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quatorze ans au' moins , & après celui de feize
au plus. Les parens des enfans de cette claffe
doivent remettre au tréforier, dont ils rapporteront
les quittances , d'abord la Comme de 4QO liv.
une fois payées , pour les premiers frais de leur
habillement & équipement j enfuite 3 celle de 5001.
pour les trois premiers mois de la penfion, à rai-
Cqiî de 2,000 liv. par année, qui feront toujours
payées par quartier & d'avance.
Ces deux clalfes de nobleffe qui reçoivent une
éducation militaire à l'Hôtel de Paris , ' font actuellement
connues fous le nom de cadets gentilshommes.
Ils ont , en y entrant, le même rang
que ceux qui fervent dans les troupes 3 & il leur
eft expédié des lettres de fous-lieutenant 3 à l ’époque
de la révolution de leur feizième année. Mais
ces lettres demeurent nulles 3 tant par rapport au
rang, que par rapport aux grades honorifiques 3
s'ils n'ont xpalfé deux ans au moins dans l'HôteL
Ainli fe trouve anéantie.» du moins à cet égard,, T ancienne
compofition de Y Ecole militaire. Je fuis bien
éloigné de défapprouver l'édit en ce qu'il fait participer
ainfitous les jeunes nobles .aux avantages de la
même éducation.Mais le moïen qu'on a pris,eft-il fans
de grands inconvéniens ? Le mélange dans les Ecoles
militait es de provinces , d'élèves qui ont une différente
deftination d'état, eft-il bien afforti au plan
d'une éducation militaire ? On a defiré étouffer
ainfi la hauteur trop ordinaire à la nobleffe j mais
cette affociation peut elle-même Couvent, altérer
les principes de nobleffe qui lui font fi néceffaires,
produire dans leurs camarades > qui n'ont pas cet
avantage de la naiffance,,un genre d’efprit qu'il eft
de Futilité’ commune de réprimer : & cette vue
de la nouvelle compofition, n'eft-elle pas anéantie
par le projet de réunir à l'Hôtel de Paris de fim-
ples élèves des Ecoles , & des élèves dont les
ramilles peuvent payer 2,000 liv. de penfion ? Le
roi ne l'avoit-il pas déclaré expreffément par fon
ordonnance du 16 mars 1774 ? Et le miniftfe,
auteur de la nouvelle combinaifon , ne commence
t-il pas par annoncer lui-même la crainte
trop fondée, que cette différence des fortunes &
des qualités ne rompe l'égalité ? Eh I tous les inf-
tituteurs détruiront - ils l'effet comme néçèffai-
re , que produifent les richeffes & îles titres. ?
N 'a - 1 - on pas a redouter l'impreffion d'imitation
que donnent ces avantages à ceux qui font
le plus loin de les partager ? Le cortège même
des parens, des amis, des gentilshommes penfîon-
naires , n'â-t-il pas de quoi affliger l'amour-propre
des gentilshommes penfionnés ? L'objet bien médité
de YEcole militaire , fondé par Louis X V ,
n'admettoit à l'inftru&ion de l'Hôtel que des en-
fans dont l'indigence avoit été conftatée par des
moyens trop rigoureüx peut être. L'efprit de cetté
attend ridante fondation n'eft-il pas en e.ela fortement
altéré ?
L'objet de l’éducation de cette maifon embraffe
la religion , les moeurs & la fcience militaire* |
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Le foin d^élever lés jeunes militaires dans l'amour
& dans les principes de la religion eft confié à
deux docteurs de la maifon de Sorbonne, & nous,
répétons avec plaifir ce que dit M. Paris de Mey-
fieu-, dans l'article de I'Ecole Mi l i t a ir e , inférédans.
l ancienne Encyclopédie, qu'on nepouvoit
choifir des directeurs dans .une maifon plus ref-
pectable & plus éclairée. Nous avons lu avec
attention lés deux réglemens, donnés par feu
M. 1 archevêque de Paris, pour les exercices fpi-
rituels de Y Ecole 3 & nous formons le voeu qu'ils
y foient exécutés. Ils préfentent la religion avec
la noble fimplicité qui la fait chérir par les militaires
& ils n'impofent aucune furcharge de
pratiques minutieufes.
