons de ne l’y pas faire entrer,
& la réunion de cette province à la couronne
n'eut lieu que fous Louis XIII.
L ’hiftorien d'Henri IV rapporte que ce prince
donna à fon fils naturel le duché de Vendôme, pour
en jouir de la même manière que les autres ducs }
que le parlement vérifia les lettres avec'une extrême
répugnance, & à condition qu’on ne fe
révaudroit pas de cet exemple pour les autres
iens patrimoniaux du* r o i, lefquels, par la loi
du royaume , étoient cenfés réunis à la couronne.
S e c t i o n I I I e.
Détails politiques fur les maifons fouveraines ijfues
de celle de France , fur celle qui régne aujourd'hui
en France , fur Vancienneté de cette fa mille
, & fur les titres & les propriétés du roi.
Maifons fouveraines ijfues des rois de France.
Les rois d’Auftrafie defcendent de Clovis I , cinquième
roi de la première race, & ils commencent
à Loihaire fon fils , empereur d'Occident.
Les anciens ducs de Bourgogne & les rois de
Portugal viennent de. Robert le dévot , fécond
roi de la troifieme race.
Les anciens comtes de Vermandois tirent leur
origine d'Henri I , troifieme roi de la troifieme race.
La maifon de Dreux a pour tige Robert, cinquième
fils de Louis V I , cinquième roi de la
troifieme race. $ .
Les comtes d’Artois font fortis de Louis V I I I ,
huitième roi de la troifieme race. #
La branche de Bourbon , qui eft aujourd hui
fur le trône de France , eft iffue de Louis , fils
aine de Robert de France, fixieme fils de faint
Louis , pour lequel la baronnie de Bourbon fut
.«rigée en duché-pairie.
La branche des Valois & les Rois de Navarre
viennent de Philippe I I I , dixième Roi de la troifieme
race.
Louis, fécond fils de Jean-le-Bon, eft la tige
des ducs d’Anjou , qui forment la fecondç branche
des rois de Naples, & Philippe , fon quatrieme
fils fut le chef de la branche des dernier^
ducs de Bourgogne*
La maifon aâuelle d’Orléans vient de Louis XIII*
par Philippe fon fécond fils , & frere unique de
Louis X IV .
La maifon d'Efpagne régnante a pour chef Philippe
, duc d’Anjou, petit fils de Louis X IV ,
& le roi de Naples a&uel vient.de la même
fS § ! .
La branche de la maifon de France, qui occupe
aujourd’hui le trône, prit le nom de Bourbon,
dans le quatorzième fiècle} & , fous le
règne de la branche de Valois , elle étoit cadette
des branches d’Orléans, d’Angoulême , d'Anjou,
de Bourgogne & d'Alençon.
Ancienneté de la maifon régnante. Selon tous les
généalogiftes , Hugues Capet , comte de Paris
& duc de France , qui commença la fuite non-
interrompue des rois de la troifième race, dont
Louis X V I eft le trente - unième , étoit fils de
Hugues furnommé Y Abbé le Grand & le Blanc M
& arriere-petit-fils de Robert - le - Fort, comte
d’Anjou , duc & marquis de France. Robert *
premier, roi de France, étoit frere d'Eudes , qui
monta auflî fur le trône de France; & ils eurent
tous deux pour pere Robert-le-Fort, tué par le s .
Normands à Briflarte, fur la Sarthe en Anjou._
Ainfi Louis X V I defcend au vingt-cinquième degré
de Robert-le-Fort} il compte parmi fes ayeux,
dans l’ efpace de plus de neuf cens ans, un très-
grand nombre de rois : l'hiftoire de fa famille
eft plui avérée & plus authentique que celle
de toutes les maifons régnantes } mais il y a parmi
les généalogiftes quatre opinions differentes fut
une queftion qui intéreflera pîufieurs lecteurs.
Les uns veulent que les rois de la troifième race
defcendent de la fécondé, ceux de la fécondé
de la première , & félon eux les Capétiens des
Mérovingiens. Comme le nom de Clovis eft le
même que celui de Louis , & qu il y a trois
Clovis dans la première race , fries trois races
n’étoient que diverfes branches d'une merne famille,
le monarque , qui règne aujourd hui en
France , devfoit s’appeller Louis X I X , & non
pas Louis X F I .
Les autres difent que les rois Capétiens viennent
d’un frère de Charles Marte l} & ne defcendent
pas des Mérovingiens.
Selon quelques - uns la troifième race a pour
tige un frère de l’impératrice Judith , femme de
Louis-le-Débonnaire, qui étoit de l’ancienne maifon
de Bavière ,-par fon p è re , & de l'ancienne maifon
de S a x e , par fa mère.
Selon d’autres enfin , Robert-le - F o r t, & par
conféquent Hugues Capet defcendent d'Hufprand,
roi de Lombardie , qui monta fur le trône a a
£1) Jour ce qui regarde la Navarre, fe trouve à l ’article Espagne. commencement;
fcôitftttencêfttent du huitième fiècle, jte de deux
autres rois fes fuccefifeurs. Ceux-ci prétendent que
les trois races font réellement diftin&es.
Tous les auteurs parlent des trois races, &
■ ainfi pîufieurs d’eotr’ eux s’expriment mal> car ce
qu’ils appellent des races, ne feraient que des
branches d’un trône- commun.
