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portent le nom de capitaines , commijfaires ou po-
dcftats. Tous les deux ans la diète des trois ligues
députe des f ndics pour entendre les griefs
portés contre les juges ou podeftats , & les fujets
peuvent appeller des fyndics à la diète.
Ces provinces , d'après leur fertilité , font
au fil plus peuplées, à proportion de leur étendue
, que le pays des ligues : on évalue à i 50,000
âmes la population de ces dernières, & celle du
comté de Bormio, de la Valteline & du comté
de Chiavenna à 100,000.
La milice de la république des grifons comprend
tous les habitans capables de porter les
armes. Elle offre la (implicite de l'ordonnance militaire
des anciens fumes. Elle eft partagée en
trois divifîons ; la première eft compofée des volontaires
& de la jeuneffe} la troifième divifion
ou l'arrière-ban ne fe met en marche avec les bannières
des trois ligues qu'à la dernière extrémité.
Chaque ligue a fon chef militai: e. & fes officiers
particuliers. On conçoit que cette milice a plus
de bravoure que de difcipline, & qu'elle ne peut
être bien exercée > mais il fe forme de bons officiers
parmi les troupes qui font à la folde de
l'étranger. On fait monter à cinquante mille hommes
toute la milice des ligues j en y comprenant
les pays fujets- Au défaut de places fortes, le
pays eft défendu par des rochers & des gorges
étroites. •
Les finances de l’état doivent être peu confî-
dérables chez des peuples libres & pauvres, qui
ne veulent point fe charger d'impôts. Le revenu
fe réduit à-peu-près à 1 y, joo florins que produi-
fent annuellement les fermes des* péages dans les
pays fujets. Cette fomme eft appliquée aux frais
des diètes & à d'autres dépenfes publiques in-
difpen fables, Une petite taxe impofée fur quelques
offices publics dans la Valteline , & le produit
de quelques petits domaines dans le comté
de Chiavenna , fervent à défrayer les députés ou
commiffaires envoyés dans ces provinces, & à fa-
larier les employés des ligues. Les fommes que
payent ceux qui obtiennent des emplois , font
diftribuées au peuple dans les^ communes de
même que les perdions des puiffances étrangères.
I l eft clair que l'état manque de fonds pour des
ouvrages publics, pour les chemins, pour les
magalins de provifion , fi nêceffaires dans un pays
qui ne produit pas affez de bled. Pour chacune
de ces opérations il faudrait obtenir l'aveu des
communes , & la forme du gouvernement doit
entraîner bien des retards & bien des difficultés.
Les familles les plus riches des grifons trouvent
une reffource dans le fervice militaire étranger.
L'état accorde la permifïion des recrues pour
deux regimens complets ? l'un à la folde de la
France, l'autre à la folde de la république de Hollande
j pour un bataillon à la folde du roi d!e Sardaigne
, & pour quelques compagnies dans les
gardes-fuifl’es à Yerfadles ôc i Naples, Les 'gri*
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| fons ont des filatures de coton > ils fabriquent
une petite quantité de toiles peintes & d'étoffes
! en foie, des poêles, des jattes & des „tarifes avec
| une pierre réfraétaire , appellée lavera cou-
I leur tantôt cendrée, tantôt verdâtre, qui s'exploite
dans le comté de Chiavenna. Le tranfport des
! marchandifes d'Italie en Allemagne , qui fe fait
à dos de mulets ou de chevaux, procure quelque
1 argent aux payfans qui fe trouvent à portée de ces
; pairages.
] C'eft en 1763 que le collège établi à Goîre
par les états des trois ligues, pour l'inftruéiion.
de la jeuneffe, a pris un certain degré de perfection.
Huit maîtres y enfeignent aujourd'hui
les principes des langues mortes & les élémens
des fciences. C'eft la pépinière du clergé réformé
dans les ligues. Un autre établiffement plus moderne
& tout auflî utile eft celui du féminaire formé
d'abord à Haldenftein , baronie libre de l'Empire
, fituée à une lieue de Coire & foumife
feulement à la protection des ligues, depuis tranf-
porté à Mafcnelinz , autre terre appartenante *
ainfî que la première, à la famille de Salis.