Je voudrons ici pouvoir rappeller tout le réglement
de M. le maréchal de Belle.-ifle , renouvelle
par M. de Choifeul & M. de Saint - Germain „
concernant la police des moeurs , les devoirs des
infpeétéurs 3 des jprofêffeurs & des élèves. On
peut avancer hardiment qu'il n'eft aucun code
d'éducation publique,, tracé avec plus de dignité
& de fagelfe. La bafe de toute inftitution eft la
fubordination. Elle fait ici- Famé de toutes les
claffes qui coihpofent la maifon. Elle exifte non-
feulement des elèves aux chefs & aux maîtres
mais encore des élèves à ceux de leurs camarades,
que leur bonne conduite a établis les capitaines ,
lieutenans, fergens , caporaux & anfpeflades de
la compagnie , dans laquelle ils font enrégimentés.
L'obéiffance doit être prompte ; il n'eft1 permis de
faire des remontrances, qü'après avoir obéi. Les
arrêts & la prlfon font les moindres peines de la
défobéiffanee.
Le filence qui règne dans cette maifon eft plus
: profond que dans les cloîtres, & on fait que c'eft
? fa. marque la plus certaine de la bonne difcipline.
Les précautions prifes pour empêcher les jeunes
; gens de fe voir en particulier , font très-eftimables.
. Ils font fans ceffe fous les yeux de leurs maîtres y
& un piquet d'invalides fait plufîeurs fois la vifîte
; des dortoirs pendant la nuit. L'ordonnance du 28
juin 1776 attache au fervice dé Y Ecole cent hommes
,. tant officiers que foldats invalides.
_ L'un des premiers principes que l'on cherche
; à graver dans le coeur des élèves , c'eft l'amour
. du prince, la reconnoiffance. due à fês bienfaits.
L'une des premières loix , c'eft la politeffe à
Fégard de leurs camarades , marque infaillible
d'une bonne éducation. L'un des premiers devoirs
, c'eft une extrême propreté. Le mobile-
continuel de la maifon, c'eft l'amour de l'étude
& de l’inftruClion. On n'a même , dans aucun
temps , néglige les moyens d'y entretenir l'émulation
la plus énergique*
La fermeté dans le commandement y eft inébranlable
; mais elle eft accompagnée de beaucoup
de politeffe. Une fermeté incivile reffemble
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à. l’humeür, & l'humeur n'eft pas faite pour en
impofer. ' ' . . . , , ,
En un m o t, les eleves font lujets a de frequentes
revues. Il y 3 une correfpondance adtive
& continuelle entre le- Secrétaire d'état, les chefs
de la maifon, les infpeéfeurs & les profeffeurs, )
qui a pour objets la conduite, l e caraéfère & l’ap- j
piication des élèves. Aucune faute ne demeure impu- !
nie. Les punitions, parmi lelquelles j'ai été étonné j
de trouver celle de fe meute à genoux, font toutes |
impofées' par les chefs qui doivent en donner une j
note au■ corifèil. *
Les fciences qu'on y apprend fon t, t° . les lan-..
gués vivantes, c'eft-à-dire , le latin , le françois , .
l ’allemand & l'anglois. Dans l’origine, on y en-
féignoit la Langue italienne, à laquelle, on a depuis
fubftitué l’angloife j 2°. 1 Hiftoire & la Geo-
graphie ; j 0. les-Mathématiques ; 4“. les Fortifications;
5u.le Deffein; 6°. la Danfeiy0. l'Efcrime;
8°. l'Equitation, On devoit d’abord y apprendre
l’art de rtagèr, fi néceffaire aux militaires. L'expérience
ou la réflexion ont peut-être éclairé fur
les dangers d’une inftitution femblable, communiquée
en même-temps à un grand nombre d’élèves.
On peut affurer que les profelfeurs de cette
Ecole ont toujours été choifis parmi, les hommes
les -plus diftingués dans la fcience qu’ils font chargés
d’enfeigner.