En admettant la diftinélion des trois races, il
faut encore avouer que la maifon qui règne aujourd’hui
en France, occupoit le premier trône de
l ’Europe, lorfque tout ce qu’il y a aujourd’hui
de familles fouveraines étoient fujettes, & plusieurs
même fujettes de la maifon de France. Les
vaftaux de nos rois ont conquis l'Angleterre } ils
ont régné en EcoflTe} ils ont chafifé les farrazins
de l’Efpagne & de l’ Italie , formé les,royaumes
de Portugal, de Naples & de Sicile; quelques
uns ont été rois de Navarre, de Caftille ,
de Léon, d’Arragon, d'Arménie & de Chypre,
•empereurs de Conftantinopîe, rois de Jérufalem ,
& fouverains de pîufieurs pays d'Oriènt.
Le roi de France eft le feul de tous les rois &
de tous les empereurs 'de l’Europe , dont la famille
n’ait point d’autre nom que celui de fa
couronne car fon véritable nom eft France, &
non pas Bourbon ; les princes qui gouvernent les
autres pays , ont obtenu la couronne depuis que
les noms font devenus perfonnels. Le roi de
France au contraire a pour nom de famille , le
nom même de fa couronne , parce que fes ancê- ‘
très, aifis fur le trône, prirent ce nom, lorfque
les noms devinrent perfonnels fur la fin du douzième
fiècle.
Ainfi les miniftres du roi des deux-Siciles tombèrent
dans une erreur , lorfqu’ils firent mettre
fur les monnoies cette légende : Carolus Borbo-
nius , rex Napolis.
Du T il le t , qui eft de tous les auteurs françois
le plus exaêt à diftinguer le nom de famille & les
noms d’apanage, dit que « le furnom de France
>> appartient aux nlles des rois de France ; & que
». fi elles fönt nées avant que leur père foit roi,
99 elles ne -prennent de furnom qu’après fon avé-
,m nement à la couronne.
Les fils de France qui n’ont point d’apanage ,
parce qu’ ils doivent hériter delà couronne, portent
toujours le nom de France. Le duc de Bourgogne
, en ratifiant le contrat de fon mariage ,
s’appelle Louis de France, duc de Bourgogne.
Les fils de France qui ont des apanages , joignent
au nom de France , comme nom de famille,
celui de leur apanage comme nom de terre ; &
c’ eft ce nom d’ apanage qui fe pérpétue dans leurs
defcendans, & fe quitte par l’aîné de la branche
^ui arrive aü trône. Orléans , Bourbon Condé &
Bourbon-Conti font des branches de la maifon
de France. Chacune de ces branches, outre le
'nom de France qui'eft commun à toute la maifon
, a line efpèce de nom mixte , propre à tous
Jes defcendans de celui qui le premier a pris le
(Scon. polit. & diplomatique. Tom. IL
nom d’un apanage ou d’une feigneurie. Les bran-
ches aétuelles de la maifon de France fe font conformées
aux ufages des branches éteintes , que
des princes du fang royal avoient anciennement
formées, fous les noms de .Bourgogne , de Ver-
mandois, Dreux, Artois , Touloufe , Anjou ,
Evreux » Blois , Champagne, Berry, Orléans , An-
goulême , Alençon, V’alois.
Titres & prérogatives du roi. Le titre du roi de
France eft : par la grâce de Dieu , roi de France
& de Navarre. Celui dè lire, qui veut dire maître
, feigneur, lui eft donné par fes fujets comme
une marque de fa fouveraineté & de fa puiflance.
Les étrangers le nomment le roi très-chrétien ou
fa majejié très-chrétienne , épithète dont la nation
ne fe fert point.
Les papes donnent de plus aux rois de France
le titre de fils aine de Ieglife , primogenitus ec-
clef& fliiis , depuis le baptême de Clovis ,• qui
fe trouva le feu! prince orthodoxe dans l’empire
d’Orient & d’Occident.
Le pape Grégoire I I I , écrivant à Charles Martel
, lui donna , entr’autres titres d’honneur, celui
de roi très-chrétien. Zacharie , faifant une ré-
ponfe à Pépin, î’appella très-chrétien, & Charles
le Chauve fut qualifié de roi très-chrétien par le
concile dé Savonnieres. C e même prince fut encore
nommé très-chrétien, lors de ion couronne-
! ment comme roi de Lorraine. Dans une ancienne
traduction, le titre de roi très-chrétien eft donné
à Charles VI. Le facré collège penfoit que cette
prérogative appartenoit aux feuls rois de France ;
car il s’oppofa fortement à Alexandre V I qui vou-
loit l’accorder à Ferdinand, roi d'Efpagne, dont
il étoit né le fujét ; & cette réfiftance détermina
le pape à donner aTon ancien maître le nom de
roi catholique.
Des auteurs françois prétendent que leur monarque
porte ce titre depuis Childejaert > mais
qu’orj ne l’employa prefque jamais fous la première
race.
L’examen de cette aflertion nous jetteroit dans
des détails bien inutiles, nous nous contenterons
d’obferver que des fouverains refufoient, il n’y
a pas i yo ans , le titré de roi très-chrétien au roi I-.de France, ce II fe trouve encore des princes & des
états , ( difoit un miniftre de France , ) qui ne
» donnent pas au roi le nom de très - chrétien ,
» parce qu’on ne les' y a pas accoutumés , & le
» roi de Danemarck le refufe ouvertement. Quand
» je m’en fuis plaint à fes chanceliers, ils m’ont ■
Il répondu que leur maître étoit un roi fort chré-
* tien, & qu’il -ne connoît pas une qualité don-
|| née par les papes. Après avoir refafé de me 39 charger de lettres où ce titre ne feroit pas ,
« .ils me firent apporter une lettre, dont l’ inf-
33 cription étoit?: Serenijfîmoprincipi LudovicoXIlI,
» Gallia & Navarre régi çhriflianijfmo. Us veu-
» lent bien dire que c’ eft un prince très-chrétien,
»3'mais non pas l’appeljer le toi très-chrétien >».
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