La langue allemande domine dans les trois li-
1 gués, & elle eft employée dans les chancelleries},
mais une grande partie du peuple fe fert, ou d'un
italien cofrompu , ou d’un dialeéte appelle ladi-
num , qui offre en effet dans fes conftruétions
quelques traces d'un latin vulgaire.
La ligue-Caddée & la ligue-grife font alliées-
de fix cantons fuiffes , Zuriç , Lucerne , Uri >
Schwitz , Underwalden & Claris, dès l'année
1497 : celle des Dix-Droitures follicfta la même
alliance en 1567 j les cantons fe contentèrent de
lui donner des affurances d'amitié j, mais depuis
cette époque ils la désignent fous le titre général
de bons voifins & alliés , dans leurs adreffes aux
trois ligues. Ces ligues réunies ont fart diverfes
alliances avec les papes, avec la France, avec
la république de Venifc * & un capitulât ou traité »
fouvent renouvelle, avec le duc de Milan. Elles
font particuliérement unies par des traités d'alliance
perpétuelle, avec la république du Valais
depuis 1600 , avec celle de Berne depuis 1602,
& avec celle de Zuric depuis 1707. Vers le commencement
de ce fièle , les trois ligues demandèrent
vainement aux cantons de les admettre à la
confédération helvétique. Leur indépendance de
l'empire d'Allemagne eft reconnue & garantie par
le traité de Weftphafie de 16485 elles font touA
jours comprifes fous la dénomination générale des
alliés de la Suiffe ; & en vertu de ce traité, &
d'après leur alliance particulière , elles jouiffent
des privilèges accordés par la France à toute la>
nation fuiffe.
G R O E N L A N D ,, pays de l'Europe, qui appartient
au Danemarck ', ou il a établi de petites
colonies, & ou il y a quelques comptoirs : ce
pays eft fi peu important 5 la population & le corn-;
merce y font fi foibles, que nous renvoyons lô
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îe&eur à la Géographie de Bufching, qui en parle
avec beaucoup d'étendue.
Nous nous bornerons ici à quelques obferva-
tions relatives à la pêche » qui ne font pas dans
Bufching. , .
Au commencement du printemps, les anglois
les hollandois , ceux de Hambourg & de Breme
envoient fur les côtes du Groenland des navires
pêcheurs. Si un vaiffeau a le malheur de s e-
garer & de ne pas fortir de ces parages avant
les grandes gelées, tout l’équipage eft la victime
du froid. Le Danemarck retire peu de profit
de ce pays' & de la pêche. . t
Il paroît, d'après les différens états mis fur le
bureau de la chambre des communes relativement
à la pêche du Groenland, que les gratifications
accordées par l'Angleterre pour l'encouragement
de cette pêche depuis l'année 173 3 , temps où
elles ont commencé, jufqu'à la fin de 1785, font
’ montées :
. Pour l'Angleterre, à 1,064,272 1. ft. 18 f. 2 d.
Pour l'Ecoffe, à 202,1 ƒ 8 liv. 16 f. n den.
L ’Ecoffe n'avoit point équipé de vaiffeaux pour
la pêche du Groenland, avant l'année 175°»
La gratification accordée aux vaiffeaux anglois
en 1785-, a été plus forte que dans aucune année
antérieure. Celle accordée aux vaiffeaux écoffpis,
s'eft aufli accrue ; car en 1784 elle n'étoit que
de 4,094 liv. , & en 1785 elle s'eft montée à
7,729 liv.
Le nombre des vaiffeaux équipés en 1786 pour
cette pêche, a été à Whitby de 20.
 L yn n ............................................. 6-
Liverpool............................................................. • 1 $ •
Sunderîand......... .......................................... ..
Newcaftle...................... 16.
Yarmouth............................................................. 2-
H ull...................................................... * ............... 18.
On ignore le nombre de ceux de Londres.
Le nouveau Danemarck, qui eft près du Groenland
y a été découvert en 1609, par l’amiral danois
, Jean Munck 5 mais à la paix d'Utrecht ,
on ftipula que tous les pays fitués au-delà du C a nada
, jufqu'au détroit de Hudfon , appartien-
droient à l'Angleterre , & le nouveau Danemarck
s’y trouve. Voyez l'article D a n em a r c k .
