
vantageufe pour le commerce qu'on eft tenté de le
croire à la première infpeCtiondcs cartes ; le Miflif-
fîpi offre une route qui n'efi: pas longue & qui feront
peu difpendieufe. M. Fiifon a expliqué comment
ce canton peut-être fourni de denrées au
même prix que s'il étoit éloigné de Philadelphie
feulement de quarante milles ; mais les travaux
qu'entreprennent les Etats-Unis pour leur navigation
intérieure , préparent beaucoup d'autres
routes} & parmi leurs avantages, il faut compter
celui de différer la conquête de deux Florides ,
que confeille Fauteur dont nous venons de parler.
« Les Efpagnols, dit-il, étant les maîtres de laNou-
» velle-Orléans, ils pourront toujours gêner notre
s’ navigation, quoique l'article 8 du traité de paix
” de 1782 ait rendu le Mifliflipi, depuis fa fource
» jufqu'à l'Océan , libre & ouvert aux bâtimens de
*> l'Angleterre & des Etats-Unis , on obfervera
*» mal cette ftipulation du Traité 3».
'■ Lorfque\ le territoire del'oueft renfermera les
états particuliers dont nous avons parlé, les intérêts
du commerce &desbefoins preflansengageront
(ans doute les Etats-Unis à s'aflurer de l'embouchure
du Mifliflipi j mais il eft bien à defirer
pour leur bonheur & leur repos qu'ils n'y fongent
pas avant l'époque où l'union américaine fera con-
folidée, & où leur force bien reconnue permettra
dedi&erla loi en Amérique.
Kentucke a aujourd'hui le degré de population
qu'exige le réglement du congrès pour être admis
à l'union américaine : elle a demandé en effet à
êtreadmife. UnaCîe de l'affemblée générale de
irginie, pafle dans la fefîion de 1785 & 1786, déclare
que le diftriCt appellé Kentucke formera un
état féparé& indépendant, à condition, i°. que les
habitans de ce diftriCt confentiront à leur indépendance,
i°. que le congrès y confentiraégalement,
& les admettra à l'union fédérale 5 $°. qu'ils/e
chargeront d'une partie de la dette publique de la
Virginie} 40. qu'ils confirmeront toutes les ceffions
des terres de leur diftriCt, faites par l'état de Virginie
avant leur réparation.
Ainfî Kentucke n'a plusbefoin, pour être admis
à l'union américaine, que de l'aveu du corps
légiflatif de la confédération, & il paroît que- fon
admiflion n'éprouvera plus d'autre délai que le tems
néceflaire pour obtenir le confentement des afîSm-
blées particulières de chaque état.
Il s'elt formé fur les derrières de la Caroline
feptentrionale une autre colonie qu'on appelle
Frankland : la population & la culture y font des
progrès rapides. Depuis la cefïion faite au congrès
par la Caroline feptentrionale , Frankland a
établi un gouvernement provifoire, & après
Kentucke, ce fera la première divifion du territoire
de l'oueft qui fe formera en état indépendant.
Le diftriCt de Vermont, qu'on appelle improprement
l'état de Vermont, ne fe trouve pas'dans
le territoire de l’oueft ; car il occupe une lifière
placée au nord de jMaflaçhufçtt, entre k Nouvel
Hampskire & la Nouvel/e-Yorck, & ce n'eft pas fur
les .réglemens du congrès du mois d'avril 1784
. qu'il peut demander à être admis à l'union améri-
caineA> mais il le demande fur d'autres titres 5 il
l'a même demandé dans tout le cours de la guerre
d une maniéré inquiétante , & le congrès s'y eft
oppofe iufqu a préfent. Les réclamations dé ce
diftriCt deviennent plus vives 5 fes citoyens ne re-
connoiffent point l'autorité d'un autre état} ils fe
gouvernent eux-mêmes, leurs forces augmentent,
& il faudra bien les fatisfaite.
Les quatre provinces les plus feptentrionales
défirent qu'on admette Vermont au congrès 5 les
provinces du milieu & celles du fud femblent s'y
oppofer} mais la grande difficulté, vient de la
Nouyelle-Yorck, qui réclame ce territoire. C e
projet a d'abord révolté chacun des habitans de
la Nouvélle-Yorck, & le congrès eft intervenu de
tems à autres pour arrêter les violences des deux
parties. Les citoyens delà province de la Nouvelle-
Yorck fe font familiarifés depuis avec l'idée d'une
féparation , & on croit qu'ils ne tarderont pas à y
confentir. Dans ce cas les provinces du milieu &
celles qui fe trouvent au fud y confentiront fans
doute , & V ?rmont formera un état libre.
