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» l ’équité ne. permettoient pas qu’ils vous en doiy-
33 naffent un autre , & vous ne l’ auriez pas ac-
» cepté. N ’ en pouvant donc ôter les défauts,
» ils ont borné leurs foins à l’ affermir tel que
»» l’avoient îaifTé vos pères ; ils l’ont corrigé même
f en divers points J & , des abus qu’on peut y
33 remarquer, il n’y en a pas un qui n’exiftat dans
93 la république, long-temps avant que les média-
33 teurs en euffent pris connoiffance. Le feul
03 tort qu’ils femblent vous avoir fa it, a été d’ô-
* ter au légiflateur tout exercice du pouvoir ex-
“ clufif & l’ufage de la force à l’appui de la
53 juftice j mais, en vous donnant une reffource
33 aufli ,lure & plus légitime, ils ont changé le
33 mal apparent en un vrai bienfait. En fe ren-
33 dant garants de vos droits, ils vous ont dif-
33 penfé de les défendre vous-mêmes. Ah i dans
33 la mifère des chofes humaines , quel bien vaut
33 la peine d’être acheté du fang de nos frè-
33 res \ La liberté même eft trop chère à ce
» prix.
33 Les médiateurs ont pu fe tromper ; ils étoîent
33 hommes : mais ils n’ont pas voulu vous tromper y
33 ils ont voulu être juftes : cela fe voit, même
33 cela fe prouve $ & tout montre, en effet, que
93 ce qui eft équivoque ou défectueux dans leur
33 ouvrage , vient fouvent de néceflité, quelque-
93 fois d’erreur, . jamais de maüvaife volonté. Ils
33 avoient à concilier des chofes prefque incom-
93 patibles , les droits du peuple & les prétentions
53 du confeil, l’empire des loix & la puiffance des
33 hommes, l’indépendance de l’état & la garan-
ei tie du réglement : tout cela ne pouvoir fe faire
33 fans un peu de contradiction "(i)
Geneve n’a jamais été plus floriffante & plus
beureufe, qu’elle ne l’ eit depuis cette pacification
: elle paye dés impôts plus cotffidérables y
mais , ainfi que nous l’ avons obfervé , ils
‘tombent principalement fur les riches, & fi l ’on
calcule le tort que faifoient à l’indullrie les pri-
fes d’ armes & les troubles antérieurs , on verra
que les genevois ont gagné même fur ce point.
Avant les nouveaux impôts,. on évaluoit les revenus
de 1a- ville à un million tournois j les frais
de garnifon n’en abforberont pas le produit déformais,.
& nous croyons qu’ il réitéra affez de
fonds pour., former des établiffemens utiles. La
partie de la Géographie contient d’autres détails
fur cette ville-; mais, en indiquant ce morceau,
nous préviendrons que quelques lignes qu’on y
trouve fur la pacification & fur fes effets- font
très inexaCtes.
Geneve peut maintenant fe livrer a l’induftrie &
au commerce ; & au lieu de déshonorer les conf-
titutions populaires , ainfi qu’elle l’a fait,jufqu’ici ,
elle peut mettre en honneur la liberté.' Ses moeurs
que dépravoiéat les faCtions-, offrent , à la eu-
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pidité.près-, les difpofitions qui conviennent àIÜ
démocratie. Les loix fomptuaires ont établi de 1$
fimplicité, & les magiftrats en donnent l’exem-»
pie. Leurs appointemens font très-foiblés, & ils
fe font oppofés au deffein des çepïéfentans qui
vouioient les augmenter. On n’a jamais taxé de
corruption ceux qui adminiftrent la juftice & les
finances. Les pauvres trouvent du bled dans les
maga fins publics en temps de difette. Les maifons
de charité ont peu de revenus ; mais les contrit
butions des gens riches y pourvoient, & elles dé-
penfent une fomme égale à-peu-près, au million:
qui formoit les revenus de l’état.