- Lé confeil de l’Ecole royale militaire a fuppri-
mé l’étude de la Taétique (1 ) comme peu convenable
aux élèves, en Ce que cette fcience exige
bien des connôiffances préliminaires, do*nt plu-
fieurs ne- peuvent être que le fruit de l’expérience ,
& qu’ une théorie delà Taélique féparée de cette
expérience, qui eft feule -capable de faire une
julte application des principes à k pratique ,
devoit, mettre dans l'efprit, des idées~fauffes,
& infpiter peut-être une prévention contraire
à la véritable inftruétion : mais il a fubftitué à cette
étude celle des ordonnances militaires. Elle a pour
objets, i°. les ordonnances concernant les exercices
& les évolutions ; i ° . celles fur le fervice des places
; 30. celles fur les crimes & délits militaires ; 40.
celles du fervice de campagne, C ’ eft un aide-major
qui leur apprend cette fcience il nécefiàire à un
jeune militaire. I v é i j , 1 i l , >
Lorfque l’éducation d’ un jeune gentilhomme eft
faite dans les Ecoles militaires',, c’eft-à-dire,, lorf-
qu’ il y a paffé fix ans , & que fa feizième année
eft révolue, fa majefté vient à fon fecours , foit
en lui accordant une penfion , foit en le décorant
de la Croix de Saint-Lazare, foit en lui donnant
l'entrée dans un régiment.
Les élèves, félon l'article 19 de Ledit de 17 5 1,
qui font parvenus ^ l’ âge de dix-huit à vingt ans ;
ceux même q u i, dans un âge'moins avancé, auront
uneéducation perfectionnée pour pouvoir fervir
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utilement dans les troupes, feront employés dans les
I différentes parties de la guerre, fuivant les talens
& l'aptitude que l’on reconnoîtra en eux.
En exé.cution de l'édit de 17 y i , le roi a rendu
une ordonnance, le 30 janvier 1 7 6 1 , qui déclare
i° . que ceux q u i, dans le cours de leurs études,
auront fait le plus de progrès dans les Mathématiques
& dans les autres parties relatives au génie
, feront envoyés dans Y Ecole de Mezières ,
où ils feront reçus en qualité d'ingénieurs, après
les examens ordinaires ; 2°. qu'il en fera ufe de
même à l'égard de ceux, dans lefquels on reconnoîtra
de l'aptitude & du goût pour l'artillerie ;
qu'ils y feront admis en qualité de fous-lieutenans
, fans être obligés de paffer par Y Ecole des
élèves 5 que cependant ils ne feront admis à ce
grade qü'après avoir donné des preuves de leur
capacité & de leur inftruôtion, dans un exame»
qu'ils fubiront à la Fere j 30. que les autres feront
repartis dans l'infanterie, la cavalerie , les
dragons , fuivant les talens & les difpofitions qu’ils
auront pour l'une ou l'autre de ces efpèces de
fervices , & que cette reparution fe fera à tour
de rôle dans les régimens, chacun en proportion
de leur compofition, à commencer par la. tête 5
40. que le roi n'entend pas néanmoins interdire
aux parens des élèves, la faculté d'obtenir pour
eux des emplois dans les régimens où ils defire-
roient de les voir placés de préférence , ni aux
colonels celle de demander des élèves , auxquels
ils pourroient prendre quelqu'intérêt particulier.
Dans la-fituation aftuelle de l'Hôtel de Y Ecole
royale militaire, on expédie aux élèves des lettres
de fous-lieutenans , à l'époque de la. révolution de
leur feizième année, & la date de ces lettres détermine
le rang qu'ils prennent dans les troupes ,
pourvu toqtefois qu'ils aient paffé deux ans au
moins à Y Ecole royale. Les fous-lieutenances en pied
& avec appointerons , qui viennent à, vaquer dans
les mois d'oôtobre, novembre & décembre, leur
font réfervées concurremment avec les pages du
roi & de la famille royale, fans que les penfion-
naires externes de ladite Ecole puiffent y prétendre
, pouvant, par l'état de leur fortune, être
propofés aux emplois de fous-lieutenans de nouvelle
création.
Le roi paye le voyage des élèves pour fé rendre
à leurs régimens, leur fournit le premier uniforme
, & leur rend les effets qu'on avoit exigés
d'eux à leur entrée dans les Ecoles.
Pour les mettre en .état de fe foutenir dans les
premières années de leur fervice , l'article 19 de
l’édit de 175T veut qu'il leur foit payé une penfion
de deux cents livres. L'ordonnance interprétative
de cet article de l'éd it, & en date du 28
ödtobre 17(39, règle tout ce qui concerne cette-
penfion, & on n'a point touché à ces difpofitions
(a) Réglement du 9 août 1771*