Il eft d'autant plus néceflaire de ménager les
habitans de Vermont, qu’en toute occafîon ils ont
donné des preuves de beaucoup de fermeté & de
râifon, & qu'avec de la fermeté & de la raifon ,
une peuplade des Etats-Unis placée fur un ter-
rein qu'elle peut défendre, ne reçoit des loix de
perfonne} & telle eft la pofition de Vermont.
New-Hampshire & la Nouvelle-Yorck demandèrent
au congrès en 17 8 1 , qu'on ^terminât les
difputes avec les New-Hampshire-Grants , - ou
l'état de Vermont ; ces deux provinces dénoncèrent
ce diftriCt qui exerçait l'autorité d’un état
fouverain & indépendant. Le congrès décida alors
qu'avant de reconnoître l'indépendance du peuple
de l'état de Vermont, & de l'admettre à l'union
américaine , il, falloit qu'il renonçât expreflement
à tout droit de propriété ou de jurifdiCtion fur
la côte orientale de Ta rivé oueft de la rivière de
ConneCticut, & fur les terres fituées en-dehors
d'une ligne tirée de l'angle nord-oueft de l'état de
Mafîachufett, & continuée de-là vingt milles à
l'efV de la rivière de Hudfon, auffi loin que cette
rivière fe prolonge au nord-oueft } enfuite fur les
bornes occidentales des dîftriCts concédés par le
gouvernement de New-Hampshire , dans les environs
du lac Champlain, en exceptant toutefois
une langue de terre placée entre la baie Miflif-
koy & les eaux du lac Champlain. L ’état de
Vermont, après avoir refufé de foufcrire à cette
réfolution , a fini par y adhérer le 22 Février
1782.
Le 12 oCtobre 178 y , le congrès a réfolufur
la motion des délégués de Maflachufett, appuyé
par ceux- de la Virginie, qu’un comité indique-
roit les mefures capables de prévenir les funeftes
Alites
fuites qui pourroient réfulter , fl un diftriCt particulier
dans un état quelconque , prétendoit avoir
&: réclamoit le droit des gouvernemens indépen-
dans, fans l'aveu de cet état & des autres provinces
de l'union américaine} mais il paroît que
la réfolution n'a point de rapport au diftriCt
de Vermont.
Il eft plutôt relatif au Maine , diftriCt qui fait
partie de l'état de Mafîachufett, mais qui en
eft détaché par fa pofition locale 5 l ’état du nou-s
vel Hampshire, fe trouve entre ce diftriCt &
les autres cantons de Mafîachufett} il forme la
partie la plus feptentrionale des Etats-Unis , &
l'étendue de terrein qu'il occupe , eft cinq fois
plus grande que celle de l’état de Maflachufett
proprement dit. Il eft contre la nature des choies
,. que la partie la plus foible donne ainfi des
loix à une partie beaucoup plus forte, fur-tout
lorfque celle-ci a la mer & un état voifin pour
barrière. Le Maine commence donc à demander
qu*on lui permette de former un état particulier
} fa population eft encore très-foible} mais
lorfqu’elle aura pris un certain degré d'accroif-
fement, il eft probable d'après quelques circonf-
tances , qu'il deviendra indépendant , & qu'on
l'admettra à l'union.
| Mafîachufett, fière de fa marine , foutiendra
d'abord fes prétentions} elle croira avoir des
moyens faciles de foumettre les rebelles} mais
le congrès interpofera fon autorité & fon crédit,
& la légiflature de Maflachufett, finira d'autant
plus aifément par foufcrire à la demande du Mai-
tte y qu'elle, aura peu d'intérêt à le garder.
S e c t i o n X I I I c .
Des traités quçnt formés les Etats-Unis avec
quelques puijfances de l'Europe. Remarques politiques
, O détails fur les fauvages qui font dans
le voifînage , ou dans l'enceinte des Etats-Unis.