Puiffe déformais cette petite république jouir
de la tranquillité néceffaire à fon indépendance I
GEN GEN BACH, petite villè impériale d’Allemagne
au cercle de Suabe : elle ell fituée dans
1 Ortenau fur la Quinche. Elle a été engagée pendant
quelque temps pour une moitié- à l’évêché
de Strasbourg, &pour l’autre moitié à l’èledeur
palatin. Elle fut délivrée de la dépendance de ce
dernier ,. lors de la profeription de l’éleCieur Philippe
au commencement du feizième fiècle ; maîé
fon engagement ne l’empêcha pas de paroître à
la diète en 1470 & 1489. Elle y occupe la trente-
deuxième place, & aux affemblées du cercle U
trentième parmi les villes impériales de Suabe :
elle fuit la religion catholique. Sa taxe ma-
triculaire qui, en 1683 , avait été réduite de
60 florins- à 17 , ell de 24 florins depuis" 1728.
Sa cote pour l’entretien de la Chambre impériale
ell de 22 rixdales 88 { kr.
GENGENBACH, abbaye princière d’Allemagne
, au cercle de Suabe.
Cette abbaye de l’ordre de S. Benoît eft fituée
dans la ville impériale de Gengenbach : elle eft
dans le diocèfe de l’évêcké de Strasbourg , &
fut, dit-on * fondée l’an 740. L’abbé, a le titre
de très-réverend prélat de l’abbaye impériale de
Gengenbach. & feigneur de Ryfs. Il a . voix &
féance aux diètes de l’Empire fur le banc des prélats
du cercle de Suabe, entre Swifalten & Lin-
dau, & aux états du cercle * entre Swifalten &
Heggbach. Les matricules de l’Empire & du cercle
ne le taxent plus qu’à 7 florins , tandis que fa-
cote pour l’entretien de la chambre impériale eft
de 40 rixdales f4 kr. Les; princes de Furftenberg
font protecteurs de cette abbaye, qui a perdu la
plus, grande partie des biens. & revenus qu’elle
pofféffoit en Allemagne ^ en Suabe, dans l’évêché
& la ville de Bâlè, dans le Brifgau & dans
la vallée de la Quinche.. Aujourd’hui elle a encore
des receveurs à Offenbourg & à. Zell fur la ri«i
vièrê de Hammersbach.
GENS.,( droit des ), V ’oye^ à la lettre D Par**
tiçle D r o i t .
GENTOUX (code des},.ou ancien code de quel*«
(*) Lettres de la montagne. Lettre neuvième^
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.’«ues-ims des peuples de l’Inde. Nous avons dit a
l'article Br am e s | de quelle manière le code a
■2té compilé dans l'Inde j & comment il eft par-
v enu à la connoiffance des européens. Nous al-
Ions en donner ici un extrait.
-, Nous obferverons d’abord que les gentoux ou
’peuples de l’Inde femblent avoir inftruk tous les
.autres, & que depuis leur réunion ils n’ont fubi;,
dans leurs moeurs & dans leurs préjugés, d autres
altérations que celles qui font infeparables
du caractère de l’homme & de l’influence des
temps. ' « 1
■ Le code civil des gentoux s ouvre par les devoirs
du fouverain ou magiftrat. On lit dan« un
paragraphe féparé : « qu’il foit aime, refpecte ,
9» inftruit, ferme & redouté : qu’il traité fes^ lu-
•» jets comme fes enfans : qu’il protégé le mérité
»• & récompenfe la vertu : qu’il fe montre a les j
v peuples : qu’il s’abftienne du vin : quil régné
d’abord fur lui-même : qu’il ne foit jamais ni
» joueur, ni chaffeur ; que, dans toute occafion,
0» il épargne le brame & l’excufe : qu’il encou- .•3 rage fur-tout la culture des terres qu’ il n en- •3 vahiffe point la propriété du dernier de fes fu-
« jets. S’il eft vainqueur dans la guerre, il en
v rendra grâce aux dieux du pays, & comblera
v le brame des dépouilles de l’ennemi. Il aura a
» fon fervice un nombre de bouffons ou parafî-
« tes, de farceurs, de danfeurs & de lutteurs,
i» S’il ne peut faifir le malfaiteur , le méfait fera
H réparé à fes dépens. Si percevant le tribut il
*» ne protège pas, il ira aux enfers. S’il ufurpe
>» une portion des legs ou donations pieufes, fl
** fera châtié pendant mille ans aux enfers. Qu il
•» fâche que par-tout où les hommes d un certain
» rang fréquentent les proftituées & fe livrent a
w la débauche de la table , l’ état marche à fa rui-
v ne. Son autorité durera peu , s’il confie fes
» projets à d’autres qu’à fes confeillers. Malheur
95 a lu i, s’il confulte le vieillard imbécille ou la
» femme légère. Qu’ il tienne fon confeil au haut
» de la maîfon, fur la montagne, au fond du
» défert, loin des perroquets & des oifeaux ba-
» billards >>.