G R O N IN G U E | l'une des fept Provinces-
Unies & la feptième de l’ union : elle eft bornée
au nord par la mer d’Allemagne, au midi par le
pays de Drente j la rivière de Lanwers la fépare
de la Frife au couchant, & au levant elle touche
à l'évêché de Munfter & à la principauté d'Qft-
Frife.
| La qualité de l’air & cellé du fol y font à-peu-
près les mêmes qu'en Frife. A quelques cantons
près , tout le pays de Groningue eft bas , & il
fe trouve ainfi propre à fournir d’excellens pâturages.
L'éducation des beftiaux eft en effet la
principale reffource de fes habitans. Il y a des
terres fufceptjbies de culture, mais la quantité !
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n’ en eft point confidérable : le pays produit de la
tourbe ; mais cette tourbe n'eft pas auflî bonne &
aufli abondante que dans la Frife. Toute la partie
méridionale, c'eft-à-dire, celle qui avoifine la
contrée de Drente, n’eft qu'une terre mêlee de
fable, couverte de bois.
On ne trouve que trois villes dans cette province.
P r é c is d e f o n k if lo ir c p o l i t iq u e . Cette province
eut le titre de f e ig n e u r ie dans des' temps reculés.
Elle étoit gouvernée au dixième fiècle par un
prévôt qui prit, au fiècle fuivant , la qualité de
bou rg rav e. Libre alors & impériale , elle eut des
ftatuts qui lui furent particuliers. En 1046, le bour-
grave exerçoit fa jurifdiélion fur la forêt de Drei -
t e , en vertu d'une conceffion des empereurs -,
mais, à cette époque, cette même conceflion fut
ratifiée par l'évêque d'Utrecht, auquel l'empereur
Henri III avoit donné pouvoir de le faire.
Il en réfulta de longues conteftations, qui amenèrent
des aélions far.glantes i les évêques pré-
tendoient que, d'après la conceffion, la ville de
Groningue étoit foumife à leur pouvoir. Cette ville
; s'environna de murs au douzième fiècle : elle affermit
fa liberté le fiècle fuivant, & commença
dès - lors à étendre fa domination fur la Frife.
Maximilien I , empereur d’Allemagne, donna en
fief à Alb e r t, duc'de Saxe, la fouveraineté des
provinces de Groningue 8c de Frife, qui refufè-
rent de fe foumettre. Preffée également par deux
compétiteurs, GroningucÇt fournit d’après des vues
de fureté, en 1498, à la loi de l'évêque d'Utrecht
: elle lui demanda un juge en exécution
d'un traité fait avec lui ; il fut convenu alors
qu’elle ne cefferoit point de demeurer libre pour
tout le relie. Sur ces entrefaites, l’archiduc Philippe
s’efforça de réduire la ville de Groningue
fous la puiflance de George, duc de Saxe ; celui
ci l'afliégea en i y o j , & l’évêque d’Utrecht
ne lui envoyant point de fecours, elle fe mit en
1 foé foUs la proteélion d’Edzard, comte d'Oft-
Frife, auquel le même duc George fe vit obligé
de confier le gouvernement des diftriéfs d’ alentou
r ,-q u ’ on appelle Ommelanies. Tant de réfif-
tances engagèrent l'empereur Maximilien à mettre
cette ville au ban de l'Empire. L ’exécution du
jugement fut renvoyée au même duc George ,
qui l’afliégea une fécondé fois en 1514. Groningue
échappa de nouveau à tous ces dangers , en fe
foumettant à Charles , duc de Gueldres, que l’ empereur
Charles V avoit invefti des Ommelandes :
elle fe fournit enfin a Charles V lui même , en
1556 , en fa qualité de duc de Brabant, de comte
de Hollande, & de feigneur de la Frife & d'O-
ver-Yflêl. Cette ville entra dans la confédération
d'Utrecht en 1Ç79, & elle y fut reçue une fécondé
fols en IJ94.
C o n f li tu t io n p a r t ic u liè r e d e la p r o v in c e d e Gro-
ningne.
La conflitution particulière de la province de
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