Les Etats-Unis ont foçmé des traités avec la
France,les Provinces-Unies, la Suède & la Prufle,
& c'eft avec la France qu’ils ont contrarié les flairons
les plus étroites. Par un article du traité
d'alliance éventuelle & défenfive, figné à Verfail-
le s , le 6-, février 1 7 7 8 le roi de France & les
nouvelles républiques d'Amérique, s'engagèrent
à fe défendre & à fe fécourir mutuellement,
fi les arrangemens de commerce pris le même
jour entre les deux nations , déterminoient le roi
d'Angleterre à rompre la paix avec les François.}
mais ils déclarèrent expreflement, que ce traité
d'alliance défenfive ceflèroit lorfque les Etats-
Unis & l'Angleterre figneroient la paix.Nous allons
rapporter les articles dont l'effet fubfifte encore.
; JDans l’article’ X I . les deux parties fe garan-
tifîent mutuellement, dès-à-préfent & pour toujours
, envers & contre tou s , favoir} les Etats-
Unis à fa majefté très - chrétienne les poflef-
fions . actuelles de la couronne de France en
Amérique, ainfi que celles qu'elle pourra acqué-
(Econ. polit. çf diplomatique, Torn. 11.
rir par le futur traité de paix; & fa majefté
très - chrétienne garantit, de fon cô té , aux Etats-
Unis \tut Yibtxxl 3 leur fôuveraineté , & leur indépendance
abfolue & illimitée, tant en matière
de politique que de commerce , ainfi que
leurs pofleflions & les acçroiflemens que leur
confédération pourra fe procurer pendant la guerre
, d'aucun des domaines maintenant ou ci-devant
pofîedés par la Grande - Bretagne dans l’Amérique
feptentrionale, conformément aux articles
V & V I du traité, & tout ainfi que leurs
pofleflions feront fixées & aflurées auxdits états,
au moment de la cefîation de leur guerre aCtuelle
contre l'Angleterre.
XII. Afin de fixer plus précifement le fens &
l'application de l'article précédent, les parties
contractantes. déclarent qu'en cas de rupture
entre la France & l'Angleterre., la garantie réciproque
énoncée dans cet article, aura toute
la force & valeur du moment où la guerre éclatera;
& fi la rupture n'àvoit pas lieu , les obligations
mutuelles de ladite garantie, ne com-
menceroient que du moment fufdit , où la caf-
fation de la guerre aétuelle entre les Etats- Unis
& l’Angleterre, aura fixé leurs pofleflions.
Les articles V & V I traitent des établifîemens
nouveaux que les deux nations peuvent former
dans les mers de l'Amérique : il eft bon de les
, rapporter. V . Si les Etats-Unis jugent à propos
de tenter la réduction des ifles Bermudes, & des
parties feptentrionales de l'Amérique, qui font
encore au pouvoir de la Grande-Bretagne, lef-
dite§ ifles & contrées, en cas de fuccès, entreront
dans la confédération, ou feront dépendantes
defdits Etats- Unis.
V I . Le roi très-chrétien renonce à pofleder
à jamais les Bermudes, ou chacune des parties
du continent de l'Amérique feptentrionale, qui ,
avant le traité de Paris de 1763 , ou en vertu
de ce traité, ont été reconnues appartenir à la
couronne de la Grande-Bretagne , ou aux Etats-
Unis , qu'on appelloit ci-devant colonies britanniques
, ou qui font maintenant, ou ont été récemment
fous la jurifdiCtion & fous le pouvoir
de la couronné de la Grande - Bretagne.
VII. Si fa majefté très-chrétienne juge à propos
d'attaquer aucune des ifles fituées dans le
golfe du Mexique , ou près dudit g o lfe , qui
font actuellement au pouvoir de la Grande-Bretagne
, toutes lefdites ifles, en cas de fuccès ,
appartiendront à la couronne de France.
Le traité de commerce, figné entre les Etats-
Unis & la France, le même jo u r , c'ell-à-dire
le 6 février 1778 , renferme toutes les difpofi-
tions générales qui fe trouvent dans ces fortes
de traités : il eft inutile d'en parler ic i, & nous
nous bornerons aux principales.
! II. Le roi très-chrétien & les Etats - Unis, s'en-
gagent mutuellement à n’accorder aucune faveur
1 particulière à d'autres nations, en fait de çom*
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