Il n’y auroit dans le code entier que la ligne
fur les donations pieufes, qu’on y reconnoitroit
le doigt d’un prêtre. Mais quelle eft l’urihté des
bouffons, des danfeurs, des farceurs à la cour
du magiftrat ? Serôit - ce de le delaffer de fes
fondrions pénibles , de le récréer de fes devoirs
férieux ?
. Combien la formation d’un code c ivil, fur-
tout pour une grande nation, ne fuppofe-t-elle
pas de qualités réunies ? Quelle connoiffance de 1-homme , du climat, delà religion, des moeurs,
des ufages, des préjugés , de la juftice naturelle,
des droits, des rapports, des conditions , des
chofes -, des devoirs dans tous les états, de la
proportion des châtimens aux délits ! Quel jugement
1 Quelle impartialité 1 quelle expérience l Le
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code des indiens a-t-il été l’ouvrage du génie ,
ou le réfultat de la fageffe des fiècles ?. C ’eft une
queftion que nous laiffons à décidet à‘'celui qui
fe donnera la peine de la méditer profondément.
' a 1 • ' #
On y. traite d’abord- du p rê t,. le premier lien,
des hommes entr’eux ; , de la propriété, le premier
pas de l’affociation; dé la juftice, fans laquelle
aucune fociété ne peut fubfifter; des formes
de la juftice, fans lèfquelles l’ exercice en
devient arbitraire 5 des dépôts, des partages, des
donations, dés gages, dèsefclaves-, des citoyens,
des pères, des mères, des enfans, des époux ,
des femmes , des danfe.ufes, des chanteufes. A la
fuite de ces objets , qui marquent une population
nombreufe , des liaifons infinies, une expérience
confommée de la méchanceté des hommes , on
paffe aux loyers & aux baux-, aux partages deS
terres & aux récoltes, aux villes & aux bourgs ,
aux amendes, à toutes;fortes d’injures & de
rixes , aux charlatans, aux filoux , aux v o ls , entre
lefquels on compte le vol de la perfonne, à
l’incontinence & à l’adultéré ; & chacune de ces
matières eft traitée dans un détail, qui s’étend
depuis les-efpeces les plus communes jufqu’ à des
délits qui femblent chimériques. Prefque tout a
été prévu avec jugement > diftingué avec fineffe,
mais preferit, défendu ou châtié avec injuftice. D e
cette multitude de lo ix , nous n’ expoferoias que
celles qui caraélèrifent les premiers ‘'temps de la
nation, & qui doivent nous frapper ou par leur
fageffe, ou par leur Angularité.
Il eft défendu de prêter à la femme, à l’enfant
. & au ferviteur. L ’ intérêt du prêt s’accroît à me-
fure que la cafte de l’emprunteur defeend : police
inhumaine, où l’on a plus confûlté la fécurité du
riche que le befoin du pauvre. Quelle que foie
la durée du prêt, l’intérêt ne s’élèvera jamais au
double du capital. Celui qui hypothéquera le même
effet à deux créanciers, fera puni de mort.
Le créancier faifira fon débiteur infolvable dans
les caftes fubalternes, l’enfermera chez lui & le
fera travailler à fon profit.
La femme de mauvaifes moeurs n’héritera point,
ni la veuve fâns enfans, ni la femme ftérile, ni
l’homme fans principe, ni l’eunuque, ni l’imbe-
c ille , ni le banni de fa cafte, ni l’expulfé de fa
famille, ni l’aveugle ou lourd de naiflance , ni le
muet, ni l’impuiffant, ni le maléficié , ni le lépreux,
ni celui qui aura frappé' fon père. Que
ceux qui les remplacent, les revêtent & les nour-
riffent.
Les indiens ne teftent point. Les degrés d’affinité
fixent les prétentions & les droits.
.. La portion de l’enfant qui aura profité de fon
éducation , fera double de celle de l’enfant ignorant.
Prefque toutes les loix du code fur les propriétés
, les fuccelïions & les partages , font confor-
. ‘ mes aux loix Romaines 3 parce que la raifon 3c
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